Bonjour à tous,
Nouveau sur le site, ayant découvert depuis peu les groupes DASA, je pense bien avoir ma place parmi vous.
Je saisis bien le programme de rétablissement vu que je fréquente les AA depuis mes 18 ans.
Mais justement après pas mal d'années d'abstinence j'en suis revenu à l'alcool et d'autres fuites toujours liées à l'obsession de fantasmes masochistes.
Pendant des années, j'ai repoussé l'internet par peur vu la consommation de romans et revues qui m'amenait à rentrer dans ma bulle, c-à-d péter les plombs et m'isoler totalement même des amis ou proches prêt à m'aider.
J'ai voulu comprendre le pourquoi, le comment de ce masochisme (sexuel mais moral aussi par l'autosabotage quasi systématique ).He bon de thérapies en psychanalyse j'ai effectivement fait le tour de la "construction" de mon orientation sexuelle.
Bien vu, du temps, du pognon et maintenant je fais quoi avec cette pulsion dont j'ai cherché à à me défaire et qui est là toujours aussi puissante et dévastatrice ?
Voilà en fait plutôt que d'en rajouter j'aimerais simplement correspondre avec quelqu'un qui vit le même type de fantasmes, ce qu'il ou elle en fait et comment il le "gère"
Au delà des réunions j'ai sincèrement besoin d'un partage avec un/une semblable
Quoiqu'il en soit merci à vous. Bernard

Bonjour bernard

je ne suis pas sur d'avoir les clés qui te permettent de résoudre ton problème. Je voulais juste partager avec toi une observation que j'ai faite sur moi-même au long de mes 30 années de dépendance sexuelle : nos fantasmes, nos pulsions, ils ne sont que la suite, la somme, de nos tentatives désespérées pour continuer à trouver un attrait dans le sexe compulsif.

ça vaut ce que ça vaut, mais j'espère que ça t'aidera un peu

quest

Salut Bernard,

Pour avoir été SM, pratiquant du côté S, je peux déja te donner un petit avis. Parce que cette tendance provient d'une confusion entre plaisir et souffrance, et d'autres facteurs encore plus obscurs liés à l'image parentale, je pense qu'il faut avant tout remettre les choses à l'endroit en soi même. Dans une large mesure, l'amour de soi et le souhait d'un VRAI rapprochement sain avec l'autre, contribuent grandement à rétablir l'ordre en soi.

J'ignore si tu as pratiqué ton fantasme, mais pour l'avoir fait, je témoignerais avoir fini par constater comme ce genre de relation créé une distance tordue entre les partenaires, une forme de barrière (contrairement à ce qu'on croient, la pseudo libérté dans le SM, c'est la mise à jour de notre névrose profonde, rien d'autre). D'une certaine façon l'expérience était libératrice, car j'ai pris conscience de ma haine-passion envers la femme, teintée de peur. A mesure que j'ai commencé à m'aimer réellement, j'ai pris conscience que ma tendance sadique n'était pas satisfaisante au niveau profond, amoureux. j'ai simplement fini par me dire "Qu'est ce que je fais la ? Je veux MIEUX, et je veux offrir mieux que du carburant aux névroses respectives de ma partenaire et moi". La maturité est constructrice, et destruction comme auto-destruction ne peuvent satisfaire qu'un enfant blessé à l'amour embrumé. La vrai communion, la vraie tendresse, nous met à nue, de coeur à coeur et de corps à corps, sans artifice - c'est peut être ça, la véritable violence au regard trouble du SM.

Ce que je dis est sans doute valable aussi pour toi, du fait qu'il est impossible d'être Maso sans être Sado, et vice versa. Une victime sommeil dans le sadique, et un vrai monstre sommeil dans le masochiste. Tout est simplement à l'envers, et je n'ai d'autre façon de gérer que la formule de l'amour de soi, ou la démarche de contacter sa vrai polarité. Le masculin est force sans violence, le féminin est réception de cette force aimante. Cliché peut être, mais pas si loin du vrai pour moi.

