Dépendance sexuelle

Version complète : Métamorphose
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Je reviens... le doute est dans la ponctuation.
J'ai failli répondre sur ton post Fr-Ed, et puis je me suis dis que ce serait mieux sur le mien.
Je pense qu'aujourd'hui pour moi la phase de sevrage est finie, elle n'a plus vraiment de sens car je ressens peu de pulsions (et si elles arrivent, je les chasse très rapidement). Les situations à risque (de rechute) ne le sont plus. C'est une victoire, la dépendance sexuelle n'est plus présente (ou du moins elle est réduite à peu de choses).
Et comme toi je me pose la question, quelle est aujourd'hui la raison de ma présence sur ce forum ? Je viens de passer six jours sans le forum. Vous m'avez manqué, j'avais envie de venir, puis les jours sont passés. Je savais que je reviendrai ce matin, et cela m'a angoissé. Et finalement le forum continue son petit bonhomme de chemin.
Je pense que j'ai toujours à apporter mon témoignage, mon histoire pour aider ceux qui veulent en sortir. J'ai même proposé à la psychologue, qui était la formatrice pour la méditation de pleine-conscience, d'intervenir auprès de son groupe d'alcooliques pour leur parler de ma sortie de la dépendance. Cela me semble important... Ensuite, pour le forum, cela demande un investissement important pour suivre et c'est parfois compliqué de répondre quand on n'a pas totalement suivi le post régulièrement.
Maintenant, pour moi, le combat (s'agit-il d'un combat ?), la métamorphose, la vie, est à un niveau très personnel. Je suis un handicapé des sentiments, invalidité d'enfance. J'ai réussi à diminuer l'emprise de la dépendance sexuelle, je vais continuer mon chemin pour mieux me comprendre, pour apprendre à être moi et être fier de moi. 
Aujourd'hui, je ne veux pas utiliser le verbe devoir. J'écris trop souvent 'Je dois'. Je mets une pression trop important. Je ne dois rien à personne. J'essaie de lâcher prise, j'ai peur, je suis seul alors que des personnes autour de moi me tentent la main. J'ai peur d'accepter ces mains tendues, de m'ouvrir à elles. Le forum est un lieu où je peux m'ouvrir dans l'anonymat. Même si je ne parle plus de ma dépendance, je vais surement continuer à y parler de moi. 
Au repos encore une petite semaine (en fait arrêt maladie), j'ai totalement lâché mon travail (plus aucun lien), je prends du temps pour moi. Merci à Fr-Ed de m'avoir mis au parfum, je ne suis pas prêt d'oublier Grenouille.
Hello Fabrice !
 
Bien-sûr que je suis heureux de lire ton évolution et aussi ta résolution, ou plutôt cette évidence qui s’impose à toi de revenir de plus en plus vers ta « vraie vie » ! Le fait de laisser passer les jours les uns après les autres et celui de ressentir de l’angoisse même en pensant à rouvrir cette page, parle aussi tout seul…
 
Nos façons de ressentir de l’angoisse et de constater nos latences pour la déprime nous rapprochent. J’ai encore beaucoup de choses à te demander, j’ai besoin d’apprendre de toi, je le ferai alors en messages privés dans l’espoir que tu viendras pointer le bout de ton nez ici de temps en temps.

D’un autre côté s’impose de plus en plus cette évidence qu’on reste et qu’on revient sur ce forum grâce à l’aide des autres, mais qu’on y vient initialement et au bout du compte surtout et toujours pour soi-même ! On trouve ici bienveillance, réconfort, soutien, orientations, conseils, épaules, affection même, mais la vraie concrétisation de ce que le forum peut nous apporter dans notre vie, les vraies décisions, nous appartiennent seuls !

 
Tu vas me manquer ! Mais prends soin de toi surtout ! Je te remercie infiniment pour tout ce que tu m’as apporté!!! Tu as été l’un des quatre piliers qui m’ont principalement soutenu ici. Les piliers se dissipent avec le temps pour diverses raisons... Je lâcherai maintenant ta main qui m’a guidé, menée, je vais essayer d’avancer sans elle, il le faut, je ne sais combien de temps encore sur ce forum... peut-être que d'autres me soutiendront, en tous cas je vais tendre la main, parce que ce n'est que comme ça que la chaîne du forum peut se poursuivre...

