Dépendance sexuelle

Version complète : Après 6 mois, quels constats ?
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Voilà maintenant près de 6 mois que je me suis inscrit. Où en suis-je après 6 mois et quelques 300 messages déposés ici et là et plus d’une journée et demi de présence sur le forum en temps cumulé. C’est aussi la fin des vacances et la reprise.

Après un premier long sevrage, j’étais plein d’optimisme. J’avais appelé mon nouveau post ‘Métamorphose’, car il me semblait que j’avançais dans la bonne direction. Aujourd’hui, je suis plus réaliste, la métamorphose sera longue et ce ne sera pas vraiment une métamorphose, mais plus un changement progressif avec des hauts et des bas. Il faut du temps.

* je suis toujours un sex-addict. J’ai diminué ma consommation de porno (quasiment plus, jusqu’à quelques jours), mais j’ai toujours un besoin de sexe avec les hommes (mais j’ai beaucoup réduit). Mais tout cela est encore fragile. Il y a toujours ce besoin physique de sexe que je ne comprends pas. Cet appel, qui me renvoie à mon homosexualité refoulée. Cette consommation qui me consume et me détruit.
* Cette impression que tout cette lutte est futile. Que plus j’avance, et plus il y a des obstacle. Ce travail difficile sur soi que je ne me sens pas la force de relever. Encore des portes à ouvrir, encore des choses à découvrir, à accepter.  Je suis déjà groggy et je dois encore accepté les coups. Jusqu’à quand ?
* Cette tristesse souvent présente, elle m’empêche d’avancer, me plonge dans le mutisme, dans l’isolement, la dépression.
* Mon combat pour sauver mon couple. Je ne sais plus où j’en suis avec ma compagne. Je revois nos premiers mois joyeux et où nous en sommes aujourd’hui. Pas de joie, la rancœur qui s’installe. L’impression que ma dépendance a tout pourri, transformer ma compagne en un co-dépendante. Je me demande si nous ne plongeons pas actuellement ensemble, pas la force de la tirer vers le haut. L’envie parfois de la lâcher en me disant que ce sera plus simple seul. Quel égoïsme ! Elle m’écoute, me soutient, mais elle refuse mon aide. Elle ne veut pas me parler d’elle.
* Ma relation avec mes parents, mon incapacité à leur dire que je les aime. Les voir vieillir, souffrir (ils sont malades) et ne pas pouvoir les aider.

C’est la face noire. Elle prend souvent le dessus quand le courage me manque, quand une contrariété arrive. Elle m’entraîne toujours plus bas dans la dépendance. Elle me fait rechuter. C’est un peu mon état d’esprit actuellement. Mais il y a aussi la face plus lumineuse

* mes relations avec mes enfants. Même si il y a des bas, il y a ces échanges, cette complicité, cette intimité. Ce plaisir partagé d’être ensemble, de faire des choses ensembles, de parler ensemble, d’être présent. Mais à tout moment cela peut virer vers le coté obscur, des cris...
* ia découverte de la méditation de pleine conscience qui me permet de m’ancrer, d’être à l’écoute, simplement d’être. Je dois pratiquer pour m’arracher à la cogitation, à la rumination et reprendre le contrôle. Ce n’est pas gagné, mais je continue. J’y ressens du bien-être et une forme de complétude.
* la thérapie qui cahin-caha me permet d’avancer, d’exprimer des choses douloureuses, les accepter pour avancer.
* mon travail, qui malgré de nombreuses difficultés m’offre un épanouissement intellectuel et humain.
* la belle amitié avec mon ex-compagne, notre redécouverte mutuelle qui nous permet d’avancer aujourd’hui ensemble dans notre rétablissement.
* Vous tous, qui me permettez de garder pied à travers les posts que j’écris, mais aussi vos histoires, vos victoires qui me donnent du courage et aussi vos échecs qui me font sentir un peu moins seul.

Et la suite… La suite c’est le combat ordinaire. Ce sera une longue bataille, mais je suis encore debout, peut-être groggy, mais debout. J’attends rien. Je vais me battre et voir venir les choses. 2 objectifs simples:
SORTIR DE LA DEPENDANCE et VIVRE HEUREUX AVEC MA FAMILLE. 

Désolé pour la longueur du message et merci d'avoir lu jusqu'au bout
Quelle torture cette putain d'addiction...une suçeuse d'âme .....
je découvre ce forum, et me rend compte que je ne suis pas seul dans la souffrance.
J'ai enfin l'impression d'être entendu dans mon calvaire...
Pas de jugements, pas pris pour un obsédé, juste comme un être humain dans la tourmente.
Courage à toi dans cette épreuve destructrice.
Merci, je vois cela comme une épreuve de reconstruction, une lutte entre la vie et la mort. 
Courage à toi, je suis convaincu que l'on peut vivre heureux.

Ekeiloh

Reconstruction, et découverte de soi-même. Savoir qu'on n'est pas juste des connards, que ce n'est pas notre personnalité mais juste une couche de crasse qui prend du temps à virer, mais après, on peut s'épanouir, devenir soi-même, et enfin être heureux !

