Dépendance sexuelle

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Bonjour Yohann !
 
Je lis irrégulièrement tes postes, difficile de tout suivre ici sur le forum… D’ailleurs, je tire à nouveau mon chapeau aux modérateurs !
 
Je voudrais juste rebondir sur ta dernière question : « Mais sinon, pourquoi je réagis, moi différemment de la plupart des jeunes qui se masturbent mais sans ressentir ce mal-être, ce sentiment de dépendance... Qui y-a-t-il de différent chez moi ...? »
 
Ça fait un moment que me je pose aussi cette question, pas (que) par rapport aux « jeunes », car je ne le suis plus… par rapport à la dépendance en général. Je suis homo sex-dépendant. Quand je vais sur les réseaux de rencontre et quand j’observe les mecs que je rencontre, je me dis que le nombre de dépendants est considérable, et nous sur le forum ne représentons qu’une minuscule partie de cette foule. L’émergence d’Internet y est pour beaucoup de choses et nous ne sommes, je pense, même pas au début d’une vague immense qui bousculent les rapports sociaux, amoureux et sexuels. Je travaille régulièrement avec des ados et je suis frappé de voir comment la conscience sexuelle se construit de plus en plus et à partir de la pornographie rencontrée sur le net. Le corps médical ne s’est même pas encore convenablement penché sur notre dépendance et peut-être que les pouvoirs publics se rendront compte dans quelques années d’un fléau (l’accès à la pornographie sur Internet) qu’il s’agira alors d’encadrer véritablement et plus efficacement par des lois …
 
Ce que je constate, c’est que les gens qui arrivent sur ce forum viennent souvent
1)     avec une pathologie associée, comme la dépression, la TDA, etc …      et/ou
2)     avec une idée assez forte des valeurs morales. Ceci est parfois même renforcé chez certains par une spiritualité, ou une croyance (religieuse). Moi-même j’ai une éducation religieuse et de ce fait certainement « un ancrage naturel des jugements moraux ».

Il me semble que c’est le déchirement entre nos valeurs morales, qui nous pose des lignes de conduite précises, et nos fantasmes, pratiques ou dérives sexuelles, qui se posent complètement à l’opposé de ces orientations, qui nous poussent dans le malaise, dans la réflexion et … sur ce forum.
 
Parfois, il serait tellement plus facile d’avancer, même avec certains actes de notre dépendance, sans « se prendre la tête », mais nous n’y arrivons pas. A un moment on touche à une limite… Je crois donc que nous sommes plus exigeants envers nous-mêmes, plus sensibles aussi, pour ne pas « nous en foutre », guidés par les orientations morales que nous projetons sur la vie !
 
Je ne sais pas très bien si ce que je vais dire est juste, je fonctionne de façon un peu pragmatique et mathématique :
Bien-sûr qu’il faut poursuivre notre travail sur le décrochage de notre dépendance, mais telle une balance, pour rééquilibrer notre vie, je pense qu’il faut aussi chercher à construire une réconciliation avec nos valeurs morales, donc de nous « mettre en paix » face à nos idéaux moraux, pour enlever tout simplement de la pression. Il y avait ce jeune homme musulman pratiquant, Ceaa, qui était dans un phénomène assez extrême de jugement envers lui–même pour un fait de masturbation, et qui, on peut le croire, a réussi à s’enlever une certaine pression… en tous cas il n’est plus revenu ici depuis un moment.
 
Lié à une certaine spiritualité ou non, lié à notre sensibilité… je pense en tous cas qu’il faut regarder aussi de l’autre côté de la balance, chercher une indulgence envers nous-même, donc nous accepter tel que nous sommes,… Peut-être même, d’une certaine façon, être fiers de ces déchirements – sans toutefois tomber dans la complaisance - qui font que nous sommes des hommes, singuliers et, au bout du compte, riches ! Car la vie nous a amené à ne pas regarder, ni vivre, notre vie de façon « unilatérale ». Le « seulement bon » et « sans faute » n’existe pas. Du moins j’ai du mal à y croire, car il nous enlève de l’humanité.
 
Jan
Jan, merci pour ton post.

Tu as trouvé les mots exacts à la déduction à laquelle je suis arrivé ces dernières semaines. Ton observation est vraiment très juste.. Et ce que tu préconises tout autant.