Et comme tu penses à Grenouille, en respirant "les parfums de mon combat" et je penserai souvent à toi, quoi qu’il en soit !

 
Jan
Et non Jan, je ne vais pas te manquer, car je ne vais pas partir... et je vais continuer à t'embêter !)

Ce forum me permet d'ouvrir des portes, des horizons que je visite, que je discute avec mon psychiatre. En terme d'efficacité (même si je n'aime pas le concept), j'ai beaucoup plus progressé grace au forum que grace au psy. Mais c'est complémentaire...

Dans ce forum, je suis dans la vrai vie. Nous sommes tous réels, nous sommes tous vivants. Notre dépendance c'est notre vie actuelle. Même si nous ne nous aimons pas comme nous sommes, nous sommes ainsi et nous voulons changer. J'irai même plus loin, je suis surement plus vrai ici que dans la vie 'réelle'. 

Pour continuer ma réflexion sur mon handicap concernant les sentiments, je ressens aujourd'hui un blocage en moi pour accepter l'amour / l'estime que les personnes me portent. Je ne me sens pas la force de l'accepter, c'est trop de responsabilité pour moi. Et d'un autre coté, je recherche cette reconnaissance, cet amour, j'en ai besoin pour mon équilibre. Etrange paradoxe. J'ai lâché prise avec ma compagne et je la redécouvre, j'aurai presque envie de lui dire 'je t'aime', mais ce n'est pas encore le moment. Je suis entouré de personnes exceptionnelles, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à leur faire confiance ? 

Mon problème au travail me fait relativiser pas mal de choses. Je m'accroche beaucoup à des chimères (oui Fr-Ed, je vais être plus précis). Ces chimères se sont mon égo, mon besoin de toujours plus de reconnaissance, de toujours vouloir plus, avoir le dernier gadget (à ce monde consumériste !). J'avais parlé il y a peu de la sobriété heureuse. C'est une voie qui me plait, se suffire de peu, être heureux et permettre aux personnes autour de moi d'être heureuses.
Je suis maintenant clairement dans une phase où l'addiction a disparu. J'ai beaucoup réfléchi (en fait discuté, écrit...) ces deux derniers jours. J'étais seul chez moi au repos. Normalement, cela aurait dû être une débauche. Rien, des embryons de pulsions, qui restent là. Je repasse à vélo près des lieux de drague, rien. Je suis repassé devant les sex-shop, le sauna, rien... Je n'ai plus de contrôle sur mon ordi, rien...

L'addiction pour moi n'est plus, je m'ouvre aux personnes, je suis heureux d'échanger avec ma compagne, avec mes amis, avec ma soeur, avec des collègues, avec vous ici (merci Jan, merci Fr-Ed). C'est comme si je venais d'ouvrir les fenêtres, je me prends un grand bol d'air. C'est nouveau, je respire, je suis... C'est encore nouveau, j'ai un peu peur, je flippe, mais la lumière est là. Je me vois sortant de ma prison, ce n'est plus de la peur, c'est juste de l'appréhension, je (re)découvre le monde. Je dois habituer ma vue, tous mes sens. Je ne suis plus habitué à la lumière, à l'air frais sur ma peau, à la chaleur du soleil, au nouveaux sons, aux nouvelles odeurs. Tout un monde de sensations, d'émotions s'ouvrent à moi. Pas à pas, je vais le découvrir. Je ne cesse de faire de belles rencontres. 

Me revient, cette chanson d'Arcade Fire, je l'avais déjà citée, mais c'est vraiment cela.
The well and lighthouse (clip sur Youtube). 

Ce soir, je suis plein d'espoir. L'addiction n'est pas une fatalité, et la vie peut être belle après (parfois des moments difficile)... la vie quoi !
Merci Fabrice pour ce témoignage super-encourageant!
As-tu pu dans tes démarches en cours analyser ce qui était à l'origine ou à la source de ton addiction?
Salut Fabrice

la recherche de sobriété est une oeuvre permanente et quotidienne, c'est bien de voir que tu recouvre une certaine forme de goût à la vie, de nouvelles sensations bien éloignées de l'addiction.

