Dépendance sexuelle

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Bonjour à tous et toutes,

content de trouver ce forum, ca fait un moment que je me dis qu'un cercle de parole style Alcoolique Anonyme serait une super idée. Mon inscription fait suite à un nouveau coup de motive, cette fois-ci j'arrête de me leurrer sur mes capacités à m'en sortir tout seul. J'ai aussi pris contact avec un psy spécialisé en TCC et un centre de désintox, ils me recontacteront quand ils auront des créneaux libres. Apparement, il y a eu une hausse des problèmes d'addiction qui a commencé autour de mi-mars, vu la date, je pense que ca a un rapport avec les élections en Abkhazie =).
On pourra echanger sur ces démarches aussi, je suppose que je ne suis pas le seul à faire appel à un psy ou centre d'addicto.

J'ai commencé à regarder des images érotiques à l'ancienne, avec les catalogues la redoute. J'ai appris à me mastruber au collège, les potes mettaient ca hyper en valeur, c'était un sujet social, il y a meme des gens qui regardaient du porno en groupe les mercredis aprem. J'ai eu l'honeur d'y être invité, mais allez savoir pourquoi, j'ai décliné.
Plus tard, ca a été des images hentai sur internet, des dessins que je faisais moi même (croyez le ou non) et le porno réellement assez tard, j'ai mis beaucoup de temps avant d'oser regarder des vidéos.

Les motivations ont été d'abord sociales (puisque tout le monde le fait, why not me) et surtout dues au moment où je m'ennuyais. Ca arrivait souvent pendant les vacances, par exemple, où j'étais coupé de tous mes potes et n'avais aucune relation de mon age.
Par la suite, il y a aussi eu le frisson de faire quelque chose d'interdit, de devoir y aller en douce sur l'ordi familial, puis cette sensation plein de fois décrite de plaisir de la recherche, l'espoir de trouver pile ce qui nous intéresse, de découvrir des nouvelles choses. Un plaisir qui ressemble à celui qu'on trouve quand on fait des recherches sur un sujet mais qui est complètement dégueulasse parce qu'on ne trouvera heureusement jamais ce qu'on veut.
Ca m'arrivait aussi de le faire quand j'avais trop d'hormones, pour faire redescendre le désir quand j'en avais. Sauf que comme ca en créait aussi, ca ne fonctionne évidemment pas, mais ca fait partie des prétextes que je me suis donné.

Je culpabilisais déjà un peu avant mes 17ans, parce que je me disais bien que c'était cheulou, mais comme tout le monde disait le faire et que ma mère m'avait de toute façon dit quand j'étais gamin que les mecs on avait une sexualité de merde, je me suis dit qu'après tout c'était normal.

Quand j'ai eu ma première copine, ca a ajouté encore plus de culpabilité. Elle s'en foutait mais quand même, j'avais l'impression de la lui faire à l'envers. De plus la culpabilité ou le dégout d'avoir regardé trop de porno avait des fois un impact sur notre relation, parce que je me disais que je la méritais pas.
Ma femme actuelle était au courant quand on a commencé à sortir ensemble mais quand c'est devenu sérieux entre nous elle a considéré que j'avais arreté. Par la suite, je lui ai avoué une fois que je continuais et elle m'a dégommé. Ca m'a dissuadé pendant des mois, j'étais convaincu que j'avais réussi à m'en sortir seul. Puis l'envie de consommer est revenue, il y a eu rechute, reprise, rechute, reprise. Cette semaine, c'est revenu dans la conversation et j'ai avoué que ca m'était arrivé de replonger. Grosse grosse colère, elle se sent évidemment trahie, autant par l'acte que par le fait que je lui avais promis que j'avais arreté et que je ne lui avais pas dit quand j'avais replongé.
Ca m'a mis le coup de pied au cul qu'il me faut. Je ne veux plus d'épée de Damoclès, cette fois ci je veux être sur de faire la démarche de désadiction correctement.

