Dépendance sexuelle

Version complète : Je ne sais plus quoi faire
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Ça y est, le cap du mois est franchi. Pour autant je ne m'en réjoui pas, je ne compte plus vraiment les jours. Je crois comprendre que ma dépendance ne se situe pas qu'au niveau du sexe. A vrai dire, j'ai l'impression de tout consommer en excès, d'être accro à tout. Là, m'étant "débarrassé" (bien grand mot) du porno et de la masturbation, je me met à passer beaucoup plus de temps sur des jeux vidéos (l'excuse étant que c'est les vacances et que j'ai pas de boulot). Et quand c'est pas les jeux vidéos, c'est internet. Et quand c'est pas internet, c'est la télé. Etc...etc... Alors forcément c'est facile de tenir face à la porno dépendance si je l'ai remplacé par autre chose. Mais le problème reste là.J'ai l'impression que je ne consomme que des choses qui ne se font qu'en solo, qui m'isolent des autres. C'est peut être ça la raison qui me pousse à me comporter comme ça. Chercher à m'isoler des autres, pour ne pas subir de déceptions, pour qu'on attende rien de moi, pour ne pas me confronter au regard des autres. Pourtant cette situation ne me plaît pas et je veux qu'elle change. Mais en même temps, j'ai l'impression que la vie que j'ai construit jusqu'à aujourd'hui s'articule autour de la dépendance. Je ne vois certains de mes amis que pour les grandes occasions, par habitude et par timidité. J'en fréquentent d'autres qui ont toujours les mêmes problèmes et qui sont autant inertes que moi dans la dépendance. C'est donc pas de ce côté là que je peux changer d'air. Côté travail, j'en ai pas, et j'en cherche pas vraiment, bizarrement. Pas de changement d'idée possible de ce côté là non plus.Bref en ce moment j'ai l'impression d'être sur un mauvais terreau pour repartir vers une nouvelle vie. J'ai envie de tout plaquer, de repartir de zéro, pour me retrouver moi même, et repartir de l'avant.  C'est peut être ça la solution.
Bravo pour ce mois de sobriété, Rodéojack.Je m'identifie à la totalité de ton message. Oui, la conso a de multiples avenues. Pour ce fut l'alcool, le sexe, mais aussi la bouffe sucrée, Internet (j'ai la chance d'avoir lâché très vite le jeu et les jeux vidéo). Je suis encore dans la conso avec le net, moins qu'avant, mais encore dedans. Comme tu le dis, il y a la recherche de ce qui isole. Mais aussi qui n'a pas de limites. Il y a de la quête d'absolu derrière cela, mais complétement perverti. Repartir en ayant mis de côté les objets de la compulsion doit aider à retrouver le sens un jour à la fois. Faire des choses, concrètes, penser aux autres, être à leurs côtés, agir pour eux (dans le monde associatif par exemple) peut permettre de se sortir des dépendances malsaines et égocentriques, tout en se retrouvant.  
Exact : vaincre une addiction expose à en contracter une autre ou d'autres. A moins de traiter la souffrance et de modifier les choix de vie à la racine du comportement addictifD'ailleurs, il est rare de ne souffrir que d'une addiction. Je pense que les comportements de polyaddiction sont plus nombreux que les comportements de monoaddiction. Par exemple alcool et tabac ; ou  jeu d'argent et alcool ; ou jeux vidéo  en excès et masturbation et des heures devant internet ;  ou achats compulsif et  boulimie  et prises  en excès de psychotropes .On peut allonger la liste de plusieurs pages L'addiction est une fuite. Arrêter de fuir ne résout pas nos problème mais nous les rend visibles, évidents. Et si on le décide cesser le comportement addictif nous permet de les confronter.Devant nous s'étale la tâche de résoudre nos traumatismes (régler le passé}, de définir nos valeurs et de faire de ces valeurs un chemin de vie cohérent et adaptable au fur et à mesure de leur possible modification (ordonner le présent et le futur}Faute d'effectuer ce travail, on retombera dans l'addiction.  
Rodeojack, bravo pour la constance de ton effort, qui au bout d'un mois devant le mur te permet de mieux voir...le mur. Le résultat te semble maigre : sans le brouillard mental de l'addiction agissante, certains de tes angles t'apparaissent à vif. Et tu es aussi confronté au déplacement de symptôme (j'ai été alcoolo-dépendant, symptôme résorbé grâce aux groupes de parole de loooongues années avant l'apparition de l'ADSL dans mon foyer, qui n'a fait que remettre le feu à des poudres anciennes)Ben c'est pour ça qu'il faut aller en causer à un psy, parce que c'est tout le travail dont parle thump qui est à parcourir  accompagné, parce que tout seul c'est décourageant, et on ne sait pas si on prend la bonne porte. Alors qu'en payant quelqu'un pour valider notre démarche, il y a une sorte d'alchimie qui se réalise et qui transfigure totalement l'évolution personnelle.

