Salut Quest,
Il n'y a pas une seule ni une vraie réponse à ta question. Chaque dépendant a une histoire unique, une situation qui lui est propre.
Je voudrais cependant attirer ton attention que le problème d'une addiction n'est pas le produit ou l'objet mais le comportement. En soi, l'alcool, le sexe, la bouffe, le cannabis (abstraction faite des aspects légaux), le tabac ne sont ni mauvais ni bons. C'est la relation ou l'utilisation que nous développons avec l'objet qui peut devenir une addiction. De ce point de vue, même la bouffe peut alors devenir toxique (par exemple les gras trans).
J'aime bien la distinction que fait Eric Loonis dans son ouvrage "La gestion hédonique". Dans une définition simplificatrice il écrit presque en boutade qu'une addiction est une dépendance compulsive, . Ainsi on peut avoir développé une dépendance à la nicotine sans être un fumeur compulsif.
Être addicté ce n'est pas faire quelque chose de particulier mais faire quelque chose de façon particulière, i.e. la quantité et le niveau d'investissement dans l'activité, lorsque cela entraîne des conséquences dommageables pour la personne ou pour ceux qui l'entourent. C'est lorsqu'on devient esclave de l'objet.
Parmi toutes les addictions, certaines sont socialement plus acceptées que d'autres, plus dommageables que d'autres. Comme me l'a fait remarquer mon psy, ce sont les addictions à la sexualité et à la nourriture dont il est le plus difficile à se libérer. Il est en effet nécessaire de manger pour vivre et la sexualité est une des pulsions les plus puissantes qui soient.
Peut-on alors, lorsqu'on a développé une addiction à la sexualité, revenir à une sexualité "normale"? Je pense que cela est possible, mais cela prendra plus ou moins de temps selon la nature même de l'addiction sexuelle, selon sa situation, selon le "coût" (les implications et les conséquences) du comportement addictif. Je suis parvenu, après plusieurs tentatives, à me sevrer complètement de mon addiction à la pornographie et je me suis rendu compte que je pouvais à nouveau me laisser parfois fantasmer, même à l'occasion d'une masturbation, sans me laisser envahir. Mais cela ne m'est survenu qu'après une période de plusieurs mois d'abstinence de ce type de comportement. J'ai pu également retrouver une sexualité plus épanouie avec ma femme. Mais dans mon cas,mon addiction à la sexualité ne comportait pas une compulsion à la masturbation. Mon addiction consistait surtout à la recherche de rencontres sexuelles à partir des sites de rencontres sur internet. Le début de mon sevrage a été de mettre fin à ces activités, mais je me suis alors retrouvé litérallement "scotché" à la pornographie comme activité de remplacement. J'avais remplacé mon addiction initiale par une autre et cette autre activité prenait de plus en plus de place. J'ai dû alors faire un deuxième sevrage, pas facile...mais je tiens le coup. Je suis toutefois conscient que j'ai encore une autre étape à franchir, soit de retrouver la motivation à des plaisirs sains, de retrouver de la satisfaction dans mon travail, dans mes relations avec mes amis, mes enfants.
J'imagine donc que pour chaque dépendant le chemin peut être différent, selon que l'on soit en couple ou non, selon que notre addiction est à la masturbation, à la pornographie ou aux rencontres, ou...., selon notre capacité à trouver et à utiliser d'autres façons de gérer son stress, son ennui, ou d'apaiser sa souffrance.
P.S. Comme je l'ai déjà écrit dans un autre post, je recommande vraiment la lecture de l'ouvrage de Loonis, "La gestion hédonique". C'est une lecture qui m'a beaucoup aidé personnellement et qui m'a permis de comprendre comment j'en étais arrivé là. On peut se procurer une copie électronique de ce livre à faible coût (0,99 euro)à l'adresse suivante:
http://www.polycopenligne.com/pages/eloo...index.html
Bon courage