Dépendance sexuelle

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Oui, et un deuxième qui aime à te lire
Merci Stauton de ton message d'encouragement. Un autre truc sur lequel j'aimerais revenir, c'est - je vais peut-être employer des termes qui surprendront, mais c'est comme ça que je ressens les choses - la part d'idéalisation que renferme pour moi la pornographie. Pour ma part, je crois que la pornographie repose pour une très grande part sur un phénomène préalable d'idéalisation de "la" femme. Qui dit idéalisation dit aussi abstractation, c'est-à-dire sortie hors du réel (ce qui est en soi ni bien ni mal, tout dépend du degré et de la façon dont on le fait). Il y a une part commune - seulement une part, bien sûr - entre le regard que je peux porter dans la rue sur les femmes que je trouve belles, regard qui n'est pas nécessairement un regard libidineux de vieux pervers mais plutôt d'émerveillement devant la beauté, et le regard que je porte sur les femmes que je matais sur internet.
Il faudrait ajouter bien sûr là dedans, dans le regard pornographique, un moment où l'objet - la femme - idéalisé est dégradé et humilié, sans doute pour qu'elle devienne mentalement accessible.Dégradation qui est aussi celle de celui qui mate l'image d'ailleurs - quand je regarde des images porno, je me sens plutôt comme un chien, quelque chose de bas et d'humilié.
C'est-à-dire que dans le rapport porno, il y a des forces, des tensions éminemment contradictoires qui viennent jouer, qu'on laisse jouer en soi, faisant de soi le terrain de jeu de ces forces - sentiment d'adoration, volonté de posséder, de dominer, volonté d'être annihilé, tout ça en même temps.
J'ai franchement l'impression en écrivant ces lignes que dans la pratique pornographique je reproduis en fait des schèmes fondamentalement religieux - la lecture de Georges Bataille vers 18 ans, prêté qui plus est par une fille dont j'étais éperdument amoureux à l'époque et avec qui malgré des occasions parfois plus que propices je n'ai rien tenté, a marqué de façon forte mon rapport à la pornographie, c'est certain.
J'ai peur aussi que ce que je viens d'écrire trahisse une fascination encore trop grande pour la pornographie. Mais je me risque quand même à le poster.
Merci de votre lecture.
P'tain ! t'es mûr pour la rédemption de l'objet fascinatoire® emprunté à ma copine Flo ! c'est le meilleur article de mon blog, et c'est même pas moi qui l'ai écrit :lol:
http://johnwarsen.blog.lemonde.fr/2006/01/
Xanadu,
Ton discours est très proche des théories de la psychanalyse sur la rapport avec la mère dans la petite enfance. On y retrouve cette notion d'idéalisation : Nous avons construit dans la petite enfance les critères de l'idéal : perfection = plaisir. Hors, la mère est considérée comme étant parfaite et elle est en même temps notre source de plaisir : soulage la douleur, appaise notre faim, fait disparaitre nos peurs, etc....Elle est idéalisée.
A l'age adulte lorsque nous cherchons à soulager nos douleurs et faire disparaître nos peurs, angoisses, stress, nous allons être attirer par ce qui peut atteindre le niveau d'idéal, de perfection de la mère. La pornographie propose l'image de femmes parfaites (selon les critères de chacun), tant physiquement que dans leurs actes. Notre inconscient y retrouve l'image idéale, parfaite et source de plaisir de la mère.
Mais pourquoi est-ce que tout le monde n'est pas attiré par le porno ? Parce que nous sommes sensés murir sexuellement et abandonner le schéma de l'enfant qui est en perpétuelle recherche du plaisir tourné vers la mère. Nous, dépendants, nous sommes restés à ce stade.
Avec le décodeur Scavo, c'est plus facile, et question décodeur, je connais... :oops:

Des lectures bien sympas en tout cas !
Bon, il faudrait que je prenne le temps de répondre à ce que tu dis Scavo. Sans dire que je ne suis pas d'accord, je sens une résistance - tu me diras que cette résistance dans une optique psychanalytique est facilement interprétable.
Pour moi le rapport à la mère comme une des clés fondamentales pour expliquer le rapport à la pornographie reste une idée qui pour séduisante qu'elle puisse être ne cesse pas d'être comme une hypothèse abstraite que j'ai un peu de mal à appliquer à mon propre cas. Je comprends, je trouve que c'est plutôt intelligent comme idée mais je ne vois pas - du moins pas encore - comment m'en servir pour m'aider.
Un truc qui de mon point de vue pourrait faire avancer le schmilblick c'est de préciser ce que recouvre ce mot d'idéalisation. Que la mère soit une figure idéalisée, plus exactement la figure idéalisée pour le petit enfant, je suis bien d'accord. Mais j'ai l'impression que l'idéalisation dans le cas de la pornographie, pour moi du moins, est d'un autre ordre.
Entre parenthèses, ce que j'essaie de faire là, ce n'est pas autrechose que d'essayer de m'approprier à ma façon le discours que tu tiens Scavo, en l'examinant, en le flairant.
L'idéalisation de la femme dans la pornographie s'accompagne de sa dégradation. Je dirais qu'il y a un phénomène de sur-idéalisation, un excès d'idéalisation - l'adoration, la vénération, la fascination - qui fait des femmes qui nous plaisent dans le petit cirque pornographique des figures fondamentalement inaccessibles; et qu'un tel excès d'idéalisation - une telle femme, on ne peut que la mater en silence, le souffle cours - appelle en retour de façon très logique un geste de dégradation, d'humiliation qui est la seule façon de mettre à porter cette idole sacralisée, la seule façon d'en tirer une jouissance.
Ce qui caractérise en outre le porno, c'est que ce jeu prend un tour exacerbé, que le jeu de balancier entre idéalisation et appropriation s'emballe complètement et atteint une amplitude extrème.
Je sais que je suis en train d'évacuer la mère là-dedans - on pourra toujours me dire que non, elle est vraiment là au fond de tout ça, oui, bien sûr.
J'ai bien des choses encore à essayer de comprendre et donc bien des choses encore à écrire ici mais ce sera tout pour aujourd'hui.
Bon jour à tous.
Citation :xanadu a écrit:
Je comprends, je trouve que c'est plutôt intelligent comme idée mais je ne vois pas - du moins pas encore - comment m'en servir pour m'aider .
Le premier effet positif est d'aider à déculpabiliser en comprenant que nous ne sommes pas responsables de l'existence de ces désirs. Dans un deuxième temps, on réussit à dissocier ces vices de notre véritable personnalité, elle est assouvie à ces phantasmes.
Avant on se perçoit comme un tout : je suis comme ça (nul, pervers, minable, etc...). Après cette prise de conscience on doit arriver à se dire : je ne suis pas comme ça, ma véritable personnalité a été pervertie.
Déculpabiliser et reprendre confiance en soi, c'est deux choses incontournables pour commencer à envisager le sevrage. Elles sont nécessaires mais malheureusement pas suffisantes.

Citation :xanadu a écrit:
qu'un tel excès d'idéalisation - une telle femme, on ne peut que la mater en silence, le souffle cours - appelle en retour de façon très logique un geste de dégradation, d'humiliation qui est la seule façon de mettre à porter cette idole sacralisée, la seule façon d'en tirer une jouissance.
Ce n'est pas facile de bien cerner ce concept, veux-tu dire que l'idéalisation est en réalité un acte de dégradation de l'objet du désir. La dégradation extrême étant la destruction, comme l'enfant qui casse son jouet comme acte ultime démontrant qu'il lui appartient. Ca me rappelle les psychopathes chez qui le meurtre est en fait un acte d'appropriation. Les crimes passionnels aussi s'expliquent de cette manière.
Pour ce qui est du rapport idéalisation et dégradation, à mon sens, ce sont deux phénomènes distincts. L'actrice porno est une figure idéalisée, et en même temps humiliée, dégradée - je pense que je n'ai pas besoin de faire de dessin. Quand je dis dégradée, je ne veux pas dire détruite, même si un lien peut être fait bien sûr entre les deux choses.
Qu'est-ce qu'il y a au fond de cette volonté de "dégradation"? Sans doute, ce désir de possession dont tu parles; personnellement, je parlais de désir de jouissance, ce qui est proche.
Je pense que celui qui se masturbe devant des images porno essaie de construire un petit monde - un tout petit monde - où la jouissance qu'il considère pour une raison ou une autre impossible dans le monde réel devient pour lui réellement possible. Qu'est-ce qu'est cette jouissance? J'avoue qu'il me semble bien difficile de répondre à cette question


Il y a plus de choses dans le ciel et sur terre, que n'en rêve votre philosophie, Horatio
"Je pense que celui qui se masturbe devant des images porno essaie de construire un petit monde - un tout petit monde - où la jouissance qu'il considère pour une raison ou une autre impossible dans le monde réel devient pour lui réellement possible. Qu'est-ce qu'est cette jouissance?"

c'est un mirage et un mensonge, sinon on ne serait pas là à s'exciter sur des concepts : on serait encore le froc baissé devant nos bécanes et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Sur l'idéalisation et la dégradation, je serai bref : nous peignons des moustaches à la Joconde, et ensuite nous fondons en larmes : la Joconde a des moustaches !
Première rechute.
Bon, je me relève et reprends mon baton de pélerin...


:-(
:Hello:
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