Dépendance sexuelle

Version complète : 12 Février 2008.
Vous consultez actuellement la version basse qualité d'un document. Voir la version complète avec le bon formatage.
Pages : 1 2
Le 12 Février 2008, c'est le jour où j'ai décidé que je tiendrai ferme le sevrage.
Cela fait 10 jours aujourd'hui, et hier soir, j'ai rechuté.
Malgré ma motivation, ma détermination, malgré le forum, malgré DASA, j'ai rechuté.
Pourquoi ?
La tension. Cela faisait trois jours que je subissais une tension monstre.
Une tension nerveuse énorme. C'est de l'irritabilité au plus haut point. S'il y a la moindre petite contrariété, j'ai envie d'exploser, d'insulter tout le monde, de frapper, de cogner, de tout casser. Une fois, il n'y avait même pas de raison.
Heureusement, j'ai toujours réussi à l'intérioriser.
Cette tension vient de deux choses :
Tout d'abord, il y a la pression que je subis.
Il s'agit de tout, de ma mère qui est sur mon dos, de mes potes qui ne supportent pas de me voir rien faire alors qu'ils bossent leur math comme des ânes, et qui pour se venger me jugent comme un feignant, un sans avenir qui a déjà raté sa vie, il s'agit de la fac, et de tous les tracas et peine qui accompagnent mon quotidien.

Ensuite, il y a le fait que je n'ai plus rien pour évacuer ça. Il n'y a plus le porno pour me branler et me filer ma dose, il n'y a plus la cigarette pour m'assommer le cerveau, il n'y a plus les soirées où je fume du cannabis et bois jusqu'à vraiment me mettre minable (à la mode dans ma génération) puisque j'ai décidé de changer de vie.

Et donc, il y a ce putain de cerveau archaïque qui, pour ceux qui ne le savent pas, est le siège de nos émotions, et qui, chez moi, a été habitué à recevoir sa dose d'hormone de bien-être pour fermer sa gueule en contrepartie, et me laisser vivre une vie émotivement plus... calme (léthargique est le terme adéquat).
Et comme ce cerveau archaïque essaie de faire du moindre événement de ma vie un enfer, hier j'ai craqué, absolument consciemment, mais poussé par cette tension.

Toujours est-il que je n'abandonne pas le sevrage. Cette rechute m'a permis de prendre conscience que sans suivis psychologique, voire médical, j'aurai bien du mal à tenir le sevrage.
La première chose qui m'a venu à l'esprit après la rechute, à part "putain j'me sens quand même vachement mieux", c'est "je ne veux plus avoir besoin de ça pour me sentir bien, je ne veux plus de cette vie là, je veux la paix, le calme, la sérénité".

Je ne sais pas vraiment comment faire pour lutter contre ces émotions hiroshimiesques (que j'assimile aux cris d'agonie de ma dépendance qui se meurt).
Je réfléchissais à l'idée de voir un psychiatre, mais l'idée de prendre des médocs n'est vraiment pas acceptable pour moi.

Cette rechute n'est qu'un dérapage dans mon sevrage. je l'ai comprise, analysée, anticipée. Ca m'a foutu un coup dans le moral, mais au moins je me sens plus "apaisé", et ça me laisse le temps de me trouver un spécialiste.

Donnez-moi vos conseils, je n'arrive vraiment pas à faire face à ces émotions qui me submergent (et qui en plus me rendent détestable pour ma famille qui me vie au quotidien)...
Bonjour indoniisan

le 22 février 2008, c'est le jour ou tu as fait un pas de plus dans la compréhension du piège dans lequel tu te laissais enfermer petit à petit : celui de la dépendance à ces petits plaisirs en réponse à la moindre crise émotionnelle ou physique. Tu as parfaitement compris que ce qui se joue en ce moment, c'est ta LIBERTE. Ta liberté de choix, et ta liberté à construire une vie qui te remplisse enfin de joie, de bonheur, de paix.

Il est probable qu'un suivi psychologique te fera du bien, mais je pense que ce qui te manque le plus, au delà de ce but très louable de te libérer de ta colère, de tes dépendances, c'est un but pour ta vie en général. As tu des projets ? Des idées ? Des talents ? Veux tu faire de ta vie quelque chose de calme, ou d'exaltant ? D'ouvert aux autres ou plutôt d'introspectif ? Il y a mille manière de réussir sa vie, d'être heureux. Je te souhaite de trouver la tienne.

