Dépendance sexuelle

Version complète : Métamorphose
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Ekeiloh

Ça a pu sortir, certes sous forme de larmes, mais c'est sorti. Cet enfant qui est-il? Toi? Celui que tu voudrais être? Un enfant que tu devrais protéger? Ou celui qui ne connaît pas ce mal, cette dépendance, peut-être que ton corps tend vers cet enfant, comme si la seule possibilité de sortir de la dépendance c'était de revenir à cet age-là, à cet état-là...

Pardon, je m'emballe. Je trouve simplement ça tellement réconfortant, qu'à un moment, le corps accepte de ne pas être à la hauteur seul, et qu'il nous donne quelqu'un, quelque chose à qui/quoi s'accrocher. Bon courage Fabrice, merci de partager ton expérience avec nous.
Je ne sais pas vraiment qui est cet enfant, je pense que c'est moi. Celui qui est en moi, est-ce l'enfant que je fus ? l'enfant que je voulais être ? l'image de l'enfant que je pense avoir été... Je ne sais pas très bien. C'est la deuxième que je sens cette présence en moi. Une autre fois j'avais senti une main bienveillante se poser sur mon épaule (même personne ?). Pour moi c'est assez flippant car je suis  très cartésien. J'ai l'impression que mon esprit me joue des tours. C'est vrai qu'il y a le réconfort, mais il y aussi la tristesse qu'il portait.
Et comme toi, je n'ai rien fumé ou ingéré d'illicite...
Encore une séance de larmes bien étrange. Je n'analyse plus de façon cartésienne, sinon je vais me croire fou.
Ce fut chez mon psy, cet enfant dont je parlais est revenu. Il était proche de moi, son visage était moins triste. Il n'a rien dit, mais j'ai compris qu'il voulait que je le prenne dans mes bras, du moins que je m'approche de lui. Je l'ai pris par la main et nous avons marché. Je ne sais pas qui il est (moi ?), mais il est présent et réconfortant. C'est un peu mon petit prince.
Tout cela n'est possible que grâce au sevrage qui ouvre de nouveaux horizons et je pense qu'il y a la méditation qui me permet de ressentir des choses enfouies en moi. C'est étrange de parler de cela sur un forum (c'est très personnel), mais cela fait partie de ma guérison. Ce n'est peut-être plus très en lien avec le sevrage, mais tout cela pour dire que sortir de la dépendance, ce n'est pas uniquement se sevrer, c'est aussi un travail sur ce qui nous a mené dans cette dépendance.
Peut-être, cet enfant représente ce que tu es maintenant, un enfant qui souffre et qui ne demande qu'à grandir, à devenir adulte, à se libérer. L'adulte que tu deviendras prendra alors la main de cet enfant, témoin d'un passé douloureux, et le protégera pour toujours.
Cette tristesse continue de me hanter. Je sais qu'il faut que j'avance. Mais là, le doute s'insère par tous les interstices. Il n'y a pas de tentation vers le porno, mais une dépression qui s'installe. Les constats que je fais sont assez noirs. Il y a des raisons d'espérer, mais je n'ai pas assez de force:
(1) Ma confiance en moi est au plus bas. J'essaie de retrouver un peu de fierté en listant ce dont je suis fier, mais cela est sans effet.
(2) Je n'arrive pas à exister par moi-même. J'ai toujours besoin du regard des autres, de leur consentement. J'en ai conscience, mais mon schéma de pensée est difficile à changer. Je ne supporte pas que mes actes puissent contrarier une personne. Ces petites contrariétés me mettent en boule. Dur !
(3) La méditation me met face à tout cela et méditer devient parfois difficile lorsque la tristesse est forte ou lorsque la colère gronde.
(4) J'essaie de recoller le dialogue avec ma compagne. J'ai pu lui parler de mon manque de confiance, mais je comprends qu'elle ne comprend pas. Et je me retrouve de plus en plus seul. Je m'interroge de plus en plus sur notre relation, sur son avenir.
(5) Les messages de Thump m'interpellent. Je ne sais comment les analyser. J'ai l'impression qu'il a raison en disant qu'il faut changer d'environnement. Mais je crois que cela est trop coûteux psychologiquement pour moi actuellement.

Le porno est parti (du moins il se fait très discret), mais derrière, c'est un champs de ruine où il faut tout reconstruire. Et il faut du temps pour refaire une maison, faire repousser un jardin. Il faut du temps et de la force, et là, je suis fatigué. 
J'aurais voulu être un peu plus optimiste, mais c'est mon état depuis plus d'une semaine.
Tu sais Fabrice que la fatigue est du à tes changements très en profondeur, et puis tu as chuté dernièrement, c'est toujours difficile de restaurer la bonne image de soit après, ta chute n'est pas si lointaine.

Moi ce que je trouve positif chez toi, c'est que tu te laisses désormais surprendre par tes enfants.
Tes enfants attendent tout de toi, et n'ont pas de jugements préfabriqués. Ta femme, si elle ne te comprend pas, elle peut être touchée par le père que tu es avec ses enfants.

La méditation que tu entreprends avec tant de sérieux, doit te donner le mystère de l'autre.
Le mystère de l'autre, ce n'est pas ne pas connaître l'autre, c'est l'inverse. Plus tu connais l'autre en vérité selon lui, plus il t'est mystérieux. Ta femme te sera davantage mystérieuse que tu prendras pleinement conscience de sa présence.

Bon ne te décourages pas.

