Dépendance sexuelle

Version complète : À propos des fantasmes
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Salut tout le monde,

Voici quelque chose dont j'aimerais que l'on discute. J'ai cessé les consultations compulsives de porno, mais je demeure assez régulièrement interpellé par des fantasmes, qui me donnent envie de me masturber. Je commence d'ailleurs assez souvent le geste, avant de cesser, mais je suis assez souvent tenté de laisser l'excitation s'installer. Je sais que les fantasmes sont là pour nous interpeller, et nous faire réfléchir, mais dernièrement, j'ai été plus que perturbé. Lors d'une insomnie, je me suis mis à m'interroger de nouveau sur une hypothétique bisexualité (j'ai beaucoup de fantasmes masculins, l'essentiel même. Et j'ai pratiqué les chats et rencontres gays) et du coup, j'ai relancé la machine. Et là aussi, envie de me masturber, excitation... J'étais nettement plus dans le "trip" que les autres fois, et je pense même que c'est une rechute de masturbation compulsive.
Je sais aussi que ces derniers jours, j'ai laissé le stress et l'anxiété s'installer en raison d'ennuis persos et je sais que dans ces moments, je suis plus vulnérable. Je sais aussi que lors d' insomnies, je dois occuper mon esprit plutot que de le laisser ouvert au pire.
Depuis quelques jours, j'ai repris les bases. Douceur, prière et méditation, reprendre la vie un jour à la fois. Je me disais aussi que je devais aussi en parler à quelqu'un, avant de voir mon psy. C'est chose faite.


Merci de m'avoir lu, tout le monde et à bon courage à toutes et tous, notamment aux amies et amis dans la difficulté.
:-)
Bonjour Bruno,

et bon courage à toi aussi, tout d'abord.
Pour moi, le fantasme est le premier pas vers la masturbation qui elle même est le premier pas vers la pornographie. C'est d'ailleurs le même chemin que j'ai emprunté il ya vingt ans lors qe ma découverte de la sexualité, adolescent.
C'est malheureux, mais pour moi les trois sont si intimement liés que je n'arrive pas à les dissocier. Donc je me méfie des trois...

R. Glover dans son livre "trop gentil pour être heureux" dit d'ailleurs :
Citation :Le seul résultat auquel parvienne le fantasme est de distraire l'attention de la personne de la honte et de la peur qui l'habitent ou de masquer le fait que sa relation sexuelle ne la satisfait pas.

Y'a pas que la pornographie qui me gêne, c'est le sexe tout entier (la honte et la peur), et rien que de prononcer des mots comme "pénétration", "acte sexuel", "sein" (et encore pire de les imaginer), me bouleverse, comme si je n'arrivais pas à me remettre du choc émotionnel primitif : "ils baisent tous, et moi aussi, je vais devoir faire ça !" formulé plus élégamment "nous sommes des êtres sexuels" (mais cela ne retranscrit pas ce choc adolescent qui m'obsède encore, je m'en rend compte).

A bientôt, Nicolas.
L'homosexualité, ça m'a pris après un gros râteau avec une fille, comme une alternative, genre "tiens ça c'est un truc que j'ai jamais essayé, et vu que ce que j'essaye d'habitude foire gravement, pourquoi pas ?" et puis j'avais une grosse complicité intellectuelle avec un garçon qui était plus âgé et très attiré par moi.
On va donc dire que je me suis laissé tenter.
Pour voir.
Ce qui m'a dérouté, c'est qu'au lieu d'être confronté au corps de l'autre, je me suis retrouvé face au mien. Le même.
J'en ai hâtivement conclu - il m'a fallu 6 mois pour me dépatouiller du truc, quand même - qu'en ce qui me concernait, ça me renvoyait à une forme élaborée de narcissisme.
(en bon macho hétéro que j'avais été jusqu'àlors, ça risquait pas de me sauter à la gueule !)
Et puis physiquement, c'était vraiment pas mon truc.
Tu sais bien que les fantasmes nous taquinent avec leur force d'inédit potentiel : c'est toujours les trucs qu'on n'a pas essayé qui reviennent, parce que l'herbe semble toujours plus verte dans le champ du voisin. Et pas question pour eux de lâcher prise avant de nous avoir précipité - tête baissée, je le souligne - dans ledit champ, souvent pour y constater, honteux et confus, jurant mais un peu tard qu'on nous y prendra plus - que la chlorophylle a la même saveur toujours et partout.
Donc, si tu refuses consciemment de baisser la tête, qu'est-ce que tu vois ?
Bonjour Bruno,

Je pense te comprendre car l'idée m'a traversé l'esprit à une époque, et cela pour deux raisons (qui vont dans le sens de tout ce qui a été écrit).