Bon courage et surtout, ne perds pas espoir.

quest
Mon projet est là, il se clarifie de jour en jour.
Je suis étudiant, mais bientôt travailleur social.
Mon projet ? Participer à/Créer une association de prévention et de lutte contre les dépendances.
Je ne suis pas quelqu'un d'ambitieux socialement.
Le bonheur auquel j'aspire est loin d'être un projet matériel.
Ce qui me manque, c'est bien un suivi psychologique, et des méthodes pour mieux gérer mes émotions.
La forêt se révèle au fur et à mesure que j'abats un à un les arbres, et je n'ai pas les outils nécessaire pour aller plus loin. Donc forcément, je me plante.
Mon projet ? Sortir de la dépendance avant tout. C'est ma priorité, et la condition à réaliser sans laquelle je ne pourrai rien bâtir de réellement positif.
Si ça peut t'aider, va faire un tour là-bas. http://membres.lycos.fr/emotifsanonymes/
C'est le site d'Emotifs anonymes (Europe francophone). Tu y trouveras notamment la liste de leurs réunions en France, et je vois que le seul groupe du Nord se trouve à Douai... ;-)
Perso, j'avais fréquenté le groupe de Lille avant qu'il ne disparaisse. Là, je me suis inscrit à leurs forums.

Il en va des émotions comme n'importe quelle autre dépendance. Si on leur donne prise, si on les laisse tout dominer, c'est dévastateur. J'étais dans la colère cette semaine. Mais avec ma pratique des programmes en 12 étapes, je commence à comprendre que ce n'est pas en alimentant le ressentiment et les angoisses que je vais m'en sortir. D'abord accepter que je suis comme cela. Puis faire l'effort de mettre en place d'autres réactions pour relativiser les événements, voir ce que je peux changer concrétement et petit à petit face à une difficulté. Ce qui dépend de moi et des autres etc... C'est donc tout un long et patient travail pour mettre en place une auitre façon de vivre. Tu ne peux pas tout changer du jour au lendemain. Tu as démarré un réapprentissage de de la vie et dis toi que tu as de la chance, car toi, tu es jeune ! Et puis, tu seras toujours confronté à des tracas, des difficultés, des gens qui te posent problème. Il ne s'agit pas de se résigner mais de voir ce que tu peux faire toi pour ne pas en faire une montagne et faire ce que tu es en capacité de faire. Ce qui est sûr c'est que ni l'alcool, ni le tabac, ni le cannabis, ni la branlette compulsive n'aident à résoudre les problèmes, au contraire !

Bon courage ! :Hello: :-)
J'oubliais : les psys ne donnent pas systématiquement des médocs. Moi, je vis sans ces trucs et je vois un psy chaque semaine.
Je trouve que tu as très bien analysé ta rechute indo. On a tous connus ces situations de stress tellement intense qu'on y voit plus qu'une seule issue...
Le truc c'est que ce sont nos années de dépendance qui nous ont programmé à réagir de la sorte lorsqu'un obstacle se présente. Que fait une personne non dépendante lorsqu'elle connait un coup de moins bien ? Elle va se défouler en faisant du sport, discute avec ses amis, se reconcentre sur un projet qui lui tient à cœur. Bon, tu me diras, c'est pas si simple et en réalité on a tous nos névroses (j'ai quand même des restes de la lecture de "Cinq leçons de psychanalyse" lors de mon année de Term' ;-) ).

Citation :Mon projet est là, il se clarifie de jour en jour.
Je suis étudiant, mais bientôt travailleur social.
Mon projet ? Participer à/Créer une association de prévention et de lutte contre les dépendances.
Je ne suis pas quelqu'un d'ambitieux socialement.
Le bonheur auquel j'aspire est loin d'être un projet matériel.

Mais j'ai envie de dire que tu as tous les éléments autour de toi pour faire face autrement qu'en rechutant à tes soucis. Tu as le plus important même : un projet de Vie :roule:

Maintenant c'est clair qu'il faut de l'aide pour prendre conscience de toutes ces "autres solutions". Je t'encourage vraiment à retourner voir un psy. Je suis aussi dans ton cas et je n'ai qu'une hâte, c'est d'en trouver un. Car je sais que ça va m'aider.
Un autre membre du forum disait qu'un psychiatre était tout aussi qualifié qu'un psychologue pour nous aider dans notre dépendance et notre histoire. J'ai également quelques ressentis négatifs vis à vis du fait qu'un psychiatre travaille avec des médoc', mais je pense que dans une thérapie tu as toujours ton mot à dire.

En tout cas c'est dommage qu'on habite pas dans le même coin, parce que ça aurait été pas mal de pouvoir se soutenir un peu plus "réellement" dans notre quête.

Bonne soirée à toi et surtout, courage !

