21-05-2010, 10:28
Mondom disait que les prédispositions n'ont aucun lien avec l'objet de l'addiction. Moi, je trouve ça plutôt clair, non? Disons qu'il y a des gens prédisposés à être addicts à quelque chose et que c'est le parcours de la personne qui fait qu'à un moment donné, on "choisira" tel produit (au sens large) plutôt qu'un autre. Ce que je comprends là dedans, c'est que l'addiction, quelle qu'elle soit est là pour combler un vide et que c'est sur cette sensation de vide qu'il faut s'interroger plutôt que sur l'objet de l'addiction elle même. Beaucoup de personnes n'ont aucun vide à combler parce que peut-être, elles ont parfaitement intégré le fait qu'elles dirigent leur vie et qu'en aucun cas, les autres ne peuvent être responsables des maux qu'elles rencontrent (parce que nous en rencontrons tous mais nous ne sommes pas tous égaux pour y faire face). Dans le cas de l'addiction au porno, il y a chez le dépendant, une déviance ou une déformation de son esprit qui lui fait croire que c'est un besoin alors qu'il ne voit pas que ce besoin, il se l'est créé tout seul. certains ont peut-être recours à ça pour se "consoler" d'une vie de couple insatisfaisante par exemple. mais si cette dernière est ainsi, c'est peut-être que, soit on attend de son conjoint ce qu'il ne peut pas donner (réparer par exemple un manque de confiance en soi ou un vide affectif), soit qu'on a choisi le mauvais conjoint. Et plutôt que de voir cela, on se dit que c'est de sa faute, qu'il (ou elle) n'est pas assez porté sur le sexe ou alors qu'il (ou elle) ne sait pas combler le vide qui est en nous. On ne peut pas changer les autres et en aucun cas, le conjoint ne peut être responsable de ce sentiment de frustration. Ce bien-être ponctuel apporté par la MB, par l'imaginaire lié aux images visionnées ou à l'idée que l'on se fait, via ces images, de ce que pourrait être une sexualité épanouïe (alors qu'illusoire car la sexualité versus pornio n'existe que dans les films) fait que le dépendant y retourne, s'éloignant ainsi à chaque fois davantage de la réalité d'une sexualité vécue à deux et donc d'une relation de partage. Car ce plaisir qui semble tellement anodin à ceux qui le pratiquent, démolit forcément la personne qui vit avec eux. Pour nous, co-dep, on l'a expliqué maintes fois, on vit avec des hommes qui véhiculent un message qui pourrait ressembler à ça : "je t'aime toi pour ce que tu es mais je désire les autres et je les utilise à mon gré, ce n'est pas lié à toi mais c'est normal d'avoir des fantasmes tournés vers l'extérieur". Oubliant ainsi que tous les fantasmes sont tournés vers d'autres parce que le désir ainsi vécu "objétise" les femmes en niant leur dimension humaine, leurs émotions etc... C'est dur de vivre avec un homme qui associe plaisir sexuel avec des inconnues et qui au final, nous trouve nous, bien banales, au regard de ces mises en scènes et de ces femmes à la plastique refaite. Pour d'autres, il y a l'alcool, le tabac, la drogue... Mais tout cela a la même fonction : apaiser ponctuellement des souffrances liées à l'affrontement de la réalité. Alors il y a fuite de celle-ci parce que relever ses manches pour changer ce que l'on peut changer : "soi", c'est difficile même si après, ça paye! C'est ma vision des choses. Tu sais, Yannyann, j'aime mon homme de tout mon coeur pour ce qu'il est, pour ce qu'il fait mais je souffre de savoir que si lui m'aime aussi (ça je n'en doute pas), il continue de croire qu'il est normal d'orienter son désir sexuel vers des morceaux de corps volés sur le net et que, de fait, il divise notre relation en deux. D'un coté, il y a moi et ce que je lui apporte, ce que nous vivons mais d'un autre coté, il y a sa sexualité qu'il est convaincu de devoir vivre en partie seul parce qu'il ne trouve de plaisir que dans la "nouveauté", que dans la perfection des corps etc... Il ne voit même pas que ça, il ne le ressent que parce qu'il a choisi de stimuler cette facette-là plutôt que celle du partage. Son histoire explique cela mais le problème, c'est que s'il nie la dimension émotionnelle de la sexualité, c'est juste parce qu'il ignore qu'elle existe vraiment, à quoi elle peut ressembler et qu'elle aussi, elle est naturelle. Alors vu comme ça... ben il comprend pas où est le mal! Mais cette dimension là suppose que l'on prend un peu de son temps à soi pour se tourner vers l'autre, pour échanger et ça, je crois que les dépendants, quelque soit leur addiction, il savent pas faire et ne savent pas toujours qu'ils en souffrent parce qu'au fond d'eux, il est probable que le partage, ils n'y croient pas vraiment. Le mien voit ça comme quelque chose qui lui est enlevé et ne trouve pas ce que donner peut lui apporter. Moi? J'aime donner, trop sûrement, c'est pour ça que je suis encore là. Il faudrait que l'on arrive à se rejoindre (qu'il apprenne à donner plus et que moi, j'apprenne à donner moins...) et c'est pas évident du tout.Il y a derrière ça, je crois, quelque chose de l'ordre de la toute puissance enfantine qui n'a pas été réglé, empêchant le dépendant d'accéder pleinement à l'age adulte. Ceci, certainement encouragé par des mères qui investissent leurs fils d'une dimension affective mal placée, les étouffant malgré eux et leur laissant croire que l'amour ne fait que se recevoir et qu'il doit être inconditionnel dans ce sens. Leur interdisant d'avoir accès à l'amour que l'on donne aussi pour pouvoir réellement recevoir celui des autres. J'ai un fiston moi aussi et je suis très vigilante à tout ça car lui, je voudrais le voir capable d'aimer, je ne veux pas le démolir, surtout pas... même si mon amour pour mes enfants est inconditionnel!C'était la réflexion du jour...[img=../../../uploads/smil43aa2238ce570.gif" border="0]../../../../p>
A+ Nina <b../../../../p>