Globalement, je ne suis pas autant en détresse que certain.e.s sur le forum, je suis capable d'arreter pendant des mois quand j'ai la motivation, je n'y pense pas quand j'ai d'autres choses intéressantes dans ma vie. Les moments où je pique correspondent à des périodes ou je suis un peu déprimé, stressé et où je m'ennuie. Je peux me forcer à m'en passer quelques jours. Mais en général je suis un schéma où une petite voix me dit "allez ca te changera les idées". Si je ne craque pas directement, je commence à y penser beaucoup et a me chercher tout un tas d'excuses. En général ca finit par "vazy une fois, très courte, et comme ca ca te sortira de la tête." Evidemment, à partir de là c'est mort.

Il y a des dizaines de raisons qui font que je déteste le porno. Je me prétends féministe et je suis en dissonance cognitive totale, parce que le porno que je regarde (meme si j'essaie de rester dans le soft ou dans des vidéos où il n'y a pas de mecs) est complètement sexiste et produit dans des conditions dégueulasses pour les acteurs et actrices. A la limite, si je payais pour regarder du porno "éthique" ca serait moins grave, mais comme j'ai une consommation compulsive et le plus courte possible, je n'ai pas le recul nécessaire pour aller chercher et payer pour ce genre de porno.
Ensuite, même si moi je ne pense pas que ca soit tromper, ma femme considère que oui. Je lui fais donc du mal, beaucoup de mal. Et comme je ne veux pas changer son avis et je ne veux pluis lui mentir, il faut que moi je change.
Meme si je compartimente plutot bien, je suis pas con, et je sais que les canons du porno vont affecter ma façon de voir les gens et ma perception de ce qui est beau et bien.
Enfin, c'est le simple fait que ca soit une dépendance qui m'énerve. J'ai arreté la clope et réussi a éviter l'alcoolisme, ca me fait vraiment ch... d'être dépendant d'une insidieuse boule au bide.

Je vais avoir des gamins et je suis parfois amené à travailler avec des jeunes à qui j'explique notamment que le sexisme c'est mal, que le porno est dangereux, ca serait bien qu'a ce moment là je sois droit dans mes bottes.

Je sais que je fonctionne beaucoup à la reconnaissance sociale. A chaque fois, de pouvoir dire à d'autres que je prends et suit des bonnes résolutions, ca rend le fait de les tenir beaucoup plus facile. Je me dis que ce forum peut être l'occasion de me tirer de cette merde et d'aider les autres à le faire. J'aime bien ca la solidarité. Et l'anonymat me semble un bon facilitateur pour l'instant. Merci de faire exister ce forum
Bonjour tHutu,

Sois le bienvenu sur le forum ! J'espère que tu y trouveras le coup de pied aux fesses supplémentaires et l'accompagnement dont tu as besoin.

Je vois des parallèles entre ton profil et le mien (sur certains points un peu spécifiques (féminisme, compagne aimante, etc.)). Je pense que tu es arrivé au bon endroit. En tout cas si tu as besoin de partager, échanger librement, et trouver de la motivation. Et en parallèle d'un accompagnement professionnel, qui fait rarement du mal !

Au plaisir de te lire ; en tout cas tu n'es pas seul ici !
bienvenue sur ce site, je pense que tu y trouveras ce dont tu as besoin. Je vois dans tes témoignages des choses que je sais avoir connues et vécues.

bon courage et bon week-end

olivier
Au top, merci pour l'accueil, j'avais cru comprendre que la fréquentation du forum était en baisse mais je vois qu'il y a encore du monde.
Salut tHutu, bienvenue ici. C'est cool que tu en sois à l'étape où tu te rends compte que tu ne t'en sortiras pas seul, ça veut dire que tu avances.
Pour le forum, il y a toujours quelques personnes qui sont dans le coin Wink
Tu vois déjà la psy ? Tu t'entends bien avec elle ?
Salut et à mon tour de te souhaiter la bienvenue même si je n'ai pas l'ancienneté sur ce forum des autres contributeurs.

