Bonjour à tous,
Je suis inscrit depuis deux jours sur le forum ; c'est mon premier post aujourd'hui. Pardonnez-moi d'être très long, mais j'ai besoin de déballer mon sac. J'ai découvert ce forum par le biais d'Orroz : j'en avais déjà entendu parler cet été grâce à un numéro de Famille Chrétienne, mais ce n'est que depuis quelques jours que je me suis décidé à franchir le pas.
J'aurais mieux fait de me décider avant. J'ai 31 ans et je suis porno-dépendant (comme j'ai honte d'écrire cela, c'est pourtant la réalité) depuis très longtemps.
La pornographie est entrée dans ma vie lentement, alors que je suis issu d'un milieu catholique pratiquant. J'avais donc de meilleures armes que beaucoup d'entre vous pour lutter contre ce fléau, mais je me suis laissé berner. Je pense que mon premier contact avec le porno a commencé au collège en 4e. A y repenser ce fut la pire année de ma vie, alors qu'en 5e je rayonnais, l'esprit d'enfance était encore en moi. J'étais toujours dans la joie, vraiment. Mais en 4e je perds tous mes amis qui vont presque tous dans des classes différentes. Mes nouveaux camarades sont très différents, je les déteste, surtout un qui me persécute au vestiaire en me montrant sa queue. Ils me parlent des films pornos qu'ils voient sur M6 ou Canal + : j'écoute ça, ça me révulse, mais en même temps je sens une attirance inexplicable. Certains se procurent des magazines pornos sur lesquels je jette des regards furtifs ; en 3e je regarde plus franchement. C'est à cette période que je découvre la masturbation qui me rend infiniment triste. Le moindre catalogue de La Redoute chez ma grand-mère quand elle est absente, le Minitel Rose, le téléphone rose une fois ou deux à cause de pubs dans des magazines TV… J'ai honte mais je continue, personne ne se doute de rien.
Au lycée, je trouve le moyen de regarder des films soft sur M6 ou même sur Arte (style l'Empire des Sens) : j'en veux toujours plus, ça me fascine en même temps que ça me rend honteux. Je commence à acheter des magazines de vidéos avec « carnet détachable ». Je stagne dans mes études, je fais une 2e terminale, je n'ai goût à rien. Finalement je fais une prépa puis des études qui sont à l'opposé de ce que je veux faire vraiment. Là je passe à la vitesse supérieure : seul dans ma chambre d'étudiant il m'arrive d'acheter un Playboy, puis, grâce au magnétoscope, de louer quelques K7 hard. Je me confie à un prêtre, ça s'arrête un moment puis ça continue, je reviens le voir, etc. Je prie, mais pas assez sans doute, la tentation est trop forte. Je découvre en plus avec effroi que mon père regarde du porno régulièrement en tombant par hasard sur un VHS qu'il avait oublié d'effacer. J'ai très mal : je tiens à mon père, je ne veux pas que cette saloperie le bousille comme il me bousille. Tous les stratagèmes sont bons pour l'empêcher d'assouvir sa passion sordide : je cache la télécommande quand je sais qu'un programme érotique ou porno passe à la télé. Un jour, il entre furieusement dans ma chambre : il me demande la télécommande. Il est en transe, il veut sa « nourriture » obscène. Je ne la lui donne pas, il redescend. Et là je pleure en silence dans mon lit comme jamais. Alors je lui écris une lettre, dans laquelle je mets tout mon amour. En le suppliant d'arrêter. Pour maman – si elle savait. Et pour son âme, pour son salut. Il me répond, il me promet d'arrêter, il me remercie pour le courage d'avoir écrit cette lettre. Je le crois, je suis soulagé. L'image du père est cassée, mais elle va se reconstruire. Bien entendu je ne lui dis rien de mon addiction commençante : ça suffit, je ne veux pas le décevoir, pensé-je alors.
Puis je subis une profonde conversion un été. Très profonde. Je vais devenir pur. Je veux être proche de Dieu. La Vierge Marie que j'ai beaucoup priée m'aide constamment, je le sais. Je prends ma vie en main : je change radicalement d'études, je repars complètement à zéro. Je choisis une voie qui me plaît énormément. J'ai une vie spirituelle intense ; mes nouveaux camarades ont des pensées saines. Enfin je revis. Je suis plus créatif, plus tourné vers les autres, je tombe amoureux même. Bien sûr je chute, mais le Seigneur me pardonne et je pense qu'un jour je vais être délivré pour de bon. Je me relève toujours.
