Dépendance sexuelle

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Libre ? Suis je vraiment entrain de devenir libre ? C'est le titre de ce nouveau post. 
Je ne sais plus où j'en suis vraiment, un peu désaxé actuellement. J'ai un besoin démesuré d'affection, de reconnaissance. Affection que je recherche dans toutes les relations que je noue. Depuis le sevrage (et mon absence de dépendance), ce besoin devient plus fort. Ma dépendance sexuelle n'est plus, mais j'ai de plus en plus besoin de liens, d'interactions. Je me sens seul, souvent incompris. Ce comportement est-il pathologique, ou simplement naturel ? Je devrais surement cesser de me poser des questions. 
Il y a ce besoin de relations, d'affections... Et il y a en face cette difficulté à nouer des relations sérieuses avec les personnes. La peur de me dévoiler et d'être jugé. Le cercle est sans fin, j'ai besoin d'affection et j'ai peur de m'ouvrir aux autres... donc j'ai encore plus besoin d'affection. Je suis pétri de ce type de contradiction. J'ai peur de la solitude, et j'aime cette solitude. J'essaie de changer, de faire bouger les équilibres, cela demande du temps et parfois j'ai l'impression que je n'y arriverai pas, et d'autres fois je suis plein d'espoir (plus à une contradiction près). J'accepte encore mal ces contradictions qui font ma personnalité, je crois qu'elles sont consubstantielles à moi. 
Une méditation me touche beaucoup car elle renvoie à cette dualité (ou expression des contraires). Il s'agit d'une poème de Thich Nach Hahn, "Appellez-moi par mes vrais noms" (la totalité du poème est ici). Voici les dernières strophes...

Ma joie est comme le printemps, si chaude qu'elle fait éclore les fleurs dans tous les chemins de la vie. Ma peine est comme un fleuve de larmes, si pleine qu'elle emplit les quatre océans.
Appelez-moi par mes vrais noms, afin que je puisse m'éveiller, et que les portes de mon cœur puissent s'ouvrir, les portes de la compassion.
Thich Nhat Hahn, mai 1982.


Je suis surement confus. Je suis plein d'espoir et plein de doutes, parfois heureux, parfois malheureux.  Est-ce ma nature ? rien ne sert d'aller contre la nature... accepter, mais actuellement je crois que ce n'est pas encore gagné.
Je te comprends Fabrice... et beaucoup de choses restent à dire...
Jan
Ce forum est-il en train de devenir un forum sur la méditation de pleine conscience... Je ne sais pas. Aujourd'hui, 5 mois sans porno, sans sexe, sans mb. C'est beaucoup pour moi. 

Toujours pas mal de questions dans ma vie. Pas facile d'accepter la complexité de sa personne. J'ai toujours des réactions infantiles. 

Comme post, cette méditation (poème) de Tchich Nhat Hahn. Je vous en livrait la fin dans mon post précédent. Ce matin en méditant, toujours sur ce poème, j'ai ressenti un flot d'émotion. Peu de lien avec la dépendance, mais je vous livre ma version (non aboutie) de ce poème:

Ne dites pas que je pars demain, car j'arrive encore aujourd'hui.


Regardez bien : j'arrive à chaque seconde pour être un bourgeon sur la branche au printemps, pour être un petit oiseau aux ailes encore fragiles, qui apprend à chanter dans un nouveau nid, pour être une chenille au cœur d'une fleur, pour être un joyau qui se cache dans la pierre.

J'arrive encore, pour rire et pleurer, pour avoir peur et espérer, le rythme de mon cœur est la naissance et la mort de tout ce qui vit.

Je suis un enfant triste, apeuré qui n’ose affronté le monde. Mon monde est une ferme isolée, un paradis perdu, des livres, trop de livres.

Je suis un adolescent qui marche dans un monde qu’il ne comprends pas, Je ne comprends pas les personnes qui m’entourent, je suis seul. Le sexe est un compagnon fidèle. Je suis incompris. Je vis à travers les livres, les films. 

Je suis un jeune homme qui plonge dans la dépendance pour se protéger. Je suis un être fort, intelligent, tout me réussit et pourtant je suis nul, je n’ai pas choisi ma vie, je n’ai rien fait pour mériter le bonheur que l’on m’offre. Pourquoi s’intéresser à moi ? Pourquoi m’intéresse-je aux autres ? Je suis un égoïste qui essaie de se soigner en aidant les autres, pour mieux s’en sortir. 

Je suis un père qui a toujours peur de dire à ses enfants qu’il les aime. Je ne supporte pas leurs rires, leurs pleurs. Plutôt être le père fouettard qu’un père aimant. 

