Dépendance sexuelle

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Bonjour à tous,

Quelques mots pour me présenter; 40 ans, marié et père de deux petits enfants, habitant à l'étranger.
Derrière moi une longue histoire de dépendance à la masturbation, aux images érotiques et pornographiques, autrefois aux messageries minitel et téléphoniques, avec depuis toujours quasiment l'envie - plus que la ferme volonté - de m'en sortir, avec tout le jeu de mise à distance, de rejet - revues porno jetées dans les bouches d'égoût, tout le petit jeu de l'expulsion ritualisée pour mieux retomber ensuite.
Récemment, je m'étais mis, chose nouvelle, à poster des images érotiques ou pornographiques sur un forum ad hoc. J'avais besoin que cette excitation devant les images je puisse la partager avec d'autres. Ce nouveau jeu pratiqué quelques semaines avait fini par accroître encore ma dépendance et je bousillais des heures et des heures à ça, les volant à ma femme, à ma famille et à moi-même - puisqu'évidemment je pourrais faire des trucs plus gratifiants à la place...
Cela m'a fait peur et je viens lundi de m'inscrire sur ce forum - je connaissais son existence depuis quelques mois, un an peut-être tout comme le site d'orroz.
J'aimerais ici avec l'aide de vous tous essayer d'avancer dans le chemin d'une libération de cette glue ou de cette boue qu'est la dépendance au porno; j'aimerais aussi essayer de comprendre un peu ce qui se cache dans tout ça. Je sais que ça ne sera pas facile - mon expérience et la lecture de tous les témoignages ici le prouvent assez - mais comme disait l'autre, les choses les meilleures sont les plus difficiles...
bienvenue à toi
il y a un topic très court qui me plait vraiment beaucoup sur l'ancien forum, et pas seulement parce que j'ai écrit dedans, qui résume bien le problème de la quadrature du cercle du sevrage pour qu'il ne devienne pas vicieux.
http://orroz.forumactif.com/ftopic391.htm&highlight=
alie en a écrit un autre qui s'appelait (pas) vers la lumière et que j'interprète selon les jours (lui aussi sans doute, d'ailleurs il est temps que je prenne des nouvelles)
"je ferais bien un pas vers la lumière"
ou "Argh ! Non ! pas vers la lumière ! " en référence à l'expérience de Georges Ungar, biologiste qui avait dressé des rats à coups de décharges électriques , bestioles qui ont spontanément une aversion pour la lumière, il les avait dressés à craindre l'obscurité, et le résultat de cet apprentissage était la production d'une enzyme spécifique dans le cerveau, la scotophobine (le résultat du conditionnement produisait la substance qui renforçait le conditionnement)- quand je t'entends dire "les choses les meilleures sont les plus difficiles..." faut croire que t'as eu une bonne dose de scotophobine "à l'envers". Je veux dire que intoxiqués au plomb par notre hyperconsommation d'images sexuelles, nous devenons allergiques à la lumière et on a peur de lâcher prise, alors qu'on a tout à y gagner.
Le problème de l'addiction, c'est que le néocortex devient complètement neuneu quand la source de plaisir qui sature l'archéocortex est devenue source de souffrance, et qu'il préfère se raconter des conneries plutôt que de se rapprocher de la performance du rat, qui lui n'hésite pas à se barrer du labyrinthe quand il constate qu'il n'y a plus de fromage dedans (quand il n'a pas été artificiellement baisé de la caisse par des chercheurs qui dépensent tous nos sous pour prouver on ne sait quoi :lol: )
bref, tu connais le principe : tout jeter, ne pas reconsommer, se barrer de l'ordi dès que "ça" monte, partager ici, déambuler parmi notre collection de 2518 spécimens cryogénisés dans la mémoire de silicium des forums... témoigner de l'envie, et de comment elle peut devenir volonté si tu la cumules à celle des autres.
Ici on partage nos expériences, nos espoirs et nos cassages de gueule. Pour rassurer ton archéocortex, tu peux toujours lui susurrer que c'est que pour aujourd'hui, et qu'il aura toujours loisir de rechuter demain.
et puis demain tu recommences.
Merci John pour ta réponse et tes encouragements. Ca fait maintenant inscrit ici depuis lundi et je passe vraiment très régulièrement vérifier la messagerie, lire les topics un peu au hasard, pour y trouver des gens qui partagent les mêmes galères.
Si je me suis inscrit lundi, c'est que je me sentais en crise à cause de ce nouveau système dans lequel je m'étais embarqué - un forum où je postais les images érotiques qui me fascinaient le plus. Je sentais que j'avais fait changer de régime ma dépendance en la liant au regard des autres et en sollicitant le regard des autres pour l'alimenter et mieux m'y clouer.
Pendant longtemps - pas toujours - mais ma dépendance a été très solitaire, tournée uniquement vers les images de l'écran, bien plus les images d'ailleurs que les films, avec cette caractéristique double et contradictoire de l'image qui offre ce que le désir demande et en même temps le lui ôte, tout en me protégeant. Cycle infini de frustration et d'exacerbation du désir.
Pour moi, il fallait nécessairement que ça n'en finisse pas, que ça dure des heures et des heures mais sans fin. Bien sûr dans le réel, un tel plan n'est pas possible; vient toujours le moment où il faut éteindre l'ordinateur, aller au travail, dormir,etc...
Une chose encore, l'usage des images porno sur internet - mais quand je pratiquais des dialogues de cul sur minitel il y a bien longtemps c'était pareil - il y avait aussi un féroce désir d'autodestruction. C'est-à-dire le rêve - lui aussi très noir, mais surtout très naïf - qu'à la fin je ne sois plus là. En ça, ce n'est pas très différent du désir que cela n'ait pas de fin. Si je ne suis plus là, il n'y a plus de fin.

