Bien sûr une tentation n'est pas une rechute, mais elle peut devenir un pas vers celle-ci selon la façon dont on y réagit, même si la rechute peut paraître encore loin. L'idéal est de reconnaître l'erreur à la seconde où elle se produit et de faire une « correction intérieure » (Stuart Grayson appelait ce genre de travail « traitement spirituel du mental ») pour : 1) reconnaître clairement que la pensée ou l'impulsion est néfaste et pourrait mener vers d'autres pensées du même genre qui en se banalisant finiraient par amener de nouveau la compulsion, 2) faire un effort de diversion pour éloigner ces représentations de l'esprit et apaiser le trouble émotionnel que cela induit, 3) formuler un ancrage mental (pour les croyants cela peut être « merci seigneur, d'éloigner de moi la tentation », pour un non croyant cela peut être autre chose à votre convenance, par exemple une autosuggestion genre : « je suis maître de moi, j'éloigne cette pensée avant qu'elle ne prenne possession de mon esprit », etc.), 4) remplacer l'activité reconnue comme néfaste par une autre reconnue comme bénéfique (prière, méditation, exercice énergétique, respiratoire, exercice physique, ballade, lecture spirituelle, etc. etc.) pour mettre l'énergie au travail sur un autre plan, dans un autre domaine (l'énergie dite sexuelle peut servir en réalité à tout, elle n'est sexuelle que si on l'utilise de manière sexuelle).
En somme (d'après l'expérience que j'en ai), si on arrête la tentation compulsive immédiatement, elle ne peut acquérir la force de nous amener à une rechute. Par contre si on la cultive, même en pensée, même sans être excité, si on la tolère pendant trop longtemps sans une franche et nette réaction (il faut pour cela reconnaître la chose, ce qui est parfois malaisé), alors au niveau émotionnel on travaille dans le mauvais sens.
J'avais appelé ça quelque part la rechute par étapes : à force d'accumuler des « non rechutes » de plus en plus nettes, on finit par passer à l'acte. C'est ce qu'il faut éviter.
Ça peut paraître simpliste à un esprit perfectionné, mais parfois des choses simples fonctionnent, la difficulté est tout d'abord d'y penser, de croire que cela va être efficace et surtout de le faire.
Je considère l'ancrage mental comme important car la chaîne causale (l'ordre chronologique donc hiérarchique) des évènements c'est : Le mental commande l'émotionnel qui commande le physique. Il faut avoir l'esprit bien clair pour observer la chaîne causale chronologique. Vous verrez que c'est toujours l'image (une image est une idée, elle est d'ordre mental) qui apparaît en premier et qui déclenche l'émotion, et que c'est l'émotion qui permet le passage à l'acte. En agissant sur le mental (c'est facile, il suffit de se représenter clairement les idées que l'on veut promouvoir en soi, de les formuler, les écrire pour ne pas les oublier, etc.) on intervient à la racine du problème et empêche l'émotion d'apparaître donc aussi l'acte résultant.
Je ne parle pas ici des affects inconscients (système de défense contre les émotions refoulées) qui nécessitent un travail spécifique et qui peuvent rendre le travail mental inefficace puisque ces émotions, échappant à la conscience, ont une certaine autonomie et résistance au travail mental précisément. On en a largement débattu avec Plouf et Stef. C'est bien sûr la partie la plus difficile de la lutte contre les dépendances, c'est un travail qui peut durer des années et n'est jamais totalement terminé (même si le gros œuvre est fait, il reste toujours des finitions, et tous les travailleurs manuels savent que les finitions sont ce qui dure le plus longtemps si on a le souci de la perfection).
Bon je ne m'étends pas plus longtemps pour aujourd'hui. Comme d'habitude j'espère avoir été utile (c'est pourquoi j'ai précisé tout ça de nouveau).
Bonne suite à tous.
