Dépendance sexuelle

Version complète : Présentation d'Extave
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Salut Extave,

Merci pour ce long témoignage. Je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris, et je me réjouis donc pour toi que tu prennes dès maintenant le problème à bras le corps. S'apercevoir clairement du problème, puis venir en parler sur ce forum, c'est une première et grande étape vers une forme de guérison. Et c'est que tu as la volonté pour t'en sortir.

Je comprends ta logique pour le pseudo, j'ai fait (un peu) pareil. J'ai eu la même envie de me montrer que je pouvais reprendre le dessus. Et c'est aussi important, à mon avis, d'assumer cette part plus sombre qui est nous, plutôt que de la diaboliser. Ça me semble plus constructif de reconnaître que l'addiction est une partie de nous, plutôt que de la rejeter comme une forme de corps étranger. Et ça permet aussi de rester plus vigilant, à terme, en se rappelant toujours que ça fait partie de nous.

Pour ton amie du lycée, on dirait qu'elle a des tendances pervers narcissique. Ça peut être douloureux, mais peut-être que ce serait plus sain de revoir encore les modalités de ton amitié avec elle, voire de couper les ponts. Il ne faut pas se laisser détruire par les autres.

Bon courage à toi, et encore bienvenue !
Merci beaucoup pour vos réponses encore une fois !

Presque une semaine sans masturbation. Ca chatouille parfois, souvent, mais je me sens mieux. J'ai vraiment l'impression de réaliser quelque chose d'important pour mon développement personnel et que je suis sur la bonne voie. Pourvu que ça dure... Quand je suis tenté, je me remémore jusqu'où j'ai pu parfois aller. L'effet anesthésiant est quasi immédiat...

Je vous ai aussi donné une version raccourcie de l'histoire, pas forcément objectif. Je sais que son point de vue est radicalement différent, forcément. Mais c'est quelqu'un à qui je tiens beaucoup, même énormément. J'ai été peu présent pour elle l'an dernier, ça a crée une fracture entre nous, chacun se renfermant sur ses arguments : je lui reprochais de m'empêcher de vivre, elle me reprochait de ne pas avoir été là depuis mon départ vers ma vie étudiante, et d'accentuer son malheur. Et elle a raison, aussi.

Alors le conflit ne mène nulle part. Il dure depuis deux ans, et chacun a eu le temps de cultiver ses positions entre temps, et de voir les erreurs de l'autre renforcer son point de vue. Elle me reproche de lui avoir manqué de respect en manquant d'honnêteté avec elle, en la laissant tomber à plusieurs reprises, et elle a raison. Un gros différend a également éclaté entre elle et ma copine. Avec cette amie, on s'était promis qu'on ne laisserait personne manquer de respect à l'autre. Je n'ai rien fait. Les torts sont partagés.

Ce n'est pas une perverse narcissique. C'est quelqu'un de vraiment bien, qui m'a beaucoup apporté. Elle s'est rendue compte du mal qu'elle a pu me causer, elle s'en veut, reconnaît l'égoïsme immense dont elle a pu faire preuve. Je sais que dans le futur, elle fera tous les efforts nécessaires pour que la situation soit apaisée. Elle culpabilise énormément de mon état, et ne veut plus jamais que cela puisse se reproduire. Mais pour autant, elle ne peut pas accepter ma copine actuelle, qui représente une période trop sombre et des erreurs impardonnables de ma part.

De mon côté aujourd'hui, je ne suis plus en mesure de faire un effort pour cette amie. Je ne pourrais psychologiquement pas supporter une rupture, qui ne serait due qu'à sa volonté, et n'aurait rien de naturel.

On se parle bien moins ces temps-ci. Je pense qu'elle a à jamais changé l'image que j'ai de moi-même. J'ai toujours été considéré par mes proches comme quelqu'un de naturellement gentil, et facile à vivre. J'ai toujours évité les conflits, je suis diplomate et conciliant. Dans cette affaire, j'ai vu le mal créé autour de moi. Cette amie m'a à plusieurs reprises évoqué le fait qu'elle ne voulait plus vivre, qu'elle avait des idées noires, etc. Et tout cela, par ma faute. Je pense que j'ai aussi énormément de mal à accepter le poids de cette histoire, et que la culpabilité qui en découle a des séquelles sur moi que je peine encore à identifier.

J'ai passé du temps à lire vos histoires, elles m'ont vraiment touché. Souvent, j'ai l'impression de me lire. Tant dans les symptômes que dans les effets immédiats de la masturbation. C'est à la fois troublant, mais aussi facteur d'espoir. Je me sens compris ici. J'espère me sentir suffisamment prêt d'ici peu pour être de bon conseil pour quelqu'un sur ce forum, histoire de rendre la pareille.

Encore bon courage à vous tous !

