dépendance au porno ? ou autre...
choupette @ 07-05-2020 10:05:08

Bonjour à tous,

Après hésitation et lecture des différents messages, je poste à mon tour afin de recueillir vos avis, peut être davantage masculins mais ils seront tous les bienvenus...
Pour faire une présentation brève, je suis une jeune femme d'une trentaine d'années ayant vécu en couple pendant une longue période. Après cette rupture, j'ai rencontré il y a un peu plus de 6 mois un homme d'environ mon âge. Nous ne vivons pas ensemble. Nous nous entendons très bien. Je l'aime énormément, on prévoit(oyait) de se rapprocher géographiquement et je me sens bien avec lui... la plupart du temps...
Le début de la relation a été un petit peu chaotique, chacun composant avec son propre passé affectif. De mon côté, une relation longue qui aurait du se terminer bien avant et lui, peu de relations amoureuses assez difficiles, parfois non réciproques, et de durée assez courte. Les deux extrêmes en quelque sorte... 
Dès le début de la relation, il y a eu quelques pannes sexuelles. Je me suis posée la question de son désir pour moi et il m'a expliqué que cela lui arrivait souvent en début de relation, qu'il lui fallait du temps pour être à l'aise, qu'il se perdait parfois dans ses pensées notamment celle de tenir son érection et que cela entrainait la panne, et m'a rassuré sur le désir qu'il éprouvait pour moi.
Les mois ont passé et si la situation s'est sensiblement améliorée, elle ne s'est pas résolue. Toujours expliquée par ses difficultés à lâcher prise, ce dont je ne doute pas par ailleurs.
Mais à l'occasion d'une discussion anodine au départ (sujet glissant j'aurais du m'en douter) au sujet de la taille de la poitrine des femmes et de la mienne, il me dit aimer les gros seins. Jusque là rien de bien grave même si je n'ai pas une grosse poitrine et que cela relance tout de même mes doutes sur ma "capacité" à l'exciter. Sauf que le célibat prolongé et cet aveu me mettent la puce à l'oreille et je découvre quelques temps plus tard qu'il visionne des films pornographiques, a priori en mon absence, et systématiquement liés à des actrices non plus aux gros seins mais aux seins énormes.
Là j'avoue, je le prends mal...il commence par minimiser les choses et après plusieurs discussions il m'explique être un consommateur de porno, l'avoir été beaucoup depuis son adolescence et surtout en période de célibat sans pour autant que cela empiète sur sa vie sociale et professionnelle. Selon lui cela pourrait expliquer parfois ses pertes d'érection dues à une forme d'insensibilité de son pénis...Les visionnages seraient de l'ordre de plusieurs fois par semaine lorsque célibataire, à une fois par semaine ou tous les 15 jours depuis qu'il est avec moi. 
Il dit être satisfait sexuellement, même s'il n'arrive toujours pas parfois à lâcher prise, et me désirer. Me dit que je confonds le désir qu'il éprouve pour moi et le caractère virtuel de ces visionnages et purement hygiénique. Là dessus je dois bien admettre que c'est le cas..
Néanmoins, il admet que cela est un problème, veut essayer d'y remédier seul et me demande d'installer un contrôle parental sur son ordinateur et smartphone afin qu'il arrête la consommation de porno et se reconcentre sur sa vie sexuelle réelle.
Ca fait quelques semaines que c'est en place. Il me dit ne pas avoir regardé de films porno mais honnêtement je ne suis pas dans la surveillance. S'il veut supprimer ou détourner le contrôle parental c'est à lui de voir.
J'ai eu du mal à encaisser cette fixation sur un type de femmes. Regarder un film pornographique ne me choque pas dans la mesure où ça n'est pas le seul moyen d'éprouver du plaisir, je l'ai déjà fait moi même. Mais je n'ai jamais focalisé sur tel ou tel physique... Je comprends qu'il puisse s'agir d'un fantasme mais lorsqu'il se focalise sur une partie du corps d'un être humain qu'on pourrait éventuellement retrouver dans la vie réelle, ça me bloque un peu... Et il y a tout de même cette consommation plus ou moins importante qui dure depuis des années.
Ca aurait pu s'arrêter là et à la limite je ne me poserais peut être pas trop la question de la dépendance. Mais j'ai aussi appris qu'il avait un masturbateur masculin. Il m'avait déjà demandé si j'avais un sextoy, ce à quoi j'avais répondu oui, et lui m'avait dit ne pas en avoir. Donc je ne sais pas s'il le possède depuis longtemps ou non. Sur ce masturbateur, une petite signature d'actrice X. Je me dis, tiens, de qui il s'agit. Et bing, grosse claque, d'une actrice porno bien connue pour ses énormes seins... là je me dis, un masturbateur, rien de choquant à mes yeux mais comment je dois prendre le fait que son sextoy reproduise le sexe d'une actrice comme celle ci ? 
Est ce que selon vous c'est l'expression d'une forme de dépendance au porno, ou à tel type de porno ? Quel intérêt de contrôler le visionnage si ça prend une forme concrète par l'intermédiaire du sextoy ? est ce l'expression d'une forme de frustration ? une négation de son véritable désir ou envie ? ou juste moi qui n'ai pas suffisamment confiance en moi et qui me monte le bourrichon pour rien ? avez vous ce type d'accessoire en tant que dépendant ?
Je ne lui ai pas parlé de ce sextoy. A la fois parce que je suis blessée, j'ai l'impression qu'il ne se contente pas de fantasmer sur telle image mais qu'il aimerait faire l'amour à telle actrice porno. Et du coup d'avoir une tierce personne virtuelle certes mais présente. Et aussi parce qu'avoir un sextoy, ça fait partie du jardin secret et qu'il ne m'en avait pas parlé.
J'avoue que je ne sais plus quoi penser. S'il faut lâcher l'affaire, lui demander d'en parler à un professionnel. Je ne sais même plus si je suis encore dans le thème de la dépendance...
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, c'est assez compliqué d'en parler à son entourage, on touche vraiment à l'intimité y compris de l'autre. Alors des avis extérieurs pourront peut être m'éclairer. et remettre les idées en place !
Merci !
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RE: dépendance au porno ? ou autre...
Atarax @ 07-05-2020 14:05:47

