Idéalisation
TheAnotherAgain11 @ 22-04-2007 14:04:36

Bonjour! Je me connecte souvent mais je n'ose pas poster mais la ce matin..j'ose.
J'ai une question à vous poser, j'ai besoin de votre avis.
Je ne consulte plus de porno, à ce niveau là ça va tout de même bien(vive mon filtre parental utra restrictif), et les fantasmes ont diminués(pas aussi vite que je le voudrais) mais il me reste un problème majeur.
Quand je vois une belle personne, à l'allure de l'acteur porno, je ne peux m'empêcher de démarrer la machine à fantasmes. Je me dis qu'avec cette personne là je serais vraiment heureux, que je serais enfin libérer de toute cette dépendance, que la sexualité serait épanouissante et merveilleuse, que ça serait merveilleux pour l'estime de soi, et que je le mérite bien après tout. Je crois que c'est rendu inconsciemment (comme un but à ma vie). Être en couple avec une personne de cet acabit pour "enfin être heureux".
Cela vous arrive t-il? Suis-je un phénomène de cirque? Pourquoi j'idéalise ces gens alors que je suis en couple, que tout va bien et que j'aime vraiment la personne avec qui je suis et que la sexualité est épanouissante.
C'est quoi mon problème?!?

P.S. Je réalise que j'ai tendance à faire cela également avec le matériel. Par exemple, si je vois un machin électronique, je m'imagine qu'avec ce bidulle je serais heureux, je serais admiré des autres, que je ne m'ennuierais plus et que j'aurais du plaisir. Alors souvent je l'achète et à la minute ou je le brise un peu, qu'il n'est plus 100% neuf, je perd totalement mon intéret. C'est étrange non? Un psychnalyste me dirait surement que je recherche l'estime de moi à l'extérieur de moi mais bon...je fais quoi pour me libérer de tout ca?

Merci!
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Re: Idéalisation
abstinence @ 22-04-2007 21:04:53

Bonjour;

J'ai bien apprécié ton message car il traite un problème dans beaucoup de gens sont victimes, pour ne pas dire un problème de socièté. Moi aussi je me retouve dans ton problème, j'ai envie de me débarasser de mes fantasmes qui me conduisent droit au périple. J'ai tendance à chercher l'idéal sans le trouver, une recherche perpétuelle et le porno en ai une preuve. Je cherche les représentation sexuelle idéales pour moi, qui répondent à mes fantasmes et quand je les trouve je suis déçue quelques minutes après je ne suis pas content et c'est la le cercle vicieux recommence et rechechant d'autre images et videos et en retombant dans la déception qui fait mal, sutout quand j'ai payé de l'argent pour satisfaire ce fantasme sans fond ni plafond. Et c'est aussi pareil pour les vetements et le materiel high tech avant de l'acheter je suis très excité je me dis une fois que je l'ai chez mou il me rendra heureux et une fois que c'est fois je me dis merde ce n'est pas ça que je voulais il est trop laid, trop cher...

Pour conclure je pense comme toi, les fantasmes et la recherche de l'idéal sont en bonne partie responsable de notre addiction.
souvent quand je marche dans la rue il m'arrive de mettre les yeux sur une belle nana, souvent assez dénudée, avec son mec, je pick une crise, je me dis pourquoi un tel portant pas trop beau, pas trop méritant à pu avoir une tel fille alors que moi j'ai rien et ça fait des années que ça dure. des fois j'ai envie d'aller vivre dans un desert sans femmes sans télé et sans internet, sans matriel électronique... au moins pour quelques années pour me désintoxiquer et redevinir cette être pur que j'était avant l'adolescence. Parceque dans l'environnemnt dans lequel on vit en france diffile de se déconnecter de toutes ces connerie qui nous bourent le cranne et nous rendent malades qand on un peu des être fragile et sensibles. :-?
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Re: Idéalisation
Nicolas @ 25-04-2007 11:04:10

Bonjour The Another...

Oh, je crois que nous en sommes plus ou moins tous à ce niveau là... Regarder ailleurs si la prairie n'est pas plus verte... Au début de mon sevrage cela m'angoissais beaucoup, puis finalement, j'ai fini par me dire que cela faisais partie de moi, et qu'il fallait accepter ce désir soudain, mais quand même temps il ne fallait pas qu'il prenne plus de place qu'il n'en a réellement.
Je regarde passer l'envie, puis je passe à autre chose. Au fur et à mesure, l'on est moins impressionné par ces rencontres inopinées.