Ekeiloh

Bonjour Extave,

Concernant ton amie, je pense que tu t'en es rendu compte tout seul, pour le moment, c'est galère. Vous campez sur vos positions, personne n'est prêt à lâcher le morceau, et peut-être à juste titre, ou peut-être pas. Et on s'en fout. Tu es en train de changer, tu deviens quelqu'un d'autre. Ce changement, elle n'est pas prête à l'accepter, parce que ton changement implique ta copine, qu'elle n'est pas prête à accepter non plus. Et ce n'est pas le fait que tu sois moins présent qui lui pose problème, c'est que tu sois là pour quelqu'un d'autre qu'elle. Donc pour l'instant, vous avez besoin de cesser de vous faire du mal. Et quitter ta copine, tu le dis toi-même, n'est PAS une solution. Au contraire. Mais tu dois prendre une décision face à cette amie, même si c'est pour un temps.

Concernant ton sevrage, c'est bien que des outils, tels que les souvenirs de tes anciennes "crises", puissent t'empêcher de céder. N'hésite pas à venir ici quand tu penses être sur le point de craquer, ne serait-ce que pour dire ce que tu as sur le coeur. Rester dans le silence permet à la dépendance de rester bien au chaud, sans être inquiétée. S'exprimer fait sortir tout ça.

Bon courage
Bonsoir à tous,

Pas de rechute depuis cette semaine et demi d'absence de nouvelles de ma part. Je suis heureux et y ai bien moins pensé. Mais ça s'explique aussi par le fait que j'ai été très occupé, rarement un moment d'intimité, et beaucoup de temps passé avec ma copine.

Je suis rentré chez moi depuis 3jours, avec les problèmes qui vont avec que j'ai expliqués plus haut. J'ai revu mon amie avec qui mon histoire est tumultueuse mais intense. Face à mes menaces de "lâcher l'affaire avec elle" car je n'en peux plus, elle me laisse faire ma vie sans s'y immiscer malgré le fait que cela va la détruire. Elle devrait ne plus m'en parler. En retour, je vais limiter la distance que j'ai imposée entre nous, qui la fait souffrir. On va bien voir où cela nous mène...

Je vais tenter de m'occuper pendant ces vacances éviter d'être trop tenté. C'est délicat, cette chambre me rappelle tellement de choses peu glorifiantes sur le sujet... Je sens déjà un petit relâchement. Je me suis masturbé 5 secondes tout à l'heure, j'ai regardé un petit documentaire sur Arte sur la pornographie au Japon (plus par curiosité liée à une culture, mais tout de même).

Je ne sais pas non plus quelle position adopter. Je verrai peut ma copine pendant ces trois mois, ma vie sexuelle sera très pauvre. La masturbation peut être un supplétif. Si j'attends encore quelques semaines, que je le fais bien entendu sans porno et de manière réfléchie, à un moment qui n'est pas une pulsion, qu'en pensez vous ?

Bonne soirée à tous !

Ekeiloh

La dépendance nous donne toujours de bonnes excuses: combien de fois ai-je entendu ou lu: "oui mais c'est parce qu'avec ma femme ça ne va pas en ce moment/au taf c'est compliqué/les enfants sont infernaux" etc... Si tu ne commences pas maintenant, tu ne tiendras jamais. Par contre, si tu commences, même si tu rechutes, tu auras avancé. La rechute ne ramène pas à zéro, mais repousser la sobriété par contre, ça fait même reculer.

Par ailleurs, j'aimerais bien savoir ce que tu considères comme sevrage et rechute, parce que je dois te dire que chez moi, même une mb de cinq secondes, je considère ça comme une rechute. As-tu clairement définit ce qui est une rechute, ce qui fait parti de ton sevrage ou non?

Ceci dit, c'est ma propre vision du rétablissement etc, je ne détiens certainement pas la réponse absolue, et mon intervention est là simplement pour t'aider à te poser les bonnes questions, pas pour porter un jugement.

Bon courage pour la suite.
(02-06-2015 00:25)Extave a écrit : [ -> ]Je verrai peu ma copine pendant ces trois mois, ma vie sexuelle sera très pauvre.

Bonjour extave.

Je te cite, parce que voila une belle erreur de pensée.
L'abstinence, et la lutte difficile qui l'accompagne, entretient la richesse de ta vie sexuelle future, (ou moins fréquente) parce que tu crées en toi un territoire d'accueil de l'autre, ta copine en l'occurrence, mais le monde extérieur en général.

La masturbation, c'est un circuit fermé avec toi-même. Quand ta copine est là, tu es moins à elle.

La pauvreté d'une vie sexuelle peut aussi être vécue avec ta copine, si tu utilises son corps comme défouloir à des mauvaises habitudes confortées dans tes masturbations solitaires.

Bien sur cela est idéal, après tu fais comme tu veux/peux, mais la lutte paie toujours.
Rechute.... Prévisible vu mon attitude depuis que je suis rentré, et le message que j'ai pu poster hier ici.

J'ai doublement rechuté en plus. J'ai remis mon compteur sevrage à 0. J'ai un coup de cafard mais au moins je redeviens modeste face à l'ampleur du travail qu'il me reste à accomplir.

J'ai ressenti une sensation assez particulière. Comme si le chemin que j'ai réalisé ces trois dernières semaines se suffisaient à lui-même, me faisait sortir du cercle vicieux de la masturbation et me rendait aujourd'hui au dessus de la dépendance. Un pêché de suffisance, j'espère que cela me fera apprendre...

