Dépendance sexuelle

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Mon ami Fabrice !
 
J’ai d’abord et spontanément répondu au message de Jackie, répondre à tes postes prendra un temps plus important…
Je le prends donc.
Il est tard…
Je vais peut-être tenter un « point par point », comme toi…
 
Premièrement, je me rends donc compte que ta phrase « Le sevrage rien que le sevrage » devrait rejoindre une autre sur la vigilance…  Ce que tu écris sur ce qui t’a amené à la rechute me le fait dire: Sans protections sur nos ordis notre résistance et volonté sont trop sollicités. Je me rends compte dans mon cas que sans possibilité de repartir sur des tchats ou apps cela fait effectivement très longtemps que je n’y ai même plus pensé…
 
Que tu aies besoin de banaliser ta rechute me semble normal ! Hors de question de renforcer la douleur, mais il me semble nécessaire « de ne pas mettre de côté et de laisser mourir » ce qui est arrivé et surtout ce que cela dit de toi et où tu en as avec toi-même.
En fait, ce qui me semblait important pour toi après cette rechute, tu viens de le faire par ton poste : Ta machine d’analyse et de réflexion s’est remise en route. C’est ce que j’espérais en t’écrivant mon dernier message. Si ce retour sur ton craquage s’était fait plus tard il n’aurait à mon avis pas eu le même sens, ni la même intensité !
Il faut donc jauger entre un besoin d’analyse et un degré de souffrance acceptable.
 
La question du « pas assez » ou « trop plein » me semble une véritable clé chez toi, autant pour résoudre la complexité de la dépendance sexuelle que celle de la dépendance affective !! Tu pourras le faire ici comme avec ton psy ! La clé d’un dépendant affectif n’est de toute évidence pas le sevrage, mais le travail sur les souffrances qui l’ont amené à cette dépendance précise, la question du mésestime de soi p.ex. …
 
Je me pose effectivement aussi la question sur ce qu’est un sevrage et comment gérer le redémarrage de ma sexualité ensuite… Cela me fait peur aussi, surtout parce que je ne veux pas retomber dans mes comportements d’avant ! Pour le moment j’envisage le retour à la sexualité uniquement sous l’aspect du plaisir que je veux donner à mon copain… Par-là, je ne veux pour le moment pas attribué d’importance à ma propre jouissance… Je ne sais pas si je fais bien…
J’espère que je ne serais pas déçu… Quand je parle de déception c’est aussi en pensant à l’importance que je porterai logiquement à ce moment et qui ne sera peut-être pas de même niveau chez mon homme…
Je dois m’y préparer, je dois nous y préparer !
La déception pourrait être chez moi un élément pour me faire vaciller… Je pourrais vouloir reprendre contact avec mon (ex- ?) amant régulier… le début de la fin, je crains…
 
Je crois effectivement que cet aspect « capricieux » chez toi est un élément qui constitue un virage (une bifurcation ?) dans ta personnalité qui t’empêche de rester droit dans tes bottes. Je trouve en plus admirable qui tu puisses admettre ce trait de caractère chez toi, peu de gens savent reconnaître leurs faiblesses ! D’après moi tu dois poursuivre un travail ici… :
D’où vient ce trait capricieux chez toi ?
Où l’as-tu repéré quand tu as été plus jeune ?
A quoi était-il une réaction… ?
 
En ce qui concerne ton amie je pense effectivement qu’elle est assez remarquable… !!!
Combien d’autres femmes supporteraient l’infidélité (homosexuelle) et en plus toutes les tergiversations, sauts d’humeurs, donc « caprices », de leurs copains ???
Combien en feraient un drame et cela semble en plus pour beaucoup de non dépendants normal !
Je crois que tu dois mesurer aussi ta dépendance à cela : Ce n’est pas une évidence d’en demander autant à son amie ! Si je dis cela c’est parce qu’un jour je suis arrivé, moi, au point où je me suis dit que je ne suis pas né pour me poser sans cesse autant de questions et donc de maintenir un état de souffrance. J’ai poussé un grand coup de gueule intérieur pour me dire que maintenant cela suffit et que je veux enfin être heureux, et point !
 
