Dépendance sexuelle

Version complète : Sevrage de johnjee92
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e que tu dis sur les émotions est aussi vrai en partie pour moi. Je suis incapable de pleurer, je ne pleur jamais. Pourtant la situation actuelle devrait me faire chialer tous les jours, mais impossible, pas que je ne veuille, mais c'est juste impossible. Je vais en parler à mon psy, c'est vraiment un truc à la con.J'ai pleuré une fois depuis le début de la découverte, le jour où j'ai compris que je risquais de ne plus voir mes gosses, ça a durée quelques instants. Sinon, je ne sais plus depuis longtemps ce que c'est.Je pense que mon enfance à la con y est pour beaucoup, j'ai été très vite endurci au possible, j'ai toujours encaissé et du coup, je pense parfois que j'ai un cœur de pierre. Dans le fond, je sais que ce n'est pas vrai, si j'avais un cœur de pierre, je n'éprouverais pas d'amour pour mes enfants ou pour ma femme.Par contre, je dois avoir un problème avec la tristesse... je suis triste, mais je contrôle cette émotion, que je rentre en moi... et voilà comment ça ressort... avec du sexe, du porno, de la prostitution... vaudrait mieux pleurer !!!

Bon courage Johnjee, tu es vraiment sur la bonne route. Pense au psy, c'est important de chercher les raisons profondes qui t'ont amenées là.

C'est loin d'être aussi simple. A une époque je pleurais beaucoup en thérapie et parfois seul. Et bien que je pense que ce me fut parfois profitable ça ne m'empêchait pas de compulser, ne me guérissait pas de l'addiction. Maintenant, effectivement, pouvoir exprimer ses émotions -si tout ceci est se fait dans un cadre, dans une vie suffisamment structurée- est facteur de guérison. 
Salut juste pour te dire que je trouve que ton poème est une très bonne idée, quand je pense au nombre de fois ou ma mère m'a dit de faire quelque chose de créatif de ma  tristesse, ma colère, enfin des émotions qui parfois me submerges pour pouvoir en  sortir, Je ne l'ai jamais fait, toi oui, bravo, je pense que c'est une démarche très positive et expiatoire Smile Et merci parce que la fin m'a bien fait rire ! Et oui effectivement, n'ayons plus peur et soyons libres Smile 
Je suis content que ça t'ait plu, que ça touche au moins quelqu'un. J'ai hésité à le poster ou le garder pour moi, et finalement je me suis rendu compte que cette hésitation était due à la crainte du regard des autres. Comme toujours, lorsque j'essaie de m'exprimer...

