Bonjour à toutes et à tous,

Comme la plupart d'entre vous je suis dépendant au sexe et en proie à la masturbation compulsive, mon arrivée sur ce forum n'est en rien un hasard.

J'ai aujourd'hui 31 ans, et aussi loin que puissent remonter mes souvenirs le sexe a toujours été présent dans mon comportement.

Enfant vers 7 ans je me frottais mon bas ventre à mes draps pour éprouver une sensation agréable que je n'assimilais pas alors à la masturbation. Vers 10 ans (je pense), ayant du mal à décalotter le gland, le pédiatre m'avait indiqué de bien descendre et remonter mon prépuce pour pouvoir le faire normalement : j'y vois le début de mes dérives sexuelles, ce mouvement étant dévié vers la masturbation.

Le début de l'adolescence, marque ma découverte de la pornographie. En bon sale gosse je fouillais les placards de la maison et j'ai fini par tomber sur des cassettes vhs d'enregistrement de pornos d'une chaine cryptée dont il est inutile de préciser le nom. Ainsi à 12 ans je découvre l'acte sexuel sur bande vidéo, un de mes camarades de classe venait même chez moi pour mater (nous sommes certainement passés à deux doigts de l'expérience homosexuelle à l'époque). S'en suivent l'escalade vers la masturbation quotidienne, voire plusieurs fois par jour et là tous les supports étaient bons : films érotiques ou pornos, magazines refilés par les potes, pages lingerie du catalogue etc... En parallèle une timidité bloquante, un physique chétif, une acné maligne et un appareil dentaire me dissuade de toute tentative de séduction des filles toutes plus belles les unes que les autres... elles resteront longtemps inaccessibles.

Je continue dans cette sexualité virtuelle (déjà à l'époque) jusqu'à mes 18 ans. Se produit alors un évènement inattendu : j'étais dans un parc, faisant un jogging lorsque j'eus envie de boire et d'uriner, je me suis dirigé vers les toilettes. Il y avait un homme, visiblement en train de d'uriner. En réalité il se masturbait... et c'est à ce moment là que les choses ont basculé, j'étais pris entre un mélange de curiosité et de peur. Il m'a dit d'approcher et je suis venu, puis je me suis baissé et je lui ai fait une fellation. Ensuite je suis rentré chez moi, un peu affolé.
C'est ma première relation sexuelle : déviante, anonyme, impulsée par l'impatience d'avoir du sexe. Après cela j'ai été rongé par l'angoisse pendant des mois avant de passer un test de dépistage du HIV, qui s'est révélé négatif. Ce fut un grand soulagement et je jurait qu'on ne m'y reprendrait plus.

Mais bien que je n'avais pas d'attirance sexuelle pour les hommes, j'avais trouvé dans cette homosexualité rapide, passive, une façon d'avoir une vie sexuelle : c'était mieux que de ne pas en avoir du tout. Alors j'ai recommencé à plusieurs reprises, à fréquenter les parcs, guetter les hommes près des toilettes qui attendait des partenaires. J'ai aussi utilisé les réseaux téléphoniques, et j'ai eu ainsi plusieurs partenaires, une dizaine peut être. Mon premier baiser a été avec un homme dans un parc, un père de famille de la quarantaine. Tout ce qui comptais c'est qu'enfin j'avais pu avoir ce premier baiser, moi qui m'en sentais indigne, même si c'était de cette façon, c'était mieux que rien. A chaque fois c'était le même schéma, j'étais essentiellement passif, angoissé, je faisais des fellations, j'ai essayé la sodomie passive à quelques reprises sans y prendre de plaisir. Cela a duré jusqu'à mes 25 ans, mais pendant tout ce temps là c'est les femmes que je regardait et que je désirais, en me sentais incapable de les mériter, de les obtenir.

L'exploration de mon homosexualité m'avait appris ce que je pouvais aimer avec les hommes, et c'était insatisfaisant et bien maigre. A 26 ans j'ai eu une aventure avec la soeur d'un de mes amis, plus jeune que moi. Nous nous sommes embrassés par instinct, et ce fut une sensation incroyable, comme si je commençais à vivre : enfin j'avais embrassé une femme ! Notre histoire n'a duré quelques semaines le temps pour moi de découvrir son corps, d'essayer de faire l'amour, sans succès. L'excitation mêlée à ma libido perturbée par des années de sexe compulsif, de pornographie et d'expériences homosexuelles avaient fait des dégâts...

