Dépendance sexuelle

Version complète : JE SUIS VIVANT !
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Bonsoir à tous,

cela fait presque deux mois que je n'ai pas posté. Je suis de plus en plus loin du forum. Je n'arrive plus à suivre les posts.

J'ai passé une période très compliqué au travail à cause d'un collègue. Une histoire qui durait depuis des années, et j'ai enfin pu mettre un terme à cette relation nocive. Je suis fier, car avec le soutien d'autres collègues, j'ai géré et pris les décisions difficiles. Aujourd'hui, je me sens plus léger, plus libre et surtout plus moi. Une page importante s'est tournée.

Sur le plan de la dépendance, il y a eu des périodes de rechutes... Du fait des problèmes professionnels, je n'ai pas voulu me mettre une pression trop forte. Je me voyais aller vers des comportements de plus en plus addictifs. J'ai su arrêter à temps pour que cela ne soit pas trop destructeur. Je me sens encore fébrile, mais depuis une semaine, je suis serein et confiant.

Au niveau personnel, une étape importante se profile, je vais emménager dans une maison, ce sera la maison pour mes enfants et moi. Cela se fera doucement pendant le mois de décembre car il y a quelques travaux. J'ai envie de rendre ce lieu chaleureux, un petit cocon pour mes enfants et moi.

En regardant tout cela, j'ai juste envie de vivre pour en profiter.

Fabrice
Bonjour Fabrice,

Comme je te comprends ! Chez moi aussi, le relationnel est un terrain miné sur lequel je me déplace difficilement. Je ne sais pas dire "non", mais je mets trop de distance avec les personnes que j'aime. Je m'exprime trop ou trop peu. Je ne sais pas recadrer les personnes toxiques, car mon envie de plaire passe avant ...


Prends soin de toi !
Construis-toi une belle maison !
Bonsoir à tous,

mon dernier post remonter au 11 novembre... l'impression d'être un poilu...
Si je reviens, c'est que ce n'est pas grandiose. Je pensais gérer, des rechutes tous les deux mois, puis tous les mois, et depuis quelques temps tous les 15 jours, voire même plus. Je joue avec le feu. Je cours après des rencontres en me disant que c'est pour rencontrer des personnes, mais au final je me perds de nouveau dans le sexe. Je passe du temps sur les réseaux à rechercher des plans, je me reprends à regarder du porno... Je glisse, je glisse...
Ce W.E. j'étais seul... j'ai passé du temps sur les réseaux et du temps pour moi. Tout était ambivalence. Puis hier soir, tout était clair. Il n'y a rien de bon dans cette consommation de sexe, dans cette fuite en avant. Je déguisais cela derrière une recherche de compagnon, derrière le fait que je suis un homme et qu'un homme ... Je pouvais trouver toutes les bonnes raisons pour continuer. La décision n'est pas facile, car aujourd'hui encore la dépendance est une bouée à laquelle je m'accroche. J'ai l'impression qu'en m'y tenant je ne vais pas couler, alors que cette bouée me plonge dans des abimes que je ne veux plus connaître. Donc voilà, j'ai décidé de lâcher la bouée et de reprendre un sevrage, un vrai de 100 jours. J'ai besoin de désintoxiqué mon corps, les images, les pulsions sont trop présentes.
Ce sevrage se sera donc no sexe, même avec les quelques amants réguliers, je vais leur dire, leur expliquer. J'espère qu'ils comprendront sinon, c'est qu'il ne mérite pas que nous continuons ensemble une relation amicale.
J'ai décidé de revenir ici pour écrire, pour avoir vos retour, pour avoir votre soutien. Je ne suis pas seul dans la vraie vie (même si celle ci est vraie aussi). Nous sommes tous réels. Mais cette communauté m'a beaucoup donné, alors je reviens, car j'ai besoin. J'ai peu de temps entre mon travail, mes enfants, je ne sais pas si je pourrais être présent sur les autres posts, je vais essayer, dans la limite de mes moyens.
Me remettre dans la dynamique du sevrage, c'est aussi me retrouver face à moi-même, me retrouver face à ce que je fuis encore et encore. Je passe par des phases de profondes tristesses, de perte de confiance en moi. Pour me rassurer, je me mets une pression énorme pour prouver que je peux le faire. C'est comme cela à mon travail et avec mes enfants. J'ai l'impression de ne pas être à la hauteur, alors je veux toujours faire plus, et il y a toujours plus... C'est sans fin. Je m'épuise. Le cycle de rechute est de 15 jours actuellement, et a lieu juste le W.E. où je me retrouve seul après la semaine avec mes enfants. La pression du travail, la pression des enfants, je lâche... Cette pression c'est moi qui me la met. Je n'ai rien à prouver, mes enfants m'aiment, ils me le prouvent régulièrement. Je suis reconnu dans mon travail, plus besoin de faire mes preuves, et pourtant...
Il y a cette difficulté à interagir avec les autres, à nouer des relations amicales... Cette peur d'aller vers l'autre, cette énergie que je dois rechercher pour dire certaines choses, cela me coute, mais ne pas le faire me coute encore plus. Toujours cette pression, trop de pression.
Puis il y a cet enfant en moi, cet enfant malheureux qui prend le contrôle... Cet enfant qui n'accepte pas la moindre contrariété, cet enfants qui n'a pas confiance en lui... Cet enfant qui ne lâche rien, qui a besoin de sécurité, d'amour. Cet enfant seul, muré dans son silence.

