Dépendance sexuelle

Version complète : Le Sevrage de Morbach
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Ce soir je repense à toutes ces personnes tombées dans l'oubli, que j'ai laissé passer, dont je me suis séparé pour me protéger ( est-ce vraiment pour cela ? ). A tout ce que je pourrais leur dire, pour recoller les morceaux, leur expliquer le pourquoi du comment de tout cela, leur conter mon histoire et mener de nouveaux projets. Je pourrais contacter facilement certaines de ces personnes, mais est-ce que cela vaudrait véritablement le coup ? Ne serait-ce pas qu'une façon de plus de m'accrocher à la puanteur de mon passé ? Ne vaudrait-il pas mieux enterrer tout cela une bonne fois pour toutes et préparer de "nouvelles tables" ? Je pense notamment à Diane, qui m'obsède depuis la dernière fois que je l'ai vue en rêve ( il y a environ deux-trois semaines je crois ). Une lettre peut-être, la fameuse "solution miracle" que je prends quand ça ne va pas pourrait... non ? ah ! les vieux réflexes, ces monstres dégénérés qui croient qu'il suffit d'une étincelle pour raviver la passion, la force de vivre ; j'aurais plutôt besoin d'un bon coup de pied au cul, mais de qui ? qui croirais-je aujourd'hui ? je me suis tellement persuadé que j'étais condamné à ne pas être compris ... J'aime fonctionner par excès, comme si je ne pouvais enfanter que dans la douleur, comme si j'avais besoin d'être défoncé pour composer, créer quelque chose, et je me défonce au manque de sommeil, à l'épuisement, ça me fait oublier le ridicule de la situation. Pour le moment mes compos stagnent d'ailleurs. Il faut que je trouve un autre moyen pour ramener l'exaltation des premières fois ; il y a quatre ans et demi de cela, lorsque je composais chaque jour, en faisant de cette activité le point central de ma vie intérieure, en y exprimant tout ce que je ressentais... Il est bien loin ce temps là, je me suis fermé comme une huître depuis, et je ne créé plus que dans des moments exceptionnels, où je suis bien contraint de m'ouvrir pour relarguer la pression... J'ai un personnage à tuer dans cette pièce, il faut vraiment que je m'y mette, sans quoi d'ici juin je n'y serai toujours pas. Que de temps perdu dans cette foutue addiction tout de même, j'aurais pu terminer tout cela il y a six mois au moins...Morbach

 

j'aurais plutôt besoin d'un bon coup de pied au cul, mais de qui ? de toi-meme ;-)
Oui, Nuage, de moi-même, et tu sais à quel point c'est simple n'est-ce-pas ? :DAujourd'hui j'ai un peu avancé ( enfin ! ) dans mes compositions, et mieux ; j'ai avancé alors que c'était prévu que j'avance. C'est colossal pour moi d'arriver à programmer ça dans ma journée, et que cela se produise au final, et au bon moment en plus ! Donc là niveau humeur ça va pas trop mal ; faudrait renouveler l'expérience demain matin, mais après avoir bossé un petit peu, question de voir si je tiens quand même le coup ( le problème en fait, c'est que je n'arrive plus à concilier mes études avec mes activités musicales, j'ai d'ailleurs rarement été capable de le faire ). Cela se présente comme si je devais faire un choix, mais j'ai envie de choisir les deux ; je ne vois pas comment je ferais sans ma musique, après tout, c'est tout ce qu'il me reste, par-delà les emmerdes cumulées des dernières années... Il faut, car c'est un impératif, que j'arrive à jouer correctement sur les deux tableaux, quitte à perdre un petit peu niveau étude, et surtout que je me rappelle l'engagement que j'avais pris après mon bac, et qui me paraissait encore trop radical il y a peu, à savoir que quelles que soient les études que j'envisagerai, le job que je trouverai au final, etc... il ne fallait absolument pas que cela empiète sur la musique. Quand je vois que depuis mes 10 ans environ c'est tout ce qui me maintien à flot quand je suis dans la merde, parce que c'est le seul plaisir "authentique" que je trouve à vivre, je pense que j'ai raison de vouloir préserver cette partie de mon petit monde "à moua".

