Dépendance sexuelle

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Les semaines passent avec des hauts et des bas. J'ai l'impression de tourner en rond, de ne pas trouver de solution à mon mal-être (un peu déprimé depuis quelques jours). Je ne sais pas dans quelle direction chercher. Cela n'a plus à voir avec la dépendance, mais avec ce qui a mené à la dépendance.  
J'ai compris que le problème n'était pas les autres, mais moi et mon rapport aux autres. Mon couple ne va pas bien car je ne sais pas dans quelle direction je veux aller. Nous sommes en roue libre entre le quotidien, les enfants, les différentes tâches ménagères; nous flottons au gré des courants sans réelle destination. C'est mon problème actuellement, je me laisse porter.
L'autre point est que je m'aperçois que j'ai un besoin important d'adhésion des autres à ce que je fais, à ce que j'entreprends. La conséquence est que je me sens seul, sans soutien... J'ai besoin physiquement que l'on me dise que ce que je fais est important, est bien fait. La conséquence est que je fais des blocages, je me renferme sur moi, et l'impression de solitude devient encore plus forte. Je ne comprends pas, mais c'est plus qu'un besoin de reconnaissance, un besoin d'amour, un manque affectif important.
J'en arrive à me retourner contre ceux qui ne m'offrent pas cet amour. Un exemple: je vais régulièrement le dimanche matin avec mes enfants à la piscine. Dimanche dernier, l'un ne voulait pas venir. J'ai pris cela comme si mon fils me rejetait. A la fin, j'avais envie qu'il culpabilise de ne pas être venu... Alors qu'il n'avais simplement pas envie d'aller à la piscine, de rester calmement faire autre chose. Mais sur l'instant, j'ai vraiment ressenti cela comme une agression, avec un mal-être très fort, comme si il m'abandonnait. Ce mot 'Abandon' résonne étrangement en moi en l'écrivant. Est-ce un besoin d'amour ? Ou une peur d'être abandonné ? La peur de créer des liens avec les autres car alors je risque d'être abandonné. Si je ne fais pas de lien, il n'y a pas de risque d'abandon.
Comment sortir de ce cercle ? Une piste qui m'est apparue récemment. Je me suis aperçu que je me bats souvent contre les éléments. Contre ma dépendance sexuelle, contre un collègue au travail. En fait, je me disais qu'il fallait que je positive, et me motiver pour des combats positifs. Je ne me bas pas contre ma dépendance sexuelle, je me bats pour mon bonheur. Je ne me bats pas contre un collègue, mais pour un projet collectif. J'ai pris, il y a quelques temps, une feuille blanche avec à droite mes mes désirs adéquats et à gauche mes désirs inadéquats. Mais tout cela reste encore trop conceptuel, et pas assez réel. 
Fabrice
Hello Fabrice !
 
Comme on l’a déjà constaté, la sortie de la dépendance, qui, elle, s’est posée sur un autre « mal (-être) » en nous, met à nu des zones de souffrances ou des terrains inconfortables en nous. Selon nos passées, ce face à face avec nous-mêmes est donc plus ou moins compliqué et plus ou moins long.
 
Depuis le temps que nous nous écrivons et que nous nous lisons tous les deux je sens d’un côté un homme qui a réussi dans sa vie, qui possède aussi une grande hypersensibilité et une intelligence humaine et qui a donc à priori toutes les raisons du monde de se faire confiance. Mais de l’autre côté il se promène toujours et encore avec un manque de confiance en lui et surtout des doutes qui font qu’il ne cesse de s’interroger sur lui-même, surtout à chaque disharmonie dans sa vie.
 
Je note chez toi comme chez beaucoup de nous aussi cette perception toujours exacerbée de notre vie, dans le « bon » comme dans le « mauvais », mais avec une tendance plus accentuée pour « le mauvais ». C’est une tendance à la dépression aussi, je crois… Les choses deviennent un peu compliquées, du coup ta tendance aux doutes t’amène à te poser des questions, encore et encore… J’ai l’impression qu’il n’y a pas de demi-mesure… tu n’en sors que si quelque chose de remarquablement positif t’en ressort…
 
La dépendance était un peu là pour te dissuader de cette tendance, maintenant plus rien ne la cache. Comme face au verre à moitié plein ou vide, concernant ta vie et ton travail il faudrait peut-être se demander, si tu as non simplement des doutes, mais aussi des certitudes… ?! Ne peux-tu pas te concentrer aussi sur les choses qui constituent des certitudes chez toi ?!! Peut-être pour constater que tu n’en as éventuellement aucune… et travailler sur ça… ?!
 
J’ai la chance dans mon histoire personnelle de ne jamais douter des acquis fondamentaux de ma vie qui sont mon travail et mon copain, bien qu’en ce moment la consolidation du premier point est un peu plus difficile pour moi. Mais je m’accorde un peu de temps pour sortir des remous qu’a provoqué ma dépendance et maintenant (puisque je veux y croire) la sortie de ma dépendance… Je dois retrouver mon énergie pour reconstruire et consolider ma façon de me projeter à nouveau dans mon travail.
 