J'ai toujours cru que ce qui faisait que l'on souffrait de notre dépendance était simplement dû au fait que tous les autres hommes qui se masturbent ne le sont pas, le font par simple envie et peuvent arrêter quand ils veulent. Mais suffit d'observer un peu la réalité, pour comprendre que rien ne me différencie de la plupart des jeunes hommes (ou même âgés) célibataires (voire même peut-être en couple) .... rien ne me différencie si ce n'est ce mal-être qui nous accompagne en permanence. Et ce mal-être, il est sans doute lié aux croyances inconscientes ou conscientes, qui nous habitent. Il est la conséquence d'une contradiction entre ce que nous voulons vraiment (ce à quoi nous croyons) et ce que notre corps est conditionné à faire. 

Comme tu l'as bien expliqué, et je le ferai sûrement moins bien que toi, amis malgré tout, j'aimerai ancrer cette idée en moi avec mes propres mots, ma ligne de conduite désormais doit être d'ACCEPTER complètement que j'ai cette envie, que j'ai ce besoin. Il n-y-a aucun doute qu'en conditionnant mon corps à me masturber et à voir du porno, les mécanismes neurologiques de l'addiction sont bien-là. Certains se ficheront de ne pas être accro à cela, personnellement, je veux m'en défaire. 

Mais surtout arrêter de penser que je suis bizarre, différent, que c'est pas normal de penser si souvent au sexe (bah oui, on y pense plus souvent quand on sait qu'on ne doit pas passer à l'acte, par contre, quand on arrête de se battre, on y pense moins souvent). 
Désormais, je vais tenter en premier lieu d'éliminer toute forme de pornographie, de tchat, tout ce qui peut alimenter les fantasmes. Je pense que les fantasmes sont un tue-sexe. Le sexe ne doit être théoriquement que tourné vers l'autre, et à la limite, vers soi mais vers CE QUE L'ON FAIT, ce que l'on ressens à l'instant présent... Penser toujours à ce qu'il pourrait y-avoir, ou à ce que l'on a pas nous enferme dans un comportement compulsif de recherche de déclencheurs sexuels. 

Je me permets pour l'instant la masturbation simple (sans fantasmes! et sans porno!), juste en me concentrant sur ce que je ressens, histoire de me retrouver petit à petit avec mon propre corps, et de me détacher d'un sexe factice.. 

J'ai lu sur un site que neurologiquement, ça constitue un sevrage neurologique, parce que ce n'est pas le même shoot qu'on reçoit. J'ai toujours tenté d'arrêter tout en même temps, et j'ai toujours été débordé par les fronts sur lesquels je devais me battre. Quand j'avais envie de porno, je me masturbais avec, et quand j'avais envie d'éjaculer, je regardais du porno. En éliminant le porno, je vais pouvoir identifier les envies réelles, celles qui sont liées au besoin du corps, et celles qui proviennent des fantasmes. 

En bref, la première chose que j'ai découverte, c'est que quand on vous enlève le porno, vous avez beaucoup moins envie de vous astiquer le sexe. Vous sentez un manque, mais "simplement vous masturber ne vous intéresse pas", et donc on le fait moins (pas parce qu'on se l'interdit, on se l'interdit pas mais bien parce que c'est du porno que j'ai besoin, du fantasme...pas du sexe). 
J'ai été heureux de découvrir que j'avais de belles érections même sans porno, même si c'est encore moins ... J'ai été heureux de découvrir que le mal-être post masturbation-porno n'existe pas lors de la masturbation "sensitive". 
Et j'ai été heureux de découvrir que je ressens les effets de manque... signe que quelque chose se passe à l'intérieur même si j'ai la possibilité de me masturber.

Après avoir retrouvé une sexualité quasi-saine, après m'être reconnecté avec une masturbation centrée sur l'instant, j'espère espacer par la même la fréquence, et ainsi avoir moins de mal à arrêter aussi la masturbation. Step by step. 

PS; mon dernier porno remonte à deux semaines environ, ma dernière masturbation sensitive à vendredi. Ça me manque gravement de ne pas voir. 
Salut Yohann !
 
