Petite réflexion, certes hors-sujet...
Virginie @ 07-05-2008 10:05:09

Je viens de lire "L'envers du porno", article de Isabelle Sorente sur le site d'Orroz.

J'ai fait le lien avec la consommation (alimentaire) de viande animale.

J'ai arrêté de manger de la viande depuis quelques années, parce que j'avais été amenée à voir les coulisses de l'industrie de la viande. Je suis devenue peu à peu une végétarienne radicale(ment casse-couilles) en me confrontant directement à la réalité des choses.

Aujourd'hui j'ai lâché prise, restau d'entreprise oblige, plus envie de me sentir en marge, plus envie finalement de me désocialiser, ou de froisser les personnes qui m'invitent chez elles... Alors je ne refuse plus systématiquement la viande que l'on me sert (je n'en achète pas pour moi, c'est définitif).

Et ça m'arrange bien, du coup, en bonne faux-cul de renoncer à penser à ce qui se passe dans les coulisses de mon assiette. Je me laisse aller, de temps en temps, en m'empêchant de penser à ce que mon plaisir gastronome implique.

C'est précisément ce sur quoi les consommateurs de porno devraient se pencher : les coulisses de ces films rose bonbon pleins de cris de plaisir, et de femelles ouvertes à tout et tous. Si ces coulisses sont bien telles que décrites dans l'article d'Isabelle Sorente, ça devrait pouvoir faire baisser le taux de consommateurs parallèles de sopalin.

Mais à quoi bon ? Prendraient-ils le risque de gâcher le goût de leur bon steak (sans mauvais jeu de mot) ?

Encore que... Resterait la question de ceux qui pourraient y trouver leur compte, des malades ou des schizos pour qui "ce n'est que du virtuel" (il y en a, bien sûr), mais c'est un autre débat.

Comme celui que je serais tentée de lancer, en me demandant si le porno n'est alimenté que de victimes, et non pas de vrai(e)s perver(e)s avides de thunes ou de notoriété (bonjour la notoriété).

C'était ma réflexion du jour-bonjour...
J'espère qu'elle est aussi profonde que la gorge du célèbre film... :lol:
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Re: Petite réflexion, certes hors-sujet...
Dragonier @ 07-05-2008 11:05:46

Hello Virginie,

En fait, il faut croire que tout est une question de conscience. Avoir conscience des effets nocifs de la cigarette, avoir conscience des coulisses du porno etc.
Le problème c'est que ces domaines, c'est notre inconscient qui nous y conduit.
Et l'inconscient trouve son compte dans des domaines bien obscurs.

C'est la que ça choque...
Je me risquerais à dire qu'un consommateur de porno éprouvera une "jouissance" encore plus grande (même si totalement inconsciente) à connaitre les coulisses sordides du porno.

Le porno à une vocation violente, il permet, pour un homme,
de liquider pas mal de colère et de frustration.
Nous pouvons toujours nous mentir à nous même, par une totale inconscience de nos mécanismes profonds, et avancer les arguments les plus débiles (j'admire, j'ai besoin d'affection, elles sont jolies, je suis plein d'affection à donner etc), c'est de la violence.
Il permet d'objetiser, de rabaisser, de contrôler.
...Et le même phénomène existe derrière le gout pour la violence (je pense aux accro aux films violents, qui finissent par s'interressé aux snuff movies - ils sont plus nombreux qu'on ne le croit).
Bien sur la violence est dans la nature humaine, et le sexe et la violence sont des voisins pas si loin, l'un de l'autre. Eros et Thanatos sont de bons amis, mais dans une certaine mesure, trop les mélanger est un signe de déséquilibre. Nombreux seront à s'offuser d'un tel discours -moi violent et sadique ?-, parce que cette violence est tellement réprimée...

Il en vas de même pour nombreuses habitudes auto-déstructrice, parce qu'il existe une jouissance à se détruire, un attachement à sa propre souffrance, qui fournit une forme de reconnaissance, d'identité.

Ainsi, je pense que connaitre l'envers du porno peut être une aide pour la conscience, mais que ça suffit rarement à guérir en profondeur. Ce n'est pas notre moi réfléchi qui consomme, et il à faim de souiller, et si cette violence est réelle, ça n'en est que mieux - quand bien même je refuse de me le dire, et de l'admettre, de le voir en face.

En ce qui concerne les gens dans cette industrire, je dirais qu'ils sont à la fois victime et pervers, car les deux aspects sont un duo inséparable.
Il faut être réaliste, et reconnaitre que l'enfer du porno touche des gens déja fragiles-programmés à une certaine souffrance-, et que ceux qui en profite ont une noirceur sadique à épurer -ils souffrent aussi... ne serait ce que d'être dominés par les aspects les moins haut de leur être -...

Voila un début de réflexion, pour un sujet très interressant que tu exposes.
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Re: Petite réflexion, certes hors-sujet...
Polo @ 07-05-2008 14:05:19

Dragonier a très bien développé la question. Au risque d'être simpliste, voilà mon point de vue.
Quand on a pris conscience de son addiction, bien-sûr que la lecture d'un tel acticle nous fait réagir, fait de nous des cyber-malfrats à la conscience souillée et malheureuse, ça rend encore plus coupable, encore plus honteux. C'est une motivation suplémentaire dans le sevrage.