D'abord, la surenchère dans laquelle on a été pris avant notre sevrage. Il en faut toujours un peu plus pour retrouver les mêmes sensations. Ce qui nous a conduit à rechercher des sexualités déviantes, des images totalement décalées, toujours plus extrêmes, perverses, en étant tout à fait conscient que "ce n'est pas notre truc" mais il faut toujours en voir plus, toujours trouver des choses différentes. Je crois que l'homosexualité est l'une de ces voies de recherches décalées. Et même en sevrage, j'ai bien peur que tout ce qui est entré dans nos têtes ne puisse en resortir.

Deuxième point plus problématique, l'auto mauvaise foi. J'ai remarqué, bien avant d'être en sevrage qu'il y avait une censure interne inconsciente et incontrôlable. L'impossibilité de garder en mémoire la mauvaise part d'une expérience nouvelle. Et aujourd'hui ce sont toutes les analyses pertinentes faites pendant les périodes de répit qui s'envolent dès que la pression remonte. Impossible de refaire un point objectif des intérêts et acquis du sevrage, en revanche les envies et tout le plaisir potentiel reviennent à grands pas. La seule issue dans ces cas là est la discipline. Venir ici relire et appliquer rigoureusement.

J'ai remarqué qu'un tas d'idées revenaient quand la tension remonte. J'aimerais bien oublier toutes ces découvertes faites au fil des années de compulsion, malheureusement ce ne sont que les bonnes résolutions qui sont censurées. La bête en moi fourmille d'ingéniosité pour me détourner de mes objectifs de sevrage, et cela sur tous les champs, en commençant par des détails insignifiants mais dont le cumul me pousse inexorablement vers la rechute. Dans ces cas là il n'y a que la discipline pour me retenir, mais avec une conséquence perverse à long terme, le risque de craquer, d'exploser et rechuter bien plus fort que si je m'étais octroyé quelques écarts.

Alors comment trouver l'équilibre ? Je ne sais pas mais j'ai renoué avec l'Eglise et ses valeurs morales ancrées depuis l'enfance, inaliénables même pendant les crises. Tu as bien raison Bruno d'avoir repris les bases, même avec un manque de conviction dans un premier temps. De toute façon on sait très bien qu'assouvir un fantasme ne résoudrait absolument rien. Quelques minutes d'excitation intense au mieux (et encore, je me demande si ce n'est pas plus de la nervosité) et tout le temps pour constater les dégâts, le caractère irréversible d'un tel acte, avec les conséquences de culpabilité et de malaise que l'on connaît bien. Retour à la case départ en étant allé encore un cran plus loin dans la déviance.

Voilà ce que je pense, il faut suivre fidèlement nos bonnes valeurs, même quand la bête nous rend aveugle et essaye de nous détourner du chemin en nous envoyant ses plus belles sirènes.


Polo :-)
Bon les p'tits gars rien ne vous empêche d'ouvrir un topic ou de continuer en mp mais là vous êtes en train de dévier du sujet de Bruno...

:zen2:

Qu'il soit question d'homosexualité ou d'hétérosexualité, j'aimerais plutôt avoir votre avis sur le coté fantasme. faut-il écouter nos fantasmes ou tout mettre en oeuvre pour leur couper l'herbe sous le pied ?

Je crois que dans les deux cas on prend le même risque de céder à une pression trop forte, de tentation ou de répression mais le résultat étant le même.
Vous engueulez pas Canard et XO. Wink Restons dans un cadre d'entraide et évitons les polémiques.

Merci en tout cas à tous pour vos messages qui me sont très précieux et fort utiles. Le problème, je crois, c'est de laisser prise à l'excitation. Qui révèle une angoisse comme le dit Luc (bienvenue au passage !). C'est une compulsion à l'excitation qui me pose problème. je vois, quand je suis au boulot, et que je suis stressé, je me sens hyperexcité, et je compulse très vite sur des forums, sur des infos en tous genre... Avant je passais mon temps sur des chats sex et des sites pornos. Mais je dois encore pousser plus loin ma pratique pour me libérer de ma compulsion au sexe. Ces fantasmes peuvent arriver le matin, au réveil. Comme j'ai souvent une érection (désolé d'être aussi précis), la masturbation est presque automatique, et cela depuis de nombreuses années. Depuis que je suis abstinent au porno, j'essaye de ne pas faire durer cette masturbation (je ne vais pas jusqu'à l'éjaculation), mais parfois, je laisse trainer les choses. Et les fantasmes s'installent. Ce n'est pas systématique, ce n'est pas tous les jours, mais cela arrive assez souvent. Et pourtant, je n'avais pas l'impression de me masturber, car je n'allais pas au bout etc... Il faut donc, je pense, que je fasse l'effort de ne pas démarrer ce geste de la masturbation. J'engage une décision d'abstinence aussi de coté-là. Le matin, il faut donc que je me lève, et que je fasse autre chose. Ce qui m'a inquièté, c'est cette envie de masturbation très compulsive que j'ai eu l'autre nuit au cours d'une insomnie. Les fantasmes étaient bien là, et je les ai bien laissé s'installer.


