Bon, 

C'est suite à une nouvelle compulsion de masturbation que je prends la plume. 
Je bosse chez moi, je dois écrire une note importante, et une pensée arrive. UNE pensée.
Trois minutes après, je suis dans ma chambre à me soulager. 
Impossible de résister à cela. 
Et après, dégoût, c'est trop. Trop longtemps. Trop de fois. Mauvaise image de moi. Désespoir. 

Je suis en dépression depuis une bonne année. Ma fille de 14 ans a subi des abus sexuels de la part d'enfants de son âge quand elle était petite. on a découvert le truc l'année dernière. Hospitalisation, etc... Ma fille est très fragile depuis
Je précise que de mon côté, à part une photo de ma compagne nue qu'elle a vu une fois sur mon ordi, le reste du temps, elle n'a jamais eu accès à quoi que ce soit. Elle ne sait rien de mon addiction et j'ai la tête sur les épaules. 
Rien non plus d'ambigu dans mon lien avec ma fille. 

Bref, depuis cet épisode, je vais mal. Ma vie sentimentale est partie en live. Et la masturbation est devenu un refuge. Sachant que cette pratique, je l'ai depuis que j'ai onze ans environ. j'en ai quarante trois aujourd'hui...
Sauf que
Les voyants sont au rouge. Je sens de tout mon être que quelque chose ne va pas et que ce malaise se déploie ensuite dans les autres parties de ma vie. 
Ma dépression a gangrené toutes les parties de ma vie; amoureuse, familiale, financière, professionnelle...
Là, je crois que j'en ai plus qu'assez. 
Je précise aussi que je consulte un psy, mais deux à trois fois par mois, vu que les finances ne permettent pas. 

j'ai tenté une fois de ne plus rien faire. de ne plus me masturber du tout. Deux semaines. 
Faut-il couper court, cesser du jour au lendemain? 
Avez vous des conseils à me donner? 
Des modes d'emploi? 

J'avoue que je me sens complètement ficelé par cette addiction. 
La tristesse est immense. 

J'ajoute que la compulsion se manifeste aussi sur les sites d'informations (le monde, etc...) et facebook. 
Là, c'est pareil, je subis. J'y vais une dizaine de fois par jour...


Vos conseils sont les bienvenus. Merci. 

Snowman

Bonjour snowman

Merci de ta présentation.
Ton souci si j'ai bien compris, c'est la masturbation compulsive. Tu as une idée, et vite tu concrétises pas une mb. Combien de fois tu fais cela par jour ?

Les idées érotiques font partie de ta vitalité intérieur, si tu te masturbes immédiatement, tu ne leur laisses pas le temps de grandir, de se décanter, d'être finalement une préparation pour l'acte réel quand il va se présenter.

Dans la présentation de ta souffrance, tu fais immédiatement un rapprochement avec les problèmes de ta fille. Vous avez deux problématiques sexuelles distinct, qui n'ont rien à voir, je pense que dans ta tête, il ne faut pas tout mélanger. Même vos deux dépressions respectives ne sont pas à associer. 

Elle a eu une expérience malheureuse avec des personnes de sont ages, c'est avec des personnes de son age, donc son travail à elle est de pardonner à ses agresseurs, travail très difficile j'en convient. Si ses agresseurs étaient des petits enfants, il convient peut-être de relativiser.

Voilà mes premières impressions, sans doute dites maladroitement, à bientôt.

Bravo pour ta démarche.
Je lis toute ta souffrance dans ta présentation. Tu as fait le bon choix que de vouloir t'en sortir.

Tu as réussi à arrêter la mb pendant 2 semaines c'est très bien !
J'en parlais à mon psy récemment et lui disait que quand je réussis un sevrage de 3 jours j'allonge à 4 puis 5 puis 6 etc
Il m'a dit qu'il vaut mieux répéter plusieurs fois un sevrage "court et régulier" plutôt que de repousser en permanence l'échéance. Répéter des petites victoires installe un dynamisme, une motivation, un accomplissement positif. Essai tu verras si ça te convient ou pas

Je te conseille aussi puisque tu es sujet à des envies quand tu es sur ton ordinateur de te fixer en allumant ton ordinateur le but pour lequel tu l'allume. Ça m'aide parfois à me résoudre à refuser mes envies, mes pulsions.