On peut y arriver, avec difficulté, mais on peut. Tu en es un exemple.

Continue tu es sur la bonne route.

Asmyr.
Question très difficile à répondre. Je pense aujourd'hui que mon addiction était une protection que j'ai développée très tôt (enfance / pré-adolescence) avec des phases de répit pendant quelques années. Rétroactivement, j'ai aussi eu une phase de dépendance affective. 
Il y a surement une origine multi-factorielle: une manque de confiance, un besoin de reconnaissance, une identité sexuelle confuse (terme que je préfère à homosexualité refoulée), une difficulté à nouer des relations avec les autres, la découverte de la sexualité à travers des revues porno (qui a surement mené à la dépendance sexuelle, alors que j'aurai pu développer une autre dépendance). Je m'interroge aussi sur le terreau familial... Les revues pornos était à mon père; et un coup d'oeil, il y a peu de temps, sur son historique de navigation sur internet était édifiant.
Aujourd'hui, je réapprends à vivre avec ces difficultés. J'ai mis (je mets) en place de nouveaux schémas de pensée(il faudra que je développe cela un jour) pour ne plus retomber dans la dépendance. Il s'agit 'simplement' de réagir différemment à certaines situations, de les appréhender différemment (aide précieuse et efficace de la médiation). C'est une restructuration cognitive.
Un exemple: 
* Je suis face à une personne, j'ai envie de lui parler, d'échanger...  "plutôt que de me dire que je suis une personne inintéressante, pourquoi s'intéresserait-on à moi ? Je suis nul".. Je vous laisse continuer...  Cette logique me mène dans la dépendance, dans des rapports sans humanité (je n'en suis pas digne). 
* J'ai confiance en moi, j'ai envie d'être dans l'échange, dans la rencontre. Je n'ai rien à perdre, tout à gagner. La plupart des gens ne vont pas me juger, en plus y-a- de grande chance qu'il soit comme moi, un peu hésitant... Au final on est tous des humains. 
(je vais travailler sur cela, car je commence à mieux comprendre... merci pour la question !).

PS: HORREUR !!!! JE VIENS DE REMARQUE QUE JE SUIS DANS LES ANCIENS !!! Juste quand je commence à me dire que je sors de la dépendance, on m'affuble du qualificatif d'ANCIEN. 
(plus simplement cela doit être du aux 750 messages que j'ai postés en 1 an....)
DEGOUTE... JE NE SUIS PAS UN ANCIEN... PAS ENCORE.... N'EST CE PAS ? RASSUREZ MOI ? 
Oui, c'est lié à 750 post. On devrait t'appeler sage.
Papy Fabrice...
Ben si, t'es un ancien ! Un vieux de la vieille !... quelqu'un d'un autre âge, d'un autre monde... D'un âge où on ne marchande plus le plaisir sexuel contre un satisfecit d'un ego dénaturé ou mal comblé... D'un autre monde, celui d'une recherche de relations et pas uniquement de rencontres...

t'es un autre avec le passage du cap... alors si cet autre doit se faire appeler Ancien, je veux aussi en être. ET je dirai merde au passif qui a cumulé des baises sans âmes, des jouissances sans plaisirs... Je t'admire. Je te demande de rester prudent. Et t'es pas un ancien... tu redécouvres la vie, donc une autre jeunesse.

Je ne suis pas encore là. Je ne suis pas encore dans cette affirmation. Pas encore tout à fait prêt... Mais encore mes félicitations... et surtout ma recommandation de rester vigilant.

Fr-Ed

PS: Je milite pour une cérémonie. Pour marquer le moment de cette prise de conscience. Comme une remise de diplôme... Qui a une idée d'à quoi pourrait ressembler le trophée ?
Bravo Fabrice,

David a vaincu Goliath.

Comme quoi, la dépendance n'est pas une fatalité!

Un conseil d'ami: reste vigilant, la bête peut se réveiller à chaque instant.

Alessandro
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