Pourquoi je suis là
svamatatyaagee @ 18-11-2020 00:11:11

bonjour,

Je m'appelle Hervé. J'ai 42 ans, j'avais une belle situation, dans un joli couple depuis 8 ans jusqu'à il y a très peu de temps.

Je me souviens avoir été attiré par le sexe dès petit. Je me frottais contre un oreiller et je me rendais compte que cela me procurait du plaisir. Assez rapidement à la puberté j'ai pris l'habitude de me masturber, parfois sur des revues érotiques,parfois sans. Cela n'a jamais impacté ma vie sentimentale ni sexuelle, je me suis donc dit que tout allait bien. En fait, j'ai même fini par tout confondre: sexe, amour, séduction. Ca m'allait bien en fait, ca me permettait de passer sous le couvert d'une image de "tombeur" un côté pas beau du tout que je ne voulais pas admettre auprès de moi même.

Jeune adulte, j'ai toujours été sociable, sympa, agréable. Cela m'a permis de développer une réputation de dragueur, très séducteur avec les femmes, toujours dans le jeu, souvent avec des sentiments (donc me causant de la souffrance, parfois - je précise que je pense savoir aimer, juste que ca se développe en parallèle de ce problème, dont je n'ai jamais parlé à qui que ce soit y compris mon psy jusqu'à il y a quelques jours). Les quelques histoires longues de ma vingtaine et début de trentaine ont toujours été marquées par des tromperies, un besoin irrépressible de séduire, quoi qu'il en coûte, des ruptures brutales et de la douleur. Et toujours, en même temps, la masturbation (que je n'ai jamais considérée comme honteuse, mais que je n'ai évidemment jamais rendue publique ni évoqué même avec mes amis les plus proches), parfois frénétique (genre tout un week end quand j'étais seul, ou toute une soirée), en parcourant Internet.

Je ne me souviens pas réellement de quand date ma première rencontre avec une escort. Pas tôt, forcément, ca coûte de l'argent. J'ai probablement découvert ce système, à Paris, simple comme un coup de fil et tellement "gratifiant" sur l'instant au milieu de mon premier job, en trouvant ca "amusant" et "pratique" comme système. Au départ, des choix exceptionnels: ca coute de l'argent quand même. Au fur et à mesure, la facilité d'utilisation. En même temps je continuais à draguer, séduire, etc...Je ne me suis jamais dit que c'était néfaste: je me voyais comme un séducteur un peu romantique, tout le temps à la recherche de l'amour, donc jamais satisfait... j'avais construit quantité de théories sur le sujet pour m'absoudre de tout et ne pas me faire ressentir de honte. Je commence à sortir avec ma compagne actuelle, c'est le même schéma qui se développe. Je la trompe, beaucoup, non pas pour lui faire du mal mais simplement parce que "je ne veux pas avoir de regrets" sur les opportunités qui se présentent alors à moi. Pourtant, je sens que je l'aime, même si nous sommes très différents (elle n'est pas très portée sur le sexe), et ces sentiments très forts arrivent très tôt dans notre relation. Cela mène à deux premières années destructrices pour elle, je fais vraiment n'importe quoi, même (nous ne vivions pas ensemble) arriver à coucher avec quelqu'un dans son propre lit, chez elle. Et, toujours, en secret, la masturbation et le porno.

Elle me pardonne. On continue. Nouvelles crises, nouvelles incartades. Elle me pardonne encore. Nous décidons de vivre ensemble. Je ne sais pas à quel moment le porno m'a entrainé vers la consultation des sites d'escort, peut-être un peu avant de vivre avec elle et indépendamment d'elle. J'ai commencé à en rencontrer. En parallèle, j'ai décidé de "m'engager" et de ne plus la tromper. J'étais sincère, et je pense l'être toujours. Exit donc l'étiquette du séducteur et de toutes façons je ne voulais plus avoir cette impression désagréable que j'avais (quand même) quand je la trompais. Je me "range", donc: plus de flirt, plus de relation ambigüe, plus évidemment de tromperie directe. Pas de "plan cul" (pour moi, un plan cul, c'est une femme "normale" que je rencontre et convainc de coucher avec moi. Pas une escort. Je me rends compte du degré de machiavélisme que cela requiert pour se faire accepter un truc pareil à soi-même, mais c'était pratique, cela m'a permis de ne pas me remettre en question sur le point du sexe). Mais je continue à consommer du porno, et voir des escorts. Je me disais que ce n'était pas grave, que cela ne portait pas à conséquence plus que le temps de la pulsion. Je me disais que je ne la trompais pas / plus, puisque ce n'étaient pas des histoires mais des services achetés! (belle excuse). Surtout, je me disais que je n'avais pas de problème avec le porno, même si parfois je trouvais que j'y passais quand même beaucoup de temps (plusieurs heures quand j'étais seul). J'ai continué encore et encore, pas de façon intensive ni régulière concernant les escort, mais tout de même suffisamment pour que cela s'inscrive dans la durée. Pendant les 4-5 ans que cela dure, nous avons un enfant, nous nous déchirons, notre couple se ressoude, elle est fière que nous soyons si forts, notre entourage aussi. Moi aussi je me trouve fort, à aucun moment je ne me dis que j'ai un problème. En fait, je me sens presque aussi fort qu'un trader, comme si rien ne pouvait m'atteindre: je survis à la vie, j'arrive à quand même construire quelque chose dans l'adversité avec quelqu'un, et *en plus* j'arrive à me masturber beaucoup et voir des escort. Le vrai mec quoi!

