La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?
Burrhus @ 03-02-2018 10:02:39

La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?

En la partageant.

Si je garde ma souffrance pour moi tout seul, je vais aller chercher un moyen de l'éteindre. Souvent le meilleur moyen de l'éteindre est de me faire croire à moi-même que je ne souffre pas, je m'invente donc des illusions, un monde parallèle faux, mais qui me fait oublier.
Nous avons dans cette démarche les ingrédients de l'entretien de notre addiction.

Si je mets ma souffrance à jour, pour la regarder en face, alors, j'ai souvent le sentiment que je suis un looser, un moins que rien, un a qui il n'arrive que des malheurs, un abandonné du sort. Cela atteint l'image de moi, je ne me supporte pas, je ne veux pas faire cette démarche à cause de cela.

Voyons les choses d'un autre point de vue, celui des pleureuses que l'on paye pour des enterrements : c'est une vieille tradition orientale. Ces personnes sont là pour dire qu'il y a souffrance, que cette souffrance est légitime et doit être exprimée. Si le climat d'un deuil est favorisé, alors la souffrance ainsi partagée socialement a le droit d'exister, et est atténuée car elle est exprimée publiquement. C'est la vie, il n'y a rien de honteux à souffrir le départ d'un mort ; j'ai des sentiments, je suis humain, j'ai la faiblesse d'avoir de l'affection pour la personne que je ne reverrai plus. Cette faiblesse, cette souffrance de la frustration de l'absence, n'est plus une faiblesse, mais la grandeur d'un amour qui m'enrichissait et qui n'est plus, c'est mon humanité dans sa dignité.

On dit "une joie partagé est décuplée, une douleur partagé disparaît."

La question pour nous est donc, comment partager notre souffrance ? La réponse est : avec quelqu'un capable de la comprendre. 

Il y a ce site pour cela, mais pas seulement. Il peut y avoir les psy (même si ce n'est pas tout à fait leurs rôles et leurs compétences), il appartient à chacun de trouver le moyen et les personnes pour cela.

Je pense que le dépendant qui veut avancer doit se poser cette question : comment et avec qui partager ma souffrance ?
===============================================================================================================================================
RE: La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?
John Warsen @ 11-02-2018 07:02:51