Bon courage

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Burrhus et thunderbird merci de vos réponses. C'est étrange car le seul fait de vous lire m'a ému. C'est vous dire l'isolement que j'ai construit...
Pour répondre à la question de Burrhus, la masturbation ca peut être 2 fois / jour maximum. Effectivement, une pensée survient et je ne résiste pas. Cette non résistance est chronique et je l'ai tenue à distance , à peu près en agissant beaucoup. Boulot surtout. Mais si je suis honnête, je suis obligé de reconnaître que cela fait partie de mon quotidien, bon an mal an, c'est intégré. Comme la cigarette par exemple.
Le fait d'être au fond du trou accentue le malaise. J'écrivais ce matin avec une sensation de malaise.
Ca n'a pas raté. Journée de travail dégelassent et oubli de 2 Rdv médicaux pour ma fille. On arrive elle et moi à en rire.
Je vais tenter de petits objectifs. Une semaine disons, et voir.
Et éteindre l'ordinateur aussi, je me disais ca tout à l'heure, je ne l'éteins jamais à dire vrai, toujours en veille.
Je ne sais si c'est la dépression qui colorie tout en noir, mais je réalise peut être seulement aujourd'hui que cette pratique m'a tenu à distance j'ai l'impression.
J'ai de gros besoins sexuels. Ont ils été façonnés par cette dépendance ou bien suis je comme ça. Toujours est il qu'avec ma précédente compagne, le manque sexuel était présent et usant, vu qu on n'habitait pas ensemble.
Et donc, pendant la semaine, masturbation via le porno.
Bref, emprisonné j'ai l'impression.
En soi la masturbation n'est pas un problème. C'est comme l'alcool. Mais le gros coup de massue, c'est de reconnaître qu'il y a bel et bien addiction.
Merci de votre soutien, je continue à creuser. Et l'échange vaut de l'or.

Snow Man


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Si ça peut te rassurer j'ai aussi l'impression d'avoir de gros besoins sexuels mais également de ne pas être épanoui car je ne pratique pas tout ce que je vois en vidéo et qui m'excite tellement. Ce n'est pas ma sexualité. C'est l'addition qui me fait croire que j'ai envie de ça. C'est l'addition qui me donne l'impression d'avoir de si gros besoins sexuels. Tu verras qu'avec le sevrage tu apprendras à te re-découvrir

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Merci Fr-ed et thunderbird ppur vos messages. Comme tu dis Fr-ed, "Oui, sauf que". Je suis bien d'accord. L'argument du "rien n'est un problème" ne tient pas longtemps. Mais il fait mal parce qu'on sait, on connaît d'autres personnes qui vivent ça tranquillement. 
Oser faire le ménage, ça correspond à ce qui se passe, un peu malgré moi, depuis un certain temps. Tous les fondamentaux sont remis en cause et je vois, prends conscience des enchainements qui sont les miens. 
Et c'est vrai qu'aussi loin que je remonte, j'ai la sensation que la masturbation et l'addiction progressive au porno, couplées avec une culpabilité, ont façonné un rapport biaisé au monde. Un rapport où je me sens illégitime, pas normal, pas à sa place, n'appartenant à aucun groupe. j'extrapole sans doute un peu, mais que ce soit avec mon psy, mon coach professionnel où ce que je remarque dans la masturbation, il n'y a pas de prise de décision. 
Pas facile de gérer tout cela quand on doit surveiller son enfant de 14 ans qui a des tendances dépressives et potentiellement suicidaires, qu'on gère soi-même son travail (ça marche que si je suis bien organisé et enthousiaste) et que sa vie de couple a explosé.
Pour revenir sur la masturbation en elle-même, j'ai repéré deux choses: 
1) - la défection par rapport à une tâche quelconque, travail, ménage, mais la plupart du temps travail. 
2) - Cela vient pour empêcher un vide, un vide que par ailleurs je souhaite ardemment (dedans, j'y mets la méditation, la lecture au calme, le rien faire)
3) - Le plaisir est minable comparé au malaise qui s'ensuit. Lorsque je gérais bien, j'appelle cela une simple détente physiologique. Mais récemment, cela donne tous les signes d'une addiction réelle. Désertion, impossibilité à résister, etc...
Comment se défaire d'une habitude, d'un pli qui s'est installé depuis 30 ans? A l'écrire comme ça, ça parait mission impossible.

