Dépendance sexuelle

Version complète : Pour ou contre la pornographie ?
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merci pour ta compassion, qui me permet d'élargir les bornes de la mienne.
C'est amusant ce que tu dis John.
Ca me fait penser à ces types qui vendent du porno, mais qui n'en consomment pas une miette.
Ou ces grossistes en tabac qui se font un fric monstre mais ne fument absolument rien. Ces barmen qui ne boivent pas.
Pourtant ils pourraient, ils ont le truc à la source, et en moins cher.
Loin de moi l'idée de faire toute comparaison, au contraire.

Cette pensée sympa que tu as eu, moi ça m'évoque que tu avais le recul nécessaire. "Les autres s'ils veulent, mais très peu pour moi".
Merci, tu le synthétises mieux que je ne le puis.
Je suis plutôt pour la pénalisation du porno, au même titre que je suis plutôt pour la pénalisation de la prostitution.

L'un comme l'autre font la démonstration d'une violence physique importante et traumatisante (je vous conseille de lire des témoignages d'anciennes prostituées et d'anciennes actrices porno, qui sont en général édifiants — et glaçant). L'un comme l'autre renvoie une image réifiée de la femme, qui peut s'acheter et se vendre. Dans un cas comme dans l'autre, la proportion de filles qui font ça librement et de leur plein grès est faible (moins de 20% dans le cas de la prostitution), et même quand c'est volontaire, les anciennes actrices/prostituées souffrent de syndrome post-traumatique. Dans un cas comme dans l'autre, on retrouve de manière écrasante un rapport de domination masculine (la prostitution est essentiellement féminine, le porno est essentiellement destiné à un public d'hommes cis-hétéros) — je parle ici de domination au sens sociologique du terme, pas au sens du jeu sexuel. Le porno renvoie donc aussi une image biaisée de la sexualité du point de vue des rapports de domination (enfin, on retrouve ce biais un peu partout dans nos cultures, mais s'il y a un endroit où les rapports de domination devraient disparaître, c'est bien dans l'intimité), et de tout point de vue en fait (dans la représentation des corps, du plaisir, de l'acte sexuel (les positions pratiquées sont souvent en fait complètement intenables et exotiques, mais nécessaires pour être plus « photogéniques ») etc.). On peut rajouter qu'on retrouve dans le porno les marques de la culture du viol (ce qui renvoie à nouveau une image biaisée et délétère de la sexualité).

La pénalisation me semblerait donc une étape importante. Mais c'est effectivement compliqué, ne serait-ce qu'à cause de la mondialisation qui fait que la France est loin d'être le premier producteur de films pornographiques au monde. Et c'est d'autant plus compliqué que l'idée d'une censure d'internet m'est désagréable (l'idée de la censure tout court, d'ailleurs).
Il y a un autre point qui est à mon avis crucial et qui a été peu abordé, qui est celui de l'éducation : il faut parler de sexualité aux jeunes, il faut les sensibiliser au fait que le porno ne reflète (souvent) en rien la réalité de l'acte sexuel, il faut informer sur les abus du porno, et sur les conséquences de l'industrie sur les actrices, il faut se battre contre les modèles patriarcaux qui tendent à réifier la femme, à ignorer son avis et son libre arbitre, voire la réalité de son plaisir (breaking news : la pénétration qu'on retrouve dans l'essentiel de la production pornographique est centrée sur le plaisir masculin, et beaucoup moins sur le plaisir féminin). Et ces points d'éducation sortent par ailleurs du strict cadre du porno : ils permettraient de faire des futurs adultes plus conscients et responsables en matière de sexualité.
La pénalisation dans notre société d'arriérés irresponsables incapables d'avoir des comportements adaptés et en adéquation avec nos idées le plus souvent bien pensantes est indispensable...La prévention ne fonctionne pas...on l'a bien vu avec la sécurité routière...Il faut toucher au porte-feuille...Porno, proxénétisme, consommation de prostitué(e)s - comme le prévoyait d'ailleurs un récent article de loi couardisement enlevé finalement, les clients ne seront pas inquiétés...-

Pour autant, et pour rester dans un débat plus philosophico-éthique, il me semble que le vrai problème se situe ailleurs...Et il est pourtant omniprésent...Selon moi, le porno, notamment, et surtout sa vulgarisation et sa banalisation à outrance - j'ai vu il y a quelques jours sur le fil d'actualité de ma messagerie un article évoquant le site en vogue du moment, où sont postées des vidéos prétendûment amatrices et où il convient de demander "merci qui?", ne sont que des conséquences...-

En fait, selon moi, c'est le fait de l'omniprésence assumée de sexe qui pose problème...les pubs en 4 par 3 vantant les mérites d'un gel douche en montrant une paire de seins sont une parfaite illustration de l'utilisation systématique du corps dénudé des femmes à des fins mercantiles...et même sans voir les parties "érogènes" ( en tout cas pour nous sales pervers !!), les femmes sont trop souvent et très inutilement mises à nu...Pour des fringues, des yaourts, des bagnoles, des émissions de télé....

