Dépendance sexuelle

Version complète : une reflexion de plus sur l'internet...
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Mondom disait que les prédispositions n'ont aucun lien avec l'objet de l'addiction. Moi, je trouve ça plutôt clair, non? Disons qu'il y a des gens prédisposés à être addicts à quelque chose et que c'est le parcours de la personne qui fait qu'à un moment donné, on "choisira" tel produit (au sens large) plutôt qu'un autre. Ce que je comprends là dedans, c'est que l'addiction, quelle qu'elle soit est là pour combler un vide et que c'est sur cette sensation de vide qu'il faut s'interroger plutôt que sur l'objet de l'addiction elle même. Beaucoup de personnes n'ont aucun vide à combler parce que peut-être, elles ont parfaitement intégré le fait qu'elles dirigent leur vie et qu'en aucun cas, les autres ne peuvent être responsables des maux qu'elles rencontrent (parce que nous en rencontrons tous mais nous ne sommes pas tous égaux pour y faire face). Dans le cas de l'addiction au porno, il y a chez le dépendant, une déviance ou une déformation de son esprit qui lui fait croire que c'est un besoin alors qu'il ne voit pas que ce besoin, il se l'est créé tout seul. certains ont peut-être recours à ça pour se "consoler" d'une vie de couple insatisfaisante par exemple. mais si cette dernière est ainsi, c'est peut-être que, soit on attend de son conjoint ce qu'il ne peut pas donner (réparer par exemple un manque de confiance en soi ou un vide affectif), soit qu'on a choisi le mauvais conjoint. Et plutôt que de voir cela, on se dit que c'est de sa faute, qu'il (ou elle) n'est pas assez porté sur le sexe ou alors qu'il (ou elle) ne sait pas combler le vide qui est en nous. On ne peut pas changer les autres et en aucun cas, le conjoint ne peut être responsable de ce sentiment de frustration. Ce bien-être ponctuel apporté par la MB, par l'imaginaire lié aux images visionnées ou à l'idée que l'on se fait, via ces images, de ce que pourrait être une sexualité épanouïe (alors qu'illusoire car la sexualité versus pornio n'existe que dans les films) fait que le dépendant y retourne, s'éloignant ainsi à chaque fois davantage de la réalité d'une sexualité vécue à deux et donc d'une relation de partage. Car ce plaisir qui semble tellement anodin à ceux qui le pratiquent, démolit forcément la personne qui vit avec eux. Pour nous, co-dep, on l'a expliqué maintes fois, on vit avec des hommes qui véhiculent un message qui pourrait ressembler à ça : "je t'aime toi pour ce que tu es mais je désire les autres et je les utilise à mon gré, ce n'est pas lié à toi mais c'est normal d'avoir des fantasmes tournés vers l'extérieur". Oubliant ainsi que tous les fantasmes sont tournés vers d'autres parce que le désir ainsi vécu "objétise" les femmes en niant leur dimension humaine, leurs émotions etc... C'est dur de vivre avec un homme qui associe plaisir sexuel avec des inconnues et qui au final, nous trouve nous, bien banales, au regard de ces mises en scènes et de ces femmes à la plastique refaite. Pour d'autres, il y a l'alcool, le tabac, la drogue... Mais tout cela a la même fonction : apaiser ponctuellement des souffrances liées à l'affrontement de la réalité. Alors il y a fuite de celle-ci parce que relever ses manches pour changer ce que l'on peut changer : "soi", c'est difficile même si après, ça paye! C'est ma vision des choses. Tu sais, Yannyann, j'aime mon homme de tout mon coeur pour ce qu'il est, pour ce qu'il fait mais je souffre de savoir que si lui m'aime aussi (ça je n'en doute pas), il continue de croire qu'il est normal d'orienter son désir sexuel vers des morceaux de corps volés sur le net et que, de fait, il divise notre relation en deux. D'un coté, il y a moi et ce que je lui apporte, ce que nous vivons mais d'un autre coté, il y a sa sexualité qu'il est convaincu de devoir vivre en partie seul parce qu'il ne trouve de plaisir que dans la "nouveauté", que dans la perfection des corps etc... Il ne voit même pas que ça, il ne le ressent que parce qu'il a choisi de stimuler cette facette-là plutôt que celle du partage. Son histoire explique cela mais le problème, c'est que s'il nie la dimension émotionnelle de la sexualité, c'est juste parce qu'il ignore qu'elle existe vraiment, à quoi elle peut ressembler et qu'elle aussi, elle est naturelle. Alors vu comme ça... ben il comprend pas où est le mal! Mais cette dimension là suppose que l'on prend un peu de son temps à soi pour se tourner vers l'autre, pour échanger et ça, je crois que les dépendants, quelque soit leur addiction, il savent pas faire et ne savent pas toujours qu'ils en souffrent parce qu'au fond d'eux, il est probable que le partage, ils n'y croient pas vraiment. Le mien voit ça comme quelque chose qui lui est enlevé et ne trouve pas ce que donner peut lui apporter. Moi? J'aime donner, trop sûrement, c'est pour ça que je suis encore là. Il faudrait que l'on arrive à se rejoindre (qu'il apprenne à donner plus et que moi, j'apprenne à donner moins...) et c'est pas évident du tout.Il y a derrière ça, je crois, quelque chose de l'ordre de la toute puissance enfantine qui n'a pas été réglé, empêchant le dépendant d'accéder pleinement à l'age adulte. Ceci, certainement encouragé par des mères qui investissent leurs fils d'une dimension affective mal placée, les étouffant malgré eux et leur laissant croire que l'amour ne fait que se recevoir et qu'il doit être inconditionnel dans ce sens. Leur interdisant d'avoir accès à l'amour que l'on donne aussi pour pouvoir réellement recevoir celui des autres. J'ai un fiston moi aussi et je suis très vigilante à tout ça car lui, je voudrais le voir capable d'aimer, je ne veux pas le démolir, surtout pas... même si mon amour pour mes enfants est inconditionnel!C'était la réflexion du jour...[img=../../../uploads/smil43aa2238ce570.gif" border="0]../../../../p>

