Dépendance sexuelle

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Allo, je commente

"Réussi, je veux dire que les émotions éprouvées, ces mouvements internes étaient de plus en plus forts, pénétrants et enveloppants - rien à voir avec la tension, cette faim exacerbée des heures passées devant les sites de cul (c'est d'ailleurs bien ça qui est étrange pour moi, c'est combien ces deux mondes n'ont rien à voir - s'ignorent mutuellement)."
Voilà tu réponds à ma question sur mon post du forum des co-dep... L'expression "s'ignorent mutuellement' est celle qui colle à ce que mon copain m'a décrit. Cependant ce qui est d'autant plus une réponse pour moi c'est ce qui suit:

"D'ailleurs autrefois - quand je fréquentais les sites porno, c'est-à-dire un autrefois bien récent - j'avais tendance à retourner sur ces sites très vite après avoir l'amour avec Sonoko, comme si... je ne sais pas trop quoi."

Mon copain me disait que souvent c'était après avoir subliment fait l'amour avec moi qu'il avait plus le goût de voir des images pornos. Tu me fais réfléchir: et si ce n'était pas ce monde dont tu parlais plus tôt, ce monde 'idéal' que tu ne veux pas quitter? Comme si mon copain cherchait à ne pas revenir à la réalité, le poursuivre à l'infini, de pages en pages... Comme Bruno l'écrivait: "Toutes mes addictions ont la fuite pour support. Autrement dit, elle révélent cette angoisse qui s'expriment par cette question : comment ne pas être là, maintenant ?" La porno-dépendance de mon copain pourrait donc se manifester lorsqu'il veut fuire la réalité qui revient encore plus chienne/difficile après avoir fait l'amour avec moi.

Je ne sais pas moi non plus, j'hypothétise.

Merci à vous tous: j'ai moins l'impression que mon copain et moi sommes des extra-terrestres.

Marion
xanadu a dit ; "L'absence de jouissance comme source de jouissance, on a vu plus simple comme rapport au réel, non ?" p'tain j'vais commencer à jalouser ton sens de la formule, mais c'est là qu'on voit la limite, non pas des concepts mais de leur utilité; poétiquement, ça a de la gueule, mais dans un trip de sevrage et de renoncement au vide autoréférent du porno, no way.
Le seul concept qui nous aide en période de fragilité, c'est l'ordinateur éteint et toi en train de faire autre chose. C'est si facile pour celui qui postule "l'absence de jouissance" de t'envoyer trainer sur le forum, puis de t'aider à déraper.
rappele toi ce que tu disais sur la clope : "j'ai arrêté de fumer il y a 8 ans en gros. C'est bien pour mes poumons mais je sens au fond de moi que ce n'est pas une victoire car je n'ai pas réglé le pb - que je connais encore bien mal - qui m'amenais à cloper 30 lucky strike par jour parfois... (le plaisir de sentir ses bronches brûlées)"
régler le problème, c'est pour l'instant le remettre à demain, donc c'est la même stratégie : tu prends ton archéocortex entre quat z'yeux, il détournera le regard et tu ne peux le forcer à t'écouter, mais ça ne doit pas t'empécher de lui dire : "désolé l'ami, nothing for you today"
et surtout, va faire autre chose.
Merci à tous de vos réponses qui me soutiennent vraiment. C'est dans de tels moments qu'on comprend combien c'est un forum d'ENTRAIDE.
Je suis entièrement d'accord avec vous pour dire que les concepts c'est des outils avec les limites des outils : ça aide beaucoup mais ce n'est pas ce qui pourra apporter LA solution à mes problèmes.
Si la voie du psy - déjà tenté en France quand j'étais à Douai, puis à Lille, pendant en gros deux ans - est un peu difficile à pratiquer ici, puisque je vis maintenant à l'étranger, il y a par contre dans un tout autre ordre d'approche un autre chemin que je ferais bien de réessayer. C'est celui du yoga - et là ça me permet de surfer sur le post de Roul et de sa malheureuse expérience lamaïque. J'en ai déjà fait ici au Japon, malgré mon absence absolue de souplesse, avec un prof japonais absolument adorable malheureusement maintenant trop malade pour continuer. Il ne me reste plus qu'à chercher pas trop de chez moi un autre prof (le premier conceptualisait pas trop mal, mais c'est vraiment pas la question, n'est-ce pas?).
Je pense que la crise est en gros finie pour l'instant même si j'aurai de nouveau des moments de tentation.
2 ou 3 petits mots pas trop longs, monosyllabiques pour vous souhaiter à tous, dépendants et co-dépendants, de bonnes fêtes de fin d'année. Demain, de bonne heure - ici il est déjà presque 11 heures - on s'en va tous les 4 en vacances. Donc, pas d'internet, pas de forum pendant au moins une semaine... Ca règle le pb du sevrage tout seul, sans problème, le problème reculant jusqu'à la nouvelle année que l'on souhaite clean à tous...
Salut à tous et bonne année à tous!