Je ne suis pas sur du tout qu'un autre masochiste puisse t'aider, au mieux vous vous masturberez le cerveau, au pire vous vous encouragez de façon inconsciente dans votre problème. L'aveugle ne guide pas l'aveugle, à moins qu'un des deux soit déja guéris.

Bon courage sur ta route

Merci Dragonier,
C'est le 1er éclaircissement lucide que je reçois sur le sujet, je sens que j'ai à méditer ce que tu m'écris mais cela me touche déjà. Je l'ai pressenti dans les rares expériences pratiques que j'ai eues ; derrière ce plaisir envoutant et dévastateur ( le seul que je connaisse jusqu'à présent ) il y a je crois un vide immense.Au delà de la peur de la rencontre, je crois que c'est ce sentiment et la trouille de m'y laisser engloutir qui m'ont-heureusement-freinés ds ma recherche de partenaires.
J'aimerais avoir déjà pu intégrer la compréhension que tu en as et j'ai peur en même temps que la construction tordue que j'ai fait de ma sexualité me pousse à aller encore plus loin. Tout comme avec l'alcool, même me reconnaissant toxico, il a fallu que j'aille au bout de ma défonce pour me relever enfin.
J'ai un pote qui débarque, je vais perdre le fil conducteur...
J'irai voir ce que tu as déjà écrit sur ton expérience et, si celà ne t'emmerde pas je reprendrai contact avec toi.
Mais tu peux pas savoir le questionnement mais aussi le soulagement de t'avoir lu. Encore merci à toi Bernard

Merci Quest,
Tu veux dire par là que comme dans tout programme des 12 étapes ( je suis AA ), c'est bien l'abstinence totale la solution ? Lorsque les pulsions m'envahissent, je dois les repousser et qu'avec le temps, elles s'atténueront ?
Je sais qu'avec l'alcool et autre produit, celà m'a paru impossible au début et que le temps et le prg m'ont permis d'y arriver. Penses tu que c'est le même processus ?
Merci à toi Bernard

Salut Bernard.

J'ai moi aussi des pulsions masos, qui expriment un désir de m'autodétruire, pour ne pas assumer ma peur de me construire, ma peur de ma liberté. J'ai longtemps aussi vécu comme un dominé depuis l'enfance (je pense avoir aussi été abusé sexuellement par un plus agé). Ce fantasme se présente régulièrement. J'essaie d'accepter qu'il fait partie de ma personnalité, et que je suis impuissant face à lui (coimme je suis impuissant face au verre). J'essaie donc de ne pas l'alimenter. Il fait partie ce que chez les DASA, on appelle les "comportements déclencheurs", tous ces comportements que j'ai défini et dont je sais qu'ils alimenteront ma compulsion si je leur laisse la moindre possibilité de s'exprimer. J'ai longtemps cru par exemple que je ne pourrai pas me détacher de la masturbation. Un jour à la fois j'y parviens.

Salut bernard

ce que je veux dire, ce que les fantasmes, ce n'est pas qq chose de fixe. ça peut évoluer en fonction de notre vécu, de notre expérience. Ce qu'on imagine par moment comme qq chose dont on ne peut absolument pas se passer, avec le temps, ça peut tout à fait se transformer. Donc ne perds pas courage. Ce n'est pas immédiat, mais c'est possible.

quest

merci Bruno,
Petit à petit, à force d'entendre et de lire,je pense en venir à comprendre que c'est comme le reste : reconnaitre et accepter. Voilà que j'en reviens à la 1ère étape pour tout autre chose et qui remonte encore bien plus loin dans l'enfance.
Il va falloir aller rechercher le bon vieux truc d'un jour à la fois.
En tout cas, grâce à des gens comme toi, ça commence à raisonner (et résonner d'ailleurs )bien plus fort que des années de thérapie !
Merci encore, à + Bernard

merci Quest, je pense avoir déjà un pied sur le chemin.
Tout cela est tellement nouveau mais tellement rassurant de pouvoir en parler.