et aussi qu'on est fragile, et qu'une déception, une déprime, et hop le petit train de l'addiction peut repartir  cf LIEN BRISÉ pour les détails croustillants.Donc il faut bazarder, ou laisser tomber, le symptome, puis se mettre en chemin vers un mieux être, aidé par un professionnel compétent, sinon au bout d'un moment on risque de repiquer au truc, thump a cent pour cent raison là-dessus. Il faut se faire aider parce que sans aide c'est trop pour nous, tu comprends ?Une amie écrivait sur ce thème :"Voici quelques réflexions que j'ai pu faire au sujet des addictions. Non que mon avis soit de quelque manière que ce soit autorisé ou justifié, mais c'est plutôt une manière de souhaiter un rapide succès à ** dans son entreprise.Il me semble qu'il faut tout d'abord procéder de manière scientifique, en observant le phénomène de tous les points de vue, physique, énergétique, mental, mais surtout sans y porter de jugement. En effet l'addiction est plus ou moins le sort de chacun, bien que certains comportements compulsifs reçoivent des compliments, ce qui les fait passer pour autre chose. Il y a en effet des addictions à son travail, ou à la propreté dans la maison, p.ex. qu'on peut facilement observer autour de soi. Un autre point qui m'est venu à l'esprit, c'est que le simple fait de vouloir en finir avec l'addiction provoque une tension qu'il va forcément falloir relâcher, et comme la manière habituelle de décompresser est justement l'addiction, il est parfaitement normal que ça reprenne de plus belle.C'est pourquoi je pense que le conseil de *** proposant de remplacer l'addiction par une autre moins gênante est un excellent conseil. Reste à le mettre en pratique, et là l'obstacle peut paraître insurmontable, vu qu'on n'a pas l'impression que le nouveau jouet vaille l'ancien, impression qui se confirme aux premiers essais.Bref, en pratique, après avoir soigneusement noté tous les détails possibles sur le sujet, on peut pour s'aider, se rappeler que l'obstacle ici est fait de prendre les choses au sérieux. En effet ce comportement compulsif qu'on a bâti à partir de rien, a l'air d'une montagne, et c'est là que les observations glanées aux trois niveaux peuvent nous venir en aide, pour décider de ce qu'il en est réellement.Comme dit Castaneda, les gens ne savent pas à quel point il est facile de laisser tomber une habitude; et s'ils ne le savent pas, ils savent autre chose au sujet de ce qui nous occupe, à savoir p.ex. que c'est difficile, long, qu'il y a des échecs fréquents, bref toutes sortes de choses très sérieuses. Ce sérieux, c'est le fait de prendre nos idées pour une réalité de solide et immuable. Elles sont solides, en effet, ces pensées, pour peu qu'on leur prête vie, et immuables, si on les entretient, mais on peut parfaitement jouer à en inventer d'autres, qui seront non moins solides, et je suppose que c'est ce que font les bouddhistes tantriques qui en arrivent à prendre le thé avec leur yidam. Jouer avec les pensées, ça permet de faire un petit peu bouger les noeuds qui nous lient à cette réalité bien précise qui est la nôtre, car nos prisons commencent avec une pensée.Après cette prise en mains des pensées, il convient de choisir une autre "addiction pour jouer", et là il suffit de choisir parmi nos penchants naturels, quelque chose de non gênant. Si on a l'impression que ça ne marche pas, il faut se rappeler que c'est un jeu; on fait semblant en attendant de voir qu'on a fait semblant beaucoup auparavant, pour en arriver à créer cette réalité qui nous embête.  "pour l'aspect légèreté, je rappelle le débat yop-dragon, long et instructif LIEN BRISÉ 