Elle a tout découvert. En recoupant les dates, elle se rend compte (ou du moins l'imagine) que notre histoire n'a existé que dans sa tête, que je n'ai jamais été fidèle, que rien de ce que nous avons vécu n'a été honnête. Moi, en voyant mes traces, les commentaires sur les vidéos de sites pornos, les évaluations laissées aux escort, je me retrouve face à moi-même sans pouvoir me mettre des pansements moraux comme j'aimais bien. Ca ne marche plus. Mes commentaires sont dégueus lorsque je les relis. Mes évaluations... y en a un peu trop. Les dates font peur. Et c'est là que je me souviens que ca fait quand même longtemps que je consomme du porno, et que ca fait longtemps que j'ai l'impression d'en consommer beaucoup. Beaucoup trop parfois. Je ne parle pas des escorts, je suis submergé par la honte que je masquais quand j'allais les voir parce que je ne me sentais pas coupable, ou plus précisément, je ne voulais pas me sentir coupable. Ca revient en effet boomerang.

J'ai tout perdu. Elle part, non pas parce qu'elle ne m'aime pas, au contraire, mais "juste" parce que je la dégoute. C'est pire. Elle avait raison depuis longtemps, je suis malade. Cette obsession, ces pornos enregistrés, marque-pagés, ces prostituées... Ca n'a rien de normal, valorisant, temporaire ni même inoffensif puisque je pense l'avoir vraiment démolie en petits morceaux, à mon grand désespoir (je l'aime très profondément, ce n'est absolument pas une question).

Le constat: je suis malade. J'ai décidé d'en parler à mon entourage proche depuis quelques jours: ma mère, mon frère, mes amis. J'ai pris la décision de me faire soigner après avoir trouvé des tests sur internet me confirmant (pour ce que ca vaut) ce qu'il en est concernant mon addiction. J'ai RDV cette semaine avec le psy. Et, après avoir cherché des groupes de soutien (genre DASA et autres), un peu rebuté par l'aspect religieux du truc, mais quand même à la recherche d'un échange avec des gens dans mon cas, je jette cette bouteille à la mer, ici, maintenant.

Je ne sais pas trop ce que j'en attend. J'utiliserai sans doute ce thread comme journal de bord. Pour le moment j'en suis à 3 jours d'abstinence porno (pour les escorts, ca fait évidemment beaucoup plus longtemps et j'ai effacé tous les sites et moyens de les contacter). Je me sens minable, pathétique et méprisable de lui faire sentir tout ça. En même temps, ca me soulage presque d'avouer mon addiction au porno et aux "putes" à ma mère, mon frère, mes amis proches. Est-ce que c'est dû au fait de l'avouer? De savoir que ce truc que je ne voulais même pas évoquer avec moi-même est au grand jour?

On verra ou je vais. J'ai besoin d'aide. Et je veux m'en sortir. Non pas pour elle, alors que je l'ai faite trop souffrir et que c'est injuste: je ne voudrais pas qu'elle le prenne comme une sorte de tentative de come back, parce que cela ne serait  pas crédible. J'ai besoin de guérir. J'ai besoin d'arrêter d'avoir envie de me masturber sur des pulsions, de compiler des teras de vidéos, de commenter des trucs horribles et surtout d'avoir l'idée de voir une escort quand c'est possible, parce que c'est facile, c'est juste un sms. J'ai surtout besoin d'arrêter de penser au sexe, j'arrive encore à contrôler le temps que j'y passe et dépense, mais je me fais trop souvent la remarque que je perds beaucoup de temps de vie sur le sujet. J'ai quasiment perdu le sommeil mais c'est dû à l'angoisse que je ressens quand je pense à son état à elle.

Je suis seul. J'ai besoin d'aide.
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