Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 21-12-2016 17:12:09

Bonsoir à tous,

Je ne sais pas si je poste dans la bonne section mais dépendant au porno depuis une 15 aine d'années, je cherche à arrêter, en vain. J'ai pris conscience de ce problème il y a 10 ans. Il y a eu pas mal de tentatives pour arrêter (surtout il y a 5 ans) car cela me fait plus de mal que de bien, mais force est de constater que jusqu'ici je n'ai pas trouvé la solution.

Depuis la reconnaissance de ma dépendance, je me suis documenté, j'ai consulté un addictologue, je suis passé un peu par DASA et depuis 3 ans je travaille sur mon présent/passé avec l'aide d'un psychanalyste (ça m'apporte beaucoup) et pratique le yoga. Seulement, le porno est toujours là. Et ce qui me frustre le plus, c'est :
- de prendre conscience combien le déni de cette dépendance reprend sa place après tant d'années... Ça ne prend pas 8 heures de ma journée, mais c'est quand même là plus d'une heure en moyenne !
- de constater que la rechute se produit quand je ne m'y attends le moins. Ex : avant la rechute de ce weekend, j'avais arrêté pendant presque 3 semaines, entre autre parce que je n'avais pas le temps à cause (grâce ?) de journées interminables. Je venais de terminer plusieurs semaines éprouvantes, je pouvais alors souffler... Pas de mauvaise humeur, ni de tension dans le corps. Pas le moindre nuage dans ma vie. Je suis chez moi, rien de spécial à faire si ce n'est récupérer tranquillement et là BIM ça mouline dans la tête et rechute !
- de me rendre compte qu'il n'y a pas de règles dans la manière de rechuter ! Si j'arrête 3 semaines, on peut s'imaginer une rechute en douceur. Et bien non, c'est rapidement du contenu trash, et violent. Qui marque ! Qui traumatise (même si la dépendance fait que ces images sont banalisées). Et d'un coup on se retrouve au fond du gouffre... C'est négatif au final pour l'image de soi...

Aujourd'hui, j'ai réglé pas mal de choses dans ma vie et je vais beaucoup mieux ! Mon seul réel souci reste de ne pas parvenir à cerner mon désir, ni à réaliser des projets auxquels je tiens (sans cesse repoussés au lendemain). Je me dis que le porno, entre autre, utilise pas mal de mon énergie et de mon temps, qu'il m'empêche de ressentir, de tenter quoi que ce soit... Je me dis aussi que si je n'avance pas de ce côté là, je continuerai de tourner à vide dans d'autres domaines de ma vie (privés et pros)...

Tout cela pour vous demander quelques conseils pour m'aider dans ma démarche de sevrage svp car j'ai l'impression d'avoir épuisé toutes les stratégies : certains d'entre vous ont-ils tenté l'hypnose, l'EMDR, ou encore l'EFT pour aider au début d'un sevrage ? J'ai mis des protections sur l'ordinateur mais existe-t-il des outils ou des méthodes pour éviter la rechute tt bête de type "je suis chez, je n'ai rien de spécial à faire et je sabote ma journée" ? Par avance, merci beaucoup pour votre aide et bonne soirée à tous
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
JAN @ 26-12-2016 11:12:39

[size=small]Bonjour Pierre ![/size]
[size=small] [/size]
[size=small]Je découvre ton message du 21… et qu’il est resté sans réponse…[/size]
[size=small]Je souhaite te rassurer pour te dire qu’en ce moment de fêtes beaucoup des membres doivent être dans leurs familles et moins présents ici ![/size]
[size=small] [/size]
[size=small]Sache que bientôt les membres plus réguliers prendront certainement le temps pour te répondre à nouveau. En tous cas tu es dans la bonne « catégorie » du forum, ton message est visible en première page ! Tu peux également ouvrir un "carnet de sevrage" puisque tu es déjà dans la logique du sevrage. Félicitation d'ailleurs pour ces premiers jours réussis!
Si je trouve le temps (je suis à l'étranger dans ma famille en ce moment) je répondrai plus en détail à ton message ![/size]
[size=small] [/size]
[size=small]Bon courage et félicitation de partager ton parcours ici avec nous ![/size]
[size=small]Bonnes fêtes de fin d’année aussi ![/size]
[size=small] [/size]
[size=small]A très vite ![/size]
[size=small] [/size]
[size=small]Jan[/size]
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Tiago @ 27-12-2016 09:12:59

Bonjour Pierre83,

Bravo pour ta prise de conscience et ta détermination !

Je suis dépendant à la masturbation et aux images pornographiques. Ma dépendance a commencé au milieu des années 90. Moi aussi, je lutte contre la dépendance depuis longtemps. J'ai toujours su que ma consommation d'images était anormale. J'en éprouvais de la honte et de la culpabilité. J'ai essayé plusieurs fois d'arrêter, avec des résultats variés. Parfois, j'arrivais à m'arrêter plusieurs mois. Depuis le 21 mai, je n'ai pas rechuté.

Disse 'Pierre83' pid='66035' dateline='1482343089':
J'ai mis des protections sur l'ordinateur mais existe-t-il des outils ou des méthodes pour éviter la rechute tt bête de type "je suis chez moi, je n'ai rien de spécial à faire et je sabote ma journée" ?