Puis arrive Internet. La catastrophe. Je télécharge des photos de filles, puis j'en viens à des photos plus hard. Quelquefois aux vidéos. J'efface tout à chaque fois, mais la honte et la colère me submergent. Je perds peu à peu ma pratique religieuse. Mes études se terminent, mes amis vertueux s'éloignent. Je rentre dans la vie active, ça continue, parfois je passe la journée entière sur mon PC. « Je ne m'en sortirai jamais », pensé-je. Quelques années se passent et mon addiction se solidifie. Les vidéos téléchargées sont de plus en plus longues, je commence à avoir une bonne connaissance des actrices et des réalisateurs du métier… Les journées sans porno deviennent très rares. Je me mets en colocation avec d'autres personnes pour éviter de retomber dans le porno : la solitude me fait faire des conneries. Mais au bout de plusieurs semaines (peut-être un mois sans porno, c'était alors inimaginable), je rechute ; et en plus je perds mon boulot.
Puis vient un ange. Ma future femme. Je ne l'espérais plus. Elle a tout pour elle, elle est parfaite. Nous nous marions en un an. Je ne lui dis rien de mes addictions, je ne vais pas la salir et la décevoir.
Je trouve un CDI pour la première fois de ma vie. Les grâces tombent, alors que pourtant mon addiction ne diminue pas.
Je décide (encore une fois !) juste avant mon mariage, de dire NON à tout ça. Pour me marier dans la pureté, je confesse mes péchés, Dieu me pardonne. Ce mariage est une chance, je vais la rendre heureuse, je le veux, j'abandonne tout ! J'y crois vraiment. C'était il y a 8 mois.
Je m'interdis le porno à la maison… mais pas au boulot ! Je découvre qu'avec Rapidshare je peux télécharger des films entiers. Je les efface à chaque fois, mais à chaque rechute mon désir est plus exigeant. Et puis il y a 3 mois je deviens un « collectionneur ». De toute façon, pensé-je alors, je ne m'en sortirai pas, alors à quoi bon ? Pour la première je garde les films sur un disque dur. Ça perturbe un peu ma conscience les premiers temps, et puis je m'y fais, même si je dors mal. Bientôt plus de 120 films téléchargés. Tout le catalogue d'Alpha France : aucun film ne manque. J'ai une prédilection pour les films des années 1970-1980.
Je passe Noël dans le mensonge : bien belle fête de Noël en vérité, qui doit être la fête de l'enfance, alors que je détruis de plus en plus complètement l'esprit d'enfance en moi. J'ai honte de mon hypocrisie.
Puis coup de massue. Mon père est porno-dépendant. Il n'a jamais arrêté, comme je le pensais. Dix ans après sa promesse, je découvre sur l'ordinateur de famille de nombreux liens vers des sites pornos. En regardant l'Historique, je vois même qu'il n'utilise Internet que pour ça. C'est un choc. Je ne peux plus le sauver, étant moi-même bien plus atteint que lui. J'efface l'Historique et je lui demande simplement de ne plus retourner, sur ces sites pour ne pas que mes neveux, mes frères et sœurs ou ma mère ne tombent dessus. Mais je dois changer, il le faut, pour le sauver, pour me sauver. Mais à la rentrée, je continue, j'achète même pour la première fois de la littérature porno. Et puis c'en est trop. Je ne dors décidément plus, ma femme trouve mon comportement bizarre. STOPPP !
Début janvier, juste avant l'échographie de mon futur enfant, je repense au Famille Chrétienne de cet été, et je découvre le site d'Orroz. Je lis tout attentivement, et je balance toute ma belle collection, mes 110 Giga de films. Pour la première fois, je découvre que des gens luttent avec persévérance contre cette saloperie.
Voilà, je ne suis plus retourné voir du porno depuis 5 JOURS, je ne me suis pas masturbé. C'est énorme pour moi. Je sens que je suis toujours obsédé, mais je vais régulièrement voir le site d'Orroz. Pour me rabâcher ces moyens de lutter. Je ne veux pas voir un psy pour le moment, mais un prêtre oui, j'en aurais besoin. Je sens déjà que je vais un peu mieux ; je n'ai pas constamment la main dans mon pantalon, je recommence à avoir des projets, à aimer ce que j'aimais, à prendre plaisir aux conversations avec ma femme et avec mes collègues.
Mais je sais désormais que je ne peux pas lutter seul : si je prie Dieu et que je ne me fais pas aider par des frères, cela ne me sert à rien. J'ai besoin de vous, de l'expérience de ceux qui s'en sont sortis. Et si Dieu le veut, si je m'en sors, peut-être pourrais-je aussi aider mon père. Aidez-nous à nous en sortir, par pitié !
Want_to_stop