Je suis très heureux que mes mots ont pu avoir du sens pour toi ! Ça montre que le forum se base encore et toujours sur la notion de l’échange : se rendre ouvert aux configurations de problématiques des autres nous avance également sur nous même ! Ne serait-ce qu’en voyant en partie juste sur les autres nous pouvons alors en reprendre pour nous-même en retour !
 
Le « mal-être » semble alors pour nous tous ici un mot assez significatif ! Comme déjà dit, notre dépendance est un phénomène qui s’est souvent « comme un parasite » ou un « champignon » greffée sur une autre pathologie encore plus profonde. Il faut s’affronter à elle, dans mon cas c’est la dépression et une tendance à l’angoisse… et derrière tout ça il y a aussi comme pour beaucoup un manque de confiance et une éducation religieuse dont les concepts moraux restent ancrés bien au fond.
 
Tu n’es pas bizarre, nous nous jugeons probablement nous-même un peu trop. Il doit y avoir un lien avec nos tendances à nous juger nous-mêmes pour d’un côté culpabiliser et d’un autre peut-être nous pousser dans la dépendance : Par ce mal-être et ce manque de confiance nous avons aussi des difficultés à nous poser des limites, sinon la masturbation ou la consommation de sex ne poseraient probablement pas de problème, comme pour tous ceux qui semblent (pour nous) ne pas se poser de questions.
 
Pour toi effectivement je pense qu’éliminer tout porno de ta vie t’amènera certainement à mieux écouter ton corps et son besoin de sexualité. Depuis l’accès facile au porno par Internet des générations de jeunes viennent de faire l’apprentissage de leur sexualité par le porno, c’est déjà un pas énorme que de s’en détacher pour comprendre quel besoin réel et naturel se cache derrière. Et comme tu dis, « pas à pas », tu comprendras alors aussi quelle envie fondamentale se cache alors derrière ce besoin naturel pour finalement peut-être aller à nouveau vers les autres et t’épanouir dans une relation.
 
Tout ça doit donc nous amener à déculpabiliser de plus de plus pour surtout nous enlever de la pression, sans pour autant nous dissuader de poursuivre le travail que nous entreprenons pour décrocher complètement de la dépendance. Mais effectivement faisons-le en acceptant que cela ira « pas à pas » !
 
Bon courage et à très bientôt !
 
Jan
Bonjour à tous, 


Vous faire part simplement de mon évolution, écrire régulièrement m'aide à me re-mémoriser et à atteindre mes objectifs.
Je me suis remis au sport... ça faisait très longtemps que je n'en avais pas fais. A force de se dire "je dois faire du sport", on oublie d'en faire Smile alors j'ai repris, me suis inscris en salle, et j'y vais 3, 4 fois par semaine. Je n'imaginais pas que ça allait me faire autant de bien. Je me sens revivre ; ça me fait sentir beaucoup plus "homme", moins fragile, plus confiant, plus MOTIVE pour tout ce que je dois entreprendre, et ça me dope en dopamine, sérotonine, et adrénaline et je le ressens tellement sur mon envie de fuir vers le sexe... 
Après le sport, je n'ai plus besoin de sexe. Je peux en avoir envie et c'est normal, toutes ces filles en leggings font tourner la tête. Mais j'en ai juste envie, pas besoin pour combler un vide. 

J'ai aussi installé un filtre sur mon ordinateur, donné le code à quelqu'un de confiance qui ne me le donnera pas à la moindre crise de nerfs. 
De manière générale, je remarque que je suis beaucoup moins attiré par le porno qu'il y-a quelques mois, ça ne m'intéresse plus trop.. Il s'agit plus de contacts réels, physiques, fusionnes, que j'envie.. ou bien une simple envie d'évacuer. Mais porno pour porno, bof... je sais et je ressens que c'est trop de la merde. Peut-être grâce à l'EFT, surement même. Méditation également. Pensées positives.
Super tout ça! Continue! JAn
Troisième jour sans masturbation, cinquième sans porno. Même si je ne résiste pas, j'arrive étonnamment à faire abstraction des déclencheurs (ce qui m'est d'habitude impossible), malgré tout, j'ai peur que l'envie, l'obsession et la compulsion reviennent sans m'avertir. J'essaie de ne pas m'en préoccuper pour le moment, ça ce n'est qu'affaire de Dieu, moi je m'occupe d'aujourd'hui et je me le rappelle en me l'écrivant ici. 

