Dépendance sexuelle

Version complète : Le Sevrage de Morbach
Vous consultez actuellement la version basse qualité d'un document. Voir la version complète avec le bon formatage.
Je crois que ça y est ; j'ai supprimé mon compte Youtube, enfin, et sa quinzaine de vidéos. C'est la lecture d'un paragraphe de John sur un de ses 1234 blogs qui m'a décidé. Je publiais à intervalles pas réguliers des vidéos depuis mai 2008, interprétant ça et là des morceaux traditionnels irlandais, me penchant plus récemment vers des arrangements personnels, etc... Et tout d'un compte l'absurdité de la chose ( que je sentais un peu plus qu'à l'ordinaire ) m'a frappé : m'exhiber de la sorte, passer je ne sais combien de temps à préparer ces contenus pour des types qui s'en foutaient, avoir peur de les décevoir, de ne pas avoir assez de "vues" ... et tout cela pourquoi ? je me le demande bien ... La reconnaissance ? De quoi, de mes talents ( lol ) de musicien ? C'est vrai qu'en deux ans ça a bien porté ses fruits ... hum ... et puis côté musique ce que je vois surtout c'est que m'occuper de ces vidéos de mes deux me pompe du temps normalement réservé à mes compositions, que je garde, elles, bien au chaud. Tout le monde aurait sûrement des trucs de dingue à exposer sur internet et l'ego dit, comme bien souvent : "moi d'abord !". C'est bien pour ça que ça marche. Donc basta les conneries Youtubesques, à l'occasion ça me donnera moins de raisons encore de passer du temps sur ce site particulièrement chronophage. Chaque étape compte, à mon avis, et ce n'est pas une des moindres. Dorénavant, s'il me fallait me réinscrire sur ce truc, ça serait pour de toutes autres raisons, et sûrement pas pour tout de suite. Pour le moment je m'éloigne de la Toile, chose qui me fera probablement plus de bien que de mal.
L'action en tant que principe auto-régénérant, ou "comment je commence enfin à me sortir les doigts du Q". Il était temps, après toutes ces promesses que je m'étais faites d'enterrer la dame procrastination. Je m'aperçois d'une chose, ou plutôt de deux : bizarrement, quand je me mets à faire ce que j'ai prévu de faire, à bosser selon un plan donné, à suivre mes propres instructions plutôt que de leur faire la sourde oreille, il y a comme une pression au niveau de mon thorax qui se met à diminuer, et cet étau que je ressens constamment sur le pourtour de mon crâne se desserre, enfin. Je suis moins nerveux, plein d'entrain, tout me paraît plus facile. Ce qui, goinfré d'ordi que j'étais 5 minutes auparavant, me paraissait insoutenable, une fois la perf' arrachée, je le fais les doigts dans le nez. Et si je parle de doigts, ce n'est pas un hasard : c'est bien le sens du "tu dois" que je dois retrouver, après avoir compris celui du "tu ne dois pas". Je crois que je l'aime bien, ou du moins que je l'ai bien aimé, mon malheur ; parce qu'entre ça et le néant, le choix a dû s'opérer à mon insu depuis un bail. En quittant le porno, je me doutais que ça n'allait pas être facile, à tel point que je me suis sans doute persuadé que tant que je souffrais au quotidien, j'étais dans le vrai. Mais, au fond, je crois qu'il y a une vie après la porno-dépendance, et, d'ailleurs, heureusement qu'il y en a une. Chaque acte rend l'acte suivant plus facile, c'est comme une accoutumance à l'effort ; il m'en faut toujours plus pour rechigner. Retourner le mécanisme de l'accoutumance comme une vieille chaussette pour mieux s'éloigner de la mère supérieure : que demander de plus ?
Citation : J'ai beaucoup de mal à faire jouer la carte "spiritualité" face à mes préférences affectives et émotionnelles m'inclinant à tomber du côté de la confiture. Peu de liberté de choix dans cet enchevètrement de déterminismes.Mais à part accepter d'être gaulé comme ça pour le moment et voir ce que je peux faire avec ou à côté, ma liberté consiste surtout à me confronter à l'action, qui seule me préserve de la peur d'agir.
Merci la Warsenure ( pas tout jeune ce passage, en plus, j'aurais mieux fait de tomber dessus plus tôt ) ; en fait j'attendais d'appliquer un peu avant de le poster. Ce qui me frappe c'est la facilité déconcertante avec laquelle je parviens à m'y mettre ( au boulot ), pour autant que je lâche un peu mes vieilles habitudes de cyber-addict. C'est à croire qu'en dehors de ce problème là il n'y en a plus, et que cette cyber-addiction n'est bâtie sur rien d'autre qu'elle-même. Mais évidemment si c'était le cas, ça n'aurait pas de sens ; je me dis donc que le traitement de la forme ( l'addiction sous toutes ses déclinaisons ; bouffe, ordi, porno, etc... ) n'interdit pas le traitement du fond ( ma fragilité de construction qui en fait ne demande qu'à se réparer avec de vrais outils ) . Le manque de confiance en soi doit rentrer en jeu dans cette problématique, et le point positif c'est qu'à chaque fois que j'accomplis quelque chose, je me prouve qu'une fois encore j'en étais capable, "à l'insu de mon plein gré". A ce propos, le plein gré, c'est à se demander si des fois il existe ( par rapport à l'enchevêtrement des déterminismes ), m'enfin c'est une autre affaire. Aujourd'hui, je décide une chose : je vais bien ! 