Pour répondre à la question de Polo, je ne pense pas qu'il faille se faire violence quand on fantasme. Il faut accepter qu'ils sont là, les confier à Dieu (je te dis ça parce que tu es croyant) et essayer de mobiliser notre cerveau sur autre chose.

Bienvenue, Luc, donc. Je me reconnais beaucoup dans ton parcours. Et tes messages aujourd'hui m'ont bien aidé. Moi aussi j'ai pas mal reproduit intellectuellement des pratiques pour lesquelles j'avais surtout connu de la honte. On peut en sortir, tu sais. Même si cela peut te semble rdur, les premiers temps, tu finiras par avoir d'autres facon de vivre, plus libre, plus saines.

Bon courage à toi.
Bonjour Bruno et à tous

Citation :Comme j'ai souvent une érection (désolé d'être aussi précis), la masturbation est presque automatique
Il y a quelques temps, j'avais lu que le fumeur avait le "réflexe" de mettre sa cigarette à la bouche en un liue et temps donné, et que ce réflexe était très dur à faire partir. Un lieu, un temps, un geste habituel est un très puissant ressort de rappel à la compulsion.
Moi qui est (fut ?) très accro aux téléphone rose, j'ai remarqué à chaque déménagement, j'arrêtais pendant quelques temps de téléphoner à mes hotesse, car ce nouveau lieu, ce nouveau temps empêchait le geste de s'accomplir. Quelques jours de répit pour moi et mon compte en banque.

Y'a quelque chose de l'ordre du rituel.

A bientôt et bon courage à tous ! Nicolas.
XO,


Si, quand tu fais l'amour à ta partenaire, tu fantasme sur une autre, qu'elle soit laide, belle, blonde ou brune, ce fantasme n'est ni normal, ni tolérable, ni supportable, ni souhaitable!!!

labardo!
Salut Bruno,

Citation :Bruno59 a écrit:
je demeure assez régulièrement interpellé par des fantasmes, qui me donnent envie de me masturber.

Moi aussi, mais que pouvons-nous y faire ? Si ce n'est apprendre à les démasquer à temps et à ne pas nous laisser emporter.


Citation : Je sais que les fantasmes sont là pour nous interpeller, et nous faire réfléchir,

Nous faire "réfléchir" ? Je ne suis plus d'accord là. Un fantasme ne me fait pas réfléchir, ou alors en dessous de la ceinture...

Citation : Lors d'une insomnie, je me suis mis à m'interroger de nouveau sur une hypothétique bisexualité (j'ai beaucoup de fantasmes masculins, l'essentiel même. Et j'ai pratiqué les chats et rencontres gays) et du coup, j'ai relancé la machine. Et là aussi, envie de me masturber, excitation... J'étais nettement plus dans le "trip" que les autres fois, et je pense même que c'est une rechute de masturbation compulsive.

Entre hommes on se comprend. Nous avons le même but : l'acte sexuel, direct, sans fioritures. De plus il y a le fantasme de la pénétration qui est une façon de se mettre à la place d'une femme, d'essayer de ressentir ce qu'elle ressent comme plaisir. Car, avouons-le, ça nous fascine l'orgasme féminin non ?

Citation : Je sais aussi que ces derniers jours, j'ai laissé le stress et l'anxiété s'installer en raison d'ennuis persos et je sais que dans ces moments, je suis plus vulnérable. Je sais aussi que lors d' insomnies, je dois occuper mon esprit plutot que de le laisser ouvert au pire.

C'est mon problème aussi et c'est ça qui nous fout en l'air hein Bruno. Mais nous ne sommes pas des machines et la souffrance, je crois qu'il va falloir l'accepter. J'aimerais être zen tout le temps mais est-ce possible ? A part vivre dans un monastère (j'y ai pensé un temps) et encore, n'est-ce pas un idéal ?


Citation :Depuis quelques jours, j'ai repris les bases. Douceur, prière et méditation, reprendre la vie un jour à la fois. Je me disais aussi que je devais aussi en parler à quelqu'un, avant de voir mon psy. C'est chose faite.

Merci Bruno de me remettre sur la voie. C'est ainsi qu'il faut voir les choses, un jour à la fois.

Citation :Merci de m'avoir lu, tout le monde et à bon courage à toutes et tous, notamment aux amies et amis dans la difficulté.

De rien Bruno et merci à toi,
bon courage :-)
"Mais renoncer , c'est mourir un peu non ?"
non, tu mélanges tes citations : ma version dit
"martyr, c'est pourrir un peu" et je suis quasi certain que c'est la bonne.
Mais rappelle-toi surtout que la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, et que hors le sevrage point de salut.
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