En effet, l'oisiveté est la mère de tous les vices. Je propose trois réponses fondées sur mon parcours :

[list]
[*]Éviter l'ennui : s'occuper, commencer de nouvelles activités, 
[*]Planifier son temps (dans la dépendance, j'ai découvert la procrastination : je n'ai plus d'objectifs motivants, je ne fais plus de projets). 
[*]S'interroger : pourquoi la rechute ? Qu'est-ce qui est recherché dans la rechute ? Pourquoi la solitude, l'ennui sont-ils difficiles à vivre ?
[/list]
Je te souhaite de belles fêtes de fin d'année !
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 29-07-2019 11:07:34

2 ans et demi plus tard ...

Bonjour à tous,

Je me permets de déposer ici mon expérience de sevrage. J’ai arrêté de regarder du porno il y a 8 mois et demi. Je n’imaginais pas être capable de tenir si longtemps. Je ne soupçonnais pas l’ampleur des bénéfices que cette expérience m’apporterait.

J’ai la trentaine, j’étais ado à l’époque des VHS et de canal + et avec l’arrivée d’internet et du streaming, la dépendance s’est installée confortablement dans ma vie pendant 15 « bonnes » années. Bien entendu, les phases de dénis, les tentatives d’arrêts et les rechutes furent nombreuses. Chaque jour, il y a risque de rechute, je fais attention. Mais ce sevrage est différent des précédents. Je suis plus confiant qu’auparavant…

J’ai retrouvé dans mes notes le suivi de mes premiers sevrages au porno. Ça remonte à 2009/2010. À l’époque, l’arrêt était motivé par le constat que cela me faisait perdre énormément de temps, d’énergie, que ça me renvoyait une mauvaise image, que ça me coupait des autres et de la possibilité de rencontrer quelqu’un etc. J’ai essayé de stopper nombreuses fois et mon précédent record remonte à 2011 : j’avais tenu 4 mois, dans la douleur ! Concrètement, à la fin, je voyais la vie en noir et blanc… Je pense qu’à l’époque, mes principales erreurs étaient de me culpabiliser, de rester isoler, et de mal gérer le temps libéré par le sevrage. En fait, je pense que je passais à côté de l’essentiel : la vie. Je suis bien conscient que ça fait très développement personnel de parler de « se sentir vivant ». Pourtant, je pense aujourd’hui que c’est bien là que tout se joue. En ce qui me concerne en tout cas, le porno qui avait l’apparence d’un défouloir était surtout un refouloir. Je pense que le porno m’apportait des bénéfices à court terme bien connus : la recherche de l’image, la montée de l’excitation, le shoot etc… Mais tout ce la n’était qu’un leurre : cette pratique était le meilleur moyen de me renier.

Comment peut-on exister en se présentant comme une personne calme, lisse, d’apparence bien sous tout rapport, et dans le même temps, vivre seul et « par procuration » une vie de débauche…?! Qu’est-ce qui est le plus honteux dans cette situation : consommer du porno ou jouer un rôle social pour se sentir adéquat vis-à-vis des autres ? En ce qui me concerne et il m’aura fallu des années pour le comprendre : on ne peut pas se couper de ses pulsions. Elles vont, elles viennent, elles évoluent ou non, mais elles sont. Quand j’ai pris conscience de ma consommation excessive, ma réaction à l’époque avait été de jouer les bons élèves : stop au porno, achat de bouquins de développements personnels, dasa, addictologue etc. En gros, l’idée c’était « le porno, c’est pas bien, vive le sevrage ! ». Bon, honnêtement, j’étais à côté de la plaque ! Je ne pense pas que le porno est une bonne chose pour le cerveau, au contraire, c’est catastrophique et je ne consomme plus. Mais les techniques qui reposent sur « il faut / il faut pas », quand on est drogué, et en manque, ça manque vite de sens ! Et donc, au début des années 2010, les rechutes se sont enchaînées : une mauvaise nouvelle, une déception amoureuse, une remarque mal interprétée, une image en pop up en navigant sur internet. Même avec la plus grande des motivations, il y avait rechute. Le manque me mettait mal, j’angoissais, je fantasmais, je repensais à des scènes visionnées, bref, je subissais la pulsion dans le corps plutôt que de la regarder à travers un écran. Alors, pour m’accrocher, je compensais : en m’inscrivant sur des sites de rencontres, en regardant des films, des séries, en jouant à des jeux en ligne qui m’énervaient et je restais seul pour gérer tout ça… Rien de bien créatif, hein, juste de quoi s’hypnotiser mais avec des produits virtuels considérés comme « propres » ! Une véritable cocotte minute ! Un coup de fatigue ou de déprime suffisaient à me faire basculer. De loin ou de près, ma vie tournait autour de « ça » : la dépendance, le porno, le sevrage… Je me jugeais comme coupable de pratique honteuse et je cherchais la rédemption. Erreur grossière ! J’oubliais l’essentiel : le fait qu’en plus d’avoir un cerveau (et un surmoi bien persécuteur), j’avais un corps, avec des envies… Et autant de besoins que je refusais de considérer, que je m’évertuais à refouler et à juger, à critiquer, dénigrer, à mépriser etc. 