Je sais que je fais ici tourner les choses autour de moi, sans m'interroger sur mon entourage. Simplement, j'essaie de mettre au clair un peu les choses.
La pornographie pour nous joue comme une mauvaise réponse à une vraie question.
Bienvenue Xanadu,

Comme toi j'étais devenu peu à peu un grand masturbateur.
Et puis j'étais zéro dans toute forme de relationnel : incapable de parler de mes sentiments... J'étais devenu froid, déshumanisé...

Le rapport à la mort est effectivement quelque chose qui sous-tend cette addiction. Tes reflexions sont très justes. Il faut rebondir et partir à la reconquête de son soi, de son soi "authentique". Le porno nous aliène complétement. On finit par rentrer dans une spirale mortifère car on veut toujours plus tout en en étant toujours plus frustré. J'étais comme un pyromane qui finit par se faire bouffer par le feu qu'il a lui-même allumé.

Il faut donc se débarasser du porno une fois pour toute et ne pas regarder en arrière. Cela prend du temps, on est jamais à l'abri d'une rechute. Mais avec le temps, ça se calme. Je repense souvent au film "trainspotting" car j'ai vécu un peu ce type de sevrage avec un manque terrible. C'est très dur mais crises après crises, on finit par y voir plus clair.

Bon courage...
Oui, le rapport à la mort est très juste, du moins me concernant. Toutes mes addictions ont la fuite pour support. Autrement dit, elle révélent cette angoisse qui s'expriment par cette question : comment ne pas être là, maintenant ? La logique alors est effectivement mortifère, et on devient dépendant de quelque chose qui nous empêche de vivre. Je crois que l'on ne peut pas piger cela, tant que l'on ne se rend pas compte à quel point on en souffre. C'est généralement les larmes aux yeux, la queue entre les jambes et le coeur plein de souffrance que l'on s'inscrit ici. C'est aussi pour ça que ce n'est pas toujours une partie de plaisir de retrouver gout à la lumière, et qu'on y va doucement, un jour voire même une minute à la fois. Mais la bonne nouvelle, relayée régulièrement ici par plusieurs d'entre nous, c'est que c'est possible de s'en sortir, pour aujourd'hui en tout cas. Derrière tout ça il y a bien sur la question de la confiance dans la vie.
Bienvenue donc, Xanadu, et bon courage !
Merci à Jim et Bruno59 de vos messages.
Après pas mal de semaines pendant lesquelles ma dépendance s'enracinait de plus en plus, ces quelques jours - depuis lundi - sans me plonger dans les sites porno m'apportent beaucoup de calme, un calme que je n'avais pas connu depuis ...pas mal de temps.
Cet été, je suis resté comme tous les ans avec ma famille assez longtemps en France, cette fois deux mois. Par la force des choses, j'étais sevré et sans trop de difficultés d'ailleurs. Au retour au Japon, je m'étais dit que je pourrais continuer sur la lancée, profiter de ce sevrage forcé pour continuer à tenir à distance la chose.Mais bon, à peine revenu à la maison, avec le stress du boulot, je me suis retrouvé à surfer sur les sites gratuits, jouant dans le jeu de dédale, de site en site (à propos, Bruno tu parlais de fuite, et personnellement dans la façon dont j'avais de glisser de site gratuit en site gratuit, il y a beaucoup de ça, comme si j'essayais de semer quelqu'un, de disparaître sans laisser de trace - même si des traces j'en laissais plein sur mon disque dur...)
Au lieu de faire ce dont j'avais envie, je passais toujours plus de mon temps libre sur internet et quand je redescendais voir les miens, j'étais irritable puisque je m'en voulais de mon absence de volonté, de tout ce temps gâché.
Il y a bien des trucs que je dois prendre en compte et expliquer pour y voir plus clair en moi. Il y a dix ans j'ai suivi pendant 2 ans, en France - à Lille, d'ailleurs, soit dit en passant pour Bruno - une thérapie sans que mon addiction aux messageries roses du minitel (qu'est-ce que j'ai pu claquer de fric là-dessus) ou la fréquentation de sex shop ne change vraiment.Aujourd'hui je ne me sens pas partant encore pour une thérapie - le fait d'être à l'étranger y joue pour quelquechose - en dehors de l'inertie de l'inconscient attaché à ses habitudes et à ses drogues.
Jusqu'à aujourd'hui ici au Japon c'est internet qui avait remplacé l'archaïque minitel, et les films de cul. Célibataire, je fréquentais à l'occasion, c'est-à-dire assez rarement des salons de massages, parfois des peep-show. Depuis que je suis avec celle qui est maintenant ma femme, j'ai arrêté tout, sauf sauf sauf bien sûr internet.
J'avais fini par lui en parler il y a deux ans en gros. Elle avait dit qu'elle voulait bien comprendre, même si ça la blessait intérieurement.Il y a eu quelques plantages d'ordinateur à la maison à cause de virus récoltés sur des sites infectés avec les accrochages bien logiques qui en résultaient. Maintenant ça fait depuis bien longtemps qu'on n'en cause plus. Depuis cette semaine, je me dis qu'il faudrait que je lui dise que je viens ici.En même temps, j'ai toujours peur de la rechute bien sûr - au point où je ne suis même pas sûr de pouvoir me dire en sevrage! mais quand j'ai arrêté de fumer, j'ai fait pareil et c'est au bout de 3 mois que j'ai comméncé à en parler - prudence, prudence, ne fanfaronnons pas!
Je sais pourtant qu'il faudrait bien que je lui parle d'internet, de ce qui m'y amène, c'est-à-dire de tout ce qu'il y a de frustration et de difficultés à vivre dans le réel - et avec le réel qu'est un corps de femme qui n'est pas composé de pixel, mais de chair, avec tout ce qui va avec.
Bon, ce sera tout pour aujourd'hui.
Merci à tous de m'avoir lu et bon courage à tous ceux embarqués dans cette galère, dépendants et co-dépendants.
Coucou Xanadu

