Bonjour, 

je ne sais pas trop par où démarrer. 

J'ai 39 ans et ma compagne vient de me quitter. Cela faisait 3 ans que nous avions démarré notre histoire et je pensais vivre ma vie avec elle. Envolé l'espoir de fonder un foyer, une famille. Elle était déjà partie l'année passée (durant 2 mois) avant de revenir et que l'on s'installe ensemble.

Mes petits mensonges minables et mes addictions ont causé ma perte. C'est un SMS adressé à une escort qui a provoqué le clash. Je me suis retrouvé à nier, à minimiser, à dire qu'il ne s'était rien passé. En effet, il ne s'était rien passé physiquement mais je jouais avec le danger, avec l'excitation.

Depuis un gros mois, je vois un thérapeute. Je pensais que c'était des "conneries" mais il m'aide. On fait le point, on avance. J'espère encore récupérer ma compagne dans ma tête. Je ressens de la "honte" vis à vis de ma belle famille.

J'ai toujours eu ce goût pour la pornographie et la prostitution. Jeune, j'étais timide et pas sûr de moi. Je me rappelle des revues cochonnes que j'achetais au bureau de tabac à 15 ans et que je mettais dans mon sac de cours. A 17 ans, première prostituée, heureux d'être dépucelé.

Ensuite, je suis devenu un "client régulier". Je fréquentais certains forums dédiés que je ne veux pas nommer. Je connaissais FKK, clubs en Espagne, etc. La pornographie m'a aussi beaucoup accompagnée. Je sympathisais avec d'autres mecs dans mon genre plus âgés et toujours très seuls. Je me voyais meilleurs qu'eux mais non, je suis pareil aujourd'hui. 

Circonstance aggravante (j'hésite beaucoup à l'écrire). Je vis du commerce du sexe sur internet (les vidéos que vous achetez, les annonces coquines). Je sais comment ça marche. Tous les mois, je gagne plusieurs milliers d'euros de chez moi. 

Les fantasmes sont devenus de plus en plus forts. Je regardais les vidéos, j'appelais les escorts. La tentation était partout, je l'entretenais. J'avais deux visages. L'homme doux avec sa compagne, mais qui lui cachait des choses. Je l'aime, mais mes impulsions me demandent d'aller voir ailleurs pour une excitation.

Je ne comprenais pas les gens qui n'arrivent pas à arrêter de fumer, mais c'est probablement parce que je n'ai jamais fumé de ma vie. Pareil pour les alcooliques, ou les accros aux jeux d'argent. J'ai mon vice, c'est celui du "cul". Il paraît innocent, il fait rire en société, mais il a eu raison de ma vie de couple. 

Je veux en sortir. Je vois un thérapeute donc, une fois par semaine. Je suis très seul dans la vie, peu d'amis. Toute la journée sur l'ordi. J'essaie d'avoir des activités, je ne suis pas une mauvaise personne. 

Si vous avez des questions, n'hésitez pas...
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RE: Un dépendant spécial
Sonic @ 17-01-2017 14:01:59

Bonjour Enviedechanger,

Avant tout bienvenue sur le site. Ce n'est pas une démarche facile mais tu es là, à reconnaître qu'il y a un problème.

J'ai que 24 ans et mon expérience de la vie n'est pas suffisante pour comprendre tous les aspects de ta souffrance. Cependant, on partage quelque chose, c'est cette dépendance. On ne l'a pas vécu de la même façon, pour peu que tu lises certains topics (sujets) tu comprendras ce que je veux dire. Cela peut être uniquement du visionnage de vidéos, photos, jusqu'à tromper sa copine/femme. À vrai dire, ou du moins à mes yeux "le comment" on entretient cette dépendance n'est pas le principal objectif.
Aujourd'hui tu es ici pour franchir un cap, celui d'aller sur le chemin que l'on peut qualifier de la "guérison". Tu as longtemps nié avoir un problème, la preuve est que tu te trouvais mieux que d'autres qui faisaient la même chose que toi. Tu as franchi le cap de la négation, te voilà dans la prise de conscience mais pas que.

Tu as également fait la démarche d'entreprendre une thérapie, pour ma part j'ai mis plus de 2 ans avant de chercher un psychologue. C'est un Immense pas en avant que tu vas faire. Que ton praticien soit "bon" ou "mauvais" (les critères de jugement sont à la fois subjectifs mais aussi objectifs), tu avances et ce n'est pas rien !