Bonjour choupette,

Sois la bienvenue sur le forum, en espérant que tu y trouves les réponses (ou au moins des pistes) et le soutien dont tu as actuellement besoin.

Ton récit m'évoque plusieurs choses.
La première, c'est que l'addiction peut prendre des formes très diverses, et tu verras (si tu as envie de lire quelques témoignages présents ici) la diversité des situations ici. Le fait qu'il ait un fétiche particulier peut être un signe de sa dépendance (mais ne veut pas nécessairement dire que c'est quelque chose qu'il recherche ou qu'il a besoin dans ses relations en dehors de sa dépendance ; pour ma part, ce que je recherchais avec l'addiction pouvait être très différent de ce que j'aime par ailleurs dans mes relations « normales »).
Le fait qu'il ait des soucis de panne peut aussi être un signe de cette addiction, dans laquelle il s'est probablement un peu perdu. D'ailleurs de ce point de vue là, le masturbateur peut aussi jouer un rôle, parce qu'un sextoy ne procure pas les mêmes sensations qu'une relation sexuelle avec une autre personne (et avec des échelles de temps aussi différentes, avec une jouissance très rapide avec un mastrubateur qu'on ne retrouve pas avec quelqu'un d'autre). Je comprends ta colère et ta frustration devant ce masturbateur, mais il n'est peut être rien de plus (mais je conçois que ce soit beaucoup pour toi) qu'une manifestation particulière de sa dépendance, qui plus peut être en partie responsable de ses pannes.
Un point qui me semble positif est qu'il ait installé des outils pour arrêter sa consommation de porno, et qu'il t'ait confiée à toi les clés de ces outils. Ça veut dire d'une part qu'il est conscient du problèmr et veut le régler, mais aussi qu'il te fait confiance et qu'il veut le faire avec toi (ce qui n'est potentiellement pas une chose facile à faire).