Ce qui met mal à l’aise quand on arrête de porno, c’est le fait de se sentir vivant et authentique avec tout ce que cela comprend de confortable ou d’insupportable. Le fait d’avoir des désirs, le fait de les assouvir, le fait d’être tel qu’on est et non tel que l’autre veut que nous soyons (et plus exactement, tel qu’on pense que l’autre veut que nous soyons).

Alors, qu’est-ce qui fait que ce sevrage fonctionne mieux cette fois-ci pour moi ?
- d’abord, depuis 6 ans je consulte un psychanalyste qui me permet d’exprimer mes ressentis, de découvrir que j’ai des désirs puis d’assumer tout cela. L’essentiel est là : pourquoi regarder des inconnus « jouer » ce qu’au fond j’aimerais d’une manière réelle ou symbolique expérimenter moi-même ? Avec le psy, il y a aussi un décryptage du rapport aux aînés qui permet de mieux comprendre pourquoi il s’est mis en place une structure à base de masque social et de comportements compulsifs cachés aux autres (masturbation et porno).
- j’ai également consulté un hypnothérapeute : les résultats ont été très efficaces ! Précision : pendant une séance, vous pouvez vous intéresser directement à votre dépendance, mais en ce qui me concerne, je m’étais concentré sur mon rapport aux autres, à mes parents surtout, à mon mal être. Si ça fonctionne sur vous, l’hypnose est une belle option pour déposer votre fardeau, libérer votre mental, vous reconnecter simplement à votre corps. La vie…
- je me suis engagé auprès de ma copine, à arrêter, car c’est bien le point commun de tous les sevrages : l’engagement à se désintoxiquer. Pour le coup, « il faut » commencer à arrêter, décider. Pas pour le bien ou contre le mal. Pour soi-même.
- techniquement, j’ai installé une appli sur mon téléphone qui me fait pointer tous les jours pour savoir s’il y a eu rechute ou non. C’est nécessaire car je trouve que quand les choses vont bien, on a tendance à oublier qu’on est en sevrage, qu’on est à fleur de peau, et qu’en parallèle de la vie qu’on mène, on gère cet handicap en plus. ça permet de penser 24h à la fois.

Je le répète : je crois que la pire erreur face à cette dépendance, outre le fait de ne pas la reconnaître, c’est de se persuader qu’il est possible de gérer ses pulsions, de les canaliser pour les cacher aux autres. Pour protéger sa vie de couple par exemple. On peut lutter tant qu’on veut, s’épuiser pour sauver la prétendue belle image qu’on veut renvoyer à ses proches, on ne vaut ni plus, ni moins que les autres. L’acceptation représente à mes yeux la plus douce des portes de sortie. Je ne me considère pas comme définitivement sorti de la dépendance, mais en accueillant cette partie de moi qui s’exprimait à travers le porno, la cavale se dure plus longtemps que les autres fois. Je me sens un autre homme. Je me sens rassemblé. Et vivant. Je donne moins d’importance aux propos des autres, qui souvent ne concernent que leur propre histoire, leur folie parfois. Et je m’étonne aujourd’hui de prendre du plaisir à me faire à manger correctement, à décorer mon appartement, à écrire, à voyager. À danser ! Ça a l’air niais d’écrire ça ou tristement banal. En période de manque, j’aurais même vomis ce quotidien que je trouvais trop fadasse ! Il aura fallu me confronter à mes pulsions, me connecter au réel pour désinvestir le sexuel dans ma vie et m’intéresser à d’autres centres d’intérêts... Tout n'est pas simple, mais ça va beaucoup mieux aujourd'hui...

Un jour, un addictologue m’a dit « vous savez, vue que votre consommation s’est installée durant votre adolescence, vue votre consommation actuelle, vous ne pourrez jamais vous passer de support (= de porno). Vous voyez bien que vous arrivez à tenir quelques jours, mais vous rechutez… ». Au fil des années, je finissais par me dire qu’il avait raison. Mais maintenant, chaque jour, je lui donne tort. Je m’exprime très rarement sur internet, mais je tenais à le faire pour donner du courage à toutes celles et ceux qui veulent en finir avec le porno. Je sais quelle souffrance ça représente au quotidien. Je ne pense pas qu'il y ait de « bon » chemin, ni de « bon » moment, ni de « bonnes » raisons pour arrêter. En ce qui me concerne, c’est avant tout une affaire d’envie. Bonne journée à toutes et tous !
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Burrhus @ 30-07-2019 11:07:32

Et bien, quelle tartine... Mais ça vaut le coup de te lire.
Je recommande ton témoignage très inspirant.
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Mint @ 01-08-2019 14:08:23

Bonjour Pierre,

Ça fait du bien de lire ça, merci beaucoup.