Bref, la sensation d'être cerné. La perception assez claire d'être cerné par quelque chose. 
Mis à part de minuscules victoires, organiser ses journées, remplacer les pulsions sexuelles par autre chose, je ne sais pas. 

J'oublie quelque chose d'important. Aujourd'hui, retrouvailles avec mon amante et donc la question de la masturbation ne se pose plus. Si les corps s'éloignent, cela reviendra automatiquement. 

Le problème reste entier. 

Snowman

Bonjour Snowman,

sois le bienvenu ici ! Nous n'avons pas encore eu l'occasion de discuter. Je me retrouve dans beaucoup de points... Et combien de fois j'essaie de fuir dans une forme de procrastination qui peut aller à regarder mes mails, à aller voir sur internet... Hélas, je m'aperçois que je n'ai trouvé qu'une seule solution, la volonté. Lorsque je dois travailler sur un dossier, je me donne une plage de 1H30-2H, où je coupe internet / mail. Et même si une petite voie me dit d'aller voir si un mail ne serait pas arrivé... Et bien non.. (OK, parfois je n'y arrive pas).
Si tu fais de la méditation, cela devrait t'aider, tu te cales bien dans l'instant présent. Et l'instant présent c'est ton dossier. Si une pensée arrive (mail, masturbation), tu en prends conscience comme ce qu'elle est une pensée, une production de ton mental, et tu te recentres sur ta respiration et ton travail. Avec de l'entraînement, cela marche et avec le temps cela devient un réflexe... même si parfois il faut se forcer.

Ton post me fait aussi réagir sur un autre point. Ne cherche pas des excuses à l'extérieur, dans ton environnement (ta fille, ton couple). Tu es responsable à 100% de ce qui t'arrive. J'ai mis du temps à le comprendre. Nous sommes responsables à 100%. Nous ne sommes pas des victimes. Ma fille ne va pas bien, donc je me masturbe... Relis la phrase et tu verras qu'elle n'a pas de sens... Et pourtant comme toi, longtemps j'ai mis en cause la pression à mon travail, ma vie de couple, la fatigue avec les enfants... Je suis d'accord cela n'aide pas. Mais aujourd'hui je suis convaincu que même si je n'avais pas ces problèmes, je m'en créerais d'autres.

Voilà, maintenant ce n'est pas simple, ce n'est pas en un jour que tout change. Et je suis bien placé pour la savoir. Et cela me fait du bien de te l'écrire, car cela me rappelle des points fondamentaux pour moi que parfois j'oublie.

Tu dis te sentir cerner... Peut-Être qu'une solution est de ne pas te poser trop la question de ce qui va advenir, mais simplement de ce qui est là maintenant. Concentre toi sur le présent, un jour après l'autre. Lutte (car c'est une lutte). Dis toi que chaque petite victoire est un pas. Jour après jour.

Tu écris que tu fais de la méditation. Je te mets un lien vers le WIKI où j'avais mis des éléments sur une méthode utilisée chez les alcooliques (SOBER) et que tu peux essayer. Avec un peu d'entraînement, cela peut aider (ça m'a beaucoup aidé).

Tu es dans la dynamique, c'est ce qui est important.

Voilà, bon courage à toi.

Fabrice