Tu m’as parlé de ton combat côté travail, et c’est sûr que ton collègue te rend la vie infernale, difficile de résister tout le temps si tu n’as pas le caractère, comme lui, du grand « emmerdeur »… Côté couple il y a peut-être encore à travailler sur un « lâcher-prise », je ne pense pas que tes doutes te mènent tout de même à vouloir quitter ta copine et tes enfants… je ne pense pas non plus que tu penses à une toute nouvelle vie, avec un homme p.ex. …

Il faut encore et toujours travailler sur la perception du verre à moitié plein ! Sur les convictions et certitudes et non les doutes ! Puis, par la méditation, tu peux te reconditionner petit à petit à te percevoir toi-même de façon plus positive !
 
Je suis là, mon ami ! On est là !
 
J

 
P.S.

Je pense soudain aussi à autre chose : Tu as fait ce travail en méditation de te positionner face à l’enfant que tu as été … Peut-être que tu devrais t’imaginer à 4 moments différents de ta vie : à 5, 10, 15 et 20 ans et poses peut-être la question à ce « Toi, 4 fois différent » pourquoi il est malheureux ou pourquoi il doute de lui-même, et en contrepartie, pourquoi cet être de 5, 10, 15 ou 20 ans pense que toi, tu es malheureux ou que tu doutes maintenant à l’âge que tu as…
Bonjour Fabrice,

une certitude, et qui est de poids! Tu as changé, rien ne sera plus comme avant. Quelque-chose d'irréversible s'est installé en toi.
212 jours, qui peut en dire autant dans ce forum!
De quoi te réjouir.
Après, bien sûr, il faut combler le vide. Mais ça, avec un peut d'imagination, de fantaisie, voir un brin de folie....on y arrive.
Courage.
A +
Bonjour Fabrice,
juste pour témoigner que je suis exactement comme toi en ce moment: "en roue libre je me laisse flotter"...
Je pense que c'est transitoire. Quand les enfants, les miens sont grands, seront autonomes dans pas très longtemps je pense que ça ira mieux car je pourrais plus cibler notre vie de couple ma vie tout court. Les priorités seront plus claires.
Courage.
Fabrice a écrit :Comment sortir de ce cercle ? Une piste qui m'est apparue récemment. Je me suis aperçu que je me bats souvent contre les éléments. Contre ma dépendance sexuelle, contre un collègue au travail. En fait, je me disais qu'il fallait que je positive, et me motiver pour des combats positifs. Je ne me bas pas contre ma dépendance sexuelle, je me bats pour mon bonheur. Je ne me bats pas contre un collègue, mais pour un projet collectif. J'ai pris, il y a quelques temps, une feuille blanche avec à droite mes mes désirs adéquats et à gauche mes désirs inadéquats. Mais tout cela reste encore trop conceptuel, et pas assez réel.

J'aime bien cette idée... J'avais quelque chose d'un peu similaire en tête à un moment, mais que j'ai fini par laisser échapper. Ça me semble intéressant et sain de s'accrocher à cette voie. Merci Fabrice !
Merci à tous pour vos réponses, vos encouragements et vos suggestions.
Oui Jan, je doute, c'est à la fois une faiblesse et une force. Mon travail repose sur la remise en cause. Il est vrai que je refuse les certitudes, mais je devrais surement être plus ouvert.  Je dois regarder avec justesse mes forces et mes faiblesse. 
Je suis reparti du post / sondage que nous proposait Pikmin sur les besoins fondamentaux pour notre équilibre (cela a raisonné avec une de mes lectures actuelles). Clairement, j'ai un besoin d'appartenance, un manque de confiance en moi. Je recopie ici les questions présentes sur le site


Citation :Evaluez votre besoin d’appartenance  :


– Y-a-t-il dans votre entourage une  ou plusieurs personnes à qui vous pouvez vous confier?
– Etes vos entouré de gens avec lesquels vous partagez vs intérêts et vos valeurs?
– Etes vous à l’aise lorsque vous demandez de l’aide?
– Etes vous capable de fixer vos limites?
– Prenez vous le temps d’investir dans vos relations?
– Vous intéressez vous réellement aux gens qui vous parlent? êtes vous d’avantage porté à parler ou à écouter les autres?
– Voyez vous certaines personnes par obligation ou par devoir?
– Avez vous du plaisir avec les gens que vous fréquentez?
– Pouvez vous être complètement vous-même avec tout le monde ?