Tu te sens frustré que ta copine ne réagisse pas à chaque fois quand tu es dans « une crise ». Mais comment y réagir ?
Elle pourrait se mettre en colère et partir.
 
Tu souhaites qu’elle déploie encore et encore sa compassion pour toi. Mais elle ne le fait pas
 
Pour moi elle fait exactement ce dont toi, dépendant AFFECTIF, tu as besoin, elle laisse faire ! Elle ne rentre pas dans ton jeu !
 
C’est ça qu’il faut à cette dépendance !
 
Je trouve cela admirable et je crois sincèrement que tu ne pouvais pas mieux tomber !
Si tu arrêtes d’insister auprès d’elle, tu seras ainsi seul face à « l’enfant capricieux » que tu es et tu crieras peut-être enfin un jour à toi-même :
« Arrête maintenant ! Cela suffit… ! J’ai le droit d’être heureux ! Tout simplement ! » …
 
Je suis conscient d’être un peu dur dans ce message, mais je pense nécessaire de regarder toutes ces choses en face ! C’était la raison de mon long poste…
 
Et pour clore au sujet de l’interrogation sur ta présence sur le forum, ici la question ne se pose même pas pour moi : Tu es au bon endroit ! Encore et toujours !! Je pense juste que tu dois pousser tes réflexions plus loin. Comme Fr-Ed l’a dit, …
 
… mais vois-tu, lui n’as pas choisi de rester ici…
… Dieux seul sait ce qu’il devient et si au bout du compte il est plus heureux que toi…
 
Moi en tous cas je suis heureux que tu sois ici, que tu existes et que tu sois mon ami !
 
Et je le dis ici : Cette amitié ne restera pas sur un niveau virtuel ! C’est juste ma situation actuelle qui m’empêche d’aller plus loin dans notre amitié. Pour le moment.
 
Je n’ai pas peur de l’affirmer ici !
 
J
Encore merci Jan, j'ai répondu en MP car parfois trop personnel pour être décrit ici.
Je voulais revenir sur un point important. La rechute n'est pas banale quand elle s'exprime dans un contexte où la dépendance est toujours présente. Ce qui est mon cas. 

Je voudrais le rappeler, ici en gras et avec un police de caractère large !

Voici ce matin, l'analyse que je fais de ma rechute d'il y a 10 jours. Ce n'était pas anodin. Merci à Jan de m'avoir demandé (forcé !) de ne pas la banaliser. 

Vendredi, le jour de ma chute, je me suis retrouvé seul, sans personne pour me regarder, me dire que j’existais, la peur du vide, de l’inexistant. Je n’existais plus, je n’ai eu à ce moment que cette solution de la rechute, exister à travers les chats, l’envie que je peux susciter vis-à-vis des hommes. J’existais, je n’était plus le néant. Puis dans le sauna, il y eut cette prise de conscience, ces tremblements. La prise de conscience de ce moi, oui, j’existais, j’étais là, mais ce fut le dégout, la haine vis-à vis de ce que je venais de gâcher. Oui une rechute, ce n’est pas qu’une rechute. 

La rechute nous montre que nous ne sommes pas guéris, elle met le doigt sur les faiblesses, les zones d'ombre. J'aurai pu simplement me dire que ce n'était qu'une rechute, un faux pas (comme je l'ai écris). C'est plus que cela. Nous devons tout faire pour éviter les rechutes (la haine que j'ai ressentie n'est pas bonne). Si elle arrive, il faut les regarder avec lucidité, ne pas les minimiser, essayer de les analyser. Aujourd'hui, je sors d'une séance chez mon psy où ce travail auquel Jan m'a un peu forcé, m'a été d'une aide immense. 