A+ Nina <b../../../../p>

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oui, je vous suis à tous les deux. et vous avez certainement raison.  Au bout de la conversation, on en arrive a peu près toujours au même point de la réflexion. Ce que je trouve étonnant chez moi, c'est que cela fait plus de trois mois que je n'ai pas cliqué sur la moindre image porno et que je m'en trouve extrêmement bien (merci à vous) . Et que je n'ai aucune envie d'y retourner sachant où ça me mène fatalement. Un peu comme le feu attire les enfants mais que, une fois compris que ça brulait, ils s'abstiennent.J'ai retrouvé un équilibre de caractère avec ma femme mais sans avoir trouvé de solutions à ce qui pourrait être l'avenir. En clair trois mois après j'en suis au même point de ma réflexion. (vous allez me trouver lourd!) Ne serais-je pas un addict finalement, tel qu'on le définit ici?

   

Citation : nina a écrit: Beaucoup de personnes n'ont aucun vide à combler parce que peut-être, elles ont parfaitement intégré le fait qu'elles dirigent leur vie et qu'en aucun cas, les autres ne peuvent être responsables des maux qu'elles rencontrent (parce que nous en rencontrons tous mais nous ne sommes pas tous égaux pour y faire face).
Sans vouloir être hors sujet, nina, ou frustrer qui que ce soit, ce "beaucoup" ne concorde pas trop avec ce que j'ai autour de moi ; je ne sais pas si je vis dans une famille de paumés, mais dans celle-ci les types véritablement autonomes et riches intérieurement se comptent sur les doigts d'une main ( et je sais être lucide quand je veux, si si Smile )... Ceci dit ce n'est pas parce qu'ils ont des failles et divers vides à combler qu'ils n'y parviennent qu'en détruisant ce qui se trouve autour d'eux, il y a des façons moins craignos que la porno-dépendance de combler ses manques personnels ; ceci dit leur stabilité n'est qu'apparente, ils répriment beaucoup de leurs penchants, et y'a plutôt intérêt à ce que leur entourage les soutienne et demeure lui aussi stable, parce que ça ne tient pas à grand chose : l'alcoolisme est par exemple une constante dans mon entourage, de même que les couples bancals, l'obésité ( parfois morbide ), le mysticisme, le tabac etc...En revanche, je suis tout à fait d'accord, l' objet de l'addiction en tant que tel n'est que le résultat de la rencontre d'une individualité avec une substance ; ce sont les prédispositions qui comptent le plus. On est plus orienté par ces prédispositions vers l'addiction que par l'alcool, la clope, l'héroïne ou la branlette. On a "besoin" de se défoncer à quelque chose, et on prend ce qui passe, à peu de choses près ( on remarquera quand même que, statistiquement parlant, des gosses d'alcooliques on beaucoup plus de chances d'être alcooliques à leur tour ; est-ce à cause de l'attrait de l'alcool en lui-même ou parce que le(s) parent(s) alcoolique(s) n'offrent qu'une attention limitée à leur mômes, voire les traite(nt) comme de la merde, ce qui créé des carences ? un peu des deux je dirais, mais surtout pour la deuxième raison ). Après j'aurais tendance à penser comme yannyann que la société telle qu'elle se présente aujourd'hui nous pousse, en même temps qu'elle nous pousse globalement à la surconsommation, à la consommation tout court de l'Autre. Je citerais volontiers le voyeurisme télévisuel ( le succès de la télé-réalité, y'a pas plus flagrant ), l'exposition