[size=small][font=Helvetica]Je ne suis pas d’accord avec le titre de ton post : la frustration produit de la souffrance… uniquement si tu t’y identifies. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Or elle est impersonnelle. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Démocratique. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Naturelle. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Elle étend son ombre funeste sur tous les sevreurs, dans toutes les addictions… sinon y’aurait pas besoin de se sevrer. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Donc je dois pas en faire une affaire perso, sinon je reste à loucher sur ma misère, et c’est mort. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Je développe :[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]C’est la frustration sexuelle et affective qui m’a amené au porno, et qui m’y a maintenu.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]à partir du moment où tu ne cèdes plus à son chantage parce que tu en connais l'issue décevante et que tu sais que quand on n'est plus qu'un cri de dépit avec son pantalon sur les genoux, on n'est plus soi, tu sors du piège du mental.
Mais faut amorcer la pompe pour changer le cercle visqueux en cercle vertueux ![/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Donc pour moi il est important de reconnaitre tout d’abord que la frustration n’est pas légitime, mais pour être en capacité de, il faut déjà avoir mis avec elle une certaine distance, sinon elle me contraint à la rechute, tôt ou tard.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]La frustration est un effet mécanique du sevrage. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]C'est souvent la peur du manque et la croyance que j'allais être incapable de résister à la frustration qui me faisaient replonger. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Or, à accumuler des heures, des jours, puis des semaines de sevrage, faut pas se voiler la face : la "résistance à la frustration" augmente encore plus vite que le prix de l'essence ! et c'est une surprise assez sympa, ça dégage de l'énergie pour le reste.
[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Donc, accepter la frustration, sans se prendre pour un loser (une autre identification pas franchement recommandée)[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]La vivre les yeux ouverts. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Ca affaiblit son pouvoir sur nous.
[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Plus tard, c'est de se croire blindé dont il faudra se méfier.
De la souplesse, donc, et pas trop de regrets de quitter cet enfer.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Il ne s’agit pas de nier les difficultés, mais de lâcher prise sur ta souffrance. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]La saluer, et puis passer à autre chose. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica](je dis ça par rapport à tes pleureuses aux enterrements : dans le cas qui nous occupe ici, je les verrais bien tout de noir vêtues, avec un voile de crêpe sur le visage, mais sans culotte)[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]J'ai forumé comme "défouloir" jusqu'au jour où j'ai vu que ça ne faisait qu'exacerber ma frustration et que tous les messages que j'envoyais avaient pour principal destinataire moi-même. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]C'est pour ça que quand je veux me la péter, je vais plutôt sur mon blog : au moins comme ça je vois où mon personnage veut en venir, sans risquer d'indisposer les autres.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]C'est pas la peine de lutter, c'est perdu d'avance, et c'est en renonçant à ce combat que je sauve mes fesses par tranches de 24 heures.
Tous ici on apprend à faire ça.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Même si au départ on s'en croit incapable. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Au début, ça nous arrange : quand on tombe, on tombe de moins haut.
Mais au fur et à mesure que le temps passe, on en voit qui gardent la tête hors de l'eau plus longtemps que d'habitude, et au bout d'un moment on voit pas pourquoi on n'y arriverait pas non plus tellement la méthode est simple : un jour à la fois.
Une heure à la fois.
Un instant à la fois.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]S'éloigner de l'ordi, sortir de chez soi, lire, écouter de la musique, faire du yoga, toutes les actions qui nous éloignent de notre terrible obsession et de la frustration qui nous y replonge.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]J'essaye de comprendre ce qu'elles veulent me dire, mes frustrations, elles sont là pour me rappeler d'essayer de mettre dans ma vie ce qui lui manque, au lieu d'aller compulser, ce qui renforcerait la tristesse, le dépit, le mépris de mes besoins réels, enfin bref tout ce qui fait que les marchands de cul me tenaient par les couilles et que peu à peu l'étau se desserre, et ça fait du bien. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Je respire.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Y'a que l'acceptation pleine et entière de ma condition de dépendant associée au refus de la "misère"  qui puisse m'éviter l'écueil de la colère ou de la révolte, et me faire franchir les paliers successifs du sevrage.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Comme la dépendance consiste à à effacer la douleur par ce qui la provoque, c'est clair que ça ne va pas s’arrêter tout seul. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Sur Internet, le problème, c'est que le lieu de rétablissement est confondu avec l'objet même de la dépendance. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Alors les psys m’ont aidé, oui, et les membres du forum aussi, quand j’allais à leur rencontre IRL.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Mais il n'y a pas de traitement de fond contre l'égoïsme, la frustration, la colère.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]D'un autre côté, [/font][/size][size=small][font=Helvetica]"Il n'y a pas vraiment d'obstacles, il n'y a que des opportunités que nous regardons de travers."[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Alors ça c'est le meilleur SMS que j'aie écrit ce mois-ci, à quelqu’un en difficulté.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Alors que si je repars dans le "tout est foutu", ben, comment dire... tout est foutu.[/font][/size]


[size=small][font=Helvetica]Bon dimanche ![/font][/size]
===============================================================================================================================================
RE: La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?
Burrhus @ 13-02-2018 10:02:53

Merci John Warsen de ton exposé.
Nous avons une structure mentale très différente, et c'est toujours enrichissant de comprendre les mécanismes chez les autres, cela dé-absolutise notre façon propre de réfléchir. Merci vraiment.
===============================================================================================================================================
RE: La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?
Burrhus @ 13-02-2018 21:02:51

J'ai relu ton post, vraiment intéressant. J'ai essayé de voir où notre façon de voir divergeait. Je crois précisément que c'est dans le mot identité.

J'ai soif d'une identité. C'est viscérale. Je crois que je ne vois pas de problème à m'identifier à une souffrance non plus, puisque comme chrétien, le Dieu que j'adore c'est un Dieu qui a subi la souffrance.

Mais, si je n'avais pas cette foi là, je penserais comme toi, avec cependant un regard interogateur sur le phénomène de la souffrance. J'ai besoin de comprendre. Je ne peux pas me satisfaire de la saluer et passer à autre chose. J'ai besoin que tout ce que je vis ait du sens, c'est la seule façon pour moi d'accepter mes immaturités, et de progresser, de grandir pour dire les choses autrement.