Voila, aujourd'hui j'ai rechuté, mettant fin à 5 semaines de sevrage. Pourquoi? je saurais même pas le dire. J'ai eu la pression toute la journée en pensant qu'au Q et à la fin j'ai perdu le contrôle et j'ai fini par craquer. Est-ce parce que je me suis rendu compte du travail qu'il me restait à faire sur moi même que j'ai flippé et que j'ai cherché à fuir? Est-ce parce que j'ai été privé de télé tout le week end que, faute de pouvoir me changer les idées, j'ai cherché à "m'occuper" comme je l'ai longtemps fait? Est-ce parce que j'ai eu peur de devoir un jour consulter un psy pour mettre fin à un problème que j'ai créer seul? J'en sais rien, c'est ptét un peu des trois, ou ptét autre chose encore. Ce qui est sûr c'est qu'il y a encore BEAUCOUP de boulot à faire pour tuer la bête. Et le pire c'est que je sais même pas si je vais pas recraquer entre ce soir et demain. Toujours cette envie de fuir, MAIS FUIR QUOI BORDEL? Je veux dire ya des gens qu'ont des problèmes bien pires que les miens dans ce bas monde et y passent pas leur temps à se branler. Pfff j'me dégoute, j'me trouve con, faible et impuissant face à la dépendance.
Citation : Rodeojack a écrit: Voila, aujourd'hui j'ai rechuté, mettant fin à 5 semaines de sevrage. Pourquoi? [...] Pfff j'me dégoute, j'me trouve con, faible et impuissant face à la dépendance.
C'est la vie, Rodeojack, tout n'est pas toujours rose, malheureusement. Le tout est de se remettre en selle rapidement ; c'est comme les vieux semi-grabataires, quand ils font une chute, plus ils restent au sol longtemps, moins ils ont de chance de s'en sortir. Pourquoi ça arrive ? Parce que.Tu peux, au-delà de ce "parce que" bien insuffisant, chercher dans ta mémoire chacun des petits rien qui ont fait ce tout qu'est la rechute. Peut-être un petit coup d'oeil de trop par-ci par-là ? Un acharnement, une trop grande culpabilité ? Je ne peux savoir. En revanche retiens-bien la leçon : celle de ta vulnérabilité face au produit, que l'on retrouve chez tout dépendant. Essaie, si possible, de vite passer sur le dégoût, il ne sert pas à grand chose non plus, et serait presque à même de te faire re-rechuter, pour te faire oublier quel "con" tu as été d'y retourner : c'est bien connu, le pochtron "boit pour oublier qu'il boit". Puis reviens à l'essentiel : la reconstruction. 5 semaines c'est bien, très bien même. Et tout n'est pas perdu pour autant, tu le sais bien. Ce que tu fuis, toi seul le sait : pour savoir de quoi il s'agit, écoute un peu la grande voix derrière la petite ; celle qui, plutôt que de te murmurer des saloperies, a des choses à t'enseigner. Allez, courage !

P.S. : ah oui, un truc qu'on oublie trop souvent de préciser ; du fait que tu viens de rechuter, tu seras effectivement tenté de "finir le travail" en t'épuisant à la branlette compulsive, comme pour expier ta faute en te faisant d'autant plus de mal, comme si tu ne pouvais vraiment repartir dans le sevrage qu'à condition que la rechute soit "totale". Tombe pas dans le panneau. Relève toi, et marche. Point barre.

