Un an plus tard...Résumé des épisodes précédents.J'ai atterri le 5 mars 2009, en tapant les mots "dépendance" et "sexuelle" ensemble dans google, en lisant l'avertissement sur la page d'accueil sur ce site qui était le premier résultat des recherches j'ai lu orroz.net et là la Vérité s'est abattue sur ma tronche sous forme de révélation.J'ai parcouru bien du chemin depuis, j'ai passé des semaines encore bien douloureuses, à parcourir ce forum en long en large en travers en diagonale en zigzag et en mode aléatoire, j'ai versé des larmes, j'ai adapté mes neurones, j'ai cherché, j'ai rappelé une psy que j'avais vu quelques années auparavant sans aborder de questions touchant à ma sexualité, j'ai été aux réunions DASA, je me suis cru tiré d'affaire, j'ai en tous cas retrouvé début mai 2009 une grande sérénité et une libération des compulsions, quatre mois plus tard des rechutes circonstanciées m'ont remis certaines pendules à l'heure, j'ai continué mon parcours avec toujours plus de clairvoyance, humilité, honnêteté etc...J'ai retrouvé une amie, qui m'a beaucoup aidé elle aussi, par sa propre lucidité sur les choses de la relation amoureuse et sur la dépendance affective. Et j'ai installé un logiciel anti-porno dont elle assure la gestion sur ma demande, ainsi je n'ai même pas à me poser la question de le contourner ou pas, c'est très reposant et très distractif par rapport aux idées roses électroniques...J'ai rechuté encore, et puis j'ai encore fermé le robinet. Je continue de voir ma psy, je continue d'aller en
DASA plutôt régulièrement, même si je sais que je suis à présent bien loin du danger qui s'éloigne de jour en jour. Si une rechute me surprenait aujourd'hui, j'ose espérer qu'elle serait toujours plus vidée de substance que la dernière, et ainsi de suite. Le monstre, si monstre il y a eu, agonise, n'est que l'ombre de ce qu'il a été, et dieu sait s'il a eu de l'emprise sur moi depuis mon enfance jusqu'à mes 41 ans...J'ai eu l'idée de devenir psychothérapeute, sans prétention d'être un super-héros, mais parce que j'avais l'impression d'être devenu hyper-instruit sur le sujet. Je n'en ai pas la carrure, même si j'en ai vaguement l"étoffe. Je réfléchis à autre chose. Le chemin que j'ai parcouru peut encore je pense être utile à d'autres, comme j'espère apporter une contribution aux réflexions que mènent les gens qui passent sur ce forum. Parmi mes idées, en vrac, il y a écrire mon livre à moi, ouvrir un site dédié à la dépendance affective, ouvrir un cabinet de coaching, créer une association visant à alerter un peu plus le public sur les dérives sociales et humaines que peut occasionner la prolifération de l'hypersexualité à la porno qu'on nous agite sous le nez à tout va, en fait je crois que j'hésite entre serrer les fesses en me remerciant déjà d'avoir enfin rencontré ma vie, et transformer l'essai en allant plus loin dans l'échange avec autrui sur ce sujet...La dépendance sexuelle n'est qu'une partie émergée d'un iceberg, comme je l'ai déjà dit quelque part. C'est déjà un sacré fardeau en soi. Mais il faut remonter la filière, comprendre ce qui l'a motivée, voir que c'est (du moins pour moi c'est évident à présent) une manifestation de dépendance affective, qui est bien plus complexe, et qui n'est pas exactement une addiction celle-ci, même s'il est bien plus difficile sûrement encore de s'en débarrasser (on dit "se rétablir"...)Ces "maladies" sont relativement récentes, et même s'il commence à exister pas mal de littérature sur le sujet, et si c'est en train de devenir un sujet un peu plus évoqué à la suite de célébrités qui font entendre parler de cela, elles sont loin d'être reconnues par les professionnels (psys de tout genre), et encore plus loin d'être comprises par le grand public, dont une proportion déjà alarmante et croissante est atteinte, même si on peut espérer qu'elle est encore au-dessous des 10% chez les hommes. Certains aspects commencent, et pour moi le forum est encore une immense source d'infos, de découvertes personnelles, à être clairs et définis, et d'autres pistes restent à préciser ou explorer, concernant notamment les relations entre dépendant et co-dépendante, ainsi qu'au niveau du comportment socio-sexué, qu'il soit côté co-dep ou côté dépendant(e).Cela continue de me passionner, même si je reconnais (et je pense ne pas être le seul) que sur le forum les limites sont par exemple que les "nouveaux et nouvelles" ne peuvent pas rattraper en peu de temps le chemin qui a pris des mois aux autres. C'est à ce titre que je pense à une refonte ou un autre site qui aurait une forme différente, parce qu'il peut devenir démotivant d'avoir le sentiment de rabâcher les