Tu avances Fabrice ! Et tu dis ne pas avancer aussi vite que tu le pensais, moi je crois que si, tu avances très vite, c'est juste que la route est vaaaaachement longue, ce que tu voyais n'était qu'une partie du chemin. Mais ça n'empêche pas que tu avances vite, que parfois tu cales et parfois, en montée, ça va un peu moins vite. Tu es un être entier, complexe, cette route va t'amener à t'apprendre, à apprendre les autres, et elle durera peut-etre toute ta vie.

Ne cherche pas le chemin du bonheur, car le bonheur, C'EST le chemin !
Je reviens sur mon post de samedi et sa conclusion qui était:
Citation :Je vais me battre et voir venir les choses. 2 objectifs simples:
SORTIR DE LA DEPENDANCE et VIVRE HEUREUX AVEC MA FAMILLE.
 
Je mets tout en place pour me relancer dans un sevrage et à terme sortir de la dépendance. Je sais ce que je ne dois pas faire, et j'ai des pistes sur ce que je dois faire. Je reprends pied (contrôle de mon corps et de mon esprit).
Je suis dans l'interrogation concernant ma famille. Je vis beaucoup mieux les relations avec mes enfants (la méditation m'a aidé à être à l'écoute, présent et c'est génial). Par contre, je suis de plus en plus distant avec ma compagne, en fait à la fois distant et à l'écoute. Je ressens une distance qui se crée. Je ressens comme une tension entre ma volonté de sortir de la dépendance et ma volonté de vivre avec ma conjointe. Notre relation actuellement nous tire vers le bas tous les deux (Dépendance / Co-dépendante, quel horrible binôme). Ce que je vois en elle, c'est ce contre quoi je me bats (et parfois, je ne vois plus que cela). En exagérant le trait (mais finalement peu), elle représente ce que je ne veux plus être (alors que j'en garde une image très différente dans le début de notre relation). C'est difficile. Je ne sais comment lui en parler, et je ne sais si c'est à moi de lui en parler. Elle refuse de me parler d'elle, de ces envies, de ces peines. Elle est très refermée sur elle même. J'ai peur à terme que j'arrive à une situation de tension entre me sauver moi ou sauver mon couple. Au fond de moi, je sais que c'est le 1er objectif qui est essentiel. Et j'ai l'espoir que la sortie sera par le haut pour nous deux. Mais j'ai peur et je supporte de moins en moins son comportement, ce qui se ressent dans nos relations. Je veux vivre ma vie en accord avec moi-même, je veux qu'elle soit heureuse et libre et que nous continuions à marcher ensemble mais libre.

Je me pose surement trop de question, mais je sens qu'aujourd'hui ce questionnement est un frein dans mon rétablissement et dans mon sevrage. C'est un facteur de tension et de rechute.
Bonjour Fabrice,

je partage les mêmes problèmes avec ma compagne. J'ai l'impression que nous vivons de plus en plus l'un à côté de l'autre. Que sont devenus la complicité, le plaisir du partage, le goût de vivre ensemble? De quoi l'avenir sera t'il fait?
Pour ma part, je pense que le changement, nécessaire dans la maîtrise de la dépendance, passe obligatoirement par une altération de la relation dans un couple. Beaucoup de choses sont remises en question. Mais, pour moi, ce n'est qu'une crise transitoire, un passage obligé. Mais le feu renaîtra, j'en suis sûr.   Courage à toi.
Bonjour Fabrice, alessandro,

Fabrice ton témoignage est touchant, j'y sens beaucoup de souffrance tout comme j'y sens la prise de conscience, l'envie de s'en sortir.
Je voulais juste te dire, comme à beaucoup d'autres ici, que dans mes avancées j'ai fini par acquérir la conviction que le sevrage n'est pas une solution à lui seul.
Il permet certes de forcer notre cerveau à trouver le moyen de stabiliser ce "saignement" psychologique et la souffrance qui l'accompagne, mais si l'on n'agit pas sur la cause, ce paradigme que nous avons mis en place depuis notre enfance, le saignement et la souffrance ressurgiront, telle une blessure jamais vraiment soignée qui se ré-ouvre suite à un mouvement existentiel, telle une blessure au bras pour laquelle nous nous étions contenté de stabiliser et limiter son mouvement.

Il peut même en résulter une souffrance supplémentaire que l'on s'inflige.

Dans l'ouvrage que je suis en train de lire l'addiction y est décrite "comme ayant pour but de soulager son stress, de modifier son humeur, d'apaiser la douleur. Dans la mesure où ils refoulent une multitude de choses, il faut bien que celles-ci s'expriment d'une manière ou d'une autre. L'un des comportements addictifs les plus répandus chez le sujet est l'obsession sexuelle."

De même que j'y ai découvert quelquechose qui m'avait marqué assez rapidement ici, au travers des interventions j'ai eu l'impression que les intervenants faisaient preuve de certaines capacités intellectuelles sans pour autant avoir une vie épanouie.