Que faire désormais ?
Il a la chance de t'avoir et de pouvoir dialoguer avec toi (ça ça me semble hyper important ; peu d'entre nous ont cette chance), et tu as la chance qu'il s'ouvre (au moins en partie) à toi. Donc si tu le peux, maintiens au maximum le dialogue et avance avec lui sur tout ce qui peut te gêner ou te poser question. S'il accepte de te suivre dans tes questionnements et réflexions, il y gagnera beaucoup (potentiellement une libération de l'addiction).
Accompagner une personne qui souffre d'addiction est un vrai travail. Ça veut aussi dire que tu peux l'encourager à aller voir un⋅e professionnel⋅le de santé pour en parler (psy, addictologue, sexologue) et avancer.
Accompagner une personne qui souffre d'addiction peut être une lourde charge. Ménage-toi, pense à toi, donne toutes les forces que tu es prête à y mettre, mais ne t'y épuises pas. C'est son addiction et son fardeau, tu peux l'aider et l'accompagner, mais ne te laisse pas écraser.

Et encore une fois, bravo à toi de décider de l'accompagner et de l'aider à s'en sortir.

Bon courage.
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RE: dépendance au porno ? ou autre...
Impulsion2 @ 07-05-2020 15:05:18

Bonjour à toi,

Je vais donner ici mon retour mais bon ... ce n'est que le mien, celui d'un dépendant depuis des années et qui essaye tant bien que mal de s'en sortir. Donc, à prendre avec des super pincettes ..

Pour commencer, mon "Mr Hyde" a toujours pu coexister avec "Dr. Jeckill" sur le plan physique. Je veux dire que si ma dépendance a perturbé mes relations affectives et sociales, elle ne m'a jamais (allez, quasiment jamais) empêché d'avoir des relations sexuelles "normales" (enfin, c'est ce que je pensais ..) et régulières avec mon épouse qui ignore mon état.

Et puis il m'est arrivé plusieurs fois d'avoir des "pannes". Si je me suis toujours détesté d'être aussi faible et soumis à mon vice, là, j'ai réalisé que je privilégiais la jouissance en virtuel (mais qui est diablement réelle, c'est le problème) à celle en réel et que les 2 ne pouvaient pas cohabiter durablement car la "dose" de virtuel qu'il nous faut est toujours plus forte et la fréquence nécessaire toujours plus élevée. Et ça, ça n'est évidemment pas tenable dans le temps. Bref, je me suis dit que je n'étais plus seulement faible, j'étais surtout débile d'aller chercher sur le net ce que j'avais là et sans le dégoût de soi, en plus. Mais la réalité est bien plus compliquée. 

D'abord il faut savoir que lorsque je tenais 1 semaine sans rechuter, sexuellement j'étais paradoxalement moins en capacité de donner (et prendre) du plaisir. La raison en est simple : dans mes relations sexuelles, j'étais bien physiquement avec mon épouse mais dans ma tête, j'étais ailleurs, dans le monde de mes fantasmes. Du coup, pour être en capacité de donner du plaisir, il me fallait un "shoot" pour me remplir la tête de scénarios que je pouvais après me repasser mentalement lors de mes ébats. Stopper les séances virtuelles, ça veut dire plus de scénarios et donc panne. Du coup, lors de mes précédentes tentatives, l'une des raisons vicieuse de mes rechutes est la volonté d'"assurer" dans le monde réel (l'expression n'est pas top mais c'est comme ça). C'est un vrai poison car paradoxalement, c'est très déculpabilisant de se dire qu'on replonge pour pouvoir "donner" à l'autre.

D'autre part, je n'ai pas de grande expérience mais je ne vois pas bien comment on peut se défaire d'une telle emprise si on ne le veut pas vraiment soi-même d'une part et si on ne le veut pas égoïstement pour soi. On ne se sort pas d'un tel piège pour un autre, ça ne veut pas dire que l'amour de l'autre n'aide pas ni que, faute d'ignorance, sa bienveillance ne soit pas essentielle mais on ne décroche que si ça vient de soi et pour soi.

Pour apporter ma petite réponse à tes questions concrètes : 

Contrôler le visionnage ne me semble pas être très utile, quand on est accro on trouve toutes les brèches (j'en sais quelque chose) en revanche le fait qu'il en fasse la demande est probablement très positif. Cela pose une acceptation du problème et une confiance en toi. 2 points !