Mint.
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 20-08-2019 12:08:27

Disse 'Burrhus' pid='71722' dateline='1564486832':
Et bien, quelle tartine... Mais ça vaut le coup de te lire.
Je recommande ton témoignage très inspirant.


hahaha, le post après 2 ans et demi de déconnexion j'avoue ! Merci pour la reco :)
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 20-08-2019 12:08:40

Disse 'Burrhus' pid='71722' dateline='1564486832':
Et bien, quelle tartine... Mais ça vaut le coup de te lire.
Je recommande ton témoignage très inspirant.


Hahaha, j'avoue Burrhus, ce fat post après 3 ans de déconnexion ! Merci pour la recommandation


Disse 'Mint' pid='71739' dateline='1564670483':


Bonjour Pierre,

Ça fait du bien de lire ça, merci beaucoup.

Mint.


Merci pour ton retour, Mint et courage dans ton sevrage ! Comme je l'écrivais, en ce qui me concerne, même si ça semble parfois difficile parce que les années s'accumulent, une sortie est possible, on ne compte pas ni le nombre d'années ni le nombre de tentatives... à condition par contre de se donner un maximum de moyens et ne pas être trop sévère avec soi-même... Bonne journée à toi
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Mint @ 21-08-2019 06:08:48

Bonjour Pierre.

il y a une porte qui donne sur une pièce, on y rentre pour y trouver un sentiment de liberté. Avec le temps ce sentiment de liberté se transforme souvent en addiction puis diarrhée mentale. Quelques années plus tard, on veut ré-ouvrir la même porte pour retrouver sa liberté.

Pour ouvrir cette porte de nouveau, ça demande une sacrée dose de motivation, de courage et de volonté (force). Ce qui revient peut être à dire qu'il faut y mettre ; sa tête, son coeur et ses couilles.

Bon courage à toi pour la suite.

Mint.
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 26-08-2019 11:08:01

Bonjour Mint,


Bien trouvée, la métaphore ! 

Disse 'Mint' pid='71843' dateline='1566370308':
Bonjour Pierre.

 Avec le temps ce sentiment de liberté se transforme souvent en addiction puis diarrhée mentale. 



Je pense que c'est surtout ça l'arnaque, dans cette histoire. La diarrhée mentale ne disparaît que très provisoirement avec le produit... Sans parler du prix à payer : la culpabilité, le malaise, l'estime de soi etc. De toute façon, en ce qui me concerne, le mental reste une défense difficile à enrayer, mais si elle existe cette défense, c'est sans doute pour me protéger de qqch de très angoissant : émotion, souvenir etc. On est bien loin du porno...
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 12-12-2019 09:12:11

Bonjour à tous,

Je ne sais pas si ça vous parlera, mais en ce qui me concerne, l'expérience du sevrage m'a appris qu'il y avait tt un tas d'émotions et une vitalité auxquelles je m'étais coupé il y a très longtemps... Sans doute un processus adaptatif compte tenu de mon environnement étant enfant. Une mère exigeante, par ailleurs alcoolique, un père autoritaire et colérique, un divorce mal géré... Et au milieu un enfant qui contient, refoule son agressivité pour faire comme si. J'ai lu le livre de Guy Cormeau, "Père manquant, fils manqué"... Je trouve intéressant le rapport à la masculinité (et au père) traité dans ce livre. L'idée d'incorporer l'énergie plutôt que de la refouler (défouler) via le porno... Enfin, plus personnellement, je me trouve dans une période où je me réconcilie avec mon père (symboliquement, je veux dire), et pour qqun qui s'est tjs construit contre le père, admettre les qualités de mon père malgré ses emportements, ses erreurs etc... Le réhabiliter en qq sorte me permet de me réconcilier avec moi-même... Bref je ne sais pas si c'est clair, mais je suis surpris de découvrir aussi tardivement....
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Burrhus @ 12-12-2019 12:12:42

Salut Pierre.
La réconciliation est pour moi la base de tout, elle restaure la relation et sort de l'isolement. Cependant ce n'est pas facile. La plus grande difficulté, pour moi, dans mon histoire, et la nécessaire réconciliation avec mon père (mort l'année dernière), fut que l'offense ne fut jamais verbalisée. Pas facile de pardonner du flou. Avant de pardonner j'ai eu besoin de mettre les mots qui définissaient l'offense, quand bien même cette offense n'était pas identifiée par l'offenseur. Quand l'offenseur ne voit pas qu'il t'offense, alors tu as beau pardonner, il te reblessera. Il faut s'en protéger. Souvent ce qui fait l'offense c'est l'entretien de schéma mortifère chez l'offenseur, et tant qu'il ne décide pas de se changer, alors la relation de violence persiste quelques soit la bonne volonté de l'offensé.
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
eric44 @ 12-12-2019 18:12:05

Témoignage très inspirant !
Merci d'avoir pris un peu de temps pour venir partager ça.
Je me retrouve beaucoup dans ton témoignage (mais peut-être est-ce là la trame commune à tout dépendant ?). J'ai beaucoup ta manière d'aborder les choses maintenant, le fait de "laisser couler", être moins exigeant, perfectionniste et de profiter des choses que nous offres l’éloignement du porno.

