Dépendance sexuelle

Version complète : Sevrage d'Atarax
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Rebonjour!

Je voulais juste ajouter que malgré ce qu'on peut croire je suis quelqu'un d'extrêmement rationnel et cartésien. Le truc c'est simplement que je pense qu'à un moment pour se projeter dans la vie, tout ne peux pas que passer par la tête. Pour changer de vie ou de comportement pour moi ça ne peut pas être seulement une question de raison, il faut aussi en avoir envie.

Mais comment susciter de l'envie si ce n'est en se souvenant des moments qui étaient bien dans notre vie, sans dépendance, ou alors de se l'imaginer, de se projeter, de s'en faire une idée ...?

De plus, de part mon métier je sais que le ressenti (ou l'émotion) nous amène a un moment à une autre compréhension. C'est une compréhension que la simple raison ne nous permet pas... J'en fais en ce moment l'expérience par la pratique de la méditation. Je précise que celle que je pratique n'a rien de "gourouesque", ni "d'ésotérique", mais de très concret.

Voilou...!

Jan
JAN a écrit :Le truc c'est simplement que je pense qu'à un moment pour se projeter dans la vie, tout ne peux pas que passer par la tête.

C'est là où nous sommes différents Wink

JAN a écrit :De plus, de part mon métier je sais que le ressenti (ou l'émotion) nous amène a un moment à une autre compréhension.

Et donc tu vois, typiquement ce genre de trucs est complètement orthogonal à mon fonctionnement. Pour moi la compréhension c'est vraiment la définition que nous en donne sa racine latine, « embrasser par la pensée ».
Comme sur le terrain de la compréhension et surtout de la raison je ne suis (surtout actuellement) pas le plus fort je suivrai ton avancement avec intérêt. Une bonne dose cartésienne supplémentaire ne peut pas faire de mal de toute façon!
Good luck!
Jan
Salut,

"Et honnêtement, je ne suis pas sûr de vouloir faire des progrès sur ce point dans la mesure où je considère ma rationalité comme une composante intrinsèque de ma personnalité."

Le problème est que nous utilisons la rationalité aussi pour faire de la merde. C'est la raison qui te permet de faire aboutir tes désirs ou les excès.
Il n'est pas question de mettre l'émotion à la place de la raison. Simplement d'être vigilant à l'orientation que l'on donne à nos pensées... Et ça c'est pas évident. La distance est la...Cette distance la dépendance ne permet pas forcement de la poser.
Je ne suis pas cartésien. PAs le cartésien de la vulgate. La dépendance illustre comment la raison se subordonne aux passions, aux désirs, aux pulsions...
Nous sommes loin d'une pure rationalité, encore plus d'une droiture rationnelle de la volonté....

Fr-Ed
Hello !
 
Je m’exprime certainement mal et apparais éventuellement comme un ésotérique perché… La méditation que je pratique (depuis très peu de temps d’ailleurs) est la plus « terre à terre » que j’ai trouvée.
 
Pour rejoindre Fr-Ed : ce sont bien des pulsions qui nous ont amené dans notre dépendance et elles n’ont rien de rationnel. Quand on plonge dans les actes de notre dépendance des envies nous y poussent. Tu me diras qu’il faudra alors bosser sur un plus fort raisonnement qu’on peut opposer à ces pulsions… Oui je crois, mais qu’en partie ! Je pars du fait que nous sommes tous fait autant de raison et de ressenti. Selon nos éducations on est plus réceptif à l’un ou à l’autre. Il n’y aurait pas de dépendance s’il suffisait juste de se raisonner : On sait tous que trop bouffer fait grossir, picoler attaque le cerveau et le foie, et fumer nos poumons et artères… et moi je sais que baiser comme un taré peut un jour être fatal pour ma santé et mon couple.
 