Les fantasmes ne sont pas là pour être réalisés. On peut fantasmer sur une actrice porno sans pour autant avoir l'intention de coucher avec. C'est ce qu'elle représente, cette fiction photoshopée, qui donne ce "shoot", pas ce qu'elle est réellement. Ce serait d'ailleurs probablement une grosse déception ..

Enfin, il me semble important qu'il ait de lui même la démarche de bannir ses gadgets autant que ces accès web et qu'il le fasse d'abord pour lui. On ne se sort pas de l'alcoolisme en stoppant la vodka et en gardant quand même le whisky.

En espérant t'avoir aidé,

Merci
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RE: dépendance au porno ? ou autre...
Atarax @ 09-05-2020 07:05:42

Juste pour rebondir sur le fantasme : je suis complètement d'accord avec Impulsion. J'étais plus partie sur une forme de fétichisme dans ma réponse, mais c'est vrai que ce n'est probablement qu'un fantasme, et comme le disait Impulsion ils ne sont en général pas fait pour être réalisés. Et les fantasmes sont souvent en dehors de ce qu'on conçoit habituellement comme la « normalité », ils sont souvent (au moins un peu) trangressifs... Ce qui peut complètement être le cas avec ton compagnon.

Et puis, je ne sais pas pour vous, mais au final mes partenaires ont pu être très différentes physiquement d'une part, et d'autre part un physique particulier n'a jamais auguré d'une qualité des relations sexuelles... Ce que j'essaie maladroitement de dire, c'est que souvent on se connecte avec quelqu'un, on se découvre et on apprend à prendre du plaisir ensemble, peu importe l'âge, la forme ou la couleur de nos corps. Donc ce qui est important c'est la connexion que tu as avec lui, pas la taille de ta poitrine ou la couleur de tes cheveux.
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RE: dépendance au porno ? ou autre...
choupette @ 12-05-2020 20:05:45

Merci à tous les deux pour vos interventions et désolée d'avoir tardé à réagir. 
J'ai finalement évoqué avec lui le sujet du masturbateur. Ca me revenait sans cesse en tête et je commençais un peu trop souvent et en toutes circonstances à y penser. 

Il m'a expliqué l'avoir acheté à une période de prise de distance entre nous et alors qu'il se sentait impuissant face à cela. Il est même allé jusqu'à me donner la date, effectivement c'était bien à ce moment là... Il m'a dit ne l'avoir utilisé qu'une fois, puis deux trois fois finalement. Je n'ai pas vraiment su si l'expérience avait été concluante. Tout ce qu'il a admis c'est qu'il n'avait effectivement pas choisi ce modèle par hasard. Ca a été assez compliqué de faire la part des choses et de lui expliquer que quelque part qu'il ait un sextoy ne me posait pas problème en soi mais que cela se rapporte à telle actrice porno ou tel type de porno, oui... que cela pouvait être vexant ou blessant pour moi. Je suis même allée jusqu'à lui demander si l'idée était d'avoir l'impression de coucher avec cette actrice. Pas facile d'avoir une réponse claire et en même temps, face à ce genre de questions je peux moi même comprendre...c'est passé du "oui c'était sûrement l'idée", à "ça ne t'est jamais arrivé" (?? heu non, pas à ce point et pas en couple), à "ce n'est qu'un bout de plastique, rien à voir avec une personne, ce n'est que du virtuel", à encore "c'était n'importe quoi, je n'aurais même pas du acheter ça, je m'en fous de ce truc, si tu veux je le jette"...Il m'a dit qu'il en pensait jamais à tout cela lorsque nous étions ensemble. Je vous laisse deviner que j'ai rebondi sur le "lorsque nous étions ensemble".
J'ai essayé de lui expliquer qu'à mes yeux il y avait un problème s'il rapportait tout en lien avec le sexe au porno ou s'il focalisait sur une ou des actrices, que même si c'était à tort, j'avais l'impression d'être en concurrence avec ces femmes, de façon déloyale à la fois parce que je n'aurai jamais leur corps et parce qu'elles sont virtuelles donc intouchables, et parce que comme vous disiez la jouissance est tout de même réelle et quasi assurée. Que cela représentait pour moi une matérialisation du fantasme et non plus du virtuel et que l'on franchissait un cap. Je lui ai même demandé comment il réagirait si de mon côté je fantasmais sur par exemple un homme totalement contraire à lui physiquement, que je regardais ses films et acheter la reproduction de son pénis, alors que je suis en couple et non plus célibataire...