Durant quelques années je ne suis plus revenu sur ce site, et j'ai perdu mes repères. Il existe le test d'Orroz qui permet de "mesurer" son degré de dépendance. Il y a également son livre que tu peux te procurer concernant les mécanismes pour sortir de cette dépendance. Mais ne te leurre surtout pas (pardon d'être aussi net), ce n'est pas la lecture de ce site ou d'ailleurs qui te feront aller mieux, ce ne sont que des aides, des béquilles, des compléments d'un ensemble de choses.

Si tu veux changer il y a beaucoup de méthodes dont la radicale.
- Tout mettre en oeuvre pour que tu n'aies plus de repères directs avec le comportement que tu avais/as: jeter toutes tes revues, supprimer les vidéos des disques durs, mettre en place un système de contrôle parental sur ton ordinateur... Cela te permettra de faire de l'ordre dans ton esprit et autour de toi.
- Consulter un thérapeute est également un point clé (encore une fois à mes yeux), cela permet, peu importe ses souffrances, de mettre des mots et de mieux se comprendre, de démonter et remonter à l'origine de ses maux, ou ne serait-ce s'en approcher...
- Se reconstruire, cela ne passe pas seulement par le "non-visionnage" et le fait de ne pas aller aux putes ou je ne sais quoi. C'est pouvoir se remettre sur un chemin qui te convienne. Rester chez soi à ne plus toucher à un ordinateur ou ne plus sortir par peur de rechuter ne rime à rien. C'est juste laisser le temps de consumer. Mets en place des choses que tu n'as pas pu faire ou que tu souhaites approfondir: cuisiner, faire du sport, jouer d'un instrument de musique, lire.... Libre à toi de faire ce que bon te semble ! Cela occupera ton esprit à surmonter certains moments.

En effet ton métier ne facilite pas les choses. Sur cet aspect là je ne sais pas trop quoi te dire, cela complique la donne, oui probablement même très certainement. Cependant ce n'est pas quelque chose qui doit t'empêcher d'avancer. Peut-être que je suis naïf mais j'imagine qu'il doit exister des barmen qui sont des ex-dépendants à l'alcool. Le tout est de franchir un cap...

Tu te dévalorises beaucoup et comme nous tous (ou la plupart, j'essaie de ne pas trop généraliser), tu te rabaisses et te refermes sur toi même (peu d'amis, "seul dans ta vie"...). C'est un constat que tu peux te faire, je n'ai pas à le juger, mais si tu en souffres pourquoi ne pas profiter de cette période où tous les champs du possible s'offrent à toi ?! Certes ta femme t'a quitté, oui tu veux la voir revenir mais c'est avant tout pour toi que tu dois avancer, pas pour elle...

Tu te dissocies, le bon qui était bien aimant et le mauvais qui lui avait besoin d'excitation ailleurs. Je ne suis pas psy et je suis personne pour me permettre de te donner des conseils. Ah oui ! Une chose ! JE ne possède pas la vérité, personne ne l'a. Mes propos peuvent être critiqués contestés, par toi ou n'importe qui. J'apporte juste "ma" modeste vision des choses. Prends ce que tu estimes de bon à prendre et laisse le reste. Cela t'enlèvera un poids énorme !
Pour en revenir à la dissociation je ne crois pas qu'il y ait deux "Envidechanger" mais bien un seul. En toi une part souffre et se masque/protège/divertit/fait le con avec ce comportement dans lequel tu te plonges depuis de nombreuses années. D'autre part tu serait un homme, et si je te lis bien, un homme attentionné, bienveillant. Ne les dissocie pas, les deux appartiennent à la même personne. Tu peux tout fait être un homme bienveillant pour son entourage et pour autant souffrir, se traduisant par certains comportements qui te pourrissent la vie.

En résumé, tu trouveras ici de tout, des témoignages de dépendants, de co-dépendant(e)s, d'anciens dont Mondom, Pikmin pour ne citer que deux que j'ai connus en arrivant ici en 2010. Chacun apporte sa pierre à l'édifice par son vécu, rien de plus, aucun jugement, juste de "l'entraide". Mais encore une fois ne te leurre pas, le travail, c'est bien Toi qui vas devoir le faire.

J'espère ne pas avoir été trop catégorique, ce n'était pas le but...