Vraiment très inspirant...
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 19-12-2019 23:12:13

Bonjour à tous les deux,

Merci pour vos commentaires qui me confortent dans mon vécu de la situation, du sevrage… Entre dépendants, on se comprend comme dirait l’autre ! Burrhus, quand tu dis que l’offense n’a pas été verbalisée, tu veux dire que ton père n’avait jamais reconnu les faits ou que toi tu n’avais pas réussi à le mettre face à ses erreurs. C’est compliqué les parents, mon père, j’ai cessé de le voir pendant plus de 10, ça a été très douloureux pour l’un comme pour l’autre. J’ai dû couper les ponts pour me protéger, avec la culpabilité évidemment… Me retaper. Je lui ai écrit une lettre pour qu’il puisse lire ce que je lui reprochais (j’avais peur de mon père, même adulte, il s’emportait rapidement). Plus tard, quand on a commencé à se revoir, j’ai essayé d’avoir des réponses mais il a à chaque fois péter un plomb. J’ai lâché l’affaire, il ne veut pas reconnaître. Parallèlement, il est devenu adorable, comme s’il avait intégré mes reproches, il ne me rabaisse plus, ne me critique plus, il m’encourage énormément. Peut-être parce qu’il vieillit, et/ou qu’il a compris. Tout ça pour dire que comme ton père, le mien n’a pas reconnu. Je m’entends très bien avec lui aujourd’hui mais je n’ai rien oublié… Eric, merci pour ton soutien ! J’avoue qu’en ce moment, c’est une prise de conscience générale : je vois comment j’ai été (je me suis ?) programmé enfant pour inhiber tout ce qui aurait pu « affecter » les autres. Le porno c’est une chose (un gros dossier, certes), mais le changement va au-delà dans mon cas. Je le vois : j’ai retiré le porno, mais j’ai une console, un ordi, une télé et un téléphone. Quand je ne bosse pas, je peux enchaîner tout cela, plus les tâches ménagères. Et je culpabilise car je suis incapable de céder à mon désir : écrire et réaliser des courts-métrages. Ça me fait rager… Non, pas que je manque d’idées (je ne dis pas qu’elles sont bonnes), non pas que je manque de désir, simplement, j’ai bcp trop de pression : le désir de s’exprimer passe bien après l’exigence de réussite, et le besoin de validation des autres. J’ai tellement peur de me tromper, comme si tout risquait de s’effondrer. En vrai, je préserve mon égo (et peut-être mon supposé lien aux autres) en ne confrontant pas mes créations à des regards extérieurs. Comme si j’étais mis entièrement dans la balance avec mes créations ! Qu’attend l’autre de moi ? Que je rende une copie parfaite, et une copie qui ne les mettent pas mal à l’aise. Alors je ne crée pas. Que je ne m’énerve pas contre lui, alors je vais jouer aux jeux vidéos (comme ça la colère reste en circuit fermé). Idem pour le porno quand j’en consommais : plutôt compulser devant des images d’inconnu(e)s plutôt que de vivre la pulsion dans le corps, assumer le désir, le manque de l’autre etc. En ce qui me concerne, le sevrage du porno m’a apporté énormément, mais ce n’est pas fini. J’aimerais me débarrasser des autres pelures d’oignons qui m’empêchent d’être moi-même : les écrans (déjà dit) et particulièrement les infos et les réseaux sociaux, les interminables tâches (secondaires) de todolist à accomplir « parce qu’il faut le faire », et même plus précisément parce que « c’est la moindre des choses que d’accomplir ces obligations pour compenser le fait d’avoir végéter devant des programmes ou un jeu »… Mais en vrai, mm si c’est plus louable a priori dans le 2 eme cas, l’effet est le même. Dans le premier cas j’ai confié mon cerveau à un écran pour détourner l’attention du mental, dans le second temps, j’ai focalisé le mental sur des injonctions. Dans le deux, je ne suis connecté ni à mon corps, ni à mes désirs, ni à mes émotions. Autrement dit, je m’empêche d’exister vraiment, de m’affirmer, de prendre ma place en tant qu’un parmi d’autres. Regarder ailleurs par flemme ou par devoir m’empêche de m’intéresser à mon identité. Ce serait génial si je pouvais culpabiliser de ne pas suffisamment prendre soin de moi :) Bon courage à chacun de vous, le sevrage c’est la clé, et après on est bien content d’en être sorti (enfin, 24h à la fois comme on dit en réunions…).
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Burrhus @ 20-12-2019 00:12:46

Salut Pierre.
Le regard d'autrui est important que si tu n'es pas sûr de toi car il vise à te rassurer. Si tu donnes, tu ne te trompes jamais et le regard d'autrui n'a plus d'importance. C'est pareil pour la création artistique. De toute les façons plus tu seras toi même plus tu seras critiqué, donc tu vois bien que le regard d'autrui n'a pas de poid dans la balance.
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 22-12-2019 15:12:52

