Salut, moi je suis plutôt du genre à utiliser tous les outils à ma disposition. J'ai constaté que le forum pouvait avoir un impact négatif sur mon rétablissement, donc il faut que je me limite un peu. Mais les groupes de parole, plus j'en ai mieux c'est. Les groupes de parole ne me prennent que quelques heures par semaine, et tout le reste du temps je travaille à utiliser ce que j'apprends, à contacter des gens, à pratiquer une vie normale etc... Au final, je pourrais aller à des groupes de parole tous les jours, il faudrait encore que j'apprenne à compter sur moi-même la plupart du temps. Je ne considère pas que les groupes de parole m'empêchent de construire une relation avec moi-même.
Ce que j'ai constaté dans mon rétablissement, par contre, c'est qu'à chaque fois que je vais vers la rechute, je commence d'abord par m'isoler, ne plus vouloir contacter les gens, vouloir faire les choses par moi-même etc... ma dépendance me pousse au contraire à ne compter que sur moi-même. Ce que j'apprends à faire c'est demander de l'aide aux autres. Et ma dépendance déteste que je fasse ça. Mon ego aussi.
Ensuite pour ce qui est de l'effet cocotte minute, je crois que je vois très bien ce que tu veux dire. Les américains appellent ça "white knuckling" (serrer les poings jusqu'à ce que les articulations deviennent blanches). Ca veut dire tenir par la force de la volonté uniquement. C'est très important la volonté, mais ça n'est pas LA solution ultime. Petit à petit on apprend des nouvelles manières de se passer des fantasmes. Comme tu dis, au début on apprend d'abord à les réprimer et c'est très satisfaisant de voir qu'on peut avoir le dessus sur la dépendance. Mais on se rend compte après un moment qu'on ne peut pas compter uniquement là dessus (la cocotte minute finit toujours par exploser). Dans les groupes de parole, ils parlent souvent de "lâcher prise". Ca fait bizarre, on a envie de dire qu'on ne "tient" pas le fantasme, puisqu'on ne veut pas l'avoir. Mais en fait avec le temps ça prend tout son sens. Il y a une différence entre réprimer et lâcher prise. On peut se détourner du fantasme sans l'écraser par la volonté. La différence peut avoir l'air subtile, c'est la même chose que la différence entre étouffer une flamme et la laisser s'éteindre. Si on arrête de faire attention au fantasme, il s'éteint de lui-même.
Tu verras que les gens sobres et les anciens, dans les réunions DASA, parlent rarement de lute, de combat, ou de répression. Les techniques qui marchent le mieux sur le long terme sont plus proche de la pacification et du "lâcher prise", de la patience et de la compassion pour soi-même.J'ai moi-même beaucoup de boulot à faire de ce côté là. Enfin bon, c'est des conneries tout ça. Ce qui compte surtout c'est d'aller aux réunions et de continuer à faire des choses pour le rétablissement, de jamais s'arrêter. Mais t'as l'air en bonne voie, non ? Pour ce qui est des rêves, j'ai vécu exactement la même chose plusieurs fois. Quand je prends l'habitude de réprimer mes fantasmes, j'ai même parfois quelqu'un qui débarque pendant le rêve et m'empêche d'avoir des rapports sexuels en rêve, ou bien quelqu'un me découvre et j'ai honte même dans le rêve. Moi j'essaye de ne pas trop m'en faire. On ne contrôle pas les rêves mais c'est intéressant de voir ce qu'ils peuvent nous apprendre sur notre vie éveillée. Souvent quand j'ai des rêves érotiques, ça ne colle pas tellement avec un cycle biologique, mais plutôt avec mon stress au travail. Je peux ne pas avoir de rêves érotiques pendant des semaines. Et d'un coup j'en ai un ou deux par nuit pendant 3 nuits d'affilée. Ils arrivent quand je refoule quelque chose, des fantasmes, ou mon stress. En général pour moi c'est mauvais signe. En plus c'est plus difficile de rester sobre après un rêve érotique. Mais un rêve ça reste juste un signe. C'est pas non plus une rechute.