Difficile de se positionner dans l'écoute et la compréhension et en même temps de s'assurer d'un minimum de respect et de sincérité... Difficile aussi de le soutenir en dialoguant, de communiquer ses interrogations sans communiquer ses craintes. Et difficile aussi d'en parler sans empiéter sur son intimité, de faire la part des choses entre ce qui est problématique et ce qui ne relève que de l'intime et du fantasme.

J'ai bien lu vos réponses, notamment sur le fait que ça ne puisse être qu'un fantasme et/ou une manifestation de sa dépendance. Qu'un fantasme ne se réalise pas forcément et qu'il y a une distinction entre celui ci et la relation particulière que l'on peut avoir avec quelqu'un. Et c'est un peu ce qu'il m'a confirmé. 

Je n'ai pas osé lui demander de le jeter, même s'il l'a proposé lui même. J'en sais rien, ça m'a donné une image trop maternelle ou autoritaire. Je veux bien être un soutien mais comme disait Impulsion, ce serait préférable qu'il le fasse de lui même. Ce dont je doute cela dit, qu'il s'en serve à nouveau ou non. Je ne sais pas quoi faire à ce sujet. Je me dis aussi que rien ne l'empêchera d'en recommander un, tout comme rien ne l'empêcherait de supprimer le contrôle parental. Est qu'il faut aussi s'interdire dans ce cas tout gadget ? Je peux toujours lui demander s'il l'a fait...
Je dois bien admettre aussi que même si cela fait peu de temps qu'il a stoppé le visionnage (et peut être parce que cela fait peu de temps), la situation s'améliore. Et lorsque des dysfonctionnements se produisent, il me répète que cela n'a rien à voir avec moi. Je le sens davantage présent aussi. Je ne vois pas de manifestation de manque pour le moment mais je ne suis pas là en continu. D'ailleurs est ce que ce genre de manifestations existent ?
J'ai l'impression d'avoir face à moi deux personnes, le mec amoureux en couple qui essaie de changer les choses en bien, et une fois parti, le célibataire un peu trop accro au porno qui rêve de se perdre dans les énormes seins d'une actrice porno.
En même temps, j'ai bien cru comprendre qu'il fallait du temps et j'aimerais que l'on soit tous les deux bien dans nos baskets à ce sujet, pas forcément que l'on ne puisse plus avoir aucun fantasme inavouable...

Merci en tous cas pour vos réponses et si vous avez d'autres réactions, conseils, retours d'expériences ou autres, je suis preneuse !
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RE: dépendance au porno ? ou autre...
Atarax @ 14-05-2020 08:05:22

Bonjour choupette,

Il y a beaucoup de choses dans ton récit, je vais essayer d'y répondre ou d'y rebondir le mieux que je peux !

Disse "choupette":
J'ai essayé de lui expliquer qu'à mes yeux il y avait un problème s'il rapportait tout en lien avec le sexe au porno ou s'il focalisait sur une ou des actrices, que même si c'était à tort, j'avais l'impression d'être en concurrence avec ces femmes, de façon déloyale à la fois parce que je n'aurai jamais leur corps et parce qu'elles sont virtuelles donc intouchables, et parce que comme vous disiez la jouissance est tout de même réelle et quasi assurée. Que cela représentait pour moi une matérialisation du fantasme et non plus du virtuel et que l'on franchissait un cap. Je lui ai même demandé comment il réagirait si de mon côté je fantasmais sur par exemple un homme totalement contraire à lui physiquement, que je regardais ses films et acheter la reproduction de son pénis, alors que je suis en couple et non plus célibataire...