Morbach 

Salut Morbach, je rebondis sur ton post 90:Je crois moi justement que le nouveau-né est dans une totale illusion de toute-puissance. Il "est" le monde entier, et il va aller d'étape ne étape pour se dissocier de ce monde... Voir que sa propre mère n'est pas un prolongement de lui-même, etc... Découvrir ensuite ses possibilités, ses mains, les interactions qu'il va pouvoir avoir avec le monde qu'il a d'abord pris pour ce qu'il n'est pas... L'enfance et l'adolescence sont des étapes de ce parcours-là, l'adolescence est un moment compliqué parce que l'on veut retrouver la toute-puissance et on ne veut pas grandir... Nombre de deps sexuels sont un peu bloqués à cet endroit-là, c'était plus ou moins le cas pour moi en tous cas, même si j'avais fait du chemin vers l'âge adulte il me manquait encore quelques détails à fignoler...Il ne s'agit pas de se changer du tout au tout. Il s'agit de se rééduquer, s'adapter mieux à un monde extérieur qui n'est pas dans son nombril personnel en fait... Non, tu n'as pas à rejeter qui tu es ou à lui dire adieu, tu as au contraire à créer des passerelles valides saines et utiles entre toi et le reste de l'univers. Te sentir supérieur, inférieur ou autre aux autres, te sentir bien ou mal aimé, ne font pas partie des composantes indispensables de cette interaction avec le monde, il faut au contraire déconstruire ces interfaces artificielles qu'on croit devoir entretenir... Et puis avancer avec sincérité sans faux-semblant. C'est sans doute ce qui m'a fasciné dans cette réplique de "Princesse Mononoké" de Miyazaki: "porter sur le monde un regard sans haine"...Finir ta composition, ce n'est pas pour faire tes preuves, ce n'est pas pour valider quoi que ce soit, c'est pour finir ta compo parce qu'elle le vaut et que tu la fais, tout simplement. ELle ne changera pas ta vie, elle ne te révélera pas que "tu en es capable", il ne faut pas charger les choses de sens qu'elles n'ont pas forcément à avoir. Simplicité, sincérité, vérité, honnêteté.Et ça ressemble à ce que tu décris ensuite, je trouve....
Le problème de Nietzsche c'est que ça ne valorise QUE l'exaltation, up ou down. Et qu'à lêcher les pompes du maitre, tu vas choper ses tics. Mais on prend les maitres qu'on peut, et il n'est pas interdit d'en changer, surtout quand on les prend morts, ils ont tendance à nous laisser assez libres de nos choix.Quand j'étais dans le porno et relativement plus nitzschéen que maintenant,  j'avais l'impression de faire affreusement semblant d'être atrocement malheureux.De l'autre, quand je lisais Loonis,  (fais une recherche avec ce mot dans le forum) ça collait quand même pas mal avec le parcours. Et puis une amie, un jour, m'écrit : "L'impression que j'ai d'où je suis c'est qu'à certains moments tu es saisi d'hallucinations, tu me parles d'éléphants bleus sur des rideaux, de trucs absolument incompréhensibles, en plus ces éléphants ont l'air de boucher le passage... bref, je crois que t'aurais besoin d'un bon coup de pied au cul qui fasse voler tous ces éléphants, mais ça ne viendra pas de moi."Putain le bien que ça m'a fait...

mais ça soulève le problème de l'autorité spirituelle, et tout un tas d'autres gros mots : au lieu de râler sur les 6 mois que t'as perdus, comment faire pour que demain t'aies plus la patate qu'aujourd'hui ?

