Dépendance sexuelle

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Deux ou trois lignes pas plus car le temps me manque.
Simplement quelques petites choses qui traînent dans l'esprit.
D'abord la conviction que la fréquentation des sites de cul ne s'enracine en soi que sur un fond de désespoir. Les heures passées scotché devant l'écran à la recherche d'images toujours nouvelles ne prennent l'allure d'oasis que parce qu'on a décidé que la réalité qui nous entoure n'était pour nous qu'un immense désert, une vaste étendue stérile. Ce n'est donc qu'en reprenant confiance dans ses capacités à trouver son bonheur dans le réel que l'oasis des sites internet - ou de la fréquentation des prostituées - peut cesser d'exercer sa force de séduction et révéler sa nature de mirage.
Par ailleurs, je découvre depuis le début de ce sevrage combien la HONTE est un élément fondamental, moteur dans le cercle vicieux de la dépendance. Ce n'est pas la honte qui peut nous aider à sortir de la dépendance, au contraire, elle nous y enferme. La honte, c'est ce qui nous fait baisser la tête, nous convainc qu'on n'est qu'une grosse merde qui n'a que ce qu'elle mérite dans l'abaissement de soi. C'est l'espoir et la foi en une vie possible qui font sortir de ce cercle magique où on s'est volontairement enfermé.
Merci de m'avoir lu, bon courage à tous.
ben je te lis je te lis et enfin de compte je me trouve que tu es très courageux, encore un de plus ici à être très courageux.
quand tu écris ce billet je me dis que mon mari doit aussi vivre dans le désert.
merci de partager tout ça avec simplicité.

oui la honte est une merde gluante qui à du mal à se décoller de nos âmes.

mais un bon coup de carwash rempli de courage et de lucidité enlève la honte et si elle revient elle aurra de plus en plus de mal à s'accrocher parceque celui qui veut changer met tout en oeuvre pour et toi comme beaucoup ici êtes en bon chemin.

luciole co-dep. :Hello:
Merci, Luciole, de ta réponse et de tes encouragements.
Je crois qu'une des grandes qualités de ce forum, c'est de permettre que naisse un dialogue entre dépendants et co-dépendants, c'est-à-dire dans bien des cas entre hommes et femmes. Un des pièges de la dépendance, c'est l'enfermement en soi avec ce que cela entraîne de négation de l'autre, d'ignorance de l'autre, que ce soit la partenaire ou les femmes en général. Le dépendant substitue à la réalité de la femme une idole qui a créée - ou plutôt qu'on a créé pour lui, puisqu'il est devenu volontairement le jouet des commerçants du sexe - et qu'il peut manipuler avec une certaine liberté. Ici sur le forum, si je prends la peine d'aller lire les témoignages de co-dépendantes, je suis confronté à la vérité d'une parole qui s'impose à moi, qui n'est pas - c'est le moins que l'on puisse dire - la projection de mon désir. Je crois qu'au-delà du problème qui nous amène ici de la porno dépendance, il y a dans notre société, dans nos sociétés - je vis au Japon, ma femme est japonaise et la situation n'est franchement pas meilleure qu'en France, loin de là - une sorte de silence tacite entre femme et homme qui fonde une incompréhension, les uns et les autres s'ignorant et s'en trouvant peut-être malheureusement fort bien le plus souvent, rien ne venant briser les illusions réciproques.
A ce propos, je voudrais inviter tout le monde à lire la réponse de Sofi à Marion sur le forum des co-dépendants. Elle me semble exemplaire par les efforts que Sofi y fait pour dépasser cette incompréhension.
Je continue à remplir mon petit post. Nous avons Sonoko et moi hier fait l'amour - ce que nous n'avions pas eu l'occasion de faire depuis pas mal de temps (dormir à 4 dans la même chambre avec deux enfants de 2 et 1 ans ne simplifient pas les choses). C'était très réussi - mais tout au long de ma relation, pour moi du moins, hormis l'enthousiasme des débuts je crois pouvoir dire que ça a toujours été de plus en plus réussi même quand je faisais mes plongées dans le net. Réussi, je veux dire que les émotions éprouvées, ces mouvements internes étaient de plus en plus forts, pénétrants et enveloppants - rien à voir avec la tension, cette faim exacerbée des heures passées devant les sites de cul (c'est d'ailleurs bien ça qui est étrange pour moi, c'est combien ces deux mondes n'ont rien à voir - s'ignorent mutuellement).
Pourtant au-delà du bonheur de ce moment partagé avec elle - notre fille était à la crèche et notre fils dormait en haut, nous avions donc tout notre temps et n'avions pas besoin de faire l'amour à la va vite, mais avec toute la tendresse, la lenteur nécessaire - au delà de ce plaisir j'ai l'impression qu'aujourd'hui règne en moi - faiblement, doucement, comme une mélodie sourde - le fameux "post coïto animal triste" qui emplit de tristesse mon regard sur le monde, comme si ce calme, cette délivrance de la tension du désir me laissait comme vide.
D'ailleurs autrefois - quand je fréquentais les sites porno, c'est-à-dire un autrefois bien récent - j'avais tendance à retourner sur ces sites très vite après avoir l'amour avec Sonoko, comme si... je ne sais pas trop quoi.