Finies les vacances; retour à la maison après près de 15 jours à droite et à gauche.
Pour en revenir au sevrage, me voici de nouveau devant l'ordinateur, avec la présence de la tentation, avec aussi le fait de savoir que malgré deux rechutes ponctuelles, j'ai réussi à tenir depuis fin novembre, et ce en majeure partie grâce à l'existence de ce site et de la communauté à qui il permet d'exister - pour moi, il fonctionne comme une sorte de firewall qui me tient à distance des sites de cul ou la petite flamme de la conscience qui brillerait sur mon écran.
J'ai lu plus d'une fois ici "tenir au jour le jour, tenir dans le présent et ne pas tenter de se projeter dans l'avenir (à chaque jour suffit sa peine)" et je suis entièrement d'accord sur le principe. Reste qu'avant les vacances, je me disais un peu bêtement qu'il me suffirait de tenir jusqu'aux vacances... Aujourd'hui c'est un grand espace nu qui s'ouvre devant moi et qu'il me faut traverser sans but bien précis. Ceci dit, pour revenir une fois encore au moment où j'ai arrêté la cloque - ici mes deux poumons applaudissent à deux mains - c'était vraiment la méthode improvisée que j'avais trouvée: "je ne fume pas aujourd'hui; je n'ai pas fumé aujourd'hui; demain on verra demain".
Bon courage à tous
ben le grand espace nu, tu vas te le rhabiller avec de nouveaux projets, de nouveaux désirs, plusse de partage... l'abstinence pour l'abstinence, c'est un désert sans oasis. Avec tous les mirages de l'égo (cf le récent post de Midnite sur le besoin de reconnaissance etc)
sans oublier les grands chantiers d'hiver que tu as laissé en plan sur ton topic :lol: à méditer un jour à la fois.
sans se prendre le chou sinon ça fait rire les chèvres.
Je veux dire que l'aide du forum a ses limites.
La compulsion semble parfois se fatiguer moins vite que nous.
Pour prendre du recul, je me suis bricolé un best-of sur l'ancien forum :
http://orroz.forumactif.com/search.forum...ults=posts

toutes les réponses live du maitre, hi hi ! qui n'est plus là pour m'engueuler de réifier sa parole !
il me dirait ce que j'ai emprunté ailleurs :

Pour être sage, dois-je chercher à vous ressembler, maître ? demande le disciple. Allons, crois-tu que c'est parce que je me ressemble que je suis sage ? dit le sage.
Je poste maintenant au sortir d'une sale rechute - sale dans le sens où cette fois contrairement aux deux premières rechutes, j'ai passé vraiment beaucoup de temps devant les sites de cul -
Pour l'instant, je vais essayer de mettre à distance tout ça en essayant aussi d'y réfléchir et surtout de tenir.

J'ajoute ça


Actuellement au retour des vacances - avant-hier, le 5 janvier, grosse rechute, samedi et ce dimanche matin - très très tôt alors que tout le monde dormait.
Ca ne fout pas encore vraiment trop les boules mais j'aimerais bien ne pas m'enliser à nouveau.

Je n'ai pas trop peur, peut-être parce que j'ai l'illusion de pouvoir maîtriser "ça" tout seul. Hier j'ai fait l'amour avec Sonoko - comme la dernière fois la rechute est liée au fait de faire l'amour avec Sonoko, c'est-à-dire avec quelqu'un de très proche - truisme me direz-vous - avec qui je suis engagé. Le plus con, c'est que c'était très réussi.
J'ai assez peur de parler de ces problèmes - dont la fréquentation des sites de cul n'est que la manifestation - avec elle, comme j'ai toujours eu peur d'aborder les problèmes avec les femmes avec qui j'ai été. Peur qu'avouer que tout n'est pas parfait reviendrait à une remise en cause de tout.
Encore beaucoup de boulot à faire. Notamment pour mieux instaurer la parole entre nous. Je pourrais ajouter que la culture japonaise ne m'encourage guère mais ça ne ferait pas trop avancer le schilblick...

Merci de m'avoir lu
Depuis le retour à la maison - depuis vendredi dernier - je clapote dans les eaux saumâtres du cyberporno - sans réussir à m'en extraire, ce qui explique que je ne poste pas grand'chose ces derniers jours...