Conserver le même état d'esprit n'est pas simple, je ne me sens pas aussi bien qu'hier et je crois que j'ai du mal à l'accepter. J'ai passé la journée à esquiver les pensées désagréables, en faisant de la musique, du sport, ce qui en soi n'est pas mauvais. Mais je ne me sentais pas bien et je me suis un peu replié dans ma bulle.
Un jour de plus... et de nouvelles avancées.J'ai fait face à des pensées extrêmement désagréables ce matin. Je me sentais mal, comme paralysé par une sensation de tristesse, déprime, manque d'énergie. Je commence à apprendre à ne pas reculer devant ces pensées qui m'ont fait basculer dans l'addiction et à les écouter. Ça m'a fait revenir 20 ans en arrière, vers des souvenirs pénibles. Je sens que j'approche de la source de ma dépendance.Je suis né en France, de parents étrangers. Quand j'avais 8 ans, mes parents ont décidé de rentrer au pays. Retour raté, puisqu'il n'aura duré que trois ans. Leur situation économique se dégradant, ils ont décidé de rentrer à Paris. J'ai beau ne pas avoir oublié ça, et connaître ma biographie par coeur, j'avais réussi à enfouir toute la souffrance que j'ai ressenti pendant cette période, et rien que de l'écrire je me sens mal à nouveau et je tremble. J'ai passé trois ans dans une école privée pour des enfants d'avocats, de patrons, médecins, et ambassadeurs. J'étais le seul "pauvre" de cette école. Ils m'invitaient à leurs anniversaires dans des maisons des beaux quartiers qui ressemblaient à des palaces, alors que moi j'habitais en banlieue dans une maison pourrie. Je me sentais inférieur, différent. Jamais je n'ai invité un seul de mes amis chez moi, j'avais honte. Ils avaient une, parfois plusieurs femmes de ménage, un jardinier pour tondre leur pelouse, moi mon jardin ressemblait à un terrain vague. Je me rends compte maintenant que c'est depuis ce moment-là que je n'ai plus fêté mes anniversaires qu'avec ma famille et mes amis très proches. Jamais de fête, même pour mes trente ans. Quand je regarde les photos de mes anniversaires d'enfant, je suis toujours entouré de mes amis et je faisais la fête. Je me sentais comme les autres. Bref, mes parents ont dû faire face à une situation de pire en pire, jusqu'au retour forcé. J'étais  un gentil garçon, et même si j'avais besoin d'affection de la part de mes parents, je leur ai fichu la paix, en quelque sorte, et je me suis replié sur moi-même. Ils avaient assez de problèmes comme ça, je ne me sentais pas le droit de les embêter plus. J'avais plutôt envie de les consoler, car je savais ce qu'ils ressentaient. Je crois aussi que mon frère (plus jeune), a eu beaucoup plus de mal que moi à supporter cette situation. Je commençais à me sentir un peu mieux, lorsque mes parents ont décidé de rentrer en France. J'ai perdu mes amis, mon monde en quelque sorte, pour débarquer dans un pays auquel je ne comprenais plus rien, à la pire période qui soit: la pré-adolescence, le collège. J'ai passé un an dans un collège, juste le temps de me faire quelques amis et de les perdre à nouveau, puisque nous avons redéménagé. A partir de là je me suis toujours senti différent, mal accepté, faible devant les autres. Je crois qu'au fond j'en ai toujours voulu à mes parents, en particulier à ma mère, envers laquelle je ne me permets aucune marque d'affection depuis longtemps. C'est à ce moment que mes comportement un peu déviants ont commencé à apparaître je pense: une tendance à l'exhibitionnisme, à la masturbation excessive, et à me faire des films pervers dans ma tête. En quelque sorte j'essayais de subvenir seul à mes besoins affectifs. Dès que j'ai atteint l'adolescence, le sexe est devenu la principale préoccupation de ma vie. Et comme j'avais du succès avec les filles ça m'a encouragé et c'est devenu ma seule source de réconfort,mon seul motif de fierté, alors que tous mes amis étaient encore puceaux. L'arrivée d'internet chez moi n'a fait que me renforcer dans cette addiction en comblant ma frustration dans les moments de solitude.Ça me fait du bien d'en parler. Les changements de pays, changements de ville et d'école, le besoin d'être accepté à tout prix, d'être admiré et envié. La frustration et la solitude lorsqu'on se moquait de moi... J'avais souvent des réactions excessives dues à mon manque de confiance dans le fait que j'étais quelqu'un de normal. Je me suis toujours senti anormal et inadapté. Je n'ai trouvé de réconfort ni dans le travail, ni dans le sport, ni dans l'amitié, mais lorsque je réussissais à sortir avec une fille mignonne je me sentais supérieur aux autres et vraiment normal. Ouf! Désolé d'avoir autant raconté ma vie, mais c'est la première fois que je raconte ça, j'ai toujours refusé d'en parler à qui que ce soit.
j'ai lu un peu de ton histoire également, je n'ai pas encore assez de recul sur la chose pour te conseiller, je te souhaite juste énormément de courage!
Revenir sur ton histoire est nécessaire pour vaincre l'addiction. Encore une fois, le produit ou le comportement qui constitue l'addiction n'est pas tant important que ta fragilité. Ton développement bute sur une faille qui ne te permet pas de bénéficier d'une sécurité de base. Et pour combler cette insécurité, et donc cette difficulté à trouver la bonne distance avec les autres (alternance de sentiments d'infériorité et de supériorité, sans trouver une modalité paisible), boum mise en place d'un système de survie qu'on appelle l'addiction. L'addiction c'est une tentative de combler tes besoins essentiels ; solution mal placée, vouée à l'échec. Pire, elle ne fait pas que masquer cette non-satisfaction des tes besoins essentiels, mais elle exacerbe puis empire tes problèmes en t'éloignant encore plus des autres et donc de la seule chose qui peut guérir les blessures : la relation aux autres.Toi comme les autres addicts, nous n'avons pas d'autres solutions que d'arrêter les comportements qui constituent l'addiction. Puis de modifier l'attitude produite par ces comportements. Tout en travaillant parallèlement sur les failles de notre histoire qui nous ont conduit là où nous sommes.Personnellement, tu as souffert d'un sentiment d'inadéquation, de non-appartenance à des groupes dans lesquels tu évoluais à cause d'un décalage socio-économique. Pour d'autres, ce sera une autre raison. Le résultat dans tous ces drames, c'est un sentiment d'aliénation. Poids qui est aggravé par la distance émotionnelle d'avec tes parents. Quelque soit la situation, dans l'idéal, et en tous cas pour le bon développement d'un enfant, les parents doivent être proches affectivement de leurs gamins. Ils doivent être disponibles et aussi des modèles globalement acceptables.    On ne peut que s'en rendre compte : les addictions sont des incendies, et nous présentons un terrain propice à leur développement. Eteindre l'incendie sans s'occuper de notre terrain ne fonctionnera pas. Car tôt ou tard (et généralement assez tôt), un autre incendie se déclarera. 