Pourtant…
 
Au moment où j’ai « envie » de sex, si je me raisonne de ne pas céder qu’est-ce que j’oppose à cette envie ? Si je ne lui oppose rien qui me fasse aussi « envie » il ne reste qu’un « beau vide (éventuellement très « raisonnable ») et c’est justement souvent ici où notre dépendance se niche. C’est pour ça que je dis que je cherche à me faire des idées plus précises de ce que je peux mettre à la place de la dépendance et cela doit me « faire envie ». Sinon c’est de la frustration que je rencontre. Si je ne fais que raisonner cette chose, c’est comme si je me convainc que tel ou tel aliment est super bien pour ma santé pour 1000 raisons, sauf que si je le goute, c’est dégueulasse. Je cherche donc à travailler sur le ressenti de ce qui peut me faire envie: Je me souviens d’un truc que j’ai pu faire au lieu d’aller baiser et je sens que j‘ai kiffé ça, donc je re-essaie encore. Ça s'ajoute donc au raisonnement, c'est bien de savoir qu'on peut avancer sur deux lignes et non sur une seule.
 
Dans ma tête et ma raison, je sais depuis toujours ce que je dois faire ou pas, sauf raisonner ne suffit pas. Je crois que c’est de la psychologie ça...
 
Bref, j’espère que j’ai été un peu plus clair… Sur ce je dois aller voir mon psy..
 
Good luck !
 
Jan
Oui, Jan a complètement raison. Il faut remplacer l'envie de sexe par un autre envie, non sexuelle, et qui soit aussi intense! S'il y a du vide, malgré la bonne volonté, la frustration s'installe et la rechute est programmée!

Bonnes fêtes de Pâques à tous.

Alessandro
Fr-Ed a écrit :Le problème est que nous utilisons la rationalité aussi pour faire de la merde. C'est la raison qui te permet de faire aboutir tes désirs ou les excès.

En fait j'ai plutôt tendance à considérer que c'est l'inverse ; ce sont des moments où la raison baisse la garde et que je me laisse emporter par des pulsions que ça part en sucette.
C'est d'ailleurs un aspect très dérangeant de la dépendance pour moi, cette perte de prise de la rationalité sur ma vie.

JAN a écrit :ce sont bien des pulsions qui nous ont amené dans notre dépendance et elles n’ont rien de rationnel

Là on est d'accord Wink
Du coup après ce message je comprends un peu mieux ce que tu veux dire et j'en comprends mieux la logique.

alessandro a écrit :Oui, Jan a complètement raison. Il faut remplacer l'envie de sexe par un autre envie, non sexuelle, et qui soit aussi intense!

Je comprends la logique, mais je ne vois pas vraiment par quel substitut remplacer l'envie sexuelle.
Surtout que potentiellement ça me fait peur de tomber dans une autre addiction ; parce que s'il faut trouver quelque chose d'aussi fort en terme de désir, j'ai l'impression que c'est une voie royale vers d'autres dépendances (et comme je le disais plus haut, j'ai déjà eu mon petit lot de dépendances).
 
Rebonjour Nostrum !
 
Ben,… c’est pas aussi « l’un ou l’autre » que ça… Les choses sont plus complexes... On s’est tous rendu compte que notre sex-dépendance est une sorte « d’effet secondaire » qui s’est greffé sur une autre pathologie, la dépression chez moi p.ex…, un souci d’estime des soi, de confiance en soi, … Donc il faut souvent aussi s’attaquer aux causes de ces « bases » sur lesquelles s’est installée la sex-dépendance ».
 
Pour illustrer encore un peu ce que je voulais dire : Tout à l’heure chez mon psy j’ai dit qu’avant je savais déjà très bien tout ce que j’aurais voulu mettre à la place de ma dépendance. Sauf que tout restait simplement rationnel. Donc, cette compréhension était comme « à l’extérieur de moi ». Ma dépendance cependant se nichait « en moi », du côté des pulsions et des envies donc. Et tant que la raison n’avait pas rejoint ce ressenti, rien ne se faisait. C’est comme être face à ses parents qui disent « tu dois faire comme ci ou comme ça »,… tu comprends qu’ils ont raison, sauf que par « le ventre » t’as pas envie d’y aller ou simplement tu n’y arrives pas.
 
Et tu le dis toi-même : La dépendance nous mène à perdre le contrôle et elle prend le pouvoir sur nous ! En fait, moi personnellement j’ai ouvert une voie par la méditation qui m’amène déjà à moins me mettre la pression sur plein de choses et elle me débarrasse de plein de tensions. Du coup je vois les choses plus clairement, et pour la première fois, les choses que je peux mettre à la place de ma dépendance me donnent envie !
 