Dis, donc, y'a dix ans, sur Lille, on s'est peut-être croisés dans les sex-shops et sur les messageries roses ! :lol:

Sérieusement, prends ton temps, notamment pour en parler à ta femme, même si l'associer peut parfois aider. Cocentre toi sur chaque journée que tu vis, et peu à peu tu retrouves le réel.
:Hello:
Ca fait maintenant une semaine que je me suis inscrit ici.
L'existence du forum est une grande aide, c'est-à-dire l'existence d'un lieu où le combat que chacun d'entre nous mène contre des forces négatives qui travaillent en lui, lui nuisent et nuisent le plus souvent à son entourage - pour ceux qui sont en couple - cesse d'être un combat solitaire, mené dans un silence honteux, puisqu'il y a une honte qui s'attache à être dépendant en général - de l'alcool, de la drogue ou du cyber sexe - et en particulier du cybersexe.
Je me disais aussi ces derniers jours que pour ce combat ait du sens, il faut aussi qu'on lui en donne et qu'on puisse lui en donner. Pour ma part, ça fait vraiment bien longtemps que je sais que le porno est une entrave à ma liberté et une façon de me gacher, de me bouziller - sans me mettre en péril radicalement cependant. Pourtant le plaisir que je pouvais y trouver était plus puissant que ce que ma raison savait très bien me promettre. Très simplement il faut qu'il y ait une foi qui permette de croire que le sacrifice qu'on fait de sa jouissance immédiate sera payée en retour plus tard.J'utilise ici volontairement le mot de "foi" avec ses connotations religieuses, même si je me place personnellement dans une optique franchement non-religieuse. Simplement, il y a un point commun avec la foi religieuse dans le sens où dans les deux cas il y a une conviction quant à l'avenir que rien ne vient fonder rationnellement dans le présent. Je me souviens qu'à mon arrivée au Japon il y a 8 ans, je me suis retrouvé à Tokyo - j'habitais à une bonne heure de Tokyo à l'époque - dans un quartier avec pas mal de boutiques de cassettes video porno. J'ai hésité, hésité, sortant et rentrant dans ce magasin et me disant que ce n'était pas "digne de moi" d'aller acheter ces trucs, et finalement j'ai acheté parce qu'au fond de moi rien ne proposait quelque chose de mieux que ce que pouvait m'offrir une cassette porno. Il y a toujours - pour moi du moins - ce fond de désespérance qui fait le lit du triomphe du porno.
Il y a encore bien des choses que j'aimerais dire sur mon rapport au porno, ce qui s'y joue. Je ne sais pas si je ne me trompe pas un peu dans l'usage que je fais actuellement de ce forum et je n'en use pas un peu trop comme un lieu de thérapie - thérapie que je ne sens pas prêt à recommencer aujourd'hui d'ailleurs.
Merci de m'avoir lu.
Il y en a au moins une qui trouve intéressant ton usage du forum... Tu ne te trompes pas de lieu...
Merci de ton message. Par une coincidence amusante, j'étais en train de lire tes message - sur le topic "le sevrage, une connerie?" sur le forum d'Orroz que m'avait conseillé John ainsi que ton récent message à Sofi sur son refus de s'adresser à des catho-réac pour lutter contre la cyber-dépendance et je me disais que ça serait bien de te faire un bonjour comme ça en passant...Mais tu m'as devancé.
A plus
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