48 jours...
Hier soir de retour à Paris j'ai failli rechuter. Je n'avais sans doute jamais été aussi près de la rechute...
Tout près... L'épaisseur d'une feuille de papier de cigarette. Je me voyais déjà en train de remiser mes porte-clés
DASA au fond d'un tiroir. En attendant de pouvoir - peut-être - les ressortir un jour.
C'est curieux ce qui se passe dans la tête lorsqu'on est sur le point de rechuter... L'envie se fait si forte, la possibilité de concrétisation si "belle", si réelle, que tout le travail de rétablissement accompli depuis quelques semaines se trouve zappé, comme éloigné, ou disparu aux horizons lointains. L'envie est là, brûlante comme une mauvaise fièvre. Soleil noir occupant tout l'espace, dévorant tout sens critique; magma clapotant dans lequel on a envie de se fondre, peut-être définitivement...
L'envie montait depuis quelques heures. Et puis je me suis retrouvé au pied du mur. "En situation de"...
Je ne veux pas donner de détails sur le sombre projet qui m'animait. D'ailleurs ça n'a aucune importance. Le fait est que j'étais au bord du gouffre. Tout était prêt pour le grand saut...
Et puis je me suis dit "prends ton temps, mec".
Je suis allé me taper une pizza végétarienne car je n'avais pas mangé depuis le matin. Arrosée d'une demi Badoit, la pizz en question.
En attendant qu'on m'apporte le frichti, j'ai lu une page de "Plaidoyer pour le bonheur", de Matthieu Ricard (interprète du dalaï-lama)... Bouquin que j'avais opportunément mis dans ma poche, avant de descendre dîner.
Chapitre dix, sur le désir. Juste une page. Et cette page, qui n'est pourtant pas la quintessence du bouquin, qui n'est juste qu'UNE page sur les 380 de l'ouvrage, m'a permis de ne pas rechuter.
Je suis remonté chez moi, je me suis étendu, et je me suis amusé à feuilleter un vieux Catalogue des Armes et Cycles de Saint-Etienne, édition 1939 ! (vieilles gravures absolument délicieuses, dont certaines en couleurs)...
J'ai donc réussi à ne pas sombrer. Et j'ai toujours mes foutus porte-clés !
Je suis fier de moi. Je me sens un peu plus fort. Je continue de tailler ma route... (hein, cher Quest qui s'inquiétait que je le "lâche" !)
Je n'attribue pas cette petite victoire à Matthieu Ricard, bien sûr. Mais c'est important d'avoir toujours un peu de lectures spirituelles (bien choisies), sous la main, quand on est, comme nous le sommes, SOUMIS à des déferlements inopinés autant que toxiques.
Je vous remercie d'être là. Je vous souhaite de continuer de trouver en vous, et en dehors de vous, des forces, des ressources, qui vous permettent de continuer à repousser les assauts incessants de cette maudite luxure !