Dépendance sexuelle

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Salut tout le monde

Un petit récap : je suis inscrit sur le forum depuis un an et demi et ma plus longue abstinence est de 2 mois. En ce moment je ne veux pas dépasser les 4 semaines.... et la dernière fois c'était plutôt 10 jours. Je suis célibataire, depuis 2 ans environ mais en fait je crois que malgré mes quelques aventures ne dépassant pas un an et demi j'ai été célibataire toute ma vie.
Je suis passé par toutes sortes de phases depuis la prise de conscience de l'addiction : le "plus jamais ça" avec un comptage régulier des jours jusqu'à en devenir obsessionnel, le "rien à foutre" et ses rechutes assumées, les périodes de colère, les périodes d'incompréhension, les périodes de dépression ou de découragement : celles qui ménent le plus facilement à la rechute et le "un jour à la fois" qui est plutôt ce que j'essaie de vivre en ce moment.

Mais l'envie d'en finir avec ce fardeau immense est toujours là.
Je suis une thérapie avec un psy spécialisé dans l'addiction. Je crois que ça aide.
A chaque nouvelle rechute je reprends l'engagement, j'affine mon filtre protecteur, j'essaie de comprendre davantage.
En ce moment c'est une période d'opportunité, de nouvelles occasions se présentent, dans le travail et dans mes occupations annexes principalement, donc j'essaie de respirer et de me dire que je vais arriver à me libérer. Ce n'est qu'une question de mois. Car je distingue un peu ce qu'il y a derrière l'addiction, au delà, et c'est magnifique.

Pour démarrer ce nouveau topic je reprends un truc que disait john warsen sur un autre topic.

Citation :en fait avec la masturbation tu es accro à deux choses distinctes :
-un shoot d'endorphines à effet apaisant au moment de l'éjac' mais qui n'a plus rien d'oeuf au rizant
une fois que c'est devenu une "fixette"
cf LIEN BRISÉ
-l'excitation sexuelle (le besoin qu'il se passe qq chose dans ta morne plaine : sans activité sexuelle tu as l'impression d'être mort, et là, rien ne remplace l'expérience :
il n'y a qu'en pratiquant que tu comprendras que ce n'est pas le cas)

Pour la première chose ok.
Pour la 2e je crois que c'est beaucoup là que le bât blesse pour moi. Quand il y a accumulation de mauvaises journées, que je n'ai pas de nouvelles de mes proches, qu'il y a isolement et solitude... je glisse facilement vers la facilité et le porno. Le courage me manque dans ces moments. Effectivement j'ai l'impression d'être mort.
Et ensuite qu'est ce que tu veux dire John par "rien ne remplace l'expérience, il n'y a qu'en pratiquant..." ? Tu peux expliquer ?
Sinon d'autres avis sur la question et plus largement sur les périodes dépressives ?

Merci pour vos avis :trefle:
Je suis peut-être allé un peu vite. Mot à mot, "il n'y a en pratiquant" = il n'y a qu'en faisant autre chose que ce que tu fais d'habitude quand tu as peur de la mort (puisque la dépendance consiste à combattre la douleur par ce qui la provoque) que tu t'apercevras qu'il est possible d'échapper pour aujourdh'ui à la compulsion, puis d'accumuler de la distance spatio-temporelle, et finalement de lui tourner le dos délibérément, c'est à dire après lui avoir arraché ta liberté (sans avoir peur qu'elle en profite pour te faire un enfant dans le dos)
Sur la dépression et ses cycles, j'hésite entre te suggérer de relire mes blogs (anciens et nouveaux) où j'ai déposé mes trouvailles, mais dont le style est assez fatiguant à décoder, et dont la lumière n'éclaire que moi, et encore quand je m'asseois sur ma lampe de poche, et le conseil tout simple d'éteindre ton ordi et "pratiquer" autre chose le plus souvent possible (cf mon Haïku du soir : Accroupi/Près du bocal/Les yeux mi-clos/Le chat répète/"je n'aime pas le poisson.")
Tout ce qui te permettra de te concentrer sur autre chose que l'addiction ou son sous produit le sevrage.
Cherche les messages ayant trait à Loonis et à la vicariance sur ce forum.
Déprimés, nous sommes des proies beaucoup trop faciles : des lapins écorchés dont Moloch ne fait qu'une bouchée.
Et nous recrache tous machouillés, dépités, dégôutés.
Bonjour Maigan