<!--[if gte mso 9]>En ce qui concerne le jeu, mon idée est que cela peut devenir une passion addictive aussi bien que d'autres choses. Moins dangereux que la compulsion au porn, certes, mais présentant un risque de dépendance aussi. Tant qu'on ne joue pas de l'argent, la principale chose qu'on ait à y perdre c'est du temps. Il faut gérer cette question. Quand on est jeune on ne se rend en général pas tellement compte que le temps est précieux et surtout qu'il est compté ; et que dans la vie pour arriver à quelque chose il faut y consacrer énormément d'efforts d'énergie et de temps. La passion est nécessaire mais pas suffisante. Elle devrait être dans l'idéal productive, c'est-à-dire en rapport avec son but de vie, sinon c'est une activité séparée du reste, qui est peut-être agréable, mais qui retranche de précieuses heures à « l'œuvre », le but qu'on s'est fixé (car il me semble profitable et nécessaire de se fixer des objectifs). Par passion productive j'entends quelque chose qui apporte des connaissances, un savoir faire, quelque chose qu'on puisse réinvestir par la suite. Je ne peux donner trop de conseils en ce qui concerne les jeux, n'étant pas joueur (j'ai joué au poker quand j'étais très jeune, mais j'ai vite compris que je risquais de m'attirer des ennuis et j'ai arrêté). Étant musicien, par la suite pour moi jouer voulait dire : de la musique, et je n'avais pas l'impression de perdre mon temps même en jouant 8 ou 12 h par jour puisque je voulais en faire mon métier. Il n'y avait pas de jeux vidéo et je n'ai jamais aimé jouer aux cartes, etc. j'ai toujours eu le sentiment de perdre mon temps dans de telles activités.
Il me semble que passer 2h par jour dans une activité de détente de ce genre est vraiment le maximum (je serais tenté de dire que c'est trop). Il y a autre chose que je reproche aux jeux, c'est de ne pas faire appel aux facultés les plus nobles mais au contraire les pires, au niveau culturel, donc, j'aurais tendance à dire que les jeux ne favorisent pas du tout l'élévation spirituelle, et flattent les bas instincts. De plus ils véhiculent des valeurs très discutables. Je me souviens d'avoir été horrifié une fois par un jeune qui m'avait annoncé un jour avec un grand sourire que son jeu était marrant car il fallait « dégommer des viets ». Ayant vécu à l'époque de la guerre du Vietnam, j'ai pensé que ce jeu n'était qu'une propagande de l'impérialisme yankee déguisée en divertissement. Beaucoup de jeux ne cultivent que la peur ou la violence virtuelle ce qui n'est pas bon. Ceci dit il en existe peut-être des bons, je ne suis pas assez spécialiste pour le dire, le peu que j'en connais ne m'a pas semblé d'un très haut niveau spirituel (peut-être très complexe et faisant appel aux réflexes, à l'intelligence, etc.) mais qui travaillent les trois premiers chakras uniquement (survie, sensualité, domination ou attaque) quelquefois le cœur aussi sans doute (construire des villes, établir des communautés&hellip Commercialement une telle chose est compréhensible : des jeux exigeant des efforts et un haut niveau de développement ne se vendraient pas, donc le nivellement se fait au plus bas pour correspondre à la facilité réclamée par le « grand public ». Il existe peut-être des jeux sains et intelligents, où le but est l'amour et l'altruisme, ça serait bien… (Quand je me « distrais » en regardant un film -les navets je zappe-, je me dis toujours que ça fait partie du boulot d'écrivain, puisque j'analyse toujours le scénar, les dialogues, etc. Si c'est une adaptation j'essaie d'avoir lu le roman pour pouvoir juger du boulot qui a été fait, etc. j'essaie toujours de bosser, même en me divertissant.)
En conclusion on peut remarquer que les enfants jouent, les acteurs et les musiciens jouent, tout ceux qui sont passionnés par ce qu'ils font considèrent leur activité comme un jeu et cela les aide à assumer les aspects désagréables dont aucune activité humaine n'est exempte. C'est une façon de rester jeune dans sa tête. Le jeu est effectivement essentiel. L'idéal est d'arriver à un état d'esprit où tout devienne jeu (j'en suis encore loin, mais je m'y achemine&hellip
Alors on ne se laisse plus voler sa vie (dont on voudrait s'évader) par les industries du ludique qui vous vendent des moyens d'évasion qui ne sont au final que des drogues particulières. La vie devient un jeu et un art qui n'est plus enfermé dans des tableaux, des chansons, des écrits ou des PlayStation : il investit tout. Il y a un autre nom pour cela : la Joie de vivre !
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