J'ai décidé de commencer une sorte de journal intime, ici, sur ce site où les dépendants et co-dependant peuvent se retrouver et partager leurs expériences sans être jugés !

Mon histoire débute le 23 octobre 2003.

Ce jour-là, je reçoit une convocation de la part de la police fédéral de mon arrondissement, pour le lundi 27 octobre 2003. Je me renseigne pour savoir ce qu'ils me veulent, mais rien n'y fait : je ne le saurai que le lundi suivant !

Je me présente donc dans les bureau de la police, on me fait asseoir, puis on me demande si je suis bien propriétaire d'une carte de crédit. On m'informe que le FBI a communiqué aux autorités belge une liste de n° de carte de crédit retrouvé sur des serveurs de sites publiant des photos pornographique impliquant des mineurs (et c'est pas une blague... c'est tout ce qu'il y a de plus authentique) !

Le coup de bambous. Après avoir essayé de nier, mais reconnaissant quand même que je fréquente régulièrement des sites internet pornographiques, je suis prié de leur remettre mon pc portable (pc mis à disposition par mon employeur) sur lequel, évidemment, ils trouvent des photos et des vidéos pornographiques !

Ils me demandent si je les autorise à perquisitioner à mon domicile, ce que j'accepte et là, ils embarquent mon pc, des cassetes et des dvd pornographique, de la lingerie et des accessoires de toutes sortes et je termine la journée dans les sous-sols du palais de justice à Bruxelles, après avoir été interrogé toute l'après midi !

Vers 22h00, je suis présenté à un juge d'instruction qui m'inculpe de :

- détention d'images pornographiques impliquant des mineurs
- fabrication et publication d'images pornographiques impliquant des mineurs
- association de malfaiteurs

mais me laisse en liberté sous conditions de :

- ne plus utiliser internet, sous quelque forme que ce soi
- ne plus être en présence de mineur sans la présence d'autres adultes
- me soumettre à une expertise psychiatrique
- suivre régulièrement un traitement auprès d'un psychologue ou d'un psychiatre
- répondre à tout convocation de la cellule MAM dans le cadre du suivi des conditions énumérées ci-dessus

Sorti du palais de justice vers minuit, je saute dans un taxi pour récupérer ma voiture qui se trouve toujours devant le bureau de la police fédérale de mon arrondissement et je rentre chez moi vers 1h00.

Là, exlication à ma femme qui ne savait pas où j'étais passé, qui tombe des nues quand je lui explique.

Enfin, dodo car le lendemain... travail !

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Mardi 28 octobre 2003

Je me lève un peu grogi pour déjeuner et aller travailler.

Ma femme est toujours sous le choc. Elle va aussi travailler tant bien que mal.

J'arrive au travail "un peu dans le cake" comme on dit et je décide de mettre mon employeur au courant de ma situation. La journée se passe lentement. Je contacte un ami avocat que je mets au courant de la situation et que je prévois de voir dans les prochain jours.

Le midi, je vais manger avec une collègue hyper sympa à qui je raconte tout, à qui je montre les documents reçus du juge d'instruction la veille... bref, je me confie à cette personne qui prend le temps de m'écouter ! Je ne la remercierai jamais assez d'ailleurs.

L'après midi se passe encore plus lentement et vers 17h00, mon boss m'appelle pour me dire qu'ils souhaitent me proposer la chose suivante :

Ils me demandent de faire une demande de congé pour une période de 3 mois, rémunéré, afin que je puisse préparer mon dossier, me retourner, et... voir venir.

Et c'est la mort dans l'âme que Je quitte donc mon bureau en reprenant quelques affaires amenées de la maison. au fil du temps.

Retour à la maison vers 18h30, ambiance de mort... re-explication à ma femme et dodo vers 22h00, épuisé !

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Mercredi 29 octobre 2003

Difficile de se lever, mais il le faut. Les enfants sont en congé de Toussaint, ma femme doit aller travailler et moi, de mon côté, ayant maintenant du temps libre, je décide d'aller chercher des bricoles chez Leroy Merlin pour continuer les travaux dans la cuisine.

Je prend donc mon plus jeune fils avec, et vers 9h00, suis dans mon magasin de bricolage favori.

Retour vers 10h00 et qui voilà devant ma porte : la police fédérale. Deux voitures, quatre inspecteurs qui font le pied de grue en attendant que je rentre. Et c'est reparti pour une perquisition en règle de toute la maison, je suis menoté et maintenu sur une chaise dans la cuisine. Entre temps, ma femme revient du travail et on évacue les enfants chez mon beau-père !

Vers 12h00, je repars avec les policiers dans les locaux de la police fédérale où je suis à nouveau entendu. Ils me montrent les images de cassette vidéo où ils prétendent que les filles qui y apparaissent sont mineures, ils me montrent des photos, me demandent à quoi me sert la boîte postale que je loue dans le bureau de poste près de mon travail...

Après plusieurs heures d'interrogatoire, on m'informe de mon placement en garde à vue, je suis conduit pour la nuit au bureau de la police locale de l'endroit où je dors en cellule. La nuit fut fort agitée et bruyante.

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Jeudi 30 octobre 2003

- 6h30 debout
- 7h00 parti pour les cellules du palais de justice de Bruxelles
- 8h00 devant le juge d'instruction (le même que 2 jours plus tôt)
- 9h00 en cellule dans les caves du palais de justice
- 10h00 fourgon direction la prion de Forest

J'en sortirai le 29 décembre 2003 soit deux mois plus tard !

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Lundi 29 décembre 2003

Chambre du conseil dans la matinée.

J'ai peur car la dernière fois que je suis passé devant des magistrats (c'était pour l'appel du parquet suite à la chambre du conseil précédente), cela s'était plutôt mal passé !