C'est très bien que tu arrives à lui expliquer ce que tu penses et ressens ; c'est particulièrement vrai dans ce passage, mais en filigrane c'est ce que l'on sent dans l'intégralité de ton message. Tu fais un énorme travail de communication et lui fournis beaucoup de clés pour qu'il avance, qu'il puisse te parler, ce que tu fais pour lui est remarquable. Ne l'oublie jamais !

Disse "choupette":
Difficile de se positionner dans l'écoute et la compréhension et en même temps de s'assurer d'un minimum de respect et de sincérité... Difficile aussi de le soutenir en dialoguant, de communiquer ses interrogations sans communiquer ses craintes. Et difficile aussi d'en parler sans empiéter sur son intimité, de faire la part des choses entre ce qui est problématique et ce qui ne relève que de l'intime et du fantasme.


Tout ceci est vrai mais encore une fois tu fais un travail remarquable. Note aussi que je pense que tu as le droit d'exprimer tes craintes, autant parce que tu as toute légitimité à le faire (c'est lui qui est « en tort », tu n'as rien à ne te reprocher et donc à t'interdire) que parce que ça peut l'aider à prendre conscience de la gravité de la situation.
Pour faire la part des choses entre le fantasme et l'addiction, le dialogue que tu es en train d'instaurer avec lui va peut être aussi permettre de le déterminer. La frontière entre les deux est souvent floue, et lui-même ne la perçoit peut-être pas. Ce n'est pas nécessairement à toi de parvenir à tirer un trait entre ces deux éléments (mais tu l'aides très probablement avec ce dialogue).

Disse "choupette":
Est qu'il faut aussi s'interdire dans ce cas tout gadget ?


Là encore, le gadget n'est pas forcément problématique mais il faut voir la place qu'il prend dans la dépendance ou s'il relève « juste » d'un fantasme qui n'est pas problématique... Mais là encore, c'est difficile à trancher.
Pour faire un parallèle avec une autre addiction, le verre de vin n'est pas nécessairement problématique en soi, par contre pour une personne qui est alcoolique, il l'est complètement. Donc le sex toy peut être anodin, mais s'il est une des facettes de la dépendance, alors il faut peut être le bannir.
De tout ce que j'ai vu ici, la dépendance prend des formes assez diverses et il est dès l'or difficile de trancher aussi facilement sur ce type de questionnements (alors que pour l'alcool, si tu es alcoolique, le verre de vin sera problématique même si habituellement tu bois plutôt de la bière !).

Disse "choupette":
D'ailleurs est ce que ce genre de manifestations existent ?


Oui, ce sont souvent les mêmes manifestations que pour d'autres dépendances : esprit ailleurs, irritabilité, renfermement, potentiellement des manifestations plus physiques...
Après, en ce qui me concerne (désolé de parler de moi, surtout que c'est probablement loin d'être une généralité !), ces manifestations restaient faciles à dissimuler aux gens autour de moi (je suppose que c'est en partie pour ça que peu de co-dépendant⋅e⋅s savent qu'iels le sont).

Disse "choupette":
J'ai l'impression d'avoir face à moi deux personnes, le mec amoureux en couple qui essaie de changer les choses en bien, et une fois parti, le célibataire un peu trop accro au porno qui rêve de se perdre dans les énormes seins d'une actrice porno.


C'est très probablement très proche de la réalité. Tou⋅te⋅s les dépendant⋅e⋅s ont ces deux facettes de leur personnalité, avec ce côté plus sombre qui nous ronge et qui est difficile à combattre. En tant que dépendant⋅e, il faut accepter cette facette, pour mieux la comprendre puis la combattre.


Enfin, concernant ses dysfonctionnements et votre vie sexuelle (si je peux me permettre d'intervenir sur ce point là aussi ; je sais qu'on est sur un forum de dépendant⋅e sexuel⋅le et non de conseils sexo !) : la pénétration n'est pas l'alpha et l'omega de la sexualité et il y a bien d'autres moyens de prendre et de donner du plaisir. Autant « profiter » alors de ces pannes pour que vous puissiez vous découvrir mutuellement autrement ? Et peut-être aussi que cela aura aussi des effets positifs sur ses pannes, ou qu'elles n'auront de toute façon plus d'importance !

Bon courage à toi !
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