Au sortir de ma douche, ce matin, une pensée, ou plutôt un souvenir, m'assaille, dans son étonnante clarté, typique des "vieux dossiers". Je me suis souvenu qu'une fois, je ne sais plus trop quand, je m'étais retrouvé à me MB dans ma salle de bain, évidemment fermée à clé, tandis que ma mère et ma soeur se trouvaient à l'étage en dessous. C'est peut-être le seul exemple de masturbation "sans support" qui soit disponible dans ma banque de données mémorielles. Ce qui m'embête, c'est la datation de cet évènement ; j'ai été saisi d'un doute immense quand s'est présentée à moi l'idée que cela avait peut-être pu ( dans la mesure où je n'avais pas idée du moment où ça s'était produit ) avoir lieu après le fameux "20 novembre 2009" ( "la dernière fois que j'ai succombé aux sirènes de la porno" ). Mais alors, me dis-je, tout ça "en vain" ? Tout cela pour rien ? Cela veut donc dire que tu n'en es peut-être pas à tant de sevrage que ça ? Mais où en es-tu alors ?En fait, je crois que ce doute qui m'habite ( sans mauvais jeux de mots ) n'est autre qu'un leurre que m'envoie la dépendance, gratuitement, ou presque. En effet, autant que je me souvienne, il n'y a pas eu de rechute depuis le 20 février 2010, ça j'en suis sûr à 200%, l'idée que cette MB de la salle de bain ait pu se produire au-delà du 1er janvier 2010 me paraît impossible, de même que l'idée qu'elle ait pu se produire entre le 20 novembre 2009 et le début de l'année 2010 me paraît tout à fait improbable, puisque, arrivé en novembre, cela faisait longtemps déjà que je comptais les jours, et que cela m'étonnerait qu'une rechute ait pu passer inaperçue de la sorte, alors même que je n'en revenais pas de tenir aussi longtemps comparé à mes habitudes, après la fameuse date du  20 / 11 / 09 . Je ne vois donc toujours pas précisément à quand cela remonte, même si il me paraît nettement plus probable que cela se soit produit entre septembre 2008 et juin 2009, étant donné qu'à l'époque je prenais ma douche le soir ( et non le matin comme je le fais depuis un bail ), et que tout ce dont je me souvienne correctement, c'est que cela se passait après une douche ... le soir. Bref tout cela reste assez confus ; cependant le pourquoi de ce rappel soudain, je l'ai peut-être. En effet récemment, en discutant avec mike666 sur la masturbation sans support, j'avais été tenté de lui dire que mon expérience en la matière m'indiquait que c'était une connerie, mais m'étais résolu à ne pas arguer de mon "expérience" dans la mesure où je n'avais que très très peu de souvenirs de masturbation sans support, voire par du tout. Et que dit l'inconscient ? "Ben si, t'en a un de souvenir, regarde ..." Et moi d'acquiescer. Et la Bête d'en profiter immédiatement pour me faire douter de mon sevrage. De toute façon, que des rechutes aient lieu aujourd'hui, hier ou demain, ne remet en rien en cause le principe du sevrage, qui doit se faire un jour à la fois, même si parfois cela reste plaisant de regarder les jours "clean" s'amasser derrière soi. Sauf que regarder en arrière, ça a ses limites. Non, franchement, ça me paraît tellement improbable que cela se soit produit après le 20 que cela m'apparait comme une tentative grotesque de me faire flancher, maintenant que j'y pense sérieusement.... donc on continue ? Ben oui, bien sûr !
Ce soir, je n'ai rien à dire. Une brise légère s'élève au-dessus de ma conscience, le ciel s'éclaircit. La nuit, noire comme l'encre, laisse passer la lueur de quelques étoiles ; nous sommes bien peu de choses. J'ai combattu tant de démons intérieurs, vaincu tant de furies ... et pourtant je reste incomplet, comme fêlé, brisé sans l'être vraiment. "En quelques années mes noces avec l'informatique ont pris des relents de crime passionnel ; ma bécane m'assassine, et comme un con je lui pardonne. Car elle me permet d'oublier, à moi qui suis si jeune. Un jour je rencontre la porno, et fais d'un micro-traumatisme une plaie ouverte, que j'entretiens chaque jour, une plaie dont je déplore l'importance tout en y enfonçant le couteau à la première occasion."Aujourd'hui il me reste des cicatrices, plus ou moins refermées, mais ce ne sont là que des blessures superficielles, oserais-je dire. La véritable fracture se trouve cachée dans les profondeurs, sa nature exacte m'est encore inconnue. Peut-être ne saurai-je jamais ce qui s'est passé pour que j'en arrive là, peut-être qu'au fond il n'y a pas "un" mais "des" "pourquoi". Peut-être même qu'il n'y a que des "comment".En attendant la file d'attente devant l'usine à bonheur s'allonge à vue d'oeil. Quelle tristesse ... Et en même temps que soulagement pour moi, que de ne plus m'y rendre. Rien à dire, mais je le dis quand même : il était moins une.
<!-- @page { margin: 2cm } P { margin-bottom: 0.21cm } -->