Je pense qu'en tant que victime d'un pédophile, j'ai perdu complètement mon identité filiale, c'est pour cela que je cours après l'identité. Je pense que le meilleur regard sur soi, pour un garçon, c'est quand on se regarde comme un bon fils de son père. Moi, j'ai perdu cela ce jour là.
===============================================================================================================================================
RE: La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?
John Warsen @ 14-02-2018 17:02:09

[size=small][font=Helvetica]Je ne sais pas.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Je me suis construit « contre » mon père qui ne m’apparaissait pas comme quelqu’un d’honnête, et à qui je n’avais aucune envie de ressembler - l’erreur a été de m’ériger « contre », d’ailleurs, j’aurais dû faire mon truc dans mon coin sans m’en préoccuper, je lui aurais moins ressemblé au final.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Sur la pédophilie, je n’ai pas d’avis.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Quand j'étais jeune, je ne comprenais pas pourquoi j'attirais les vieux ( en particulier un éducateur spécialisé d’au moins 35 ans, et un prof de fac bien libidineux, mais qui publiait Henri Michaux dans sa petite maison d’édition, dont j’étais grand fan).[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Maintenant, je comprends.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Mais c'est un peu tard.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica];-)[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]J’ose espérer avoir néanmoins gagné en sagesse ce que j’ai perdu en grâce, et je peux tout à fait comprendre aujourd’hui cette attirance pour la jeunesse voire l’enfance, une stratégie inconsciente débile mais pas plus que beaucoup d’autres pour reculer devant le tombeau, nier le temps qui passe, qui a passé et qui va continuer à passer, de source sûre dans les milieux autorisés. [/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Sur le plan symbolique, c’est peut-être « Je consomme des jeunes = je redeviens jeune, je consomme la Beauté = je deviens beau », cf Weinstein, malheureusement dans les faits, si la beauté se mangeait en salade y’en a qui mourraient étouffés et d’autres qui crêveraient de faim, mais la même insatisfaction & frustration semble miner les malheureux pédophiles, pédopornographes tout autant que les autres (ceux qui ne le sont pas et qui se contentent du p0rn « normal » pour se rendre malheureux).[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Je crois que les pédosexuels n’ont jamais fait le deuil de leur enfance.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Surtout quand elle n’a pas eu lieu, ou qu’elle a été très moche.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Ce qui n’est pas une excuse pour bousiller celle des autres, qui à leur tour risquent de devenir abuseurs à l’âge adulte.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Ca me dépasse complètement.[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Finalement, la distinction fondamentale entre dépendant (= malade) et pervers (= prêt à niquer des gosses pour assouvir ses besoins que la consommation d’images ne rassasie pas et qui l’utilise même comme carburant pour ses appétits) dépend de l’attitude du dépendant face à sa « défaillance », comme tu dis :[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]- Suis-je un malade, un détraqué, est-ce que je vais chercher du secours à l’extérieur pour éviter que ce truc que j’ai en moi me dévore complètement de l’intérieur ?[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]- ou est-ce que je ne pose même pas la question de la légitimité de mon désir, parce que j’ai trop la pression, que j’ai trop faim ?[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Et il y a aussi la question sociétale :[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]- Dans ces temps obscurs où l'on ne pense qu'à forniquer parce que la société nous a lavé le cerveau à ce sujet, peut-on cesser d'être la victime consentante de ses pulsions ?[/font][/size]
[size=small][font=Helvetica]Quoi qu’il en soit, pour en revenir à la gestion de la souffrance et de la frustration, je m’en remets à l’attitude acquise en fréquentant les AA, où nous ne faisons pas de réunions sur le thème de « la soif » mais sur les étapes suggérées d’un développement spirituel visant à remédier à cette soif.[/font][/size]
===============================================================================================================================================
RE: La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?
Burrhus @ 15-02-2018 10:02:25

Je comprend ce que tu écris.
===============================================================================================================================================
RE: La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?
John Warsen @ 15-02-2018 11:02:52

Tu as oublié "pour une fois"...
;-)
Tu comprends pourquoi je n'écris plus.
===============================================================================================================================================
RE: La frustration produit de la souffrance, comment gérer ?
Burrhus @ 15-02-2018 22:02:02

C'est vrai qu'avec toi, des fois j'avais du mal... Mais qu'importe, tu me fais rire aussi certaines fois.
===============================================================================================================================================