Tu parles de "coup de pied au cul" nécessaire, mon pseudo "impulsion" fait référence à ce "coup" au fond de l'eau, qui suit une longue descente et qui peut se révéler salutaire pour démarrer cette recherche d'oxygène à la surface. Plus on est tombé bas, plus la surface est lointaine et semble inaccessible. Je remonte néanmoins. Mais je me dit que finalement le coup de pied aux fesses n'est pas le plus dur. Je ne minimise pas hein, c'est important bien sûr, mais le plus dur c'est de durer .. Ce sont ces petits progrès jour après jour et chaque jour gagner un combat, certains facilement - les jours où on ne s'ennuie / déprime / stresse pas - d'autres victoires arrachées plus durement. 

Et puis le plus dur c'est peut être encore autre chose. Ce n'est pas les 1 000 victoires, pas plus la défaite juste après ces 1 000 victoires. C'est juste après cette défaite. Arriver à ne pas se dire qu'elle annule les 1 000 victoires qui l'ont précédée, repartir tout de suite, comme on remonte à cheval immédiatement après une chute. Moi c'est ce moment là qui me fait peur, tant je ne pense pas être en mesure de demeurer invaincu éternellement..

Tu parles aussi de "dissonance cognitive", ce hiatus (ha ben c'est toi qui a commencé avec "dissonance cognitive hein ..) entre ce qu'on est publiquement et cet autre moi si faible .. Ça aussi ça me mine et pour ce qui me concerne, je pense que personne ne se doute ... Peut-on vraiment chasser l'autre ou faut-il juste le désarmer et apprendre à vivre avec ?

Merci.
Salut Impulsion,

C'est crucial ce que tu pose comme dernière question.

Je me retrouve quand tu parles de "cet autre moi si faible". Je n'irais pas invoquer une double personnalité parce que ca manquerait de respect envers les gens qui doivent réellement gérer une dissociation de personnalité, mais des fois j'ai vraiment l'impression de vivre un dialogue a trois dans ma tête, il y a le faiblard qui demande du porno pour compenser le monde qui est trop dur, l' "intègre" qui dit nononon et une espèce de voix vicelarde qui dit "en fait tu est faible, si tu ne veux pas que le faible et son obsession l'emporte, il faut lui donner ce qu'il veut de temps en temps". C'est cette troisième "voix" qui me met vraiment à mal.


Jusqu'à maintenant, j'avais donc choisi de "désarmer et apprendre à vivre avec", mais ca n'a pas marché. Je crois que je dois "chasser l'autre" comme tu dis. J'ai réussi à le faire avec d'autres addictions, à arrêter totalement la clope et l'alcool au moment où je devenais dépendant, je me force à faire du sport même dans les périodes de procrastination terrible. Je crois que ce qui facilite les choses dans ce cas, c'est que ces addictions là, on est fier de les vaincre, parce qu'on peut assumer de les avoir eues. L'addiction au porno, c'est plus chaud de dire à un repas de famille "au fait, j'ai complètement arrêté de me branler tous les soirs sur des vidéos dégeu". Sans cette reconnaissance, en restant seul juge de si je réussis ou pas, ca a foiré. Je crois que c'est ca qui m'aidera, de pouvoir dire à quelqu'un "j'y arrive".

Là où on peut "désarmer et vivre avec", je pense que c'est sur le fait de chercher des compensations. On a forcément un nous un peu faible qui a besoin de compenser quand le monde est dur, c'est juste qu'il ne faut lui laisser prendre ni du porno, ni des drogues selon moi.
Ca serait surhumain de s'interdire de compenser, et trouver un moyen qui ne défonce ni le moral ni la santé me semble être une bonne clé. Pour l'instant je n'ai pas trouvé de truc agréable pour me consoler et me récompenser quand ca va mal qui ne défonce pas ma santé, mon temps disponible ou mon moral. Peut-être qu'un bon bain moussant et un bouquin ca ferait l'affaire. J'essaierais quand je sentirais que je risque de repiquer.