Pour le convalescent, procrastiner est encore le meilleur moyen d'échapper à sa condition d'Homme libre. Habitué qu'il est à ses chaînes, le bougre ne peut, hélas, s'en défaire sans connaître mille tourments, et c'est alors que, seul avec sa souffrance, il proclame l'immobilité.

Se plaçant dans l'attente, souhaitant sans rien désirer, il désespère, mais à petit feu, empli qu'il est de stupeur face à tous ces "possibles". Il s'arrange avec l'idée que tout effort est vain face à la pesanteur qui l'accable ; sans doute est-ce inscrit dans sa nature, sans doute a-t-il besoin d'hiberner de la sorte pour qu'un jour, peut-être ... C'est la doctrine de la grande fatigue qu'il promeut, la raison ( provisoire ? ) du néant sur la matière. Peut-être est-ce par peur de voir à quel point il s'était jusque là égaré qu'il s'égare encore lui-même. Il tient le discours du renard sur les raisins trop verts de son devenir, parle de cette vie qui n'en vaut plus la peine, nous dit qu'il souffre trop pour tenter quoi que ce soit ...

Mais cela lui passera, comme tout finit, un jour, par passer, et peut-être troquera-t-il alors sa défroque usée d'un rien contre le drapé simple et entier de l'ermite bienveillant. Pour cela il lui faudra suer sang et eau, extirper de sa chair quelque relique sacrée, faire renaître en lui la joie d'antan, ce feu intérieur qui l'animait sans le brûler, aux jours heureux de sa petite enfance. Un long voyage, en perspective, qui a déjà commencé.

Donc en somme tu présentes au procrastinateur un tableau herculéen à accomplir :-). Remarque Churchill a bien motivé son peuple en lui promettant ce genre de choses.
Salut Plouf. Rien d'Herculéen là-dedans, c'est juste l'expression du chemin que j'ai choisi de suivre en voulant m'en sortir, c'est aller à la rencontre de soi-même, c'est retrouver la Concorde après la Division. La mise en évidence de ma propre dépendance a été un cataclysme ; l'entente n'était plus possible, je suspectais chaque pensée qui me venait d'appartenir au "mauvais" Moi. Et hormis se mentir, il n'y a rien de pire pour s'entendre avec soi que de se regarder d'un oeil mauvais et accusateur. Bien que cela soit parfois nécessaire, hélas. Cela aide à y voir plus clair. Dans la mesure où la compréhension supplante la répression, l'écoute remplace la méfiance ... je ne sais pas si c'est bien clair ce que je dis : j'ai le sentiment de mieux me comprendre, au fur et à mesure que j'avance, à faire de moi-même un compagnon de route qui s'avère, finalement, un double agréable. "Il" a ses peines et ses joies, et je modère, je discute avec "lui", nous nous projetons et préparons ensemble des plans pour la suite. Pour en arriver là il a fallu du temps, et beaucoup de discipline ( même si j'aimerais pouvoir respecter d'avantage encore les engagements que je prends aujourd'hui ), mais je crois bien que de toute ma vie je ne me suis jamais senti aussi uni, aussi bien avec moi-même. Certes je me mets encore en colère parfois,  je m'en veux pour ci et ça, je regrette, et rumine un peu ; mais quel calme et quelle douceur, quelle harmonie et quel équilibre des forces en présence ! Beaucoup de choses deviennent non pas simples, mais réalisables, et je me le prouve chaque jour un peu plus ...
D'ailleurs j'ai fait le point. Sur les jeux vidéos. Cela fait maintenant plus de 7 mois que je ne joue plus, moi qui était un gamer plus qu'occasionnel, et je me suis dit que voir un peu où j'en avais été sur ce point là pouvait s'avérer instructif. Un "dernier" regard en arrière, qui m'a fait froid dans le dos plus qu'il ne m'a surpris ; regard dont l'analyse m'a pris une semaine environ, question de retracer un historique potable de ma consommation. Donc d'après ma mémoire ( faillible, évidemment ), j'ai commencé à jouer vers 4.5 - 5 ans, sur une vieille bécane de 1993, que mes parents ( de qui l'idée ? ) avaient fini par installer dans ma chambre, peu de temps après mes débuts sur flipper et tétris. Pas mal de vieux jeux sur disquette 3 1/2, accessibles, "le pied" quoi. Puis un nouvel ordi en 1998, et les toutes premières séances à rallonge, sur Rayman, Tomb Raider II, etc... Le début des années 2000 verra une véritable explosion des moyens de satisfaire mon irrépressible "besoin" de me déconnecter du réel. Je vous passe les détails. Une décennie passera avant que je lève définitivement le pied, début avril dernier. Sur 14 ans de consommation, dont au moins 10 à un point qui dépassait largement le raisonnable, j'ai joué à, grand minimum, environ 150 jeux différents, que ce soit chez moi, chez des "potes", sur console ou micro-ordinateur ... les jeux sur le Net étant difficiles à compter ( trop nombreux ), ce chiffre est vraiment un minimum. Je me doute bien qu'il y a des types qui se gavent largement plus que je ne le faisais, de même que d'autres savent à peine ce qu'est un ordinateur ; le but n'est pas de faire une compétition du plus sain ou du plus malade. Ce que je vois, c'est que cela enrichit la fiche de mon profil de dépendant que d'avoir passé massivement les trois-quarts de ma vie à fuir dans le virtuel. Que ce soit pour baver ( la télé ), me MB ( le porno ), ou tripatouiller un clavier ( les jeux vidéos ), j'en aurai passé, du temps devant un écran. Moi qui adorait les livres plus que tout étant tout petit ( et c'est encore le cas, avec la musique ), je crois qu'on peut bel et bien parler d'erreur d'aiguillage ... une sérieuse erreur d'aiguillage.
Pour mieux faire vos tartines <!-- @page { margin: 2cm } P { margin-bottom: 0.21cm } -->

