Y a quelqu'un ?
Normalement on dit « bonjour à tous », je sais, mais je suis d'un naturel plutôt excentrique et d'un anticonformisme quasi maladif, vous n'allez pas tarder à vous en rendre compte, alors autant annoncer la couleur de suite. Alors voilà je me présente : je suis fritzecat, le frère jumeau de Fritz le chat, célébrissime personnage inventé par mon papa Robert Crumb. Cela explique le choix de mon avatar et de mon pseudo.
Malgré mon physique ectomorphe de ladyboy tigré, je dois dire que j'ai toujours aimé les petites chattes au pelage soyeux ; et ma vie d'errance sur les routes guitare au dos en a vu plus d'une succomber à mon charme félin, quand je miaulais pour ma pitance aux terrasses des restos.
Mais là, depuis quelques jours, ça ne va plus trop et je pousse un cri d'appel maussade et plaintif depuis l'entre-deux eaux saumâtre où je marine depuis quelques temps. Depuis ma dernière rechute, en fait. Au début du mois d'août.
C'est malaisé de se livrer sur un forum quand on est aussi réservé que moi. Habituellement, furtif, je me glisse dans la vie sans faire de vagues. C'est la première fois que je tente cette expérience impudique, c'est pourquoi je demanderai toute votre indulgence, messieurs dames. Et ce n'est pas facile pour moi de vivre ces temps apocalyptiques de la bestiole sixsixsix, quand on a connu la douceur des seventies. Les jeunes babas sont devenus de vieux bobos, et ça fait un peu mal, mais bon faut faire avec.
Bon je ne suis pas venu ici pour me lamenter sur le passé ni parler conspiration, ce n'est pas le sujet du propos, bien que cela s'y rapporte d'une certaine façon ; et en plus de ça c'est un terrain dangereux où Paul et Mickey en viendraient facilement aux mains, si on les laissait faire.
J'ai toujours été un grand marginal devant l'éternel. Un branleur quoi, un de ceux qui ne comptent pas parmi les ténors de l'élite autoproclamée qui s'est arrogé le droit de décider du sort du monde par milliards interposés. Je suis resté un peu en dehors du struggle for life, poète rêveur et les yeux perdus dans le lointain. Je suis un homme de l'intérieur. Un conquérant du vide, comme disait le grand Jacquot (le papa d'Arthur, pas Rimbault, H). C'est le prix qu'il fallait payer peut-être pour garder ma liberté de penser. C'est pourquoi si par aventure mes propos peuvent sembler décalés, voire choquer la sensibilité de quelques uns ou unes d'entre vous, il faudra me pardonner. L'écriture, à laquelle je compte me vouer désormais, puisque j'ai raccroché ma râpe au râtelier, est un exercice exigeant et j'ai un peu de retard dans ce domaine, retard que je m'évertue à rattraper.
Je suis devenu cyberaddict (quatre années de surf sauvage et à plein temps, pour ma docu) en essayant de comprendre la genèse du merdier dans lequel nous nous trouvons, tout ça dans le but d'écrire un roman futuriste dont le sujet eût été l'établissement d'un gouvernement mondial. Cela explique que je dérape constamment sur ce sujet, j'en ai la tête farcie, et que je doive faire un gros effort pour ne pas politiser mon propos outre mesure. Car nous sommes des animaux sociaux et, je l'ai dit, il y a un rapport évident entre le complot ultra capitaliste et le laxisme dans lequel les mœurs de nos contemporains se sont enlisés.
Selon mes conclusions la société entière est depuis des milliers d'années (depuis Sumer et Babylone en fait, et même avant, mais l'absence d'écriture rend difficile l'investigation) ô combien perturbatrice des psychés. C'est l'essence même des civilisations basées sur le pouvoir hiérarchique et la guerre que d'être ainsi. Saturne les gouverne (en anglais se prononce comme Satan). C'est pourquoi je trouve que la santé mentale va de pair avec une certaine… je ne dirai pas subversion (loin de moi l'idée de prôner une telle chose, vous pensez bien, haha), du moins une farouche indépendance, si on veut préserver sa lucidité et avancer vers un peu plus de lumière.
Et « le pire n'est même pas certain », comme disait Voutch1, c'est ce qui rend la situation dramatiquement cocasse, socialement schizophrénique : la désinformation a atteint dans les médias une perversité et une profondeur telle que peu de gens en soupçonnent l'ampleur réelle.
Au milieu de cette gadoue d'info propagande, coupes sombres vertigineuses, futilité exacerbée, confusion entretenue et destinée à nous faire perdre notre temps et nous détourner des vrais problèmes (dont je ne parlerai pas ici bien que j'aie ma petite idée sur la question, évidemment), trône (c'est le mot qui convient, surtout au sens figuré) sa majesté des mouches, j'ai nommé : le porno (ou la porno, comme vous aimez mieux, la confusion des genres étant de mise dans ce domaine).