Ma joie est comme le printemps, si chaude qu'elle fait éclore les fleurs dans tous les chemins de la vie. Ma peine est comme un fleuve de larmes, si pleine qu'elle emplit les quatre océans.

Appelez-moi par mes vrais noms, afin que je puisse m'éveiller, et que les portes de mon cœur puissent s'ouvrir, les portes de la compassion.

Fabrice
Plein de noms t'ont été donnés...
générosité, bienveillance, calme, compassion, sensibilité, intelligence, ...

Je t'appelle:

FABRICE, mon ami

Jan
Un grand merci à Jan et à mon psychiatre. Depuis plusieurs jours, je ne suis pas serein, je ne vais pas bien. Etrangement cette nuit, j'ai fait un rêve érotique, je me suis réveillé troublé et dans le doute, pas vraiment une pulsion, mais un souvenir.
Je me suis levé méditer. J'ai choisi une méditation que me proposait Jan sur la bienveillance. J'ai paniqué car je n'ai pas pu trouvé dans mon expérience de moment quand j'étais présent aux autres, bienveillant vis-à-vis de mes proches. En fait, je m'aperçois que ce que m'apporte le forum aujourd'hui c'est l'écoute des autres, ne pas juger,  aider et être aidé. 
Je suis trop à mon écoute, et peu à l'écoute des autres dans la vie. Il y a une part très narcissique en moi et une part très altruiste. Je suis dans un entre deux, entre un moi démesuré et la volonté d'aider les autres. Entre les deux et nulle part. 
Je veux être un être parfait, difficile pour moi d'accepter cette imperfection, difficile également d'accepter l'imperfection des autres. Je suis exigent avec moi-même et je demande beaucoup aux autres. Je m'aperçois de cela dans ma relation avec ma compagne et mes enfants. Je prends trop peu de temps pour les remercier, pour leur dire comment ils sont merveilleux et comment je les aime. Simplement écouter leur besoin, leur demande et ne pas projeter sur eux mes exigences. Dans cette exigence, il y a une forme d'épuisement, à toujours vouloir faire plus, être plus, être parfait. La perfection n'existe pas, c'est une illusion, nous sommes imparfaits, et c'est surement mieux ainsi.
Je ne suis pas très clair, car tout cela s'embrouille dans ma tête... Bonne journée,

Fabrice
Je te comprends!
A très vite!
Là je dois me dépêcher prendre un train...!
Jan
Mon ami !
 
Difficile de trouver les mots justes pour répondre à ton poste. Je sens pour moi ce besoin de te renvoyer le miroir, mais je me demande comment le faire sans donner l’impression de te juger. Ce que je voudrais dire ne peut en plus que se baser sur des constants que je fais depuis que je te lis. Ce que j’aurais tendance à t’écrire est peut-être de même nature que ce que j’attends peut-être qu’on me renvoie sur moi-même ici, là où moi pour ma part je rentre en contradiction constante avec moi-même… je le saisis, pourtant ça a plus d’impact si des gens que j’apprécie me le renvoient. Moi personnellement j’ai besoin de ce renvoi et je peux encaisser quand on me dit : « Ben là, Jan, t’es franchement en train de te raconter des salades, vas droit au bout, arrête de t’écouter »… un peu comme ce que tu as fait dans ton dernier poste sur mon carnet…
 
Alors j’y vais, probablement en enfonçant quelques portes déjà ouvertes, mais en espérant que ce miroir te sera utile et aussi en espérant franchement de ne pas me mettre trop à côté de la plaque:
 
Et je suis d’accord avec toi sur le fait que tu t’écoutes probablement parfois un peu…, que tu te regardes un peu dans ton insatisfaction et dans tes doutes…
Narcissisme... ? Je ne sais pas…
Complaisance... ? Peut-être…
Est-ce parce que dans ton enfance tu as été assez isolé et que tu as dû apprendre à gérer tout en toi tout seul… ? Je vois ici en tous cas une façon que nous avons tous d’être non pas notre « meilleur ami », mais parfois de « faux-amis »…
 
Après, je ne sais pas si ton analyse sur une « part très narcissique » est fondée, je ne te connais pas assez pour le confirmer, mais en tous cas, on ne te perçoit pas comme ça sur le forum… Dans les messages que tu envoies il y a vraiment toujours une bienveillance, une intelligence sensible et un amour profond qui se véhiculent. Tes mots font du bien, il y a une sorte de sagesse comme un « baume » qu’on met sur la peau pour apaiser des douleurs …
Applique-le à toi déjà ! Et si tu n’y arrives pas : Qu’est-ce qui coince ?
 