Je n'en sais rien John, je ne sais pas comment faire pour que demain j'aie plus la patate qu'aujourd'hui. En revanche au lieu de raconter des conneries dans mes posts, je ferais mieux de me soigner des fois... Grosse crise aujourd'hui, et je ne l'ai pas vue venir ; je voulais éviter mon ordinateur là tout de suite, mais je me suis dit qu'il valait mieux que je poste quelque chose avant que ça aille plus mal où que ça s'estompe, question de garder une trace sous un angle à peu près lucide. Poser le problème de l'autorité spirituelle et déterminer celle "qui serait la meilleure" ( pour qui ? quand ? où ?... ) est une question insoluble évidemment, d'autre part je ne veux pas non plus choisir mes maîtres en fonction de ma( mes ) dépendance(s) ; elle(s) a ( ont ) déjà fait suffisamment de dégâts comme ça. J'aime surtout le Nietzsche psychologue soit dit en passant, et n'ai pas grand chose à faire de l'homme ; bien plus de ses écrits. Enfin je dirais a contrario ( mais peut-être me gourre-je ) que cela valorise surtout l'exaltation ; il n'y a pas que cela, la maîtrise de soi dans un certain sens est prônée, et Zarathoustra n'est-il pas par moments plus serein qu'autre chose, lorsque depuis les cimes il zyeute l'azur céleste ? Bref je m'étends pour ne pas dire autre chose, et évite une fois de plus les sujets qui ( me ) fâchent.Mondom, je porte théoriquement ( ce que je crois être ) un regard sans haine sur le monde, seulement, par excès d'idéalisation/haine latentes, j'ai dû trouver des compromis, et le meilleur que j'aie pour le moment c'est d'être indifférent, d'éviter de m'attacher à toute personne que je croise "par obligation". Et parfois il est difficile d'accepter et d'appliquer ce compromis ; j'ai cru voir Diane ( encore et encore la même ) dans la rue en me rendant en cours ce matin, et j'ai rapidement été submergé. Depuis lors je n'arrête pas de la voir partout où je passe, et j'ai, en alternance, envie de frapper les gens que je croise, d'aller me planquer dans un coin pour chialer jusqu'à en crever, de me massacrer les avant-bras au cutter, bref que des bonnes idées... J'essaie de "lutter passivement" ( comme tu le préconisais je ne sais plus où sur le forum ) contre les pulsions que j'ai, mais pour le moment ça ne fonctionne pas vraiment ; les laisser passer, les laisser se heurter sur moi, comme si elles étaient la houle et moi la digue, je ne dois pas encore maîtriser, parce qu'à force la digue rompt. Je sais qu'il ne faut pas que j'aille la voir, qu'il ne faut pas que je la contacte par quelque biais que ce soit, que de toute façon ça ne peut pas marcher,... et pourtant ça ne suffit pas ; rien à faire, on ne raisonne pas des pensées parasites. Le problème là-dedans c'est que je sais que j'ai tout à prendre et rien à donner à cette fille, comme avec toutes les autres d'ailleurs, et pourtant en m'apercevant que ce n'était pas elle que j'avais cru voir en premier lieu, je me suis rendu compte que l'idée qu'elle ait pu changer depuis l'an dernier m'était insupportable ; qu'il fallait que je conserve ce fantasme ( ? ) intact, "disponible", comme si elle allait attendre que je me décide à aller la voir, pour reprendre les choses là où elles s'étaient arrêtées. Putain, c'est précisément dans ces moments là que j'ai l'impression de n'avoir aucune chance de m'en sortir...Morbach 
Citation : Morbach a écrit:Le problème là-dedans c'est que je sais que j'ai tout à prendre et rien à donner à cette fille, comme avec toutes les autres d'ailleurs, et pourtant en m'apercevant que ce n'était pas elle que j'avais cru voir en premier lieu, je me suis rendu compte que l'idée qu'elle ait pu changer depuis l'an dernier m'était insupportable 
c'est là qu'on mesure combien il est insuffisant de se branler sur Nietzsche (je parle pour moi, bien que ça m'ait un peu passé) pour guérir de l'addiction à la cyberpornographie, qui n'est jamais qu'une variation sur le thème de la projection émotionnelle avec inflammations sous-cutanées de l'image négative de soi. Dans ce paragraphe, on distingue à l'oeil nu :- les conséquences d'un abus de porno : "toutes des salopes sauf mon ex" + "je suis un pauvre mutafukaz qui ne vaut pas tripette" (le double effet kiss pas cool)-le fait de s'aggripper comme des malades aux images nous empêche quelque peu de voir les gens qu'il y a parfois derriere, comme toi avec ta Diane. Les moments où on s'en rend compte deviendraient presque regrettables, alors qu'ils sont une émergence de bon sens : -comment ai-je pu me laisser abuser par des vendeurs de foufounes pixellisées au point de regarder les filles comme si c'était des livres de cul et réciproquement, et comment vais-je regagner mon humanité ? 