Pour ce qui me concerne, un des enjeux est dans l'acceptation de ma condition humaine et de ma fragilité. J'ai souvent tendance à me mettre la pression et à mettre la barre très haut, et m'amène à me tourner vers la culpabilisation qui est aussi une fuite de soi-même comme explique la théologienne chrétienne orthodoxe Annick de Souzenelle. Dans la continuité de l'acceptation, il y a la confiance. On peut vivre sans être esclave de ses passions. Et la libération n'est pas à chercher dans un futur ou un ailleurs lointain, mais dans le concret de l'immédiat. C'est pour cela que je considére le "un jour à la fois" comme fondamental. Avoir confiance dans l'idée que c'est possible et dans le fait que la vie ne t'a pas placée là pour te faire souffrir.
Par ailleurs, je ne me mets pas martel en tête parce que je suis un être de désir. je ne rejette plus mes désirs. Je les accepte. Après la question est de savoir éviter leur expression anarchiques. Je dois les ordonner, et obtenir qu'elles s'expriment dans l'amour (de moi et de l'autre) et le respect (de moi et de l'autre). C'est le coeur qui compte, pas autre chose. ;-)

Bon courage à toi.
Salut tout le monde

Merci John et Bruno pour vos réponses.

Donc John d'après toi les états dépressifs sont liés à la peur de la mort ? Je n'avais jamais envisagé ça comme ça. Faire autre chose que ce que je fais habituellement quand j'ai peur ..., intéressant comme idée.
C'est vrai que la dose de porno donne l'impression d'exister, puisque je me réfugie dans la sensation à outrance. Avec le porno j'existe, ou plutôt je veux bien me leurrer en me faisant croire que je me sentirai plus vivant, ce qui en fait a l'effet inverse de celui escompté ...

A propos de la dépression, c'est vrai que parfois la solution se trouve dans le fait d'éteindre son ordi, mais je l'oublie si souvent celle-là...ça capte trop l'attention ces engins là. Ya pas à dire l'effet bocal c'est balèze, et pourtant c'est vrai que je n'aime pas le poisson !! Terrible... à garder en mémoire donc, si possible...

Comme tu dis Bruno, c'est vrai que parfois moi aussi je mets la barre haut. Accepter ce qui est, est déjà un pas vers autre chose.
A propos du désir : aujourd'hui j'en suis à un peu plus de 2 semaines et mon bas-ventre commence sérieusement à me titiller. Je viens de passer devant un kiosque à journeaux et j'ai vu un bête magazine pour homme, même pas érotique, avec en couverture une femme et un bout de mamelon, à moitié dévoilé. AAAAAArgh. L'effet est immédiat : stimulus, excitation, envie, c'est direct. Le truc qui doit être en fait hyper calculé au moment du shoot du mannequin. J'imagine la personne qui arrange le top de la dame au millimètre pour qu'on en voit un peu mais trop..... triste en fin de compte. Mais sur le moment ça produit son petit effet.

Moi aussi (comme nous tous je pense) je suis un être de désirs, et oui il s'agit d'ordonner tout ça et de leur permettre de s'exprimer dans un amour véritable, une bienveillance pourrait-on dire encore.

En ce moment je sens l'envie de sexe qui est très forte, beaucoup de désir donc. Heureusement pour moi j'ai le souvenir de toutes ces rechutes qui est aussi très présent. Mais cette envie, qui s'est si souvent exprimée dans la branlette au pied du bocal, c'est une énergie de vie n'est-ce pas ? Donc c'est du tout bon. Et si je ne veux pas retomber dans le cercle vicieux, il y a peut-être à revoir comment utiliser son énergie ... avec bienveillance...