A bientôt, Nicolas.
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Re: Idéalisation
John Warsen @ 25-04-2007 11:04:24

je dirais comme nicolas, que l'incontinence émotionnelle finit par se résorber, se dissoudre, si on cesse de monter dans son train quand il entre dans notre gare ;-) .
Sur les mystères du "désir omniprésent que nul objet ne satisfait", t'es pas tout seul à y avoir songé.
Le bouddhisme en parle beaucoup, et plus près de nous, des philosophes comme Comte-Sponville l'évoquent clairement :
""Le désir est l’essence même de l’homme. Mais le plus souvent nous ne savons désirer que ce qui nous manque, autrement dit, pour reprendre des concepts d’allure freudienne, nous sommes dévorés par la nostalgie du bon objet, de la bonne étoile, comme nous pousserait à dire l’étymologie que vous évoquiez en commençant, mais nous savons bien qu’il s’agit moins d’une étoile que d’un sein... Nous avons connu le bon objet, celui qui comblait le manque, et on nous l’a retiré, et il nous manque, si bien que nous ne cessons, durant toute notre vie adulte, de courir après un sein perdu ! C’est une course qui est vouée à l’échec, d’abord parce que nous ne retrouverons jamais le sein perdu, ensuite parce que, tant que nous ne savons désirer que ce qui nous manque, si nous trouvons ponctuellement un bon objet qui supprime le manque, dès lors que nous avons cet objet nous ne le désirons plus, puisqu’il ne nous manque plus, et déjà nous nous ennuyons…
À quoi bon courir toujours après un sein, quand le monde entier est là qui se donne à connaître, à aimer, à transformer ? Le bon objet manquera toujours, le monde ne manque jamais. Convertir le désir, c’est le convertir au monde, au réel : passer du désir à la considération, passer du manque (nostalgie, espérance) à la puissance, autrement dit à l’attention et à l’amour. Considérer vraiment, c’est être attentif ou aimant. Tant que le désir est manque, sa logique ultime c’est de désirer ce qui manque absolument : Dieu, ou ce que Platon appelle le Bien en soi. De même chez Sartre, si l’homme est fondamentalement manque d’être, alors il est de l’essence de l’homme, comme le dit expressément L’Être et le Néant, de désirer être Dieu. Si au contraire le désir n’est pas manque, sa logique ultime n’est pas de tendre vers ce qui manque absolument, mais de tendre vers ce qui ne manque jamais, à savoir tout, que l’on peut appeler le monde, la nature, l’être ou le réel… Convertir le désir, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire le retourner - mais pour le remettre à l’endroit ! -, c’est passer du manque (du sein ou de Dieu) à la puissance (de jouir et d’agir). Il s’agit de terminer le sevrage, de grandir enfin, de devenir adulte. La sagesse, d’une certaine manière, n’est pas autre chose qu’un sevrage réussi. D’aucuns voudraient nous faire croire qu’un sevrage réussi consisterait à s’enfoncer dans la résignation... C’est tout le contraire. C’est une fois que le sevrage est réussi qu’on peut aimer vraiment quelqu’un d’autre."
André Comte-Sponville
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Re: Idéalisation
Logray @ 27-04-2007 01:04:15

"j'ai envie de me débarasser de mes fantasmes qui me conduisent droit au périple" Joli lapsus, c'est vrai que nous débarrasser de tout ça, c'est un sacré périple ;-).

Rechute carabinée pour moi ces temps-ci et mon interrogation rejoint ce qui se dit:

le "bon objet" de Comte-Sponville, j'en suis venu à le formuler comme la "référence maximale de plaisir".
Pour moi, comme pour tant d'autres, le coeur du problème c'est la jouissance procurée par le fait de céder à cette compulsion, qui est si agréable, sans comparaison possible avec le reste.
Je peux me contenir plus ou moins (ça faisait 6 semaines), un mode de vie régulier, le sport, la pratique spirituelle ça aide vraiment pour ça, mais dans un coin de ma tête je sais ce qui me donne le plus de plaisir et de très loin et tant que cette source sera là, la compulsion ne sera pas déracinée.
Sur un plan intellectuel je réalise à quel point c'est vain et frustrant d'y céder, mais en pratique...
Bref, ça n'empêche que je suis reparti dans le sevrage.
Je suppose que c'est plus facile de sublimer tout ça pour quelqu'un qui a un partenaire pour qui il éprouve du désir.
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Re: Idéalisation
John Warsen @ 27-04-2007 09:04:09