de plus en plus gratuite de corps dénudés sur les panneaux publicitaires géants ( ça désensibilise ), le succès des magasines people où l'on "mange de la star", le fonctionnement industriel des boîtes de nuit et la facilité actuelle à faire des rencontres "rapides", c'est-à-dire s'offrir pour un soir le corps de l'autre avant de l'oublier sans avoir généré un véritable échange, évidemment la pornographie moderne elle-même mais je pense que c'était pas la peine de le préciser... Seulement fixer son attention uniquement sur les tentations et la pression même provenant de l'extérieur fait surtout oublier que le problème vient avant tout de nous ; personne ne clique à ta place, même si on te met tout sous les yeux, c'est toi l'acteur principal ( voire le seul ) de ton propre drame cyber-pornographique. A bon entendeur ... 
Le "Beaucoup" de Nina s'adresse à l'ensemble de l'humanité, sans doute, et ce n'est qu'une estimation, bien sûr.Ce que je trouve très important dans ta réponse, Morbach, c'est le fait que les "origines" de tes soucis, pour peu que tu en identifies certaines, ne peuvent pas être uniquement attribuées à ton père. Tu regardes autour de toi, tu vois ta famille, et ta famille ne reflète pas la distribution du "Beaucoup" de Nina. Elle est plus proche d'un flagrant "Aucun" que d'un (même timide) "Beaucoup", semble-t-il... Alcool, bouffe, tabac, secte (ou autre, tu as dit "mysticisme"), merdier affectif (dépendance? peu importe comment on doit l'appeler...), chacun semble s'accorder avec ses problèmes en suivant sa béquille, sa came... Avec un succès discutable, bien entendu. Il n'est pas facile d'analyser et guérir chacun des membres de ta famille, je suis sûr d'ailleurs que tu n'as pas très envie d'aller les prendre tous dans tes bras... Il n'est pas facile non plus à priori de guérir la famile collectivement hop un coup de baguette magique, un beau discours à la réunion de Noël et tout le monde retrouve la sanité à 100%... Mais tu peux, si ce n'est déjà fait, te rapprocher encore des concepts de psycho-généalogie et de constellation familiale? A leur insu total, peut-être que tous les membres de cette famille se trimballent et se transmettent des boulets cachés?Ton père... Cela ne repose pas exactement la question de "le pardonner" (je ne suis toujours pas catholique pratiquant...) mais participe encore à mon sens de "qu'y aurait-il à pardonner ou pas, et pourquoi" tout simplement... Pièce rapportée ou pas, d'une branche familiale "atteinte" ou pas.. Y a pas vraiment de hasard. J'avais épousé une femme, disons, fragile psychologiquement. Mon père m'a dit qu'il avait fait la même chose... Cela dépasse le simple fait de "reproduire ce que la génération précédente a fait en ouvrant ainsi la voie". C'est plus indicible et indécelable que ça, cela vient sans doute de bien ailleurs que de mon père... de même que lui l'a reçu de dieu sait où... J'ai compris que je ne culpabiliserais pas mes vieux, parce qu'ils n'y sont pour rien. En temps d'épidémie, celui qui te transmet la maladie n'est pas vraiment coupable de l'avoir fait, pas plus que de l'avoir reçue... En revanche, celui qui découvre la pénicilline, qui découvre le lavage de ses propres mains peut enrayer le truc, se sauver lui-même et sa descendance... Répandre le désinfecté au lieu de propager le pourri.  
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