Oui, l'ampleur du problème peut faire peur, mais se le cacher ne fait qu'amplifier les difficultés qui croissent avec le temps et le développement de l'addiction. Courage, JohnJee, tu saisis ce qui se passe. Tu as besoin d'y faire face avec intelligence et courage, comme chacun d'entre nous. 

Un mois aujourd'hui pour toi : bravo, il faut poursuivre, tu es sur le bon chemin. En lisant les mots de Thump, je me dis qu'il a parfaitement raison :"Quelque soit la situation, dans l'idéal, et en tous cas pour le bon développement d'un enfant, les parents doivent être proches affectivement de leurs gamins. Ils doivent être disponibles et aussi des modèles globalement acceptables"

Ces mots me parlent, notamment les modèles globalement acceptables... c'est le problème chez moi.

Tout d'abord merci à ceux qui ont pris la peine de lire mon long message un peu chiant.

Un jour de plus, et d'autres découvertes...

J'ai repris le boulot aujourd'hui, et je me suis senti serein dans mes relations avec les autres comme jamais. Bon, je suis toujours un peu inhibé, timide, méfiant, mais j'ai eu l'impression de ne plus être menacé par le regard des autres, et j'ai parlé à mes collègues avec aisance alors que mon travail était la situation la plus stressante pour moi. J'ai tendance à bafouiller devant des gens que je considère plus capables, plus honnêtes, plus humains que moi. Et là, j'ai été surpris de l'aisance avec laquelle je m'exprimais. Comme si je n'avais plus besoin de réfléchir à ce que je peux dire ou pas, plus de gêne quand on me pose une question trop personnelle. Je pense que j'ai fait un pas supplémentaire dans l'estime de soi. Je me sens capable d'affronter mes peurs sans avoir recours au porno ou au sexe à outrance, et ça me rend fort et calme, alors qu'avant j'étais angoissé au possible. En fait j'avais hâte de me confronter de nouveau au milieu professionnel pour voir si j'avais vraiment avancé, et bien oui! Ça m'encourage énormément.

Journée mitigée...

Ça avait bien commencé pourtant. Je me suis surpris à m'intéresser aux autres, à parler un peu de tout et de rien, c'est vraiment nouveau pour moi. J'ai vraiment l'impression d'être sorti de la matrice. Mais à certains moments j'ai senti que je me fermais aux autres et que le pétage de plombs n'était pas loin. Mon métier réclame de la patience, du tact, et à plusieurs reprises j'en ai manqué, ce que mes collègues m'ont fait remarquer. Je ne suis pas serein à 100%, et je pense que c'est dû au fait que j'ai bu pas mal d'alcool hier soir. Ça aurait même pu être pire s'il n'y avait pas eu un ami pour me freiner. Je pense que l'alcool doit vraiment devenir la prochaine étape de mon sevrage, la suite logique. Je sais que je commence à devenir assez fort pour entreprendre ce sevrage-là et qu'il est grand temps de le faire. Jamais stagner, toujours avancer. Le chemin que j'ai déjà fait me donne confiance.

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