08-01-2012, 08:16
Salut les filles.(lol)Des news de moi-même, avec ces rogatons de romantisme échevelé qui font mon style (mais le style ne fait pas tout.) Opéré cette semaine sous anesthésie générale, me voilà débarrassé de 3 dents et d'un kyste dans l'os de la mâchoire pour alléger ma traversée de 2012, l'année de la Tarlouze.Lointaines conséquences d'un accident de voiture en 1983 dont tous mes fans se souviennent avec émotion.Our sins cast long shadows, disent les Anglais.Our karma got big bollocks, ajoutent les tibétains.Je n'étais même pas sinner à l'époque, sinon par inadvertance, Poil à la repentance.Petite baisse de régime en fin d'année 2011 : tous les détails en pages intérieures.A force de trop bosser, d'être flippé, perfectionniste, de me dire que j'étais largué techniquement (mon associé a le tort d'être très brillant et beaucoup plus jeune que moi) et de me prendre pour un minable (mon péché pas mignon du tout) j'ai fait une petite dépression, parce que j'avais pas le temps d'en faire une grosse, qui s'est finie par une quasi - tentative de suicide, une hospitalisation en psychiatrie, puis anxiolytiques, antidépresseurs et somnifères, comme dans une vieille chanson de Thiéfaine (sans la bière ni le mezcal, mais j'ai trouvé un vieux mexicain aux Alcooliques nanonimes qui jouerait bien mon nouveau père spirituel dans le biopic qui ne manquera pas de m'être consacré un jour où les scénaristes hollywoodiens seront en manque d'inspiration), bref une totale.C'était il y a un plus d'un mois et demi.Depuis, j'ai relu quelques notes manuscrites de ces dernières années. Comment ai-je pu oublier cette prière auto-concoctée comme une ordonnance : "mon Dieu, préservez-moi de me prendre pour un minable ?" que j'y ai trouvée à plusieurs reprises ?Aujourd'hui ça va mieux, et je m'aperçois que j'ai le droit d'être petit sans être minable.Comme j'ai fait ma crise des 50 ans avec un an d'avance, c'est cool je vais pouvoir passer à autre chose.Bref, après une semaine d'hospitalisation au CHU avec des dépressifs profonds auprès desquels je ne suis qu'un aimable plaisantin bricoleur de l'auto-apitoiement, avec le suivi très distancié qu'offre la psychiatrie publique dont j'ignorais tout, j'ai passé une sale semaine à la maison, même pas en état d'amener mes gosses au lycée, complètement ensuqué par les médicaments, à passer des heures à pleurer dans mon lit, déchiré par des vagues d'angoisse, de culpabilité, à me dire que je ne pourrais plus jamais retravailler ou fonctionner normalement, à essayer de faire de la respiration apaisante qui n'apaisait rien du tout et surtout pas la douleur de me prendre pour un tas de merde sanguinolente, un de ces matins épouvantablement crépusculaires donc s'est imposé cette question à mon esprit dans sa désarmante simplicité : - Tu es par terre. Est-ce que tu es mieux par terre, ou est-ce que tu as envie de te relever ?A partir de là, je me suis entendu répondre que j'avais envie de me relever, et j'ai commencé à poser des actes dans ce sens.Parce qu'il ne faut jamais perdre de vue ses objectifs. Quinze jours avant (ah oui parce que c'est un récit éclaté pour répondre aux canons de la narration en vogue actuellement qui correspondent grosso modo aux impératifs de cerveaux habitués à zapper de page en page sur internet) je m'étais quand même précipité chez mon généraliste, parce que ça faisait 15 jours que je ne dormais plus du tout, et que je regardais la hauteur des immeubles en calculant mes chances de me rater, mais il était déjà tard. Je lui ai décrit mes humeurs et mon parcours avec tant de précision qu'elle m'a prescrit des anxiolytiques et antideps, mais le dimanche suivant je suis allé au bord de la falaise parce que ne ne voyais plus comment m'en sortir (je m'étais mis dans des situations que je pensais indémerdables au boulot, et ça m'avait décidé à en finir... bonjour la lucidité !)J'étais terrorisé par ma propre peur, et attiré par le vide et la promesse illusoire d'un repos que je souhaitais éternel.Résurgence souterraine de la rengaine nihiliste "tout est vain" énoncée sous acide avant Jesus-Christ.Finalement, au bout du compte et au bout du quai je n'ai pas sauté, en me disant que j'avais quand même une femme et des gosses épatants et que je serais damné de leur faire un tel chagrin, et le lendemain je suis allé voir le psychiatre qui me suivait pour ou plutôt contre la porno-addiction entre 2002 et 2006, qui voyant mon état a cru bon de me proposer un séjour en hôpital de semaine, du lundi au vendredi, en psychiatrie légère. C'était assez dur, surtout pour mon orgueil, mais ça m'a fait du bien.45 jours plus tard, je ne prends plus d'anxio, ni de somnifères, les antideps j'en ai pour 6 mois (c'est un traitement de fond) et j'ai un suivi avec un psychiatre plutôt freudien, mais sympa quand même. Et grâce à l'élixir fumigène du bon docteur Cannabinol (cf photo, en fait ça n'est plus vraiment mon truc...) j'ai rajeuni de 20 ans et j'ai retrouvé mon équilibre, il est 5h30 et je monte un gros film institutionnel' à la maison pour avant-hier sans faute, bref c'est la patate ! Je me demande si j'entreprends quelque chose avec un thérapeute gestalt, et dans cette attente j'ai repris à bosser et j'ai fait de gros progrès dans le lâcher prise de mon autominabilité et de mon autoapitoiement. Finalement, ça m'aura bien vidé les ballasts, cet arrêt dans la poussière.C'est cela qui nous empêche de commettre l'irréparable, ce désir qui est la Vie même en nous, et qui s'insurge contre notre capacité à nous nuire, cette appétence à la liberté qui contrecarre nos plans méthodiques ou désordonnés d'autodestruction, cette aspiration à la fluidité, à la légèreté, même prostré alors qu'on vient de tenter de se trancher les veines psychiques avec un tesson de bouteille d'amertume et de dépit, ou de se chier dans les bottes ou de foutre en l'air 5 mois ou 5 ans d'abstinence.Et je viens de passer la semaine à Paris pour apprécier mon bonheur d'être nantais, avec ma compagne et ma fille, je me suis attaché à combler leurs désirs les plus secrets pour leur faire oublier le mauvais quart d'heure que je leur avais fait passer le mois précédent. C'était pas bien compliqué : leurs désirs les plus secrets consistaient essentiellement à claquer tout notre pognon dans des boutiques de fringues du quartier Montparnasse et à faire la queue devant le centre Beaubourg pour y contempler brièvement des oeuvres d'artistes bourgeois décadents.Je me suis aussi rendu compte que claquer 153 euros de comics en vo en 10 minutes dans une librairie spécialisée de Saint Michel avait des effets positifs et durables sur la dépression.Tout Finit Donc Par Rentrer dans l'Ordre et le Happy End n'Est Pas du Tout Tiré par les Cheveux, la France Respire !Des bises, les filles. Dieu vous garde. J'ai du plutonium sur le feu, si je ne le touille pas il va attacher.