Je te souhaite encore une fois la bienvenue sur ce site et te souhaite bon courage pour la suite de ton parcours !
Comme un ami de DASA (dépendants affectifs et sexuels anonymes) me disait, bonnes 24h ! (sous entendu, de sevrage)

Sonic
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RE: Un dépendant spécial
enviedechanger @ 17-01-2017 16:01:24

Merci d'avoir pris la peine de lire mon histoire cher Sonic. Je vais essayer d'aller à une réunion de DASA près de chez moi (j'ai vu qu'il y en avait une). 

Le thérapeute que je vois me le dis simplement. Le problème de l'addiction ce n'est pas l'addiction en elle-même (on pourrait dire qu'un drogué le fait car c'est bon). Le problème ce sont les conséquences de l'addiction et c'est sur quoi je travaille. 

Je ne veux pas être une personne en laquelle on ne peut pas avoir confiance et toujours prête à tricher. 
Je veux bâtir un couple équilibré, une famille saine.
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RE: Un dépendant spécial
Sonic @ 17-01-2017 16:01:02

Je prends une petite pause dans mes révisions pour venir te répondre. C'est moi qui te remercie pour partager ton vécu. C'est génial que tu puisses aller à une de leurs réunions. J'avais commencé les démarches pour rejoindre les réunions téléphoniques mais le contexte de ma maladie chronique a fait que les heures où je devais les contacter étaient celles où j'étais entouré par mon entourage. Je pense que ça vaut la peine d'essayer !

Ta thérapeute a raison. Les conséquences, voilà sur quoi tu dois travailler mais pas que. Finalement analyser les conséquences c'est assez rapide et tu en as mesuré tout l'impact: relation de couple, dévalorisation... On peut étendre la liste. Là où j'espère que ton thérapeute va t'amener c'est le flashback, le rétrograde, le commencement de tout ça. Certes tu as des fragilités et un historique qui t'a amené à plonger dans le porno. Mais qu'est ce qui a fait que tu es "tombé" dedans, à quelle(s) réalité(s) voulais tu échapper...

Tu sais que ce que tu ne veux pas être, à toi de te (re)construire étape par étape. C'est un processus qui prendra certainement du temps. Prends le temps de repenser à tes séances avec ton thérapeute. Si tu as "du temps à perdre", lis quelques sujets ici, occupe toi du mieux que tu puisses le faire, quelque chose qui fasse que tu es "satisfait" ou du moins moins minable qu'après une masturbation.
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RE: Un dépendant spécial
enviedechanger @ 17-01-2017 17:01:14

Tu dis "ta" thérapeute. Je te corrige, je vois un homme et je préfère ça.

Je pense qu'il me comprend mieux (pulsions, violence, machisme, tout ça), c'est même un gros balèze mais on travaille dans la finesse.
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RE: Un dépendant spécial
enviedechanger @ 18-01-2017 07:01:36

Fr-Ed

Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris ton message et je pense que tu me donnes des intentions que je n'ai pas non plus. J'ai l'impression que tu m'attaques aussi mais bon, je préfère ne pas tout relever.

J'ai déjà fait il y a longtemps un début de thérapie et je n'avais pas accroché, c'était une femme. C'était le genre de psychanalyse où la thérapeute laisse parler le patient sans intervenir. Je n'ai pas aimé du tout cette passivité, ça m'a même assez énervé. Je ne voulais pas revivre ça.

Quand j'ai vu le thérapeute qu'on m'a conseillé, j'avais donc une mauvaise image des thérapeutes et de la psychologie, mais j'y allais pour faire plaisir à ma compagne. 

Là, j'ai vraiment été surpris car c'était visiblement une école différente avec un contact beaucoup plus direct et "viril". Avant, j'étais plus ou moins couché sur un divan avec la thérapeute dans le dos. Là, je suis assis sur une chaise en face d'un gros balèze qui me regarde dans les yeux. Le rapport est pas le même, ça marcherait pas avec une femme. Pour moi en tous cas.

Je commence à lui faire confiance, on va gratter de plus en plus là où ça fait mal. 

Après, ce dont je veux me débarrasser, c'est le besoin irrémédiable que j'ai de me mettre dans des sales situations (se faire pincer avec un numéro d'escort par exemple, par là je veux dire que je ne veux pas mieux me cacher mais juste ne plus rentrer dans ce genre de situations en étant plus intéressé simplement par cet univers). Donc savoir éviter ces situations, me tenir loin des problèmes.

Réapprendre le contact sain avec les autres, rendre heureux mon entourage.
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