Je ne sais pas si je partage tout ce que vous dites sur la masturbation. A l'heure actuelle, c'est pour moi un poison qui m'empêche d'être épanoui et d'accomplir de nombreuses choses. Pourtant, dans une situation stabilisée, il y a là la satisfaction d'un plaisir personnel, qui peut ne pas se partager. Je suis relativement solitaire, et cela n'est pas lié à la masturbation. Je peux trouver du plaisir à partager ce plaisir avec moi-même, et y trouver une source de satisfaction différente de ce que peut m'apporter une relation sexuelle à 2.

Mon souhait le plus profond est d'anéantir mon addiction. J'ai l'impression d'être en combat contre l'addiction, donc contre la masturbation compulsive et ses affres. Je ne me sens pas en guerre contre la masturbation raisonnée, moment de plaisir contrôlé et apprécié. J'ai besoin de votre avis sur ma vision des choses. Y voyez-vous un déni ? Une vision simpliste qui ne pourra que me traîner à nouveau dans l'addiction ? Ne pensez-vous pas que cette voie vers la tempérance puisse être trouvée un jour ?

Merci beaucoup à vous en tout cas...
Il y a déjà eu un fil de discussion sur ce sujet, je n'arrive pas à retrouver où (je vais chercher). Pour moi, la masturbation est la porte ouverte aux fantasmes et à la pornographie. Pendant longtemps, j'ai pensé que je pouvais gérer mon addiction par cercle concentrique avec par ordre de priorité (les relations sexuelles avec des inconnus, le porno et la masturbation). En fait si je maintenais l'un, j'entretenais l'addiction. J'ai vraiment ressenti un changement le jour où j'ai décidé de cesser les trois et d'être vraiment dans un sevrage complet.
Donc pour moi, la masturbation n'est pas anodine.
Par contre, c'est peut-être une façon progressive d'aller vers le sevrage en diminuant la consommation, voire en la limitant simplement à la masturbation.
Dans tous les cas, tu le dis toi même ces 3 semaines t'ont permis de commencer à capitaliser. Et 3 semaines c'est super pour un commencement.

Ekeiloh

Ne prends pas la rechute comme un échec, c'est simplement une nouvelle chance de découvrir des choses. Et je trouve ça très bien que tu te remettes en question.

Je vais te répondre personnellement, parce que je ne porte pas la voix de tous les dépendants. D'après moi, la masturbation en tant que telle n'est pas quelque chose de "mal"; mais nous sommes dans l'addiction, et se dire qu'on s'en sortira en le faisant juste une fois de temps en temps, c'est illusoire. C'est comme si un alcoolique disait qu'il était en sevrage en buvant juste un verre de vin à chaque repas. C'est comme si un fumeur disait qu'il avait arrêté la clope puisqu'il ne grille que 4 clopes dans la journée. Je crois que le sevrage est le seul moyen de réellement reprendre ta vie en main.

Mais là je parle du sevrage, pas de la sobriété. C'est-à-dire que en dehors du sevrage, de la période nécessaire pour redécouvrir ce que veut réellement dire partager du plaisir, je n'ai pas la réponse. Peut-être que quand je serai parfaitement sûre d'être sortie de la dépendance, oui, je m'autoriserai un plaisir solitaire de temps en temps. Ou peut-être que j'aurais tellement compris ce qu'est le plaisir à deux que je ne concevrai plus de me donner du plaisir sans en faire profiter l'autre. Je ne sais pas, et je n'anticipe pas. Mais je sais que mon sevrage n'est pas complet si je m'autorise des écarts, que je ne ressentirais pas les bienfaits de la sortie de dépendance comme je les ressens aujourd'hui.

Est-ce la même chose pour toi? Je ne peux pas te répondre. Est-ce mieux de faire un sevrage total pendant son sevrage? Je pense que oui.

Bon courage pour ton rétablissement.
Je suis moi aussi d'avis de ne pas diaboliser la masturbation, qui je pense ne pose aucun problème pour la grande majorité des gens... Le problème c'est quand la masturbation devient "pathologique" et compulsive ! C'est là que les choses échappent à notre contrôle et ont des répercutions négatives sur nos vies.

Tu évoques la "masturbation raisonnée". Je pense qu'elle existe et qu'il est sans doute possible pour un ex-dépendant d'y parvenir un jour. Mais j'ai tendance à penser qu'avant de retrouver cet état d'équilibre, il faut d'abord passer par une sobriété totale. Comme s'il fallait passer par l'extrême opposé de l'addiction avant de pouvoir retrouver un certain d'équilibre. Il y a des étapes à franchir avant de pouvoir retrouver un rapport plus sain à la masturbation. Depuis 5 ans que je suis ici j'ai remarqué que dans l'immense majorité des cas, le maintien de la masturbation n'est pas compatible avec la guérison de cette addiction. Ce n'est seulement qu'au bout d'un certain temps que la masturbation peut éventuellement être rétablie de manière "saine". Enfin ce n'est qu'un avis, le mien...
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