Je poursuis mon sevrage; j'entame ma quatrième semaine.
Excusez-moi pour la tristesse qui ne convient guère à ce post qui devrait être au contraire joyeux mais je n'ai pas d'autre voie que la sincérité.
Merci de m'avoir lu.
Vide après le rapport, c'est normal; tu sembles attribuer au sexe des pouvoirs qu'il n'a pas. Interroge-toi sur la notion de flux et de reflux (même combax) : toute exaltation sensuelle, d'autant plus si elle s'accompagne d'émotions agréables, plénitude, accomplissement etc... doit nécessairement "retomber" et nous préparer pour la suite. On ne peut passer sa vie à faire l'amour de façon quasi-divine.
Si ce vide peine à parvenir à notre entendement devant le porno, bien qu'il soit pire que l'autre, c'est parce qu'il avance masqué : le le porno ne nous remplit pas préalablement, sinon de désirs qui ne sont pas les nôtres ! on boit de l'eau salée, donc on a toujours soif.
La "délivrance de la tension du désir" n'est pas la plénitude de l'amour
encore une fois, cf le post de flo sur la rédemption de l'objet fascinatoire, mon inébranlable ;-) fixette.
http://johnwarsen.blog.lemonde.fr/2006/0...ion_de_lo/
merci de ton honnèteté et de ton partage.
Et Sonoko, elle en pense koi ? les femmes ont moins tendance à absolutiser tout ce qui bouge ;-)
Un post ultra-rapide: deuxième rechute ce matin. Il va falloir analyser ça et tenter de tenir bon.
Merci de ton message, John. J'avais lu le texte de Flo, je me le suis imprimé et je vais me le lire tranquille.
Bon, je laisse l'ordi ...
Bon, je reviens sur tout ça. Viandage en beauté ce matin: à deux reprises, je viens - pas très longtemps, c'est vrai - de surfer sur les sites de cul que je connais bien.
Par ailleurs, j'ai vraiment l'impression de ne pas être maintenant encore libéré de ça, l'impression qu'un petit rien pourrait m'y faire revenir.
Bien sûr, j'ai maintenant tout effacé; mais ça ne change pas grand chose. Je sais que ça a à voir avec ce que John évoquait dans son message: ma conception de la sexualité. La grosse différence entre faire l'amour avec quelqu'un - en particulier avec une femme avec qui on se sent lié, à qui on est attaché (dans tous les sens du terme) (aujourd'hui c'est Sonoko) et se masturber devant des photos de femmes nues, c'est que dans le deuxième cas il ne se passe rien, c'est-à-dire qu'on ne sort pas d'une exacerbation infinie du désir - pour moi, idéalement, quand j'allais passer des heures et des heures sur les sites de cul, sur les messageries roses du minitel, ou quand j'allais tourner à Lille dans le coin du Palais de Justice là où il y avait des prostituées, le plus souvent sans passer à l'acte, ce qui comptait, c'était de rester dans un rapport au réel où ce réel, l'objet du désir restait indéfiniment - du moins fantasmatiquement - à porter de la main, mais sans que rien s'accomplisse. Tout ça rappelle diablement le supplice de Tantale, mais conçu ici comme une source de jouissance. L'absence de jouissance comme source de jouissance, on a vu plus simple comme rapport au réel, non?
Et Sonoko dans tout ça? Oui, la question est judicieuse. Il nous faut - l'un et l'autre - apprendre à reparler - même si on n'est pas au degré zéro de la communication, loin de là. Je crois diablement aux vertus du dialogue.
J'ajoute: nécessité de d'abord se discipliner, de ne pas céder aux plaisirs narcissiques de la conceptualisation - même si les concepts sont nos amis, ne l'oublions et ne soyons pas ingrats...Mais je m'égare.

Bon, je vais me remettre à préparer mes cours... Merci d'avoir lu ce déballage pas très ragoûtant.
Bonjour Xanadu,

Ne pas oublier d'où on vient, "ne pas oublier la dernière cuite" comme me dirait un ami des AA, autrement dit bien garder en mémoire la douleur que la dernière baffe dans la figure nous a procuré, cela peut aider, si la douleur était réellement aigue, à fuir l'ordinateur ou à la limite, venir ici ou chez Orroz pour sauver sa peau et relire ce que l'on avait fait mine d'oublier : on peut vivre sans s'exciter devant du porno.

Sur mon blog, j'évoquais l'autre jour le détour que j'avais fait dans un quartier de prostituées, cette fascination à garder allumé le bouton excitation même si l'on ne passe pas à l'acte. "Rien que pour voir" disais-je. orroz m'avait répondu : "tu le dis toi-même, il n'y a rien à voir". Tout cela n'est qu'illusion, fuite du réel. Le cerveau "archaïque" réclame sa dose perverse. Alors, à l place, mieux vaut envoyer à notre esprit des émotions saines, qui ne nous renvoient pas à nos shémas anciens au quart de tour. Se plonger dans l'art, la spiritualité, essayer d'avoir l'esprit ouvert sur la réalité me permet de changer peu à peu mes visions des choses.

Bon courage à toi !
Xanadu
Conceptualiser c'est bien, mais est-ce que tu ne remplaces pas l'excitation pornographique par l'excitation de la reflexion autour du porno ? Ce serait là une démarche de substitution sans avenir car n'est-ce pas te donner l'illusion de dominer ton mal sous prétexte que tu es capable de le comprendre ?
le sevrage est un subtil dosage entre des actions bien réelles pour éviter des dérapages nauséeux et une élaboration progressive bien intellectuelle pour comprendre. agir et reflechir sur ce qu'on agit.
c'est pas facile, facile mais lorsqu'on a des concept comme amis, c'est plus simple.
déclick
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