difficile de lâcher la jouissance avant qu'elle se transforme en souffrance, c'est pourquoi les rechutes ne peuvent être que "carabinées" car elles sont désespérées - on sait qu'on ne peut plus rien attendre de ce côté-là, mais il faut parfois en faire l'expérience répétée dans sa chair pour renoncer.
Sans parler des complications des boyaux de la tête :
http://johnwarsen.blog.lemonde.fr/2006/03/20/2006_03_la_bienveillanc/
bon courage à toi et à nous tous.
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Re: Idéalisation
déclick @ 27-04-2007 14:04:28

la voie de la liberation du pornoïque passe pour moi par la prise de confiance et l'estime personnelle.
tous ces objet de convoitise (et une fille valeurorisée pour son corp sa tenue etc... est à classer au rang d'objet)serve d'artifice pour masquer le monque de confiance en soi.
on est tous plus ou moins touché par ce phénomène profondément humain.
tes pas a normal.
mais restaurer ta confiance personnelle, ce que le porno et tout autre produit addictif detruit à la longue, c'est un bon chemin.

ton recit me fait penser à un type mafieux qui me disait sobn objectif dans la vie : "avoir un belle caisse décapotable et mettre dedans une guirlande"
moi : c'est quoi une guirlande?
lui : une fille canon qui pense pas trop c'est mieux
moi : ah bon
lui : rire idiot
moi : expression du visage néante, et je suis parti en répondant "ha..."

moralité : un type mafieux avec un canon sur talon haut c'est un type qui a réussi dans sa branche professionnelle.
pour moi c'est un pauvre type

après il suffit de savoir de quelle coté on se situe. la confiance en soi permet de le savoir...tout naturellement.

bonjour à toutes et tous
déclick ;-)
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Re: Idéalisation
stauton @ 27-04-2007 20:04:02

Plouf, c'est vrai, c'est parfois agréable, cette jouissance à l'image, parfois...Mais creuse un peu, et qu'en retires-tu ? Une fois le "boulot" fait, où vas-tu ?
Un peu "d'agréable" pour tant de frustration...

Et puis, pour ma part, j'ai connue des moments d'angoisse terrible, où la dépendance me faisait recommencer, et recommencer, sans pouvoir m'arrêter. Cela parce que je voulais juste fuir le quotidien...La, plus grand chose d'agréable, mais une compulsion effrénée, terrible, une négation de soi en fait.

Merci à John pour son extrait de Comte-Sponville, très interessant, comme les interventions des uns et autres.
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Re: Idéalisation
Logray @ 27-04-2007 23:04:03

Stauton, merci de ta réaction. Pour tout te dire, la raison pour laquelle j'ai édité mon message précédent c'était pour édulcorer "délicieux" en "agréable".
Oui, le coeur du problême c'est cette jouissance incomparable (enfin pour moi). Et là je parle pas simplement de plaisir (C'est ma psy qui a établit cette distinction pertinente entre plaisir et jouissance).

Je suis d'accord avec ce que tu as dit, je ne retournerai pas dans la compulsion qui me faisait fuir le réel. Je pense que ce stade est franchi, je sais maintenant qu'il existe une façon de vivre sans le porno quotidien et c'est celle que je veux (cf mon témoignage). Tu l'as dit, tant de frustration, de plaisir au goût amer, cette tentative de négation de son malaise, j'ajoute de temps et d'énergie perdus, c'est plus possible pour nous tous. "Résolu car il n'y a pas d'autre choix" comme c'est dit dans le Tao. C'est possible dans ces conditions de mener sa barque au quotidien en évitant l'éceuil de la tentation.
Il n'empêche que reste le souvenir de cette intensité, savoir que c'est à portée de main. Et quand le gros de l'inertie à la dépendance est vaincu, cette petite voix "Une fois de temps en temps c'est pas si grave, tu ne connais rien d'aussi bon" se fait entendre plus fort. Paradoxalement, le sevrage l'a renforcée, avant elle était étouffée par la compulsion quotidienne qui cherchait juste, à travers la masturbation, à s'établir dans un état sans souffrance.
Maintenant Il n'y a plus de recherche frénétique de quantité mais d'un shoot de "qualité" (pas trouvé d'autre expression).
Et ça, à mon avis, c'est pas à traiter à la légère, ça fait appel à des forces tellement puissantes et profondes.
On est bien d'accord que c'est pas souhaitable de céder même épisodiquement. Mettre en balance le prix à payer évite de passer à l'acte, mais n'attaque pas le souvenir du référentiel. Dépendant abstinent mais dépendant.
Je crois savoir que les programmes désintox font une base de ça: la dépendance, sa reconnaissance, savoir qu'elle sera longtemps, voire toujours là.
Bon, j'en prend mon parti pour l'instant, faire le deuil d'une suppression des racines, juste ne plus les laisser se manifester.
Mais le peu que je connais de la pratique spirituelle me laisse à penser qu'on peut transcender cette pulsion, l'utiliser autrement, trouver d'autres sources de jouissance. Compte tenu du fait que je n'ai pas de partenaire, cette question se pose comme ça. C'était le sujet de mon intervention.