Addict
Bon.
Cela fait trois jours que je me ramasse une belle gamelle. La sensation "dans la gadoue", on connaît tous ça.
Et je trouve ça très hypocrite de ma part de venir l'ouvrir ici alors que je me suis paluché trois fois aujourd'hui, mais j'ai besoin, comme on dit, de garder un pied à l'étrier du sevrage.
Je sais que chaque branlette m'en éloigne.
Demain ou après demain, je fiche le camps de chez mes parents, je retourne dans mon petit studio d'étudiant où il n'y a que la télé et encore, les chaînes non cryptées ont l'air cryptées à cause de l'antenne.
Quitte à passer des nuits blanches, je préfère encore le faire dans le manque de porno, la lecture bénéfique et le questionnement, la méditation, plutôt que dans la facilité, la proximité de mes amis qui font la fête et m'incitent à boire avec eux, vive les amis (et qu'en plus ma mère commence à se poser de plus en plus de question par rapport à mon attitude générale à gérer les problèmes de la vie).

Mercredi, je dois me rendre dans un service hospitalier spécialisé dans l'addictologie. Il s'y tient une permanence de 2 heures, sans rendez-vous (misère...ça fait un peu les pestiférés qui font la queue en espérant voir le docteur. La femme au téléphone m'a dit de venir une heure à l'avance pour être sûr d'être reçu). J
'y vais dans l'espoir qu'on m'oriente vers le spécialiste qui saura m'aidez à m'en sortir et à faire table rase du passé, et aussi à être plus exigeant avec moi-même (et qui soit gratuit). Je crois qu'avant d'aller chez le psy, il faut vraiment savoir ce qu'on veut et ce qu'on est en droit d'attendre d'un psy.
Au fait, j'informe les gens de 15-20 ans qu'apparemment, un programme que je ne connais pas a été mis en place je ne sais pas quand, et permet aux gens de cette tranche d'âge qui sont dépendants de quelque chose de néfaste d'accéder à des soins gratuits dans les structures hospitalières.

Humeur d'aujourd'hui : cybergueule de bois, absence de volonté, léthargie. L'ordinateur m'appelle et je lui réponds comme un toutou bien dressé. Qui m'échange mon cerveau contre un neuf ou d'occaz, mais sans bug ? Personne ? bon ok, je ferais avec ce que j'ai comme tout le monde.
Non, non et non, jme laisserai pas bouffer par ce truc.
Jusqu'à la mort,
Gloire et honneur,
Tralala itou.

Edit : Comme je n'avais pas envie de faire quelque chose de constructif, qui m'aurais demandé un effort que je ne me sentais pas capable de procurer, je me suis mis à rechercher des offres d'emplois sur internet, et aussi un appart, pour savoir à quoi pourrait ressembler mon futur vrai chez-moi. Quoi ? Je fantasme ?
Et soudain, j'ai réalisé que très très bientôt, ce que j'appelle "chez moi" (le domicile de ma mère) ne sera plus mon chez-moi, et pour de bon.
Pourtant j'ai un studio d'étudiant (que je quitte dès que j'en ai l'occasion), mais même si je suis en apparence très détaché de ma mère depuis très longtemps, je n'ai pas coupé le cordon du domicile maternel. Bref, il me reste un an et demi (le temps que j'obtienne mon diplôme si je l'obtiens) pour apprendre à gérer ma vie de A à Z (je sais gérer la bouffe, le loyer et le compte en banque. C'est le reste qui merde. On peut dire que je ne suis pas très investi dans ma propre vie).
Et c'est là que j'ai une question à poser à tous les hommes ici présent qui sont partis de chez leur maman : comment ça s'est passé ? Est-ce que vous avez "appris" à vivre seul, ou est-ce que c'est venu naturellement ? Est-ce que vous avez eu des difficultés ? Vous êtes passé au stade adulte facilement ?

J'adore les métiers du social, c'est ce que je veux faire. Et je pense que j'en suis capable. Mais paradoxalement, je ne me vois absolument pas dans le rôle du type qui travaille, gagne un salaire, part en vacances... Comme beaucoup de jeunes de ma générations qui galèrent pour quelque raison que ce soit, j'ai très bien intégré le "tout travail mérite salaire". Mais je dois encore apprendre le "tout salaire mérite travail". On a rien sans rien, quoi.
C'est toute ma vie d'étudiant célibataire paresseux et adepte de la masturbation frénétique que je vais devoir changer, et pour moi, c'est une montagne. Pour ainsi dire, je me sens un peu dans la merde, surtout vu que je ne tiens pas un sevrage de 10 jours. Si je transpose la barre des 18 mois du sevrage dans la chronologie de ma vie, en ce moment, c'est le point de non-retour.
Si je me sevre, c'est maintenant ou jamais, avant de commettre des dégâts irréparables pour mon avenir.

Accessoirement, je commence à me rendre compte à quel point j'ai pu être imbécile dans mes réactions au fil de ma vie. Peut-être l'objet de mon prochain message...

Voilà, merci d'être arrivé jusqu'ici.
Si certains ont des conseils, des avis, des critiques, des commentaires, des mots d'amour à de donner, allez-y !