J'ai eu quelques autres histoires, très légères, toujours avec des filles beaucoup plus jeunes et qui ne duraient guerre que quelques semaines. Mais pas de sexe, hormis ma sexualité honteuse et cachée qui continuait.

A 28 ans enfin je rencontre une jeune femme de mon age, et le courant passe. Avec elle la complicité est présente et s'étend sur le plan sexuel. C'est ma première vraie relation amoureuse, et j'ai trouvé une partenaire sexuelle rêvée. Les débuts furent difficiles, mais la suite divine. Elle avait un gros appétit sexuel et a fait mon éducation sans le savoir. Nous connaissons des ébats nombreux et très satisfaisants même si notre relation est quelques peu chaotique. Mais ça ne me suffit pas : je découvre les prostituées de rue, puis les escortes, avec qui je dépense de l'argent sans avoir des rapports satisfaisants...mais je voulais plus : plus de corps plus d'expériences. Ca ne m'a rien apporté. Mon addiction pour le porno allait mieux à cette époque, ma partenaire m'apportait ce qu'il me fallait, nous étions très compatibles sexuellement.

C'est à ce moment que j'ai compris que mes comportements passés relevaient de la déviance, que j'étais compulsif, et que j'utilisais le sexe comme anti-déprésseur pour combler le vide créé par mon manque de confiance en moi et mon manque d'estime de moi.

Après la fin de la relation avec mon amie, j'ai tenu trois mois sans avoir recours à des formes de sexualités compulsives, je n'étais plus esclave de la masturbation non plus. Ma libido était je dirais "saine", réactive aux sensations réelles que j'éprouvais, non polluées par des comportements malsains. Aujourd'hui notre relation est ambigüe, mais nous n'avons plus de rapports sexuels. La peur qui emplit ma vie m'a replongé malgré moi vers mes anciens démons : consommation de pornographie sur internet, idées d'avoir recours à la prostitutions, pulsions homosexuelles, et biens sur masturbation compulsive quotidienne et non satisfaisante...

Aujourd'hui je suis partagé entre deux sentiments. D'une part le dégout, la colère et la haine d'avoir à nouveau replongé en connaissance de cause. D'autre parts, l'assurance d'avoir déjà traversé cette épreuve, la confiance que m' a apporté la relation avec mon amie à la fois sur le fait que je pouvais plaire et sur mes capacités sexuelles "normales".

Je sais que j'ai les armes pour vaincre ma sexualité compulsive, mais la pulsion brule toujours mon bas ventre, l'envie de céder à la masturbation et à la perversion très est forte... je me sens dans une lutte inégale pour avoir le contrôle de ma vie.

Voilà ce message était un peu long merci à ceux qui l'auront lu en entier, et à bientôt !

Bonjour Manu.

Tu sais que tu as des armes, et les capacités de t'en servir. Je t'invite à suivre les six points du R.I.P.)
Je pense que cela t'aidera à voir "plus loin", tu comprendras une fois fini ;-)

Courage !

Salut Jeck, et merci pour tes encouragements... ce forum est assez important car dans la vie "réelle" il est très difficile de parler de nos soucis..

Je file de ce pas lire le RIP.

M.

Tiens, un autre Manu s'esty inscrit.

Bienvenue en tout cas. Ton message me parle beaucoup. J'ai eu aussi une pratique très compulsive marquée aussi par les rencontres homos (souvent passives aussi) et les prostituées. Moi aussi, ce fut très compliqué de découvrir l'amour au féminin. Aujourd'hui j'essaie de me tenir à distance de mes démons un jour à la fois et de privilégier le partage, l'Autre, l'amour et donc le spirituel. Ce n'est pas une fuite (puisque j'ai des relations sexuelles avec mon épouse), mais le retour à l'essentiel.

Bon courage à toi et à bientôt. :-)

Salut Bruno,

Merci de ton message, ça aide de savoir que l'on est pas le seul à avoir traversé ces tourbillons compulsifs...
Tu résumes bien les choses je pense, seul le partage et la générosité peuvent donner lieu à un acte sexuel pleinement satisfaisant, c'est ce que j'ai appris avec mon ex petite amie.

Le plus dur aujourd'hui c'est de garder le cap en étant célibataire, car la rechute est plus vite arrivée je pense.
J'essaie de garder à l'esprit que mon comportement compulsif est intimement lié à mes peurs et mon manque d'estime de moi, cela m'aide à garder les idées claires et àa avancer...

Bravo pour tes choix en tous cas ;-)