Je me méfie un peu des "philosophes" modernes (pour moi ce sont surtout des intellectuels, ce qui n'est pas une tare) mais au sujet de Comte Sponville, je me dit que quelqu'un qui a consacré un livre à l'enseignement de Prajnanpad ("De l'autre côté du désespoir") ne peut pas être tout à fait mauvais. Je trouve Eric Loonis très pertinent aussi.
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Re: Idéalisation
monalisa @ 28-04-2007 11:04:33

Je vais revenir sur ce que demandais TheAnother au départ...

Tu n'est évidemment pas le seul a t'être demandé si le fait d'être en couple avec quelqu'un qui possède la même addiction que toi ne serais pas ZE solution a tous les maux... alors je vais te faire part de mon expérience...

Il y a quelques années, alors que le mal était déja bien ancré mais pas encore défini, j'ai eu un amant dont je peux dire aujourd'hui avec certitude qu'il était dépendant sexuel (ce que j'ignorais a l'époque, ne connaissant pas cette pathologie sous un autre aspect qu'un certaine "ouverture d'esprit" :sceptic:) . Ce que j'ai au départ pris pour une affinité commune anthousiasmante s'est révélé être une spirale pour tous les deux! Non seulement tu nourris ta propre compulsion parce que tu es confronté en permanence a un potentiel fantasmagorique, mais en plus elle se nourrit du désir et des fantasmes de l'autre :roule: ... au moment ou toi, tu te remet un peu en question, la situation n'a aucune chance de se "normaliser" ou se "stabiliser" parce qu'il y en a toujours un pour entrainer l'autre et que, comme tu l'imagine, ça va de plus en plus loin. Ce que tu dois savoir, c'est qu'il n'y a aucune place pour l'amour dans ce genre de relation. Elles sont vide de sens et pleine de stupre écoeurant qui te renvois chaque jour une image de toi de plus en plus lamentable!

Ce qui m'amène a ma deuxième histoire, celle que je vis maintenant. C'est d'une histoire d'amour qu'il s'agit, basée sur la confiance et le respect... tu imagine bien que dans ce cas, ce n'est pas toujours evident de s'y tenir, mais c'est la seule relation qui, a mon sens, est a même de me libérer de mon addiction parce que, non seulement cet homme me renvoit une image hyper positive de moi, mais en plus, il fait en sorte que je ne puisse objectivement rien lui reprocher concernant mes frustrations! Il me fais l'amour souvent, est tres ouvert quand a mes désirs, est tres compréhensif quant a mes pulsions,... je ne peux donc que mieux définir les limites de mon problème et dans quelle mesure JE suis responsable de mon mal être (j'avais tendance a me déculpabiliser en projetant la faute sur les autres :roule: )
Le fait est qu'au début, il pouvais me faire l'amour 5 ou 6 fois sur la journée, j'en voulais plus quand même... il n'y a pas de limite de soulagement a la dépendance puisqu'en fait, on comble un manque avec quelque chose dont on a pas besoin... ce qu'il faut, c'est retrouver la vraie valeur manquante, parce qu'enfocer une pièce ronde dans un trou carré ne nous satisfera jamais :lol:

Alors courage TheAnother, tu n'as pas de problème et c'est une solution logique que de penser qu'on est plus a même d'être compris par un semblable... mais dans notre cas, c'est non seulement se mettre la tête dans le sable mais demander en plus a quelqu'un de pousser un peu dessu pour qu'elle s'enfonce bien! Une partenaire aimante et a laquelle tu tiens est definitivement ta meilleure aliée pour avancer ;-)

Je t'embrasse

ps: @ JW:c'est toujours un réel plaisir de lire tes interventions John, et bien que je ne partage pas completement sa vocation de désillusionement de l'homme pour atteindre la véritable sagesse (après tout, qui peut se targuer aujourd'hui, a l'heure de la physique quantique et de la relativité, de définir ce qui est illusion et ce qui ne l'est pas :roule: ) Je me réjouis de te voir citer ici celui que François Raguet appelle "Dédé-la-branlette" :lol: :lol: :lol:
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