Salut Burrhus,

Je pense que tu as raison dans l'analyse que tu fais du regard d'autrui et dans le fait de donner. Ça pose la question de la demande et du désir... Jusque là, j'étais conditionné à donner, à répondre (aussi parfaitement que possible) au désir de l'autre ou au contraire, je n'y répondais pas. Mais la décision se posait systématiquement par rapport à l'autre. Du coup, créer signifierait donner sans qu'il n'y ait forcément d'attente, pour répondre à mon seul désir (de dire, de dénoncer, de raconter etc)... Je ne vois pas en quoi cela intéresserait autrui... A moins qu'il ne s'agisse d'une rencontre entre une envie de raconter une histoire, une autre, celle d'écouter une histoire, la rencontre de deux désirs...??? J'ai cette crainte de tomber à côté, de ne pas intéresser, de m'auto-censurer (d'être inintéressant du coup) ou d'être agressif. Je ne vois pas comment démarrer... Peut-être que la suite du travail perso me permettra d'y voir plus clair... Bonne journée !
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Kalliste @ 22-12-2019 16:12:00

Pierre, je me revois teeeeellement dans ton commentaire, il y a quelques temps de cela ! J'ai dû couper les ponts avec ma mère pendant un certain temps aussi. Aujourd'hui je lui ai pardonné, même si pour elle elle n'avait rien à se faire pardonner. D'ailleurs si je lui disais même juste "je te pardonne", elle s'emporterait, me referait du mal, me jetterai à la gueule tout ce que j'ai fait, moi, d'inadmissible, d'horrible, d'impardonnable, selon elle et qui du coup justifierait ce que, selon elle, elle n'a pas fait... Bref.
En attendant, je lui ai pardonné, dans le secret de mon coeur. Et j'ai fait ce que je pouvais pour qu'elle me pardonne, elle aussi, de tout ce qui l'a faite souffrir de ma part. Même si de mon côté ça n'était pas volontaire, je sais qu'elle a souffert. En fait j'étais simplement un miroir pour elle, elle déposait sur moi tout ce qu'elle aurait pu se reprocher à elle-même, mais son esprit sachant qu'elle ne peut le supporter, il l'a refoulé au plus profond. Elle n'y accèdera que le jour où sa haine laissera la place à l'amour, mais j'ai beau prier pour elle, ce n'est pas demain la veille... A moins d'un miracle...
Ma... "fougue créatrice" a aussi été bloquée pendant longtemps, notamment à cause des autres dont tu parles si bien. Aujourd'hui je me lance à pas de souris dans une oeuvre que probablement jamais personne ne lira. Une oeuvre que j'ai envie de rendre parfaite, complète, qui ne le sera pas, mais pour laquelle j'aurai donné ce que j'ai de meilleur.
J'avoue que je prends bieeeeen mon temps, elle n'est pas prête d'être terminée. Mais contrairement à avant, je ne me demande pas si elle va plaire. En fait c'est la confidentialité de ce que je compte y mettre qui m'empechera de la partager, je la montrerai peut-être à une personne ou deux, mais ce n'est pas le but. C'est juste exprimer quelque chose, jeter sur le papier toutes ces idées, toutes ces phrases qui tournent dans ma têt'e et qu'à chaque fois je repoussais en me disant que ça ne comblerait pas le désir, l'attente de l'autre. Je me suis débarrassé de ce besoin de plaire à l'autre. Je fais du mieux que je peux, et je ne rends de compte à personne, quand bien même j'informe certains de mes avancées.
Désolée, je viens de faire un pavé sur ton fil, mais il me semblait important que tu puisses lire cela.
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Burrhus @ 22-12-2019 22:12:45

Un poète disait " écrire c'est saigner ". Je ne sais plus qui, mais je m'y retrouve.
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 23-12-2019 21:12:52

Bonsoir Ekeiloh,

Merci pour ton partage :) Je vois très bien ce que tu veux dire quand tu évoques la notion de confidentialité, de vouloir rendre une oeuvre parfaite, complète et de mettre beaucoup de temps. De ton côté, ce projet est assumé comme tel, le côté confidentiel... Du mien j'ai l'envie de partager, mais dans les faits je ne fais rien pour... Mon travail ressemble plus à celui d'un archiviste qu'à celui créateur (à lire avec de gros guillements bien entendu). Je collectionne les preuves, jusqu'à peu je faisais de la rétention d'informations (je ne partageais pas des souvenirs types vidéos etc), je cherche des témoins... Je me retrouve avec une matière réchauffée assez conséquente dont je ne sais quoi faire. Mon psy me dit que la solution se trouve sous le format de la fiction car je me trouve trop proche de cette matière, que c'est trop intime et que c'est la raison pour laquelle je crypte le récit et que je n'arrive pas à assumer au final... Je crois que quand j'aurai compris que produire, c'est proposer, c'est pe même saigner ;) en tt cas c'est donner qq soit le résultat, j'aurais sérieusement avancé ! En tt cas ce constat m'interroge sur mon égocentrisme... Peut-être qu'au lieu de me focaliser sur ma petite personne et sur le regard des autres, je pourrais me dire "je propose ceci ou cela et les autres cueillent (ou pas) et je passe à autre chose"...?
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 06-01-2020 10:01:15