"La majorité des sujets que j'ai rencontré sont doués, intelligents, mais ne réussissent que modérément dans la vie. ils échouent presque sans exception à exploiter leur potentiel."

Je ne connais pas assez vos histoires mais au travers de vos témoignages j'ai vraiment l'impression que ce que j'y découvre pour moi-même pourrait vous aider aussi.
@vertigo, Je te rejoins à 100% sur le fait que la dépendance n'est qu'une conséquence de cause(s) bien plus profonde(s). Le psychiatre qui me suit m'a permis de prendre conscience de cela et de passer ainsi progressivement d'un travail sur l'addiction à un travail sur ma personnalité, sur mon rapport aux autres. Cela me parait évident, mais j'ai mis du temps à admettre cela. Ce fut une étape décisive.
Le sevrage est une étape pour comprendre les causes. En absence de consommation, je suis sur la brèche, je ressens les tensions dans mon corps, dans mon esprit. Je peux mieux comprendre ce qui ne va pas. Il n'y a plus la dépendance (du moins la consommation et son shoot) qui me masque les causes. En ce sens, le sevrage est nécessaire (du moins important) pour mieux comprendre les causes et surtout pour changer notre façon d'agir (casser la mécanique de la dépendance qui pourrit notre cerveau) et nous éloigner de la dépendance.

@alessandro, merci pour ton message optimiste. Je m'accroche à cette idée de crise transitoire et de mutation nécessaire. Mais j'ai peur. Je crois que ce n'est pas plus compliqué que cela. J'ai peur de casser notre histoire, j'ai peur de me retrouver seul. J'ai besoin de quelques signes pour espérer. J'ai besoin de prendre un peu de distance. Je suis trop actuellement dans cette co-dépendance (prise de conscience trop récente). Je pense qu'avec le temps mon regard va s'adoucir.

Ekeiloh

Comme alessandro, je crois que cette prise de distance est un passage obligé dans une relation de couple où l'un, voire les deux, sont en rétablissement. Le problème c'est que tu dois gérer cette crise, et rester dans le flou par rapport à ça risque de faire plus de bien que de mal.

Ceci dit, je ne crois vraiment pas que quitter ta compagne soit une solution pour le moment. Déjà parce qu'un sevrage avec en plus le stress d'un divorce, avec des gosses au milieu, c'est improbable que tu réussisses un sevrage s'il n'est pas déjà BIEN installé (je ne parle même pas d'un rétablissement).

Ensuite, parce que malgré tout, tu évalues tes avancées aussi par rapport aux relations que tu as avec tes enfants, et que je crois qu'ils sont un formidable révélateur: il me semble avoir noté à plusieurs reprises que quand tu supportais moins les cris et le comportements des enfants, tu te rapprochais de la rechute. Et ça m'étonnerait que ce soit eux qui t'amènent à la rechute, mais plutôt que puisque tu t'approches de la rechute, tu supportes moins ce qui t'entoure, et donc principalement eux.

Quant à ta femme, oui je crois que là, maintenant, une distance est nécessaire. Peut-être que vous avez besoin de vivre l'un à côté de l'autre un temps, et que quand tu auras avancé dans ton rétablissement, vous vous retrouverez. Ou pas, et vous serez prêts à vous quitter. Mais pour l'instant je pense vraiment que ta famille a un rôle de stabilisateur, et que te retrouver seul avec toi-même ne t'aidera pas à te rétablir.

Ceci dit, avez-vous pensé à une thérapie de couple? Peut-etre que dans ce cadre là tu pourras lui dire ce que tu ressens, peut-etre qu'elle sera plus à même de comprendre des choses, de les accepter, et qu'elle entamera son propre rétablissement aussi.

Comme d'hab, tous ces conseils restent des conseils, de quelqu'un d'extérieur. Ce sont des pistes. A toi de voir ce que tu peux en faire !

Bon courage, et bon rétablissement.
Fabrice,

L'aspect couple et gestion de ce problème dans ce cadre est abordé dans l'ouvrage que je lis, ce que l'on y découvre n'est pas forçément plaisant, tout comme ce que j'avais découvert il y a une dizaine d'années chez le psy et qui m'avait amené au divorce.
Ce qui ne doit en aucun cas être considéré comme une conséquence inéluctable, au contraire, l'ouvrage indique qu'il est par contre nécessaire dans ce cadre d'effectuer un travail à deux, l'autre est nécessairement partie prenante.

Si je peux me permettre, je pense qu'il serait intéressant que tu te procures cet ouvrage, que tu prennes connaissance de son contenu et que tu proposes à ton psychiatre de te donner son avis.
Je ne remet pas du tout en cause ses compétences, mais je me dis que celà pourrait peut-être l'aiguiller sur ton accompagnement, le préface de l'ouvrage étant rédigé par un médecin psychiatre exerçant dans un hôpital à Paris et ayant lui-même découvert qu'il était concerné par le problème lors de la remise en cause de sa validité avant d'en faire sa spécialité.
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