Mais tant qu'on a pas eu ce déclic, on n'y pense même pas. Au contraire aujourd'hui la société se délecte de ce genre de choses. Les stars, les sportifs et bien d'autres affichent ouvertement leur "libération sexuelle". Le discours dominant est bien du genre "y'a pas de mal à se faire du bien, c'est normal pour un mec, elles aiment ça...". C'est triste mais depuis plus de vingt ans le porno a créé une société de détraqués.

En diffusant cet article à grande échelle je pense qu'on ne changerait rien, peut-être en discuterait-on davantage ? Quelques uns seraient éclairés mais d'autres pourraient bien y trouver un certain plaisir. Je rejoins ce que disait dragonier.
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Re: Petite réflexion, certes hors-sujet...
Bruno59 @ 07-05-2008 17:05:00

La comparaison avec le steack est très juste. Elle nous ramène à ce que le porno réveille de primitif et d'infantile chez nous. Utiliser l'autre pour se nourrir mentalement ou physiquement. La question de fond, elle est celle du rapport à l'autre. Est-ce qu'on le considére comme un objet ou pas ? L'objet sert à remplir un vide, alors qu'il s'agit d'abord de s'accepter soi-même, de trouver la paix intérieure, pour accepter l'autre, non pas comme un objet de satisfaction, de cul(te) etc... mais en soi, parce qu'en soi, l'autre a sa dignité. Quand on considére l'autre comme un objet, on peut l'idolatrer (je l'ai fait), mais on peut aussi prendre du plaisir à le voir souffrir (je l'ai fait aussi en matant du porno), car cela répond à des attentes narcissiques. Mais il n'existe pas "en soi", par sa propre dignité d'être humain. Le moment le plus terrible, le plus émouvant, le plus révélateur aussi, à mon avis, de l'article d'Isabelle Sorrente sur l'envers du porno, c'est quand l'actrice dit "oui, je suis une s... (j'évite le mot)". Là, elle n'existe plus. Elle n'est plus humaine. Elle n'est que la s... qui servira à l'excitation de l'acteur puis du matteur du film. Elle n'est qu'un objet. Cette logique est effrayante. Je dirais, au risque de choquer, qu'elle n'est pas loin d'être celle sur laquelle le nazisme s'est elaboré puis a sévi. L'autre n'existe que comme objet, quand il ne sert pas, on élimine.

Personnellement, je vis le rétablissement comme une façon radicalement différente d'être en relation avec les autres. Comme dirait Erich Fromm, j'apprends "l'art d'aimer", non pas pour espérer quelque chose en retour, mais gratuitement.
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Re: Petite réflexion, certes hors-sujet...
Dragonier @ 07-05-2008 19:05:42

C'est très vrai et franchement bien exposé Bruno. Objetiser conduit à deux faces d'une même violence, qui consiste à idolatrer ou aimer voir l'autre souffrir. C'est une violence parce qu'elle retire l'identité de l'autre en tant qu'individu.

Avant de bien entrer dans le chemin de la guérison, nous avons cette tendance (en tant que dépendants à la pornographie), à être pris par cette espece de fascination envers l'image, ou oserais je dire "l'objet s.....".
Ca comble un vide, du moins ça affole cette partie de nous qui se dit avec fiévre "vite comblons le vide".
Alors nous pouvons toujours nous auto-excuser en nous disant qu'on est juste amoureux de la femme en général, hyper sensible à la poésie qu'est le sexe opposé...
Mais oups, comme nous le démontrons ici, ce n'est pas du tout la vérité.

Nous débutont dés la naissance à cet art d'objetiser (le sein, et ainsi de suite), et "apprendre à aimer"- et voir les individus derrières nos projections, c'est un long et beau chemin, trop rarement entrepris.

:Hello:
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Re: Petite réflexion, certes hors-sujet...
Virginie @ 07-05-2008 20:05:35

Avez-vous vu la dernière campagne sur la sécurité routière ?

"Voilà les effets, sur autrui, de vos comportements compulsifs/crétins/narcissiques", je ne sais encore.

J'ai bien lu vos réponses (très intéressantes, vous en remercie au passage) et finalement, je commence à me dire que plus on ira dans le glauque, plus l'humain s'habituera. On est tous bien du genre à s'indigner au quart de tour en criant "quelle horreur / quelle tristesse !" pour passer à autre chose deux minutes après...

Alors voir des gens qui meurent d'avoir trop fumé, mal conduit, des vaches qui se chient dessus avant de passer à l'abattoir ou des meufs sexuellement martyrisées et sommées de se remettre au boulot-et-plus-vite-que-ça...*

... Finalement je me dis que c'est l'étape suivante dans la soif d'en voir toujours plus qui caractérise bien l'humain.

Et qu'en définitive, tout est effectivement question de conscience et de sens moral individuels.

* Je viens de me rendre compte que vaches et actrices de X sont dans mon exemple interchangeables. :dead:
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Re: Petite réflexion, certes hors-sujet...
Bruno59 @ 09-05-2008 09:05:10

Bien sûr Virginie.
La consommation à outrance, qui est la caractéristique de nos sociètés modernes, pousse à ces excès, à ce narcissisme qui finit par deshumaniser. L'humanité a tendance à oublier la sagesse qu'il y a en elle.
Je ne pense pas qu'il faille pour autant désespérer. Ce site est bien la preuve que des individus ne se résignent pas à leur souffrance. Trop peu, sans doute, mais cela démontre qu'un lien demeure avec ce qu'il y a de plus fondamental chez chacun d'entre nous : le bien-être, la paix d'esprit, la sérénité.
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