Bonjour à tous,

Simplement pour vous souhaiter une belle année ! Et du courage dans vos parcours respectifs ! Merci à tous pour votre soutien, pas un jour je n'oublie ma dépendance. Néanmoins, je tiens à écrire ici que s'en sortir EST POSSIBLE. Au bout de 15 ans dans le produit, je n'y croyais pas, et pourtant... Ça fait plus de 400 jours que je suis abstinent et ce que je peux vous dire c'est que contrairement aux premieres semaines (sevrage), vivre sans porn ne me coûte plus. Je ne sais pas encore quoi faire de mon agressivité jusque là réprimée, bien que je la reconnais... Je pense qu'une activité artistique (art thérapie) pourrait m'aider. Toute cette énergie jusque là anesthésiée par la compulsion... Cesser de se faire passiver par l'environnement, en devenir un des acteurs. Donner pour le plaisir de donner. Prendre le risque de s'exprimer et d'être rejeté, moqué ou ignoré... Et avoir la surprise d'être écouté, accepté par certains. Au final, j'espère avoir le courage de regarder les choses en face : la maltraitance est une chose, mais mon logiciel est complètement obsolète. Par l'expérience, j'espère jeter à la poubelle les vieilles croyances parentales...

Bonne année et sobriété à toutes et à tous !
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Kalliste @ 09-01-2020 15:01:20

Merci Pierre ! Effectivement tu pourrais essayer l'art thérapie, avec un professionnel ce serait intéressant pour sortir ce qui est en toi. J'avais fait une séance en groupe, c'était très chouette. Je n'ai pas continué pour raisons persos, mais j'aurais aimé refaire ça
Prends soin de toi !
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 22-05-2020 12:05:23

[size=small][font=Arial]Bonjour à toutes et à tous,[/font][/size]


[size=small][font=Arial]J’espère que votre confinement n’a pas été trop pénible à vivre, pour des raisons familiales, financières ou par rapport aux angoisses qu’auraient suscité ce flot d’informations anxiogènes autour du covid. J’ai, pour ma part eu la chance d’avoir beaucoup travaillé juste avant le confinement qui est tombé sur une période de repos. Donc j’ai pu en profiter pour me reposer et poursuivre mon travail personnel… Pour rappel, je suis abstinent du porno depuis 1 an et demi. Je reste vigilant, je check presque tous les jours la période d’abstinence via une application, cela me prend 5 secondes, mais je n’oublie pas que le fait d’arrêter est déjà un travail de longue haleine. Enfin, quelles avancées durant ce confinement ? Une expérience réalisée dans un cadre sécure puisque confiné seul et donc tranquille. Depuis mon sevrage au porno, j’étais à la fois extrêmement heureux de découvrir qu’une vie était possible sans produit, tout en m’autorisant la masturbation sans support… Je me disais que c’était déjà énorme de décrocher du porno… J’ai donc essayé de stopper la masturbation sans support, en parallèle d’une rupture amoureuse (quitte à en rajouter une couche !) et d’un régime drastique. Autant vous dire que j’ai beaucoup appris ! Je me suis déconnecté des infos et réseaux sociaux, pour reprendre mon carnet personnel. Prendre le temps de se reconnecter à soi-même. Alors voilà le retour que je peux en faire : arrêter la masturbation  quand on n’a pas résolu des problèmes anciens, enfouis etc. est un moyen de progresser, surtout si vous travaillez avec un psy. Voilà les bienfaits (sans doute déjà écrits dans d’autres posts) :[/font][/size]
[size=small][font=Arial]- regain d’énergie[/font][/size]
[size=small][font=Arial]- rêves plus riches (analyse des rêves)[/font][/size]
[size=small][font=Arial]- curiosité accrue[/font][/size]
[size=small][font=Arial]- sensibilité accrue[/font][/size]

[size=small][font=Arial]Alors, bien entendu, dans le corps, ça va se traduire par une tension, des fantasmes, des flashs etc… Les 5 premiers jours, c’est un peu les montagnes russes, tout est exacerbé ! Il y a quelques phases d’angoisse, mais ça passe ! Et passés ces quelques jours, ça va mieux. Et c’est très bénéfique, si on le peut (il faut se sentir prêt), d’effectuer un travail sur le passé et sur les rêves avec le psy à ce moment là. En ce qui me concerne, c’est un effondrement à chaque fois (alors qu’avant j’avançais au ralenti) ! Un souvenir, un rêve, un désir… font surgir différentes émotions ! Peur, tristesse, colère et … joie ! Je me suis rendu compte pendant ce confinement, que le shoot masturbatoire était juste là pour tenir une position, un conditionnement absurde, un contrôle permanent de mes émotions. D’où le fait de se sentir mort-vivant sous le produit. Parce que chimiquement ça passe, mais personne n’est dupe, il y a bien un gamin qu’on étouffe à l’intérieur de soi. Ça fait longtemps que je suis convaincu que mes premières tentatives de sevrages, il y a presque 15 ans, échouaient parce qu’uniquement motivées par de la culpabilité et du jugement. Mais la réalité, en tout cas pour moi, c’est que la dépendance était une bonne issue pour éviter de me reconnecter à des émotions que je n’avais pas pu exprimer étant enfant. Un moyen de me couper de moi-même pour me fondre dans le rôle de l’enfant que mes parents souhaitaient avoir. J’ai sans doute fait ça pour me sentir aimé, et ça se comprend… Mais à quel prix ?! Enfin, tout cela pour dire qu’il ne faut pas lâcher, le sevrage au porno est une phase délicate, exigeante et demandant de la persévérance, mais l’effort d’arrêter complètement la masturbation même sans support est la promesse d’une véritable libération ! La cerise sur le gâteau ! Parce qu’une fois qu’on s’est reconnecté aux traumas, une fois qu’on a vécu l’émotion dans le corps, un mouvement se crée. Et, ça ne veut pas dire que le mental disparaît totalement, parce qu’il est structurel (c’est tellement valorisé, et utile à la fois), mais il ne vous empêche plus de ressentir. Enfin, peut-être que certains ou certaines d’entre vous vivent les choses différemment, mais pour moi en prenant le risque de stopper ces habitudes, on se revitalise en se reconnectant aux émotions. Pour ma part, la plus grande surprise est celle de ressentir de la joie, de la joie pour rien, juste comme ça. Et une joie sans culpabilité, juste en étant soi-même…[/font][/size]