Je confirme : 5 semaines c'est bien. Ca signe une force et une volonté confirmées de s'en sortir. Appuie-toi la dessus. 
Merci pour vos messages, mais je dois avouer que c'est dur de passer outre le dégout et la culpabilité, parce qu'en passant outre j'ai l'impression de contourner le problème. Je crois que je me sentais un peu trop confiant face à la dépendance, j'avais mis ça un peu de côté genre, "ça c'est plus un problème, je maitrise". Connerie. Pis je me racontais des histoires de temps en temps, maintenant il faut que je me mette face à moi même, sans détour. Y a que ça qui me permettra d'en sortir.J'avais un autre problème aussi, celui de savoir quand est-ce que je consomme par compulsion. Par rapport au porno et a la MB j'en consommais pas une goutte jusqu'a aujourd'hui mais j'essayais d'identifier par rapport a Internet / télé / jeux vidéos à quel moments je consomme par compulsion, pour remplacer la porno dépendance, et à quel moment je consomme simplement par plaisir. Mais comment savoir finalement? Dois-je me priver de tout et vivre dans un cube aseptisé sans rien autour de moi pour être sûr de ne pas compulser? Je ne pense pas. Je pense que je ne dois plus me donner de raisons de "fuir" pour arrêter de fuir et consommer normalement.
Citation : Rodeojack a écrit:  Mais comment savoir finalement? Dois-je me priver de tout et vivre dans un cube aseptisé sans rien autour de moi pour être sûr de ne pas compulser? Je ne pense pas. Je pense que je ne dois plus me donner de raisons de "fuir" pour arrêter de fuir et consommer normalement.
Les mêmes questionnements reviennent dans des situations analogues. Je me suis posé ce genre de questions avant même de commencer à me battre contre la dépendance au porno. A l'époque ( mai 2009 ), je commençais à vraiment en avoir ma claque de la téloche ( à cause de sa bêtise sans cesse grandissante et de ma tendance m'y enchaîner comme au piquet de l'instant ). Alors je m'en suis séparé, ni plus ni moins, et ce de façon tout à fait naturelle, parce que je sentais que, là aussi, il y avait un problème. "Consommer normalement", pour un pornodépendant, donc avant tout un dépendant ( donc un type qui consomme essentiellement sur un mode compulsif tout ce qui lui fait oublier son malheur ), je vois pas comment c'est possible. Se débarrasser des trucs trop dangereux, à force, cela fait un peu cube aseptisé il est vrai, mais quand j'y pense, je ne vois pas le cube vide, je vois tout ce que j'ai mis dedans à la place, et qui me réjouis bien plus. Et la jeunesse n'y change rien. Au jour d'aujourd'hui, j'ai 19 ans, et : je traine moins sur internet, ne joue plus aux jeux vidéos depuis 3 mois ( après 10 ans de consommation acharnée ), ne consomme plus de porno et ne me masturbe plus depuis ( presque ) 8 mois ( après 3 ans à fond précédés de 5 ans et demi d'initiation ), ne regarde plus la téloche depuis 1 an et deux mois environ, et je ne me souviens plus depuis combien de temps je n'écoute plus la radio. Pourtant j'ai des projets plein la tête, que je mène à terme pour certains, sors tranquillement de ma dépression, recommence à dormir à peu près correctement après 3 ans de n'importe quoi, bref, je goûte la vie, de nouveau.

A évincer les moyens de perdition consumériste, on n'atterrit pas dans une bulle aseptisée, mais plutôt dans un monde plus que jamais centré autour de nos véritables désirs, plus en phase avec le réel, et nos émotions. Ce ne sont pas les guignols de la télé, les icônes virtuelles ou les speakers compulsifs qui te sortiront de ta mouise. C'est toi, et toi seul. Bien sûr tu peux te faire aider, et cette rechute n'est qu'une raison de plus de te tourner vers le soutien précieux que t'apporterait un psy.   

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