Voilà, je repars. La méditation est toujours là pour m'aider, j'ai aussi remis en place les contrôles: Smartphone bloqué, mon ordi s'est plus compliqué car K9 est incompatible avec certains logiciels que j'utilise pour le travail. Le code est dans mon bureau, et il y restera (pas de risque le soir et le W.E). Je vais reprendre une hygiène de vie correcte: repas régulier et léger, un peu de sport, être présent. Simplement présent, et accepter certaines choses pour lâcher. J'ai besoin de lâcher.

Merci à ceux et celles qui sont arrivés au bout de ce long message.

A bientôt !

Fabrice
Merci Fabrice.
Tu es égal à toi même : tu es en vérité.
Très égoïstement, je suis bien content si je suis amené à te lire plus souvent.
Amitiés.
Bonjour Fabrice,

Je suis heureux de te lire. Tes messages me rassurent toujours : j'y lis la bienveillance, la vérité, la détermination.J'y lis cette soif d'amour qui te rends très humain, très aimable.
Comme toi, je connais ces moments de tristesse, le désir de tout contrôler, le besoin de prouver aux autres (et à moi-même), cette pression que j'installe moi-même ... et je n'ai pas trouvé la clé.
Mais je sais ceci : la sobriété m'apprend à revenir à des relations normales avec moi et avec les autres.

La sobriété me rend plus sensible, plus ouvert aux autres. La sobriété me permet d'exprimer mes sentiments avec moins de gène et plus d'authenticité. La sobriété est une amie fidèle, qui m'aide dans les moments difficiles.

Je serai là pour te lire !
Merci à tous les trois pour vos mots et soutiens.
Je crois que j'ai mis la barre trop haut, ou que je ne sais pas vraiment ce que je veux... Résultats selon mes objectifs hier j'ai chuté... J'étais en déplacement sur Paris, 2 heures à tuer entre la fin de ma réunion et mon train.
Depuis lundi, je me pose des questions sur mes objectifs, et je ne suis pas clair dans ma tête:
* Hier je suis allé dans un lieu de rencontre gay, l'objectif était simplement de prendre du plaisir. En y réfléchissant, c'est vraiment ma dépendance qui m'y a poussé. Ce ne fut pas envahissant, mais ce fut une pulsion et je n'ai pas su contrôler. Je dois bannir ce type de lieu. Je dois aussi bannir tous les réseaux (de ce coté pas de problème depuis une semaine).
* J'écrivais que je voulais une sobriété totale. Or je vais revoir un couple dans 10 jours. C'est prévu depuis 3 semaines. Je pourrais simplement aller les voir et diner avec eux (ce qui est le début de la soirée). Mais si nous nous revoyons c'est pour partager plus qu'un repas. Et j'ai vraiment envie de ce moment... Je n'ai pas envie de me mettre une pression énorme et de refuser cela. Je suis peut-être dans le déni. Mais contrairement au reste, je suis dans une relation qui n'est pas uniquement sexuelle. Il y a plus...
Voilà, je voulais préciser ce point. Je vais retourner sur Paris dans 3 semaines, il y aura de nouveau un risque. Maintenant, je le sais, je l'écris ici. Et je reviendrai en parler pour vraiment m'y tenir et ne pas retourner dans ces lieux...
Malgré ce faux pas jeudi, je me sens mieux. La perte de temps, et l'excitation en lien sur les réseaux me procurait un mal-être fort, je suis depuis 5 jours sortis de cela. Il y a une forme de quiétude, même hier...
L'autre élément dont je n'ai pas parlé est la place que prennent certaines molécules dans mes relations sexuelles. Je parle du poppers. Hier j'en ai de nouveau utilisé, et cela je ne le veux plus: pas bon pour ma santé (mal de crane, problème de vision) et surtout je sens que cela devient nécessaire pour que je prenne du plaisir, et là cela m'embête plus. Je vais donc le bannir aussi. Je n'en prendrai pas lorsque je rencontrerai le couple dont je parlais.
Je vais essayer d'avancer ainsi pas à pas, les réseaux et le poppers seraient déjà un grand pas pour moi.
Fabrice