Etre comparé à un quelqu'un comme Marc Dutroux n'est pas vraiment bon pour le moral, et à fotiori lorsque ce n'est pas la vérité. Mais il faut reconnaître que ça a été un électro-choc sulpplémentaire, comme mon arrestation, comme ces deux mois passés en prison.

Je viens de lire un témoignage sur le site d'Orroz à l'adresse suivante : http://www.orroz.net/cybersexe.htm ! Edifiant. Pour réagir, il faut en fait se "prendre un mur" ! Et dans mon cas, le mur, c'est la police fédérale et la justice. Et heureusement que c'est arrivé sinon Dieu sait (pourtant je n'y crois pas) où ni ce que je ferai maintenant. C'est d'ailleurs ce que m'a dit un des policier qui m'intérrogeait en septembre 2004 : Heureusement que l'on vous a arrêté car nul ne sait où vous en seriez maintenant avec tout cela. Peut être seriez-vous passé à l'acte sur des mineurs ! Et il a probablement raison. Même si sur le moment c'est pas marrant à entendre. A ce propos, voici encore un témoignage intéressant qui résume bien ma situation avant mon arrestation : http://www.orroz.net/temoignages_zoophil...#pedophile Ce témoignage me conforte dans l'idée qu'il était grand temps que cela s'arrête !

J'en reviens donc à la chambre du conseil de ce 29 décembre 2003 qui, contre toute attente, s'est formidablement bien passée. A tel point que même si je n'avais pas été libéré, je ne leur en aurai même pas voulu. Drôle comme réaction, non ?

J'ai trouvé 3 magistrats à l'écoute... à mon écoute. J'ai enfin pu, suite à 2 mois de réflexion enfermé peut être, suite aux vistes de ma femmes sûrement, suite à un début de consultation d'un psy aussi... défendre mon cas, faire valoir que, quelle que soient les conditions de ma libération, je les acceptais, que je voulais continuer à consulter mon psy, mais dans un environnement plus sain que la prison, qu'il fallait que je soit à nouveau disponible pour reprendre le travail (sauf que j'ai été viré évidemment... ils n'ont pas fort eu le choix et je ne leur en veut pas non plus. Cela s'est passé de la manière la plus correcte qui soit), que je sois disponible pour ma famille et mes enfants car seule, avec 3 enfants, ma femme n'a vraiment pas dû rigoler tous les jours !

Résultat des courses : la magistrate représentant le parquet me fait savoir qu'elle va réfléchir et la chambre du conseil se termine ainsi !

Retour à Forest et attente de la décision. Généralement, c'est vers 17h30 que l'on sait si ça passe.... ou si ça casse ! Si ça passe, un gardien vient toquer à la porte de votre cellule, vous informe que vous êtes libéré et vous demande de remballer votre paquetage pour évacuer les lieu.

Et c'est ce qui s'est passé ! Quelle nouvelle fabuleuse lorsqu'on vous annonce cela. Je n'irai pas jsuqu'à dire que c'est à vivre au moins une fois dans sa vie, mais quand ça arrive, ça fait du bien !

Le temps de régler les formalités administratives et voilà que vers 19h00, je me retrouve seul, comme un con, rue de la Jonction à Forest, mais libre ! Sous conditions, mais libre quand même ! Ouf !

... quite au prochain message !

Bonjour,

Pour répondre à Ambivalence par rapport à sa phrase : "Chaque fois que l'on surfe sur des sîtes pornos, nous sommes susceptibles de laisser une trace. Nous ne sommes pas tous des pirates en herbe..."

Nous ne sommes pas succeptibles de laisser des traces... nous LAISSONS des traces !

Mais le problème n'est pas forcément là car si l'on n'a rien à se repprocher, personnellement, je m'en fous de laisser des traces par où je passe !

Le problème, dans mon cas, c'est de savoir pourquoi ça n'a pas fait "tilt" quand je visionnais ces images de filles mineures ? Pourquoi ai-je continuer alors que je sais très bien que c'est interdit, que c'est malsain, que ça ne devrait pas exister...

Je ne peux pas dire que je ne m'en suis pas rendu compte. Ce n'est pas possible de ne pas s'en rendre compte. A un moment, le doute n'est plus permis. Qu'on confonde une fille de 15-16 ans avec une de 18-19... OK. Mais dire que l'on confond une gamine de 11-12 ans avec une de 18-19 ans,... là il y a un problème majeur !

En fait, avec le recul, mais il m'a fallu 2 ans pour identifier réellement le problème, c'est que lorsqu'on est ainsi porno-dépendant, on n'a plus aucune notion de ce qui est bien ou ce qui est mal, on n'a plus aucune notion de l'interdit ! Et on se fout bien de savoir si ce que l'on regarde est moral ou non. Il en faut toujours plus, et encore, et encore...

Résultat des courses... voir les messages 1 à 5 et la suite...

Suite de l'histoire qui s'est terminée par un procès en correctionnelle.

Réquisitoire du procureur qui réclame 10 mois de prison avec sursis assorti d'une série de conditions...

Suivent des questions des juges, les réponses que je leur donne, la plaidoirie de mon avocate.

En sortant de la salle d'audience, je trouve que cela s'est bien passé... aussi bien que lors de la dernière chambre du conseil.

Attente du jugement pour 1 mois plus tard !

Et 1 mois plus tard, la douche froide :

- 18 mois avec sursis, soit presque le double de la demande du procureur
- ammende
- frais judiciaire
- diverses conditions...

Mais surtout un jugement d'une sévérité incroyable faisant un amalgamme de toute une série de chose illégales et pas illégales.

Bref, pas évident à vivre.

Donc, je confirme bien la chose : la pornographie peut mener devant la justice... et ça fait mal, très mal !

A bon entendeur !