Le mot mystère viens de croyance, la mystique c'est la foi. Si tu crois en toi, en ta femme, en l'autre, alors tu fais confiance, et la confiance a une part de nuit, d'adhésion à ce que l'on ne voit pas, ne contrôle pas, à l'invisible de l'avenir.

Tes enfants ont l'innocence, en cela, ils te font la fête. C'est la vie. Tout ce qu' il y a de plus fascinatoire, et en même temps, rien n'est moins magique que la vie.

Ekeiloh

Bon courage Fabrice. Malgré ton état d'esprit en ce moment, tu avances: le fait de changer d'environnement t'interpelle, même si tu n'es pas prêt, l'idée fait son chemin. Mais attention, changer d'environnement ce n'est pas non plus renier tout en bloc. Demande toi ce qui est le mieux pour toi, ne fuis pas ta femme simplement parce que là, aujourd'hui, elle ne comprend pas. Au contraire, je trouve ça bien que tu sois "obligé" d'avoir ce combat là par toi-même, tu avances vers la victoire puisque tu es en sevrage et tu le dois à toi-même. Tu existes bien, puisque sans que ta femme s'immisce dans ce combat, tu fais le choix toi-même de dire non à la dépendance, de réfléchir à si ce n'est pas mieux de partir.

Quand la dépression s'installe, c'est dur, on pense qu'il n'y a pas d'issues. Pourtant tu continues la méditation, même si ça te fait parfois du mal. Mais cette douleur tu la ressens: encore une bonne nouvelle, si tu ressens quelque chose, ça veut forcément dire que tu existes !

Bravo pour ton rétablissement, les jours, les semaines, les mois passent et tu es encore là, c'est déjà une victoire.
Merci Burrhus et Ekeiloh pour votre soutien ! Il est précieux. Les jours passent et ne se ressemblent pas. Depuis trois jours, je reprends de l'énergie, j'ai même commencé une cure de vitamines aujourd'hui, donc pas encore d'effet, sinon c'est encore mieux que l'effet placebo, c'est l'effet anticipation !

Je me suis levé en me disant qu'aujourd'hui serait une journée calme, relaxe. Une journée STOP. Dès qu'il y avait un problème. STOP ! Je m'arrête, j'observe, je respire puis j'agis. Je l'ai même appliqué aux enfants. Et ce fut une bonne journée.

J'ai recommencé une liste des actions / réalisations dont je suis fier / content / satisfait. Cela fait du bien de la lire quand on broie un peu trop de noir.

Burrhus, je n'avais pas réalisé comment une rechute pouvait être néfaste. Je me suis relevé, mais c'est vrai que j'ai dû payer le contrecoup. J'aime bien ta notion de mystère et de foi. Je crois que je n'avais plus la foi en ma compagne. Je suis bien conscient que le problème est principalement moi. Elle est exceptionnelle, bienveillante et mystérieuse. Depuis ton message, je ne la regarde plus de la même façon, il y a un élan vers elle, une envie de partager, de discuter, envie que je n'avais pas la semaine passée. 

Ekeiloh, je ne vais pas brusquer les choses sur cette histoire d'environnement. Actuellement ce qui est le plus important pour moi, c'est de changer mes modes de pensée. De sortir des reflex qui ont pu s'installer en moi depuis des années et qui me tirent vers le bas. La dépendance en est un, mais ce n'est pas le seul. La méditation m'aide beaucoup à voir ces modes de pensée, à en prendre conscience (dévalorisation de sa personne, recherche du consentement des autres, non affirmation de ces idées). Le constater est la première étape, maintenant il faut les modifier. C'est comme vouloir changer le cours d'une rivière, elle veut toujours repasser par le même chemin, surtout lorsqu'il y a des inondations.

 'Fluctuat nec mergitur'

Ekeiloh

C'est super, je te sens plus posé et plus énergique à la fois, tu as repris une bonne dynamique. Concernant le changement d'environnement, j'ai l'impression que l'auteur de ces posts essaie de s'en convaincre lui-même, mais je dois dire que je préconise de relativiser par rapport à ça. Par exemple je suis persuadée que ton environnement familial, avec ta femme et tes enfants est bon pour toi, et ça m'ennuie un peu que de tels mots balancés sur tous les sujets sans distinction ni reflexion par rapport au parcours de chacun aient une si grande portée.

Mais fort heureusement, et en partie grâce à notre ami Burrhus, tu as su retrouver ce regard bienveillant envers ta femme et tes enfants, et c'est un vrai bonheur que de te voir reprendre goût à tout ça. Encore un peu d'espoir qui rejaillit sur tout le monde !
Je ne voulais pas remettre en cause les propos de Thump sur le changement d'environnement. J'y adhère. Toutefois, je n'arrive pas à définir ce qu'est cet environnement. L'environnement est un mot fourre-tout. Pour moi, c'est tout ce que nous ne contrôlons pas vraiment, et pour compliquer il y a une forte interaction entre nous et l'environnement. Donc en changeant, on change notre interaction à l'environnement, et en changeant l'environnement aussi. C'est très conceptuel (trop). Je vais essayer de lire le livre proposé par Thump. Quand je ne vais pas très bien, j'ai trop tendance à ruminer les questions dans tous les sens et à m'enfoncer dans une réflexion qui n'aboutit pas.
Là, j'ai réussi à reprendre un peu de distance, donc je regarde tout cela plus sereinement.
Je vous envoie à tous un peu de sérénité et de bonheur (et oui, je pense qu'hier j'étais heureux).
Bon dimanche
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