Et justement il n’est pas question de placer une autre chose addictive à la place (ça montre bien qu'on veut encore remplir du vide !). Non, il est question d’y mettre quelque chose qui est de l’ordre de la vraie vie et souvent beaucoup plus simple que ça. Exemple perso : Au lieu de partir pour un plan sexuel ça m’a fait plaisir de me préparer un petit repas simple, de m’installer devant un feu dans mon poêle à bois et d’écouter de la musique, puis d’écrire et de téléphoner à des amis que j’avais délaissés depuis un moment…

Au bout du compte c’est très cartésien aussi comme démarche, raison et envie se rejoignent en fait. Mais sans avoir « plongé dans mon ressenti » je n’y serais pas arrivé ! Pour moi, tous les moyens sont donc bons pour avancer.
 
Dans mon métier j’utilise souvent une phrase que je trouve très juste « Sans émotion rien ne se fixe ! ». Elle se comprend d’elle-même, je crois…
 
Tant qu’on est dans une logique de dépendance les choses simples nous semblent presque « ringardes »… parce qu’on les juge souvent. Et avec la dépendance il y a aussi souvent cette impression que notre vie devrait avoir quelque chose de « moins banal », « un peu plus cool » et pas conformiste justement !
 
Le chemin est long. Moi je craque encore souvent. Côté « besoins extraordinaires » je suis allé jusqu’à avoir des rapports sexuels avec prises de drogue pour aller encore plus loin. C’est justement ça qui m’a amené ici sur le forum. A un moment il faut arrêter le mouvement du « toujours plus ». La méditation m’a donc aidé à me décontracter corporellement, puis mentalement, à lâcher prise à certains endroits et à accepter aussi des choses plus simples dans ma vie. Et je considère de n'être qu’à 10 % de mon nouveau fonctionnement.
 
Jan
Tu peux effectivement considérer que c'est lorsque la raison baisse la garde que tu pars en sucette... reste que comment peut-elle alors être à la fois instrument de contrôle du comportement et aussi le moyen de réaliser ce que demande les pulsions ? Si le contrôle lui échappe lors de ces moments, c'est que c'est autre chose qui contrôle... Donc tu ne peux pas compter la dessus.

Quant à l'idée de substituer une envie à une autre, mon avis est que c'est la recette de l'échec...
C'est reproduire la logique de la dépendance. Plaisir instrumentalisé...
Un plaisir contre un autre. Sortir de la dépendance ne peut à mon sens fonctionner, que si on remet l'économie du plaisir, des envies au bon endroit... On retrouve les grands débat sur le sens et la pertinence des produits de substitution pour le sevrage des drogués...

C'est mon avis. C'est ce qui fonctionne pour moi...

Fr-Ed
Discussions passionnantes ici... J'apprécie beaucoup la façon que tu as JAN de présenter la nécessité d'avancer conjointement avec la raison et le ressenti. Pour moi il y a la nécessité d'une "dialectique" entre les deux. Embrasser par la pensée n'est pas suffisant, il faut embrasser avec tout son être , l'incorporer pour être en "congruence", que la parole, la pensée et le geste soient en accord. Autrement, on devient disparates, certaines parties de nous n'ont pas abandonné la dépendance, d'autres cherchent à y échapper. Et c'est cela cette lutte interne qui nous habite.

De plus en plus, je raisonne en terme de "parties", c'est à dire qu'il y a des parties de moi qui veulent une chose, mais d'autres non. Chacune cache un besoin : besoin de réconfort, besoin de plaisir, besoin de réguler le stress, besoin d'affection ; besoin de respect, besoin de se sentir libre, besoin de se sentir épanoui... Il n'y a pas une seule rationalité unique et légitime, il y a de multiples rationalités, c'est ce qui créé le débat dans la vie en société, mais c'est ce qui peut et doit permettre le débat à l'intérieur de nous. 

Il me semble que toute rationalité se motive par un besoin, et le besoin est un ressenti incorporé avant d'être une pensée : il est même parfois complètement occulté par la raison. 

Faire prévaloir le rationnel peut mener à les nier, alors peut être faut-il  reconnaître ses besoins, les embrasser. Et considérer que la dépendance n'est qu'une mauvaise stratégie pour répondre à tel ou tel besoin. S'ils sont occultés, les besoins reviendront à la charge, ils pousseront à la rechute, à la stratégie habituelle. Car ils sont bien plus vitaux, primaires et puissants que les petits schémas électriques qui agitent nos entre-neurones..
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