Merci Jan pour ta vigilance et surtout ta bienveillance.
Merci Jacky pour avoir suscité le débat

Donc oui, j'ai toujours ma place sur ce forum, car il m'aide à toujours aller plus loin.

Fabrice
Salut Fabrice,

Je ne suis pas sûr de pouvoir apporter beaucoup par rapport aux autres intervenants, mais je vois quelques points que j'ai envie de souligner :
— de l'importance de la rechute & du forum : oui, tu as rechuté. Oui, c'est arrivé à un moment où le forum n'était pas accessible. Oui, une rechute est symptomatique du fait que tout n'est pas encore résolu, que tu as encore du chemin à parcourir avant d'être libre. Mais... mais étant donné l'ensemble des éléments qui jouaient contre toi, il faut également reconnaître que c'était une épreuve particulièrement délicate à relever. Alors certes, tu as rechuté, mais dans un contexte extrêmement particulier et extrêmement difficile pour toi. Je ne sais pas si beaucoup d'entre nous auraient pu résister ainsi dans de telles conditions. Loin de moi l'intention de minimiser ta rechute, mais juste de la « recontextualiser » un petit peu. Ta force, dans cette rechute, et là où il est possible de mesurer l'importance du chemin que tu as parcouru jusqu'à aujourd'hui, c'est la vitesse avec laquelle tu as recommencé à lutter. Penses-tu que tu aurais été aussi prompt à te relever si cet épisode était arrivé il y a un an ? C'est certes toujours dommage et frustrant d'un certain côté de rechuter, mais c'est aussi encourageant de voir que tu es toujours là, debout (même si tu es un peu chancelant) et prêt à reprendre le combat.
— de l'influence du numérique et de notre dépendance aux outils numériques : c'est une question complexe, mais il me semble qu'un certain nombre d'entre nous sommes également plus ou moins dépendant à Internet (de manière très générale). De mon point de vue, la question est de savoir à quel point cette forme de dépendance impacte ta vie quotidienne. S'il n'y a pas ou peu d'impact, il faut probablement rester vigilant ; s'il y a un impact, il faut parvenir à trouver un équilibre (dans la mesure où nous sommes également beaucoup à dépendre du réseau dans notre cadre professionnel) afin d'en avoir une utilisation raisonnée et de ne pas s'y perdre. La question est d'autant plus délicate que le forum est une aide importante pour beaucoup d'entre nous, mais comme toute aide, il faut être vigilant à ne pas substituer une dépendance par une autre.

Sinon, comme toujours, je suis impressionné et empli de respect devant ta capacité d'auto-analyse, surtout si rapidement après cet épisode.

Bon courage !
Cher Fabrice,

J'ai été admiratif de ton attitude après la rechute : analyse détaillée de l'incident, retour rapide à la normale. Aujourd'hui, je serais incapable d'en faire autant, en cas de rechute.

(18-07-2016 11:21)Fabrice a écrit : [ -> ]Vendredi, le jour de ma chute, je me suis retrouvé seul, sans personne pour me regarder, me dire que j’existais, la peur du vide, de l’inexistant. Je n’existais plus, je n’ai eu à ce moment que cette solution de la rechute, exister à travers les chats, l’envie que je peux susciter vis-à-vis des hommes. J’existais, je n’était plus le néant. Puis dans le sauna, il y eut cette prise de conscience, ces tremblements. La prise de conscience de ce moi, oui, j’existais, j’étais là, mais ce fut le dégout, la haine vis-à vis de ce que je venais de gâcher. Oui une rechute, ce n’est pas qu’une rechute. 


Ce sentiment m'est très familier ... Je n'ai pas trouvé de solution. Dans mon cas, il y a un schéma :
- J'ai un besoin légitime (Par ex: être aimé, me sentir aimé, etc.),
- Je ne sais pas comment répondre à ce besoin,
- Je panique, je réponds de façon inadaptée par une rechute et ainsi, j'aggrave ma situation ...