J'apprends à faire abstraction, ne pas me poser de questions, mettre sur le côté de la tête à l'aide d'un revers de main, chaque pensée "illogique", et petit à petit, on se rend compte que le renoncement vaut la peine.
C'est comme ça qu'on avance: pas à pas!
On est rentré pas à pas dans la dépendance aussi, sauf que là, on n'en était pas conscients!
Sur la durée il n'y a pas de différence, la différence c'est que maintenant nous sommes conscients.
C'est pour ça que cela parait beaucoup et long ce qu'on fait.
Poursuis! Tu prends la bonne direction!
Jan
Merci Jan pour tes encouragements..

Mes journées se poursuivent. Pour tout vous dire, même si le porno ne m'attire pas pour le moment, il reste une petite bouteille qui risque de me faire rechuter dans la compulsion; c'est une relation avec une jeune femme que j'ai rencontré sur un tchat, à laquelle je me suis attaché, et avec laquelle j'ai "fais l'amour" au téléphone à quelques reprises, chose que je n'avais jamais faite auparavant et qui m'a...fasciné. Même si elle sait que je veux tenir mon sevrage, et qu'on essaie de résister, je me connais et je sais qu'en ayant cette porte ouverte, mon sevrage ne peut pas être durable. 
Ça fait deux fois qu'on réussit à résister, mais pour combien de temps... Ça me perturbe d'autant plus que je ne ressens pas vraiment l'envie de me masturber ni de consommer du porno, et ça serait dommage de laisser passer cette occasion de prendre de la distance avec le sexe virtuel.

PS; j'ai pris de la distance avec les écrans ces derniers jours, ça fait du bien. Les écrans nous enferment et nous isolent du monde réel, c'est bateau comme phrase je sais, mais je me permets quand même de le dire parce que je l'expérimente. J'essaie d'éviter l'ordinateur le matin en me levant et le soir en me couchant, pour deux raisons. Premièrement, ça altère la qualité du sommeil. Deuxièmement, c'est les moments ou j'ai le temps de passer de "Google Actualités" à "Youtube" à "Youporn" alors que si je l'utilise pour ce que j'ai besoin dans l'après midi, je m'y attarde moins. 

Let's continue ! 
Oui! Continue Yohann!

Je n'avais jamais entendu parler de "petite bouteille" par rapport à l'obstacle dont tu parles...

Je reviens brièvement sur ta relation sexuelle téléphonique... je trouve que c'est difficile à mesurer... je me dirais que si les choses que vous échangez sont de l'ordre purement sexuel il faut franchement chercher à mettre un frein à cela. Mais s'il y intervient de la tendresse, le besoin de proximité, l'idée de regards échangés, la confiance,... on est pour moi à un degrés de la sexualité qui implique la relation, et non pas juste la partie physique... Il y a un pas de fait vers la guérison, je dirais, même si les vieux démons sont présents.

Certains collègues du forum auront peut-être un autre opinion sur ça...

L’interrogation clé reste toujours celle sur ce que tu veux vraiment pour toi... (ce que nous voulons pour nous) et quels moyens tu te donnes pour ça. Rien n'est simple, même de comprendre sa volonté profonde. Mais cherchons à ne pas nous cacher derrière quoi que ce soit, soyons honnête envers nous même, même si nous constatons nos contradictions et un besoin de temps pour avancer solidement. Chez moi c'est le cas en tous cas.

A bientôt!

Jan
Je persiste à penser que c'est une "petite bouteille". Je conçois la sexualité comme quelque chose qui se vit dans l'instant, qui se ressens, et non pas qui s'imagine. Or, une relation sexuelle téléphonique, même si il y intervient de la tendresse, de la complicité (qui sont elles des choses saines), fait appel à l'imagination, et donc aux fantasmes. On ne fait pas l'amour, on s'imagine en train de le faire. Et je pense que pour réellement faire un "reboot" de notre cerveau, on ne doit pas du tout alimenter notre chemin neuronal du porno et des fantasmes. 
Dans cette optique, faire l'amour en se concentrant sur ce qu'on ressens ou se masturber en se concentrant uniquement sur ce qu'on ressent n'alimente pas nos mauvaises habitudes.

Ca reste un avis personnel Smile
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