Cela étant, ce qui précède n'ayant pour but que de cadrer mon propos, la question que je me pose maintenant est la suivante : Comment un mec aussi intelligent que moi (non, non, ne vous inquiétez pas pour mes chevilles, j'ai les attaches fines et mon métabolisme ultra rapide d'intello secondaire introverti ne leur permettra pas de grossir exagérément), comment un mec aussi « intelligent », disais-je, (avec des guillemets moqueurs ça passe mieux) a-t-il pu se laisser berner de la sorte et engluer dans cette saleté fangeuse ? (car « l'amour c'est bon lorsque c'est sale » dixit le vieux Gainsbarre, multi-addict talentueux et dépendant sexuel notoire). C'est ce que je dois essayer de décortiquer à tout prix pour que mon témoignage ait des chances d'avoir une quelconque signification, et non ressembler à une logorrhée de jérémiades sophistiquées et inutiles. Et si je dois appeler à l'aide, je tiens à y mettre les formes : pour aggraver mon cas je me pique de le faire avec Art ! J'ai toujours pensé et proclamé que l'Art est la prémisse de la spiritualité (comme quoi j'dis pas que des conneries, notez bien). Donc, vertu de l'échange, si je peux aider autrui en m'aidant moi-même ce n'en sera que plus bénéfique…
L'art c'est la recherche de la beauté dans la forme, alors que la spiritualité abandonne la forme pour rechercher le beau dans l'abstrait, l'absolu, l'invisible réalité. Quelle importance et qu'est-ce que ce fumeux mysticisme new age à deux balles vient faire ici ? Bonne question. Je vous remercie de l'avoir posée.
Et bien je dirai pour faire simple que la spiritualité est l'antidote du porno.
Il y a beaucoup à dire sur le sujet, mais l'heure tourne, mes frères, je ne dois pas abuser non plus de votre temps, alors je réserve la suite de ce propos passionnant pour un prochain post…
Merci de votre attention et… n'hésitez pas à réagir sur mes propos, comme c'est la coutume !
Bon courage à tous et à la revoyure…
Ps : deuxième rechute depuis le début du mois et premier jour de sevrage pour fritzecat.
Mais ne dramatisons donc pas la rechute, ce qui compte au final c'est les efforts que l'on a faits avant celle-ci.
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1 Voutch : à mes souhaits ! (si ça vient comme un cheveu sur la soupe, c'est que c'est une blague de « potage »).
La raison en est que j'ai fait un brouillon de 12 pages de ce premier post et que je me suis dit que je ne pouvais pas poster un tel pavé. Mon premier message n'était donc juste qu'un résumé du début, de l'entrée en matière. J'avais pensé me livrer progressivement et par étapes, tout en tenant compte des réactions, donc effectivement je ne dis pas (encore) beaucoup de choses de moi-même, ni de la façon dont je vis mon sevrage.
Mais pour être tout à fait honnête, mon sevrage n'a pas commencé cette année. Il y a des décennies que je suis en sevrage : pratiquement depuis l'âge de 3 semaines ! (ce qui est traumatisant pour un premier sevrage: trop tôt, mais on ne peut refaire le passé...)
Plus concrètement : j'ai commencé la porno (et l'alcool aussi) vers 14 ou 15 ans en achetant des playboy en cachette de mes parents. C'est pourquoi mes rechutes doivent se compter au moins par centaines. Mais bon, avec des périodes d'accalmie parfois longues de plusieurs mois et même années, comme pour l'alcool, des époques bénies où la vie de couple comblait partiellement le lancinant malaise que tous les dépendants connaissent bien, enfin sans doute, c'est ce que j'imagine... sinon ils éviteraient les expériences pénibles qu'ils décrivent…
Mais il n'y a pas que ça dans ma vie, il y a aussi la découverte de la méditation dont je reparlerai sans doute souvent et qui est un moyen idéal de percer un peu le mystère de ce que nous sommes à l'intérieur. De découvrir une satisfaction autonome qui ne cherche pas sa pitance dans un produit ni des images ou des échanges à l'extérieur.
la suite bientôt...
Asmyr a dit le 21/9/2009:
Le porno c'est le vide intersidéral et destructeur à l'état pur, et c'est ce qui m'occupe quand je suis oisif et que je n'ai rien à faire. Je me suis rendu compte à quel point ma vie pouvait être vide, j'ai pris conscience de la vacuité de mon existence et quelque part ce qui fait mal ce n'est pas de découvrir cela, mais c'est surtout de me rendre compte que je ne peux rien faire pour m'occuper sainement, et m'extirper de tout ça.
Je comprends bien ce que tu as voulu dire, et la phrase est belle, mais je vais m'en servir pour exprimer mon propre point de vue sur la vacuité. J'ai cru comprendre que tu étais musulman, je n'ai rien contre l'islam (malgré l'acharnement des ricains à le diaboliser et j'aimerais m'étendre sur ce sujet, malheureusement je ne peux pas ici). C'est une des religions que je connais le moins alors je ne sais ce que l'islam pense de la vacuité, mais je sais ce que le bouddhisme en pense et il y attache une grande importance.
La vacuité n'est pas une chose horrible qu'il faudrait éviter. Ce qui rend le vide désagréable, c'est justement qu'on cherche à l'éviter en le remplissant avec n'importe quoi, au lieu d'y rester, d'en prendre la mesure, de le goûter, le renifler, l'écouter tranquillement, en cherchant à savoir s'il ne s'y cache pas autre chose.
En se guidant par l'attention qu'on porte à notre respiration, la méditation permet cette investigation. Lorsque par la méditation nous avons habitué notre esprit au vide, comme on habitue ses yeux à l'obscurité, on commence à se rendre compte qu'il n'est pas si vide que cela et qu'il y a un monde à y rencontrer et à découvrir : … nous-mêmes.
Le vide n'est pas si horrible que ce que l'ego fabricateur de plaisirs artificiels cherche à nous faire croire. Ego nourri de pub, de conneries commerciales, d'idées toutes faites, de nos désirs, nos peurs, càd nos souvenirs, nos opinions, nos expériences plaisantes ou douloureuses, etc.
Ce n'est pas le porno qui est le vide destructeur, ce qui est destructeur est de tenter de fuir le vide grâce au porno.
Je te laisse « méditer » sur cette forte parole et te dis : à bientôt et tiens bon le cap !