Je sais assez nettement deux choses actuellement.
Les instants sans avenir - répétitifs,statiques - que je vis devant les sites porno - devant toutes ces images de femmes que je désire parce que je ne pourrais jamais absolument jamais les avoir - ces instants me brûlent terriblement et cette brûlure aussi que je viens chercher - là encore ça ressemble pas mal à la brûlure que donne la cigarette quand la fumée racle les bronches et les poumons.
C'est disons une question d'intensité. Une des raisons de ma rechute actuelle réside là : quand j'ai commencé à arrêter en fin novembre, je me disais que j'allais faire plein de choses de ce temps libéré (et j'ai plein de trucs à faire, plein de projets qui me stimulent, dont j'ai envie, que j'ai envie de réaliser... C'est le fond qui manque le moins comme disait l'autre). Mais finalement, ce temps gagné, ne m'étant pas discipliné assez, je l'ai gaspillé. Pas à faire des bêtises, non, à faire ce que j'avais faire, à lire des trucs, à écrire aux amis en France, ou ailleurs. Mais sans cette discipline - sans cette tension qui viendrait remplacer en négatif cet abandon absolu que j'éprouve quand je cède à la tentation.
A propos de discipline, de tension, de nuque raide et tendue dans l'effort, je pensais à Rimbaud par exemple qu'évoquait Phénix dans son post auquel je n'ai pas répondu mais qui m'a beaucoup touché. Il faut nous faire d'"horribles travailleurs" pour reprendre la lettre du voyant. Je crois que cette façon de voir les choses n'est jamais qu'une façon de voir les choses et que rien n'interdit plus de souplesse. Mais c'est aussi une configuration mentale avec laquelle il faut faire.

Il y a aussi une deuxième chose que j'apprends douloureusement ces derniers jours. Peut-être en parlerai-je plus longuement un jour. Je ne fais que l'évoquer. Trouver son plaisir devant des idoles de papier, des créatures arrachées pour du réel pour n'exister que dans l'imaginaire, nous le savons, c'est une fuite hors du réel du côté de la mort. Certains s'y engouffrent. Or, ce qui est difficile, c'est bien d'être présent à ce qui est proche. Le Christ - je ne suis plus chrétien, je suis athée, mais avouons qu'il y a quand même des choses qui ont été dites par certains et qui ne sont plus à dire: qu'il nous suffise de citer - le Christ disait :"Aimez votre prochain". Je pense que c'est là une phrase que nous pornodépendants nous aurions bien intérêt à nous répéter. C'est bien là notre premire tâche.
Citation :Les instants sans avenir - répétitifs,statiques que je vis devant les sites porno -
sans avenir, et sans passé autre que celui des faux souvenirs identiques déjà engrangés - comme une mémoire virtuelle, et c'est celle-là qu'il faut "vider" en remplissant l'autre, la réelle. Retour aux perceptions directes, gestes, respiration abdominale - j'ai vu un ostéo hier qui m'a dit que je bloquais tout au niveau du diaphragme et qui m'a donné comme exercice de vie cette respiration du ventre. Tout dans ta description sybilline désigne des instants que la mort dérobe à ta vie. Ca ne suffit pas de le savoir mais ça peut t'inciter à le mettre en actes.
Citation :devant toutes ces images de femmes que je désire parce que je ne pourrais jamais absolument jamais les avoir
c'est une preuve par l'absurde ? rembobine et régurgite l'incongruité logique, là on n'est pas dans le qui perd gagne, mais dans le qui perd perd. L'erreur de raisonnement, non pas revendiquée mais partagée ici, tu peux t'en servir pour admettre, puis accepter l'idée, que tu as perdu la raison en même temps que l'amour, et chercher ce qui peut te les rendre. Tu n'en es pas loin : à un click ! Tant qu'à citer le Christ ne tronque pas : Aime ton prochain comme toi même. Ni plus, ni moins.
Puisque tu fais un parallèle avec la cigarette, va jusqu'au bout : rappelle-toi comment tu as lâché prise, un jour à la fois, au lieu d'en faire un indémerdable casse-tête.
Chaleureuses pensées.
Salut Xanadu,

L'enjeu est certainement de laisser la vie, c'est-à-dire l'instant dans ce qu'il a de plus concret et donc épuré de nos représentations, reprendre le cours. La discipline, ce n'est pas se mettre une pression monstre, c'est s'essayer à retrouver la douceur du gout de vivre.

Jésus suggère de nous aimer les uns les autres. Moi qui suis chrétien, je sais aussi qu'il n'est pas le seul à avoir remis au gout de son jour cet appel judicieux pour qu'on cesse de nous taper dessus. Il ajoute surtout, "comme je vous ai aimé". Autrement dit, ce n'est pas un ordre mais une mise en perspective. Pour le chrétien, l'amour de Dieu continue de nous faire vivre, et la présence du Christ peut nous toucher au point de nous libérer de nos "démons". J'arrête là mon prosélytisme, mais tout ça pour dire qu'en fait, c'est bien moins un respect à la loi qu'un acte de foi dont il est question. Que l'on soit ou non croyant, on peut essayer d'espérer que "quelque chose" nous donne le courage de nous libérer au jour le jour de cette dépendance.
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