C'est au sujet de ce rapport au corps de la femme qu'il conviendrait de faire de la prévention auprès de nos jeunes ouailles...
Trust a écrit :C'est au sujet de ce rapport au corps de la femme qu'il conviendrait de faire de la prévention auprès de nos jeunes ouailles...

Je suis à 100% d'accord (sans pour autant tomber dans l'écueil d'un puritanisme forcené, les femmes — et les hommes — doivent être libres de leur corps et de la manière dont elles/ils l'habillent, typiquement). Ce n'est pas normal que le corps de la femme soit un argument de vente pour tout et n'importe quoi.
Attention, voyez où à mener la prohibition dans les années 30 aux Etats-Unis. Il y aura toujours des addictions à moins d'interdire les jeux d'argents, le sport (voyez le lien entre drogue et sport dans la natation...), l'alcool, le tabac... que sais-je encore. Et il y aura toujours des marchés parallèles qui se mettront en place avec le développement du banditisme.

Oui, il faut éduquer et faire comprendre aux personnes les dangers de la consommation du porno et de la prostitution: danger pour eux et pour les prostitué(e)s et les acteurs.
La légalisation, si elle est contrôlée, pourrait être une solution. Je pense plutôt à la prostitution. Si elle est choisie (non imposée comme c'est le cas avec les trafics humains), elle pourrait répondre au besoin de certain(e)s. Dans un post récent, Burrhus a écrit que la prostitution était moins destructrice que la pornographie.
Concernant la pornographie, je suis moins au clair. Il y a peu de documentaire sur les acteurs(rices) de X. Les propos de Burrhus me font réfléchir. Peut-on faire d'acteur X un vrai métier ? On peut imaginer des limites.

A voir, mais la prohibition n'est peut-être pas une si bonne idée.
Attention aussi aux analogies qui peuvent être trompeuses. Dans le cas des addictions précitées (drogue ou alcool) c'est différent dans la mesure où c'est une consommation qui influe sur la santé d'une unique personne (bon, par des facteurs sociaux typiquement ça peut influer sur l'entourage de la personne, mais a priori, si je bois un verre ou fume un joint, c'est moi et moi seul qui me trouve impacté). Dans le cas de la prostitution, la personne en face n'est pas un objet, mais bien un être humain. Ça me semble donc hasardeux de faire un parallèle « la prohibition n'a pas marché, ne pénalisons pas la prostitution », dans la mesure où on parle ici de femmes et d'hommes.

La légalisation est en fait une plutôt mauvaise idée. D'une part, les traumatismes physiques et psychologiques suite à la prostitution se retrouvent indistinctement chez les personnes qui l'ont fait de leur plein gré et chez celles qui étaient forcées. Les témoignages d'anciennes prositutées sont dans leur écrasante majorité édifiants. D'autre part, les pays où c'est légalisé montre que la situation des filles est souvent pire. Typiquement, les maisons closes en Allemagne sont de véritables usines à sexe où les femmes sont usées et abusées sans fin. Il y a un côté « légitimation » de l'acte pour le client, qui est alors vraiment roi, dans la mesure où c'est légal.
Nostrum,

je ne suis pas vraiment d'accord...D'une part car une des composantes principales de l'addiction est son impact nocif sur les interactions sociales...
D'autre part, quand tu bois un verre ou fume un joint, à moins de vivre seul au fond d'une grotte, il y a forcément un impact direct que les personnes autour de toi !! Il n'y a qu'à voir les chiffres ( largement sous-évalués d'ailleurs)  concernant l'accidentologie routière liée à la consommation de produits psychotropes ( alcool, drogue -douce ou dure-, médicaments)...
Alors oui, ta santé seule est mise directement en danger ( et encore, à voir avec le tabagisme passif), mais les dommages collatéraux sont trop importants pour être balayés d'un revers de la main...

Pour en revenir au sujet de départ, je suis finalement d'accord avec toi, la légalisation n'est pas une bonne idée, cela légitimerait l'utilisation du corps des femmes ( le plus souvent des femmes, mais c'est la même horreur concernant l'utilisation du corps des hommes évidemment )...

Ma misanthropie galopante actuelle me fait dire qu'il faudrait sanctionner les utilisateurs et consommateurs aussi !!
Salut TRuST,

Oui, je me rends compte que c'était un petit écueil dans mon raisonnement (que j'avais quand même noté)... Mais j'ai vraiment un problème à comparer la consommation d'une substance à la consommation d'êtres humains, c'est probablement ça le fond de ma pensée.

Pour la pénalisation des consommateurs, je suis en fait plutôt pour aussi, et je suis désolé de voir que les sénateurs aient retiré ce volet de la loi (en fait ils ont juste complètement changé la loi, en faisant à nouveau passer les prostituées pour des criminelles au lieu de leur donner un statut de victime, et en dépénalisant les consommateurs).
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