Indo, le type qui rame pour faire avancer sa galère, et qui, de ce fait, avance, comme quoi y'a pas de secret.
Je te répondrai juste sur l'aspect "quitter sa maman".
On dit "couper le cordon".
Plus tu le coupes tardivement, plus l'adaptation à la vie normale sera difficile. Il ne faut pas le quitter trop tôt (je pense à mon ex ami dépendant qui fût mis en foyer à 11 ans). J'ai une théorie sur l'engagement : on ne vit pas pleinement tant qu'on ne s'est pas engagé, que ce soit dans le travail, dans une relation amoureuse, en choisissant un appart, etc...
L'engagement donne une liberté, insoupçonnée souvent.
Ta mère sera toujours là pour toi, tu dois garder cette idée en tête mais tu dois construire ta vie. Sinon tu seras dans l'inachevé, le ressentiment, la frustration.
C'est comme si tu vivais en fauteuil roulant alors que tes jambes fonctionnent.
Trop de mère c'est comme pas assez, ça devient pathologique.
Bon courage et continue dans ta nouvelle vie "consciente".
c'est pas mal de préparer le grand ménage par l'inventaire des stocks "honnètement, je suis un branleur" pour ne pas foirer ton entrée dans le grand bain de la vie, et tu analyses cette complaisance avec une salubrité et une clarté de bon aloi, maintenant faudrait pas t'en tartiner la figure plus que de raison... pas rêver non plus de la mettre en boite et qu'elle cesse de te péter à la figure, elle cessera de te paralyser quand tu cesseras de revenir dessus pour t'en plaindre. Tu peux la poser sur le buffet, dans un petit écrin de nacre, refermer le couvercle et passer à autre chose : personne ne va te la tchourer.

Le problème, tu sais qu'il y a au moins un de ses facteurs sur lequel tu peux agir : la conso de porno, qui n'arrange rien à tes petites, ni à tes grandes affaires.
Le deuil de la mère, ça peut être ça aussi, l'adieu au(X) nichon(X) virtuel(X).
"les pestiférés qui font la queue en espérant voir le docteur." Alors, mesure ton bonheur : tu as la peste, certes, une variété moderne tout aussi virulente que la bubonique, je n'en disconviens pas, mais je puis aussi t'affirmer qu'elle se soigne, en étant la preuve vivante, et plus humble qu'il n'y parait. :lol:
Au moyen-âge, s'ils n'en mouraient pas tous ils méconnaissaient totalement le remède.
Il y a un autre point que je voudrais évoquer dans mon grand inventaire : l'absence de parole.
Ca me travaille parce que j'ai lu un truc sur le pardon.
C'est pour ça aussi que je veux voir un psy, apprendre à pardonner.
Je dois :
-pardonner à mon beau-père les 15 ans de misères, de pauvreté affective et d'angoisse que j'ai vécu en sa compagnie
-pardonner à mon vrai père de n'avoir jamais joué son rôle de père, de ne pas avoir était là pour que j'ai un modèle, un exemple sur lequel me construire, aussi mauvais soit-il, parce que maintenant je le sens bien passer.
-comprendre où est ma responsabilité dans tout ça, c'est pas le tout de rejeter la faute sur les autres.
C'est tout ce que je vois pour l'instant.
Les deux personnes qui sont à l'origine de la majeure partie de ma souffrance et de mon dilettantisme généralisé sont les personnes que j'ai rayé de ma vie, auxquelles je ne veux plus adresser la parole.
Je pensais naïvement que c'était de la colère : nenni. C'est uniquement de la frousse.
Je suis terrorisé à l'idée de me sentir à nouveau abandonné par mon père, et terrorisé de me retrouver en compagnie de mon beau-père (qui va sur ses soixante ans).
Il faudrait aussi que je parle à ma mère de ce problème d'addiction. Ca aussi, ça me fout grave les pétoches.
Et enfin il faudrait que je parle à ma soeur du passé, des 15 ans de galère qu'on a vécu ensemble, que je lui dise comment moi je les ais vécu. Et ça, ça me paraît difficile aussi.

L'impression que j'ai, c'est de m'être coulé moi-même les pieds dans le béton et d'avoir sauté au fond du lac (on m'a un peu poussé quand même, c'est pas tout que ma faute).
Avec les casseroles que je traîne, et les efforts que je ne fais pas pour m'en débarrasser, ça ne m'étonne pas, au final, que je rame sévère.

J'ai du pain sur la planche, mais au moins une chose de positive : je sais ce que j'ai à faire.
Le plus dur est là : ne plus rester planté comme un con, à faire tapisserie dans ma propre vie.
Ce Week-end je vais chez ma soeur. Il risque d'y avoir du monde, mais si je trouve l'occasion de lui parler de ça... J'essaierai de pas me défiler, comme toujours.
Ca me ferait quand même vachement de bien.
Pages : 1 2
URLs de référence