A suivre ... :trefle:
Citation :Maigan a écrit:

Moi aussi (comme nous tous je pense) je suis un être de désirs, et oui il s'agit d'ordonner tout ça et de leur permettre de s'exprimer dans un amour véritable, une bienveillance pourrait-on dire encore.

En ce moment je sens l'envie de sexe qui est très forte, beaucoup de désir donc. Heureusement pour moi j'ai le souvenir de toutes ces rechutes qui est aussi très présent. Mais cette envie, qui s'est si souvent exprimée dans la branlette au pied du bocal, c'est une énergie de vie n'est-ce pas ? Donc c'est du tout bon. Et si je ne veux pas retomber dans le cercle vicieux, il y a peut-être à revoir comment utiliser son énergie ... avec bienveillance...

Je pense que tu touches juste là Maigan. Je me pose également beaucoup de questions au sujet du désir, qui habite tout un chacun finalement.
Le tout est de ne pas confondre un désir "sain", d'un désir "pervers" si je puis dire. La limite entre les deux est très difficile à trouver et c'est un gros risque pour nous dépendants...
Lorsque j'étais en couple j'appliquais la consigne "tout plaisir non partagé mène à la dépendance". Mais maintenant que ma situation a changé, que je suis célibataire, c'est beaucoup plus difficile je ne te le cache pas...
Je traverse une série de crises d'angoisses.
Je me demande bien à quoi sert la vie
Mon boulot est dur.
J'en ai marre d'être célibataire
Help
Coucou Maigan.

Quand je suis angoissé, c'est quand je regarde vers le noir, quand je me focalise sur ce qui va mal, alors qu'il y a de la lumière. La vie peut-être appréciée. J'y parviens, quand je regarde ce qu'elle m'offre vraiment, dans sa simplicité. Quand je deviens exigeant, quand je m'attache à certains objets, je vais mal, et j'ai peur de la frustration. N'oublie pas que la vie t'aime puisqu'elle t'a fait le cadeau de lui permettre de se donner au monde à travers toi.

Bon courage.
Merci pour ta réponse Bruno. C'est réconfortant.
En ce moment il y a une accumulation de choses pas faciles dans ma vie et dans ce cas difficile de ne pas regarder même juste un peu vers le noir....
Au cas où je suis dans un tunnel, j'espère qu'il y a une sortie car la répétition des mêmes événements tue.

Merci en tout cas
Et merci à toi (ex-)addict ? pour ta réponse
:trefle:
Pas de quoi Maigan !

Je vis un peu la même chose que toi en ce moment, notamment le célibat... J'angoisse pas mal sur l'avenir, en plus je suis à la recherche de mon premier emploi et je vois pas grand chose venir. Pourtant c'est pas faute de faire des démarches. Espérons que ça paie !
Comme le dit Bruno, c'est quand on a des exigences que ça devient dur. Bien sûr j'ai des projets, des choses qui me font rêver, mais cela me parait irréalisable : c'est ça qui fait que je vois tout en noir.

J'ai lu sur un autre topic qu'il fallait se battre pour des projets mais ne rien attendre en terme d'issue. Pas facile d'appliquer ça...

Résultat : j'ai failli rechuter il y a quelques instants... J'en suis à 5 semaines de sevrage aujourd'hui, je vais tenir bon !

Courage à vous Maigan et Bruno !
Courage tous les deux. Chez les AA, on dit, "je me dois d'essayer, mais je ne suis pas responsable du résultat". C'est une facçon d'appréhender qui peut-être libératrice. Je dis ça, mais je ne suis pas toujours dans cet état d'esprit. D'ailleurs, pour moi aussi ce n'est pas le top. Mais j'essaie de garder cette foi qui me guide, de garder cette lumière qui se trouve là bas, au fond du tunnel. Car elle est là, hein, cette lumière, Maigan ? ;-)

Bon courage !
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