Vous avez trouvé d'autres moyens de compenser vous ?
Bonjour tHutu,

le sport peut aider, surtout les sport d'endurance type running ou piscine. Pour moi,  la natation avait bien marché. D’ailleurs, je pense que la fermeture des piscines publiques ne m'a pas ces temps derniers.

bon courage 

olivier
tHutu a écrit :L'addiction au porno, c'est plus chaud de dire à un repas de famille "au fait, j'ai complètement arrêté de me branler tous les soirs sur des vidéos dégeu". Sans cette reconnaissance, en restant seul juge de si je réussis ou pas, ca a foiré. Je crois que c'est ca qui m'aidera, de pouvoir dire à quelqu'un "j'y arrive".

Et oui, quand tu vaincs cette addiction tu rejoins les unsung heroes de la dépendance sexuelle !
J'en ris mais ce que tu dis est assez vrai, et il est intéressant aussi de voir à quel point on vit à travers le regard et la reconnaissance des autres. Ça fait que ce combat contre l'addiction est aussi un chemin d'humilité et de recentrage sur soi (tout en évitant quand même de trop se regarder le nombril).

Sinon comme Olivier, les sports d'endurance m'ont aidé pendant une période (par contre je suis retourné à mon état larvaire depuis un moment), mais je me rends compte que tout ça peut être très conjecturel (parce que j'ai longtemps fait de la natation, et pendant un moment j'avais mes pires rechutes le soir à la sortie de la piscine, alors bon...). Bref, encore une fois, à chacun de tester et voir ce qui convient (ou pas), sans hésiter à jouer les Sisyphes et à ré-essayer encore et encore, parce que parfois le déclic arrive plus tard.
Au rayon culturel, je suis aussi un gros consommateur de musique et ça m'a toujours permis de faire quelque chose qui ressemble à de la pleine conscience, ce qui peut se révéler utile dans le combat contre l'addiction (il y a d'ailleurs des sujets qui en parlent sur le forum).
Citation :le sport peut aider, surtout les sport d'endurance type running ou piscine. Pour moi,  la natation avait bien marché. D’ailleurs, je pense que la fermeture des piscines publiques ne m'a pas ces temps derniers.


Clairement. Je suis pas du tout porté activités aquatiques mais le sport, et plus encore l'endurance me semblent indispensables.

J'ai du mal à imaginer comment je pourrais me sevrer de quoi que ce soit sans un minimum d'activité physique. Ca remonte le moral, l'estime de soi, ca fait du bien au corps, ca amène une saine fatigue. Je comprends que la musique ou d'autres activités puissent apporter ca, mais personnellement je n'ai jamais trouvé.

Je suis très sportif de base et il y a clairement un lien entre activité physique et moral. En général, je vais bien et j'ai envie de faire du sport, quand ca va mal, j'ai plus la motive pour le sport et je ressens le besoin de compenser autrement. C'est un peu comme le vélo, tant qu'on fonce on est bien, c'est quand on commence a ralentir que ca devient dur. Malheureusement, dans ces moments, je n'arrive souvent pas à trouver la force d'aller faire du sport plutôt que plonger dans la compensation par le porno. Ca vient après coup, quand l'obssession est passée et que la honte et l'envie de passer à autre chose reviennent.

Par contre, j'ai remarqué qu'après la boxe ou d'autres sport "d'opposition", j'ai parfois une envie assez intense mais très temporaire, j'imagine que c'est l'augmentation de testostérone ou je ne sais quelle hormone d’agressivité. Donc j'imagine que ca doit le faire après piscine ou autre selon le type d'effort.

Citation :J'en ris mais ce que tu dis est assez vrai, et il est intéressant aussi de voir à quel point on vit à travers le regard et la reconnaissance des autres. Ça fait que ce combat contre l'addiction est aussi un chemin d'humilité et de recentrage sur soi (tout en évitant quand même de trop se regarder le nombril).
C'est un trééééès gros chantier ce recentrage sur soi, surement plus gros que mon pb d'addiction, mais probablement lié aussi maintenant que tu m'y fais penser.
Je pensais pas que j'aurais aussi vite autant de grain a moudre sur ce forum. C'est super cool. Quand je vais voir un pro je vais avoir une liste longue comme le bras de questions à discuter. Smile
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