Ce qui me frappe alors, c’est à quel point à un moment donné tu «re-glisse » dans une période profonde de doute autour de toi-même, et donc comment l’absence de conscience en cette capacité de bienveillance, ou l’incapacité de l’appliquer envers toi-même, prennent place….
 
Tu as compris comment te sortir de ta dépendance grâce à des réflexions et démarches construites et abouties. Mais c’est comme si quelque chose en toi te disait qu’au bout du compte tu ne mérites pas tout ce que tu as acquis suite à tes efforts,… un petit diable en toi, qui t’a amené à la dépendance sexuelle, est toujours là en toi et te pourris la vie, ton bonheur et tes convictions… Spontanément j’aurais envie de te dire – grâce à la méditation – montres-lui (prouves-lui !!) que tu es d’abord ton meilleur ami et que personne ne te dissuadera de quitter cette place bienveillante à tes côtés !!
 
Puis, une autre idée me vient en tête : Nous pouvons parfois aussi avoir des attitudes différentes envers les autres du moment où nous sommes dans l’écriture, donc dans le « non-incarné », ou alors du moment où nous sommes dans la vie ! Tu dis que tu as du mal à témoigner ton amour envers ta famille… c’est sûr que c’est difficile de dire les choses de vive voix, les choses sont plus concrètes ici…
Il me semble que tu as aussi déjà écrit ces choses… c’est aussi un chemin !
 
Mais il me vient soudain l’idée de me dire qu’une incapacité de témoigner son amour envers ceux qu’on aime, car ils sont concrets, vivants, à côté de nous et « en chair et en os »,…  nous a peut-être finalement porté vers d’autres corps à travers la dépendance : nous voudrions donner, nous n’y arrivons pas, mais le trop-plein nous amène à devoir donner, mais ailleurs… tout comme nous recevons dans le sex là, où nous sommes incapables de recevoir…
C’est farfelu comme idée, je sais,… mais je pense que cela mérite qu’on s’y arrête un peu… Ce besoin de « démesure »…
Il y aurait aussi à interroger la place qu’on donne dans la sexualité à une femme et à un homme… ça joue dans l’homosexualité et la bisexualité,… nous ne donnons dans nos délires sexuels visiblement pas la même place à l’homme ou à la femme,… mais ce serait un sujet à développer par ailleurs…
 
Tu parles aussi de ton besoin de perfection… je sais peu quoi dire sur ça… en tous cas quelque part ça me dit que tu n’es malgré tout pas indulgent envers toi-même... Yohann a fait un très beau dernier poste dans lequel il parle de la façon par laquelle il cherche à s’accepter un peu plus lui-même dans son imperfection…
… il y a un peu de ça quand même ici…
… et souviens-toi aussi de Ceaa, un jeune homme, très exigeant envers lui-même, qui a réussi à « se lâcher un peu » en acceptant son humanité, cachée dans quelques masturbations sporadiques… pour finalement disparaitre du forum.
Et c’est plutôt cool ça… !
 
Tes faiblesses et ton humanité ne sont visiblement plus dans la dépendance, mais regarde-les telles qu’elles se présentent à toi aujourd’hui et cherche à juste les observer. Personnellement, rien ne me touche plus et me ramène plus à l’humain que nos failles et nos imperfections. Regarde tes imperfections, laisse-toi toucher par elles et prends-toi dans tes bras juste parce que tu es touché par ces signes de ton humanité…
Sois ton meilleur ami, aides-toi comme ton ami, aimes-toi comme ton ami…
 
Dans tout ce « fouillis » exprimé il y a peut-être quelques directions à prendre,… du moins nous avons la chance que des méditations adaptées à nos interrogations peuvent nous aider concrètement.
Donc : Quelle chance !
Et… : La vie est belle !!
 
Je t’embrasse !
 
Jan
Je m'aperçois une nouvelle fois que je suis en train de couler à cause de mon travail, et des relations dégradées avec une personne. J'accumule au fond de moi une colère et une haine, que je suis en train de retourner contre moi. Pas de solution en vue, je n'arrive pas à lâcher prise. 


Et dans ce type de situation, je mélange tout, je n'arrive plus à analyser, la méditation est très perturbée. Chaque jour, je découvre que la situation est du pire en pire, l'impression d'un piège qui se referme sur moi. Ma réaction est une réaction de victime, je ne sais pas me battre, je n'ai pas envie de me battre. Je suis fatigué. Pas de solution en vue, je n'arrive pas à lâcher prise, il y a une résonance avec mon addiction, je tourne en boucle, sans trouver la sortie.

