Le 11 avril 2021
Ce matin le réveil était tendu, mon mari était distant, froid, regard fuyant, il était en manque.
Je me prépare à ce qu'il m'annonce qu'il prévoit de bouger chez sa drogue ce soir.
Il a passé la matinée à jouer à son jeu de Rallie qu'il a téléchargé pour remplacer Tinder et surtout penser à autre chose dans les moments sombres.
Il ne tenait pas en place, il criait après son téléphone, avait mal au ventre, il se pliait en quatre et faisait des aller-retour aux toilettes.
Je ressentais son mal, son manque, sa lutte contre cette chose qui envahissait son cerveau.
Je me sentais impuissante, inutile, je ne sais pas trop quoi faire dans ces moments de crise. Dois-je lui parler? Peut-être que ma présence n'est pas la bienvenue dans ces moments-là? Ou peut-être qu'il n'attend que ça? J'avais peur de l'approcher de lui adresser la parole.
Il continu à jouer, à s'énerver, à se gratter la tête, aller aux toilettes, puis dans la cuisine pour se gaver de sucrerie (il développe de temps en temps une addiction au sucre ---> une addiction ne vient jamais seule).
Le voir dans cet état est affreux. Pendant ce temps-là j'essaye de me concentrer pour continuer à jouer avec les enfants.
Puis j'ai décidé de chercher son regard, pour qu'il voit que je suis avec lui, que je consciente qu'il est mal, qu'il se bat.
Il m'a enfin adressé la parole en me demandant pourquoi je le regardais comme ça.
Je lui demande qu'il me précise ce qu'il ressent à travers mon regard? Il me répond "tu as l'air satisfaite". Je souris et lui dis "Tout ça est dans ta tête, je te regarde avec de l'impuissance car je sais que tu souffres, mais je sais aussi que tu as été très courageux cette semaine".
Ces mots l'ont touché. Il a tiré sa capuche pour couvrir son visage et laissé couler ses larmes. Je n'avais qu'une envie le prendre dans mes bras, mais j'étais prise par les enfants et je ne voulais pas qu'ils captent que leur père était mal, qu'ils absorbent ces émotions si triste.
Quelques heures plus tard, il m'annonce qu'il ne sera pas là ce soir, que c'est beaucoup trop dur pour lui là maintenant. Que mes mots l'ont touché, qu'il a essayé de lutter et encore plus avec après lui avoir dit qu'il avait été courageux et que maintenant il se sent minable et faible.
Je lui avoue m'être préparée à cela depuis notre réveil et que le plus important est d'avoir essayer de lutter, que ces moments lui apprendront au fur et à mesure de battre/vaincre ses pulsions.
Nous avons ensuite longuement discuté, c'est ce qu'on s'est promis de faire pour s'entraider et avancer.
Avant de partir il m'a pris très fort dans ses bras en me disant qu'il était désolé. Je lui ai répondu "on s'en sortira".

Je vous écrit en sachant que mon mari est chez cette fille pour se shooter, que je les imagine tous les deux… J'ai le cœur en miette mais également plein d'espoir. J'étais contente de voir que mon mari luttait malgré tout, même si cela était compliqué de le voir souffrir, même si au final il n'a pas vaincu ses pulsions et qu'il n'est pas chez nous ce soir.
Je suis aussi heureuse d'avoir eu ce comportement face à cette crise aujourd'hui. J'ai senti que je lui ai apporté beaucoup en quelques mots, qu'une partie de son esprit avait entendu mes paroles et qu'elles font effet dans son subconscient.
Je sais que lorsqu'on avancera de 3 pas nous reculerons de 2 mais c'est toujours ça de pris, puis il faut rester positif.

Depuis qu'il est parti, je ne lui ai pas envoyé de message, je ne le fais jamais lorsqu'il est avec elle d'ailleurs. Je me dis qu'il est en mode Addict et que ce n'est pas mon mari pour le moment. J'attends toujours son retour pour regarder dans ses yeux si mon mari est bien de retour. Je suis encore bien traumatisée, j'ai des principes étranges que j'ai développé suite à la découverte de cette addiction, comme cette histoire de ne pas parler à mon mari lorsqu'il est avec sa drogue, je ne peux plus m'assoir sur mon canapé depuis que j'ai vu leurs vidéos, pleins de choses qui me pourrissent mais que j'essaye d'arranger :-)

Joanna

Joanna
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RE: Journal de Joanna Co-dépendante
Joanna @ 13-04-2021 06:04:27

Le 12 avril 2021
Je rentre du travail, mon mari a passé la journée à la maison s'occuper des enfants.
Hormis que le plus grand l'avait mis dans tout ses états à cause des devoirs, il n'a pas eu une seule crise, ni pensée de toute la journée. Bon je pense que comme il avait déchargé son stress hier soir il était mieux mentalement (jusqu'à quand?).
Il est venu vers moi pleins d'amour en me disant qu'il avait une bonne nouvelle. Qu'il est entrain de mettre fin à sa relation avec sa "drogue". J'étais extrêmement surprise, limite très inquiète et lui dit qu'il ne faut pas sauter les étapes aller trop vite, cela lui coûterait beaucoup.
Il m'a rassuré que c'était une chose qu'il voulait faire depuis un moment. La fin de cette relation met juste au clair les choses pour cette fille que pour lui c'est sa femme et ses enfants en priorité, qu'il ne les quitterait jamais. Cela ne mettra pas fin à leur relation sexuelle pour le moment si elle l'accepte.
Le but de mon mari dans cette démarche, et de ne pas avoir sa drogue à disposition, pour en venir au fur et à mesure à son sevrage. J'avoue être un peu réticente, je ne sais pas ce que cela donnera. Mais la démarche d'arrêter de mentir à cette personne pour qu'elle arrête d'avoir espoir en une relation me rassure. Je n'aurais pas l'impression que quelqu'un me vole mon mari, en plus de l'addiction (ça fait beaucoup).

Que pensez-vous de cette démarche?
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