J'aimerais trouver la solution, mais je n'en ai pas ... je repense à cette chanson de Johnny Cash, 'Hurt', qui commence par "I hurt myself today, to see if I still feel..." : c'est exactement ma situation.

Merci pour tes contributions qui résonnent toujours très fort en moi ! 
Plus grand chose à dire...

Ta réflexion, les échanges et les discussions, sur le forum et avec ton psy... sont relancées!

Ainsi ta rechute prend un sens!

C'est tout ce que je souhaitais en mettant les pieds dans le plat...

Jan
Merci Jan ! C'est le moins que l'on puisse dire... 
Du fait de mon arrêt maladie, j'ai le temps d'analyser ce qui m'arrive. Nous en discutons beaucoup et tout cela me fait avancer avec des éléments qui progressivement prennent forme dans ma tête.
Nous avons souvent une approche de lutte contre la dépendance, de résistance. C'est le sevrage. Nous résistons par rapport à nos pulsions, nous nous battons contre nous-même. C'est essentiel, mais on ne construit rien en se battant. ON fait juste se défendre, et c'est ce que je fais depuis des années, je me défends... Mais en me battant, je reste dans la logique de la dépendance, je suis toujours dans la dépendance, je me bats contre elle, et c'est presqu'elle qui choisit les armes. Ce combat est nécessaire car sinon nous coulons, et on peut couler très loin et très profondément... un puits sans fond.
Pendant la guerre contre les nazis, les résistants ont en parallèle imaginé ce que serait la France d'après guerre, le conseil national de la résistance a bâti les fondements de ce qui allait être notre socle commun de vie pendant des décennies. C'est pareil avec la dépendance, il faut lutter et bâtir, rien ne sert de se battre si ce n'est pas pour construire un nouveau monde. Donc la lutte, mais aussi la vie. Dans la résistance, il y a la douleur, dans la construction, il y a le bonheur et la liberté. Donc oui, battons nous contre notre addiction, mais aussi bâtissons. 
Je pense à Stef qui est sorti de sa dépendance en travaillant sur lui (le combat) et en construisant (une conjointe et aujourd'hui une famille). Je n'avais pas conscience que le rétablissement passe par ces forces constructrices. Dans mon cas, c'est l'ouverture aux autres sans peur du jugement (simplement être moi), faire des choix par rapport aux nombreuses sollicitations, me lancer dans des projets personnels qui me plaisent, accepter de passer du temps en famille, et aussi rien que pour moi, être égoïste par moment, être altruiste à d'autres, regarder les vacances en famille qui arrivent avec envie et non angoisse, préparer les vélos et l'itinéraire de la ballade, accepter aussi parfois que c'est la lutte qui reprend le dessus, mais cela ne détruit pas tout ce que j'ai commencé à bâtir.
Bonne journée,

Fabrice
 
Bonjour Fabrice,

Merci pour ce beau message très inspirant !
J'y apprends la nécessité d'un projet constructif pour sortir de ma dépendance ... 

Bonne journée !
Je suis content de ton nouveau démarrage!

Le principal est d'avancer encore et encore!

Tu le fais mon ami!

Jan
... je crois que dans notre besoin d'aimer et celui d'être aimé il y a un cri qui est ancré dans la souffrance...

... comprendre cette souffrance ne nous enlèvera pas pour autant la capacité d'aimer, mais nous apportera peut-être la sérénité de le faire...

Je
Je souffre trop d'aimer, d'être aimé... Pourquoi cette souffrance? Je ne veux que la paix, le repos. Je ressens ce cri, cette envie de crier, ce cri qui déforme le visage comme celui de Munch.

Cette souffrance aspire tout autour. Comme j'aimerai croire que derrière cette souffrance il pourrrait y avoir la sérénité d'aimer... La paix, le repos, le calme. Mediter pour retrouver une façade de séreinité. Oui, je suis malade d'aimer, alors qu'aimer devrait être la plus belle des choses. 

Fabrice
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