Jan, ton message m'a ému ce matin en le lisant. Je suis seul, je n'arrive pas à faire confiance aux autres, à leur parler, à leur dire ce que je ressens. Alors oui, écrire est peut-être une solution. Je fais plein de choses, je ne me pose plus. Le repos ! J'étais très tendu hier, fortes douleurs dans le ventre, je résiste, mais je devrais peut-être prendre un anxiolytique... Je m'épuise dans cette tension, je suis irascible, je ne profite plus de mes enfants, de ma famille;

Ton message voit juste. Je suis dans une phase de haine / colère vis-à-vis de moi. Je n'ai pas su gérer ce collègue, je me suis fait piéger, j'ai ce que je mérite (je peux continuer comme cela des heures ...). Tu as raison de me rappeler aux fondamentaux. Ce que j'ai fait pour la dépendance, je peux l'appliquer aussi à ma situation actuelle. C'est plus compliqué car le symptôme est moins évident, mais tout cela est lié. Je remets en place les même schémas de pensée qu'avec l'addiction. Une très mauvaise estime de moi, un doute sur mes capacités à gérer tout cela... 

Je suis mal à l'aise dans le contact direct, les mots ne viennent pas, je les cherche, ce ne sont pas les bons, je ne suis pas quelqu'un de spontané, l'écriture permet cette prise de recul, d'éviter la spontanéité, de ne finalement pas se dévoiler, de garder le contrôle. Et inversement, quand je suis avec certaines personnes, la discussion est sereine, il n'y a plus cette peur, je suis bien. Heureux d'échanger, d'écouter, d'être écouté, envie de continuer la discussion. Mais ces moments sont rares.

Merci pour ton message, merci pour ta bienveillance et merci de me rappeler certaines choses. Aujourd'hui est une journée calme, je vais mieux, j'ai passé ma matinée à discuter avec des personnes lors d'un moment convivial sur mon quartier. J'étais bien. Je sais que tant que mon problème avec mon collègue ne sera pas résolu, cela va me bouffer la vie. Lâcher prise est surement la solution, mais je n'y arrive pas. Je suis bloqué. J'ai compris que je ne devais pas rester seul, la manque de confiance m'isole, l'isolement me fait perdre confiance... Rompre le cercle. 

Merci pour votre écoute et votre présence !
Citation :Il y a ce besoin de relations, d'affections... Et il y a en face cette difficulté à nouer des relations sérieuses avec les personnes. La peur de me dévoiler et d'être jugé. Le cercle est sans fin, j'ai besoin d'affection et j'ai peur de m'ouvrir aux autres... donc j'ai encore plus besoin d'affection. Je suis pétri de ce type de contradiction. J'ai peur de la solitude, et j'aime cette solitude. J'essaie de changer, de faire bouger les équilibres, cela demande du temps et parfois j'ai l'impression que je n'y arriverai pas, et d'autres fois je suis plein d'espoir (plus à une contradiction près). J'accepte encore mal ces contradictions qui font ma personnalité, je crois qu'elles sont consubstantielles à moi. 

Comme je me reconnais dans ces aspects ...
La métaphore qui m'est venue un jour est celle-ci : parfois, c'est comme si je tentais d'avancer avec deux jambes brisées. L'une est solitude, elle traduit une détente physique mais crie la souffrance d'un besoin d'affection, de relations ; l'autre est sociabilité et altruisme, traduit la paix mentale mais crie la souffrance d'une anxiété sociale profondément ancrée en moi. La sexualité compulsive est une béquille corrosive qui ne fonctionne qu'à reculons... Sad
Très belle métaphore ! Elle illustre très bien ce que je ressens et me faire dire que nous sommes comme cela, et qu'il n'existe pas de prothèse miracle. Malgré cela, nous avançons, nous avons surement choisi une mauvaise béquille, mais je suis sûr qu'il existe une façon de marcher avec ce handicap, et même peut-être plus que ce handicap n'est pas un handicap mais une chance. C'est surement plus difficile pour nous de marcher, mais je suis convaincu qu'un jour nous trouverons la meilleure façon de marcher (je devrais peut-être revoir le film qui m'avait fortement ému quand je l'avais vu) et que cela nous grandira.
Donc pour conclure, non nous ne reculons pas, à notre façon nous avançons. Et reculer est juste une question de repère (quand tu recules en fait tu avances).

Vraiment ce forum est une bonne chose. Discuter hier m'a fait prendre conscience que j'avais oublié le principal qui est de prendre soin de moi, d'arrêter de me flageller, mais plus de me câliner. Merci à tous !
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