 

L'Homme voudrait s'en sortir, et, en plus, que cela soit facile. Rien ne lui suffit, on dirait.

Il ne voit pas la chance que c'est que d'ouvrir enfin les yeux, ne voit pas que c'est la Vie qui lui fait une fleur, et recommence à se plaindre, cette fois d'y voir trop clair, ou d'avoir été myope trop longtemps. Il peine à lever le pied, rechigne, ronge son frein et finalement s'assoupit devant la tâche à accomplir. Encore une longue nuit qui s'annonce, une errance infinie qui lui fera perdre d'autant plus le goût que ses jours seront sans saveur aucune. Pourtant il déguste, le pauvre, et se sent bien seul dans sa tour d'ivoire ; n'y a-t-il donc personne pour lui venir en aide ?

Et quand bien même il y aurait quelqu'un, il le renverrait, têtu, déterminé qu'il est à ne pas s'en sortir. Ce ne serait pas la bonne personne, pas les bons conseils, pas le bon ton ou le bon moment ; il y aurait toujours une voie de fuite. Mais alors, que va-t-il advenir de lui ?

. . .

C'est une loi fondamentale, et peu acceptée pourtant, que rien de bon ne peut s'obtenir sans souffrance. Nous voudrions le beurre et l'argent du beurre, fous que nous sommes, alors que nous n'avons même pas de quoi faire notre pain … Aux gars qui éventuellement passeraient sur ce topic, je voudrais dire une chose : n'ayez pas peur d'abandonner vos anciennes attaches en vous lançant dans cette grande aventure qu'est le rétablissement. La première étape du programme, le sevrage, est extrêmement exigeante, et celles qui suivent ne le sont pas moins, bien que d'une autre façon. Il ne s'agit pas de simplement vous débarrasser d'un mauvais tic, mais de reconsidérer totalement votre rapport au monde, votre fonctionnement, votre quotidien, les buts que vous vous fixez, ce que vous en faites, etc...

C'est le grand chambardement, si je puis dire. Et que sont vos habitudes, vos préjugés, votre nostalgie mensongère, vos attaches ( souvent inutiles ), vos repères erronés, au regard de la liberté et de la paix qui vous attend sur le pas de la porte ? Qu'est-ce-que souffrir un temps, quand il ne peut y avoir de victoire sans livrer bataille ? Derrière cet océan de misère et de mal de vivre, c'est vous qui vous cachez à vous mêmes, qui refusez de vous tendre la main, qui abattez chaque pousse pour que le désert règne en maître. Il vous faut réapprendre à vivre, et ce n'est pas mince affaire, je le conçois. Mais c'est possible, je vous jure que c'est possible. Croyez-le, et vous vous donnez déjà une chance.

URLs de référence