mêmes sermons sempiternellement, sans juger qui que ce soit, mais en regrettant qu'on ne puise pas aiguiller plus efficacement vers les infos pertinentes et les prises de conscience efficaces celles et ceux qui se trouvent devant un éventail exponentiellement grandissant de topics, posts en tous genres... L'imbrication de l'individuel et du collectif trouve sa grandeur indéniable mais aussi ses limites ici, comme l'on doit selon moi découvrir les limites du seul "sevrage" et aller de l'avant en cherchant autre chose que seulement résister à un comportement envahissant par la force de sa volonté."Comment en parler à mon conjoint si je découvre qu'il est porno-dépendant?", "Dois-je rester ou partir?", côté co-dep, et aussi "Vais-je m'en sortir tout seul?", "A qui la faute?", côté dépendant(e), sont les questions qui restent aujourd'hui sans grande avancée, contrairement à d'autres qui, si elles restent difficiles d'accès au dépendant qui vient de se dévoiler, deviennent résolues dans le parcours avec quelques enseignements apportés par celui-ci, comme "Quelle différence entre la sexualité réelle et virtuelle?" ou "Est-ce un problème purement sexuel?" etc... Ces questions qui restent ouvertes sont intéressantes et je crois sincèrement que des éléments de réponse peuvent continuer d'être amassés, en toute modestie il y en a sur lesquels je sens que j'ai avancé en quelques mois, et j'espère avoir un jour ou l'autre quelque chose d'opportun à exposer...Quand j'ai compris que j'étais atteint de dépendance sexuelle, j'ai tout de suite compris que cela ne pouvait pas rester comme ça. Pas que j'aie découvert une volonté et une détermination qui jusque là m'avaient fait défaut, mais cela m'a paru évident, que je ne supporterais pas de rester dans la merde que je voyais enfin, qu'il n'y avait pas d'alternative à m'en sortir.J'ai vu ensuite que le sevrage ne serait pas la simple résolution, que me battre contre moi ne suffirait pas. Qu'il fallait chercher ailleurs les origines de ce comportement compulsif et addictionné. Plus profond. Et sitôt que j'ai eu (aidé en cela par le sevrage et la lucidité qu'il m'a apporté, en plus ayant arrêté de fumer des joints tout le temps...) un peu de visibilité j'ai eu bien d'autres choses à explorer et touiller en moi que la MB, chez ma psy et tout, et c'était confortant dans ma démarche. les questions comme "qui suis-je?" se sont réduites ou ont disparu, avec ou sans réponse, elles ne se posaient tout simplement plus.Et puis j'ai compris (grand pas en avant je pense) que la dep sex n'était qu'une conséquence directe de la dép affective... Et là aussi j'ai eu et j'ai encore de beaux sujets d'exploration et de découvertes, et des raisons de me rééduquer. La MB et tout le côté sexuel n'était plus que secondaire, ayant soulevé le voile je découvrais bien d'autres choses plus pertinentes à étudier, et à faire... Et du coup, j'étais naturellement moins "tenté" par la dép sex, puisque j'agissais sur les robinets en amont.Je me sens à présent sur des rails, avec des objectifs et des moyens de suivre mes progrès, un danger tout à fait circonscrit, je sais toujours de mieux en mieux ce qu'il en est de ce que je fais et ne fais pas, de ce qui pose ou pas problème, de ce que j'aimerais améliorer et ce que je ne pourrai pas toucher, etc... Je ne suis plus à me regarder le nombril tout le temps, cependant, et j'ai une estime de moi bien meilleure. Je me sens fort et instruit contre mes propres troubles, je me sers de cette clairvoyance (un peu trop parfois sans doute?) pour intervenir sur le forum et prendre la tête à tout le monde en prêchant "ma" bonne parole.Aujourd'hui, par exemple, j'explore la voie suivant: la dépendance affective est une dépendance sans produit ok, mais la dépendance sexuelle ou au jeu vidéo est aussi sans produit, à part le jeu ou le porno, et à part le tintouin chimique cérébral hormonal etc. Dans le cas de la dépendance affective, qu'on résume d'une façon extrêmement réductrice et simplificatrice par "besoin de définir, donner et/ou recevoir de l'amour, de l'estime, à soi-même et aux autres", qu'on peut aussi croire être expliquée par "besoin de relations affectives compulsives renouvelées" mais ce n'en est qu'un tentacule, une manifestation où cette fois on peut voir un produit, dans le ressenti de l'amour, dans la DA donc, je crois qu'il n'y a pas... d'addiction proprement dite. C'est une dépendance au sens étymologique, au sens strict; ma vie est en jeu, je suis assujetti à mes besoins affectifs, de reconnaissance, d'amitié, d'amour, d'estime de moi et des autres... Mon système de valeurs est déréglé parce que je ne vois l'interaction et ma personne qu'à travers le prisme des valeurs que je développe dans cette recherche socio-affective ou dans son absence (anorexie affective). L'anorexie affective a été pour moi un bon levier pour approcher mieux ces notions, tu trouves un questionnaire de 40 questions sur ce sujet-là sur le site dasafrance...Dépendance sans addiction donc, alors comment faire? Pourquoi la traiter dans un groupe