 J'aime bien tes analyses John, bon, à un détail près ; ce n'est pas mon ex, puisqu'on a jamais été "ensemble", juste de bons amis, et encore. Seulement j'ai tendance à confondre pas mal de choses, et à m'imaginer que les intentions de l'autre correspondent aux miennes ; notamment m'imaginer qu'elle aussi elle en demandait plus. Si ça c'est pas de la projection à deux balles ... Après une nuit de sommeil ( qui aurait dû être ) satisfaisante, cela s'est un peu calmé, mais j'ai été bien englué dans mes ruminations jusqu'à environ 14-15h aujourd'hui. Je l'ai vue, deux fois, et c'était pas des (p)hallucinations ce coup-ci ; pas de pot on suit nos études presque au même endroit. Comme j'avais croisé son regard j'avais peur qu'elle vienne me parler, et j'ai fait mon possible pour que ça n'arrive pas, question de la préserver de ma connerie séculaire, et de me préserver d'une nouvelle crise. Résultat je m'en suis pas mal sorti, malgré certains coups de sang, qui ne m'ont pas empêché de m'imaginer en rentrant chez moi que peut-être elle allait m'envoyer un mail d'ici peu ; toujours cette même idée à la con qu'elle est là pour moi, qu'elle n'attend qu'un signe de ma part pour renouer des liens, pfffff...
Citation : John Warsen a écrit:-le fait de s'aggripper comme des malades aux images nous empêche quelque peu de voir les gens qu'il y a parfois derriere, comme toi avec ta Diane. Les moments où on s'en rend compte deviendraient presque regrettables, alors qu'ils sont une émergence de bon sens : 
En effet ; je pense qu'un autre effet merdique de la pornographie ( et même à petite dose, sans tomber dans les travers addictifs ), c'est que ça pousse à se conduire avec les personnes que l'on rencontre comme on se conduit avec les photos ou vidéos qu'on mate ; on se ramène tranquille, on parlotte, on se remplit la panse pseudo-émotionnelle comme on se rempli le crâne en écoutant la radio ou en matant une télé, et une fois qu'on est pompette on éteint l'écran, on se barre sous prétexte de l'heure et on oublie, jusqu'à la prochaine dose. Mais ça n'a rien d'un contact véritable avec l'Autre, c'est de la consommation voilà tout. C'est précisément ce que j'avais tendance à faire du temps où je ne m'interdisais pas tout contact avec mon environnement social ; je sais que j'ai tendance à m'abandonner logorhée-iquement et ça n'est pas forcément un problème " en soi ", mais quand c'est pour balancer ma sauce linguistique ( il y a pas mal d'analogies en fait ) pour me faire écouter de l'autre, ça commence sérieusement à dériver. Eviter le dialogue, ne jamais s'intéresser qu'à soi, attendre de l'autre qu'il soit tout le temps tout ouïe, prêt à accueillir les pires âneries sous prétexte qu'elles viennent de soi ; mais où est l'intérêt, si ce n'est de reproduire encore et encore le même schéma du nourrisson vagissant et de sa mère l'écoutant et mettant fin à sa douleur ?Morbach   
Pour ça, il y a les exercices de rééducation...Style, tu prends part à ces assemblées où rien n'est dit mais tout le monde jacasse, et tu t'astreins à ne pas l'ouvrir mais uniquement écouter, à faire l'inverse de ce que tu décris comme nombrilistique et sociopornocratique . Et tu profites de ce temps qui sinon serait juste perdu, pour te concentrer sur tes ressentis et voir ce que tu as à tirer de tout cela... En relativisant évidemment l'intérêt que tu vas susciter ou pas dans ton entourage, cette fois pas parce que tu occupes le terrain avec volubilité mais par ta grande qualité d'écoute... C'est asez étonnant les résultats que ça peut donner. En gros, il s'agit bien de te rééduquer. Je ne dis pas que tu dois te conditionner à prendre goût à ce que tu as jusqu'alors méprisé, ce n'est même pas non plus "affronter tes peurs", c'est faire l'expérience de vivre autrement, sachant que cette façon-là t'a apporté du mal-être et que tu t'ouvres à une autre façon d'aborder le réel...
L'idée est bonne Mondom, mais les occasions manquent, surtout depuis que j'ai laché les ponts de partout sur la question sociale. Je pourrais "m'entraîner" avec des personnes en duo par exemple, mais c'est moins évident et ça peut laisser des dégâts collatéraux. Les repas de famille à la rigueur, ça peut-être une bonne occaz', autrement je ne vois pas. Mais j'y penserai, ça vaut le coup d'essayer. Je me pose une autre question ; pendant combien de temps vais-je m'interdire d'avoir des relations avec les autres ? Mon prétexte majeur pour entretenir ce vide relationnel est assez foireux d'ailleurs ; ça tient tout entier dans "le mérite de la solitude et les bienfaits qu'elle peut apporter" ("le mérite" c'est la partie la plus drôle je trouve ), et on sait d'où ça sort ce genre de connerie, de produit dérivé... Le second, dont l'importance est grandissante, est un poil plus sensé ; protéger les autres de ma maladie, et me protéger également du mal que je pourrais leur faire. Seulement il y a une sacrée différence entre une solitude choisie et solitude par contrainte interne. Je sais que je fonctionne mieux en général seul, mais là ça n'a plus grand chose à voir avec des préférences, un "mode de vie"... Le choix s'est fait par défaut.Je me demande même si le contact avec l'Autre, mais dans le cadre d'une relation "saine", libre de tout nombrilisme consumériste prédéfinit ci-dessus, ne favoriserait pas la régression de tout cet appareil fantasmatique de merde ; une sorte de désillusion tardive, un peu comme quand on coupe le son de la télé et qu'on voit mieux à quel point les gens qu'on y voit sont des pantins, gigotant sans effet quelconque, de simples images, plates, sans relief, sans profondeur ... Mais il est peut-être encore trop tôt pour ça.Morbach  
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