C'est très difficile pour moi de répondre à ces questions. Je travaille pas mal sur ce point avec mon psychiatre. La dépendance m'a clairement permis de répondre à ce besoin, d'éviter de trop souffrir par rapport à ce manque.
Depuis deux jours, je note sur un carnet les situations où ce manque se fait ressentir et quelle fut ma réaction... et je m'aperçois que toute ma vie est polluée par cette peur / ce manque d'aller vers l'autre, de m'ouvrir à l'autre, d'avoir confiance en moi pour aller vers l'autre. Ce sont soit des petits détails ou bien des discussions plus importantes. Grace à la méditation, je ressens aujourd'hui ces moments où mon organisme réagit face à ces situations et m'embarque dans des réactions inadéquates.
C'est un regard difficile sur moi car je vois mes faiblesse, mais aussi les changements. Je vois comme j'ai besoin du regard bienveillant des autres. Actuellement, je vois cela plus comme une prise de conscience pour essayer de me donner à terme des objectifs. Ce n'est pas comme le sevrage (ici les objectifs étaient clairement identifiés), mais je vais voir comment je peux progresser.
L'autre point est que je sens l'envie de profiter de la vie, de ne pas me refermer. Je prends conscience de la chance que j'ai avec ma compagne, avec mes enfants, avec des amis. Je peux m'appuyer sur eux, avoir confiance en eux (difficile quand on n'a pas trop confiance en soi de faire confiance aux autres). Pour faire suite à une discussion avec Jan, je n'ai pas envie de m'emballer (pour mieux rechuter dans quelques jours), juste de laisser les choses venir. J'ai une réunion importante demain, et bien j'y vais confiant et réaliste. C'est un peu mon état d'esprit aujourd'hui. Je prends de la distance, je ne serai dire si c'est du lâcher prise (ou du renoncement ?... je ne crois pas).  

Bonne journée à tous,
Fabrice
(18-05-2016 15:41)Fabrice a écrit : [ -> ]Je vois comme j'ai besoin du regard bienveillant des autres.

Le mot bienveillance a été très important dans ma thérapie :
- diminuer l'exposition aux environnements malveillants,
- se ressourcer avec des personnes bienveillantes et échanger la bienveillance.

J'ai longtemps regardé autour de moi pour n'y voir que de l'hostilité ou de l'indifférence. Pourtant, j'avais soif de bienveillance, de paix et je n'en trouvais nulle part. Donc l'addiction.

En fait, je manquais moi-même de bienveillance. Et la bienveillance est un outil très puissant.
Quand je regarde avec bienveillance, même la personne la plus insupportable devient ... une personne. Même le collègue le plus hargneux, le plus médisant. Je peux aussi regarder mes défauts et ma pauvreté avec bienveillance.

Je suis un débutant en terre de bienveillance, mais je sais que c'est la route à suivre.
Salut Tiago,
tes propos sur la bienveillance résonne étrangement avec la soirée que je viens de passer.  Je suis sur Paris pour le travail où j'ai revu mon ancienne compagne, nous avons parlé de nous, de notre couple qui n'a pas duré et surtout de l'aveuglement dans lequel nous étions en ne voyant pas nos souffrance respective (elle dans la dépendance affective, moi dans la dépendance sexuelle). Aujourd'hui, nos regards ont changé (15 ans se sont écoulés), il y a de la bienveillance, de l'amitié... ou simplement deux être humains qui se regardent, se sourient et échangent. 

Nous sommes tous des débutants dans la bienveillance.

Cette soirée m'a aussi permis de prendre conscience que ma dépendance est de plus en plus loin. Mes soirées parisiennes étaient l'occasion de débauches sans fin. Il y a bien eu des flashs dans la journée, mais très rapidement je me suis recentré sur le présent (STOP!, comme toi Jan)... Et ce soir, je suis rentré après le dîner à pied à mon hotel, aucune envie d'aller ailleurs. J'y pensais, mais en fait j'essayais de me rappeler ce qui me poussait vers cela. Je n'ai simplement plus envie. Jan, je te rejoins quand tu dis que ces échanges entre homme sont banaux, anodins, plus encore je dirai qu'ils ne représentent rien aujourd'hui, c'était un leurre. 
Ce soir, je crois que je n'ai plus envie de parler de dépendance sexuelle. Je me donne encore un peu de temps, mais je crois que je vais passer mon statut en 'non dépendant'. Je sens la victoire proche !
Merci à vous tous ! En rentrant, je pensais à ce message et j'étais fier du chemin parcouru.
Bonne nuit;
Fabrice
Bonjour Fabrice,

Tu as raison d'être fier : tu alignes 225 jours, c'est absolument remarquable !!

Tu écris :
Citation :Et ce soir, je suis rentré après le dîner à pied à mon hotel

Je vois très bien un homme libre, vraiment vivant, qui marche avec confiance. La page est tournée.

Quel beau témoignage de libération !
Merci !
Je rejoins Tiago:

Oui tu as le droit et tu peux être fier!

C'est difficile de savoir à partir de quel moment on peut réclamer tel ou tel état face à sa dépendance...
Je ressens parfois des choses semblables telles que tu les décris... je suis passé devant un sauna aujourd'hui où, avant, "je trainais mes guêtres"... et je me disais "à quoi ça servait, tout ça?"... avec une certaine compassion pour le type qui venait d'y entrer...

Encore Bravo! Fabrice!

Te rends tu compte que pas mal de gens sur ce forum, moi inclus, ne seraient pas là, où ils en sont maintenant, si toi tu n'étais pas ici et si tu n'étais pas celui que tu es??!!

Il n'y a plus la place au doute nulle-part sur l'homme exceptionnel que tu es!

Jan
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