PS: remise du compteur à 0
Une petite semaine, un jour après l'autre, je ne me projette pas. Tu as raison Tiago. Un jour après l'autre.
Depuis 4 jours, je suis entré dans une phase de calme. Je suis simplement présent, et quand je sens que je commence à accélérer, je me recentre sur ma respiration, sur mon corps. Ce calme est associé à une efficacité au travail, à une présence avec mes enfants. Je me refuse de rentrer dans la frénésie du travail, dans la course, dans la surenchère. Je suis bien ainsi.
L'autre point dont je voulais discuter est ma séance chez mon psy où j'ai parlé du sevrage. La question de mon psy a été pourquoi je me lançais dans ce sevrage, quel était mon objectif. Je peux répondre par la négative (coté néfaste de la dépendance), mais la réponse par la positive est plus compliquée. Ce que je cherche est une vie simple, apaisée, de profiter des personnes que j'aime, de faire de belles rencontres, de faire ce qui me plait à mon travail (j'ai cette chance à mon travail)... Tout cela fait corps avec le paragraphe précédent. Il y a quelques temps je m'interrogeais ici sur le sens de la vie. En fait, la vie ce n'est peut-être pas plus compliquée que cela, profiter des moments offerts, être heureux et faire tout pour que les autres le soit aussi. C'est peut-être naïf, mais je n'ai pas trouvé d'autres réponses.
Samedi, je vais me retrouver seul, mes enfants vont aller pour une semaine avec leur mère. Ces périodes sont des périodes à risque. Je vais devoir faire attention. Samedi soir, je revois un couple rencontré il y a plusieurs semaines. J'ai décidé de profiter de ce moment. J'espère que cette relation ne réactivera pas la dépendance, ce sera un peu un test. Je me sens confiant, mais vigilant.
Fabrice
Un petit point après 24 jours de sevrage. Je passe actuellement les différentes transitions sans trop de problèmes. Cela me fait vraiment du bien ces 24 jours de sevrage.
Il y a le calme, la sérénité, comme une vie sans frénésie, un peu au ralenti, mais au bon sens du terme. Je prends le temps de vivre, de profiter des personnes avec qui je suis.
Il y a derrière ce calme une écoute attentive de mon corps, de mes émotions, de mes angoisses. J'ai l'impression de mieux progresser avec mon psy. J'avance sur ma découverte d'une sexualité homosexuelle hors de la dépendance, j'avance sur mon émancipation de mes parents (et oui à 45 ans), je découvre des barrières morales que je m'étais créé. Tout cela prend du temps et demande du calme que le sevrage m'offre, ou plutôt que je m'offre grace au sevrage.
Il y a des pulsions, mais je n'ai pas de moyen d'y répondre sur mon ordi ou smartphone (merci K9). Cet après-midi, j'aurai pu aller au sauna, une partie de moi en avait envie, et d'un autre coté, je n'avais pas envie de me retrouver dans cette ambiance. Je suis resté chez moi et ce soir je suis heureux de cette nouvelle journée.

Un jour après l'autre et toujours être vigilant, à l'écoute.

Fabrice
Bonjour Fabrice,

Cela me fait plaisir de te lire ! 

Comme toujours, je me reconnais beaucoup dans ce que tu écris. Tu parles de calme, de sérénité. Souvent, pour être au calme, j'ai besoin d'être seul. Je me ressource dans le silence. Mais j'apprends aussi à être en relation avec des personnes calmes et sereines. Avec ces personnes, je peux aussi me ressourcer.

Tu parles du temps. Dans mon rétablissement, j'ai appris à prendre le temps pour faire les choses. Non pas attendre et rester sans rien faire, mais prendre le temps pour bien faire les choses, pour les apprécier vraiment pour elles-mêmes. C'est difficile dans une société qui pousse à aller vite. Mais prendre son temps, c'est comme prendre une bonne respiration : c'est vital.

Bon rétablissement !
Merci Tiago et Malick pour vos encouragements.
Je viens de passer un mois de sevrage, cela faisait longtemps. Et je ne peux que rappeler les bienfaits du sevrage en terme de sérénité, de confiance en soi, de temps gagné, de présence aux autres, à soi...
Le temps, prendre le temps, est essentiel pour moi aujourd'hui. Prendre le temps, c'est être présent. Présent dans mes méditation, présent avec mes enfants. La présence ralentit le temps, car il n'y a plus de temps. Je ne ralentis pas, je suis simplement présent.
Avec la présence, il y a l'accueil. J'accueille ce qui m'arrive, ce que je ressens (l'importance d'être à l'écoute de mon corps, des mes émotions). Je commence à ne plus résister. La tristesse est là, je l'accueille. Je l'embrasse. Je sais que l'étape suivante est de remonter au source de cette tristesse. Déjà, elle n'est plus envahissante, déstabilisante.
Vis à vis de la dépendance, les tentations sont peu présentes. J'ai revu un amant. Je vais revoir un couple déjà rencontré dans quelques semaines. Pour l'instant cela me va. Ces rencontres se font avec un plaisir et un désir partagé. Il n'y a pas que du sexe, il y a des discussions, des repas... Pour une fois, et surement pour une des premières fois, j'ai l'impression de vivre mon homosexualité de façon épanouissante.
Dans ma dépendance, il y avait une forme de destruction, d'avilissement de ma personne. Aujourd'hui, je me demande si tout cela n'était pas lié au refoulement de mon homosexualité, au fait de ne pouvoir l'accepter. Je l'exprimais à travers une forme dégradante de mon homosexualité.

Voilà, je continue, et je reste vigilant et surtout présent.

Bon courage à vous tous

Fabrice
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