DASA calqué sur les outils utilisés par les toxicomanes et alcooliques? Dans ces cas-là, il y a bien un produit, identifiable comme toxique, alors qu'une relation affective n'est pas toxique à priori, elle est même vitale... C'est donc plus un dérèglement, un apprentissage qui a été faussé (Tiens, la voilà la pertinence à chercher dans son enfance, dans son développement personnel, dans l'antériorité de ses ascendants ou de son environnement...) Mais pour les DA? Je crois que c'est de là que me vient cette impression bizarre que j'y ai... Ok, je conçois que pour un alcoolique, qui voit de la boisson dans le monde partout autour de lui et qui aura toute sa vie à acter qu'il s'en tient éloigné, les réunions s'inscrivent dans une certaine durée. Les 12 étapes sont autant d'avancées, d'évolutions dans la maladie de dérèglement. Il y a d'ailleurs sûrement bien plus que 12 étapes, mais la philosophie des AA,
DASA et autres est extraordinaire de bon sens et de réflexions super-pertinentes. Cela ouvre des portes, cela fait avancer.Il est important je pense de savoir remettre en question ses idées reçues et arrêtées. Si on reste accroché à ses certitudes sans même se souvenir d'où on les a acquises, on ne changera jamais rien et l'on s'aigrit tout en en étant frustré. Alors que l'ouverture d'esprit est la métaphore de l'adaptivité naturelle d'une espèce en évolution et programmée pour vivre et survivre. Ma rééducation affective, elle consiste entre autres en apprendre à désapprendre ce que je crois avoir acquis, et mettre à la place autre chose. Désapprendre que j'ai pour mission ici-bas de rendre service, d'être utile et reconnu, et apprendre à la place que je suis ce que je suis et qu'il suffit que je me connecte à ça. Ainsi cette quête infinie d'aimer et d'être aimé reprend une place plus juste, et moins ingérante dans ma vie. Et mes relations sont aussi plus inscrite dans la réalité et pas le rêve magique façon Walt Disney...Les exercices pratiques, c'est une piste qui a encore à livrer énormément de cadeaux, je pense. Je n'en suis qu'aux balbutiements, mais si j'arrive à en développer une vision claire et avec un peu de recul, je pourrai presque ouvrir un cabinet de thérapie comportementale peut-être! Ces exercices de connection au réel, de refus des atermoiements et tours en rond inutiles et stériles, d'auto-alimentation de dépendance affective (et sexuelle aussi)... Je n'ai fait que les évoquer pour le moment ou presque, je continue de bosser dessus et j'espère qu'il en sortira quelque chose.Enfin, merci a tout le monde ici. Le fameux livre que j'aimerais écrire, il y en a déjà une belle partie toute écrite et distillée sur le forum, avec plus de mille posts... C'est même ce qui me fait avoir du mal à avancer, c'est ne pas savoir comment ne pas avoir l'impression de redondance, comment utiliser cette matière... Je crois qu'il faudrait tout simplement que j'aille recenser mes posts du premier au dernier et que j'en tire ce qui est à garder pour le reformuler, m'en inspirer... Enfin, là je divague et je parle (comme souvent) tout haut et tout seul. Ce que je veux dire, c'est que tous ces trucs que je dis, sans narcissisme ("Ouais, je suis le chef des branleurs repentis, c'est cool..."), auxquels parfois je reçois des "Comme a si bien dit Mondom" qui sont plus des confirmations que je n'élucubre pas n'importe quoi puisque cela parle à d'autres que des remerciements glorifiants, sortent bien parce qu'il y a tous les autres inscrits et inscrites qui interagissent, qui soumettent leurs points de vue et je ne fais que rebondir avec ma sensibilité à moi...Lâcher mon égo comme préconise à raison Orroz ne détruit pas qui je suis ni cette sensibilité. C'est sur des plans fonctionnels et de voie de garage que je répare mes déficiences et que je grandis. Au contraire, récupérant un peu d'énergie mentale qui était jusqu'alors monopolisée par ce fardeau d'égo que je tenais à bras-le-corps, je suis libéré pour aller toujours plus haut, plus loin, plus avant.Et voilà. Quand je repense un an en arrière, Je dois dire que je suis drôlement ému par le chemin parcouru, par le bonheur découvert, les ressources en moi aussi, et presque incrédule que cela ait pu être aussi affreusement moche, bas, sombre et inutilement gâché...En avant!