[size=small][font=Arial]Bref, voilà le retour sur expérience, que je compléterais en ajoutant un exemple de ce qu’on est capable de faire pour échapper à de l’angoisse… L’autre jour, je me sens angoissé (sans doute une émotion coincée qq part) et tout à coup je me dis : « bon, allez, va faire la vaisselle, ça va passer ». Quelle différence entre « va regarder du porn, va faire la vaisselle, va t’acheter un objet inutile, va remplir une mission dans un jeu vidéo » etc…? Aucune, c’est de la compulsion. C’est de l’agir pour échapper à l’être. Une manière de gagner du temps, de ne pas s’écoutant. Pourtant, la solution est juste là, il suffit de la saisir. Il n’y a rien à faire, rien à prouver, rien à combler. Accepter, accueillir, être soi-même et s’aimer tel qu’on est vaut bien plus que remplir des missions pour plaire à tout prix aux autres et mettre ses désirs, ses attentes, ses émotions sous le tapis… Ça a l’air facile à écrire, et creux, peut-être, mais c’est ma manière de dire que ces comportements ne changeront rien à la donne… En tout cas, en prenant conscience de cette injonction absurde (on est en plein confinement il n’y avait pas urgence du tout), je me suis fait rire tout seul. Je n’avais rien à faire, et mon comportement m’a finalement amusé. Bon courage à vous ! Et prenez soin de vous (oh encore une injonction !!) :)[/font][/size]
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Atarax @ 25-05-2020 12:05:06

Bonjour Pierre,

Félicitations pour cette année et demi réussie ! Et merci pour ce témoignages (et tes précédents, que j'ai lu au passage) qui contiennent des clés intéressantes pour celles et ceux en lutte en ce moment.

Ce que tu dis sur l'acceptation dans ton dernier paragraphe me parle et est en adéquation avec la vision que je défends aussi ; il est important de s'accepter et de jeter un regard sur soi sans fard pour progresser ; sans cela, la dépendance nous attendra toujours dans un recoin sombre. Et je te rejoins donc aussi sur tous ces divertissements qui sont autant d'occasion de ne pas se confronter à soi. Je pense malgré tout qu'ils peuvent être utiles dans un processus de sevrage, pour couper le cercle vicieux, avant de prendre le temps de se poser et se découvrir sans détours.

Bonne continuation dans ce beau parcours.
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RE: Début de sevrage : besoin de conseils svp
Pierre83 @ 11-08-2020 13:08:28

Merci Atarax pour ton message que je n'avais pas lu et que je trouve seulement maintenant,

Je vais essayer de me connecter plus souvent :) D'autant plus qu'il y a eu rechute depuis ma dernière visite !! Le 630 ème jour d'abstinence, malheureusement... C'est vraiment étrange, je n'ai pas eu le sentiment de jouer avec le feu avant la rechute, de flirter ni avec le produit et ni avec l'addiction... Et la rechute a été massive durant 3 jours. Notamment le jour de la rechute, j'ai dû passer 7 heures devant l'écran !! Images bien violentes. C'était pas une pente douce, quoi ! 
J'ai entendu qq part que le porno était l'addiction des bons garçons car le produit et l'addiction (comportement) pouvait facilement être masquée, que ce n'était pas un produit illicite non plus etc... C'est très étonnant, je me suis laissé aller presque par désespoir, me retrouvant dans une situation familiale où je ne pouvais pas être moi-même !
Il y a des années, je me jugeais, me culpabilisais beaucoup d'avoir ce genre de comportement, je ne comprenais pas et n'acceptais pas l'agressivité qui émanais de moi non plus. Là, cette rechute me semble éclairer un véritable problème. Une situation à risque dans un contexte déjà difficile (depuis le déconfinement, je me sens très angoissé, par mon job que je ne supporte plus notamment et ce, malgré une relation amoureuse épanouissante) : me retrouver en famille dans ma maison de campagne. C'est bête, mais c'est une situation à risque. Étant mal depuis le déconfinement, angoissé et pe dépressif, j'espérais trouver un havre de paix dans cette maison de campagne, au calme, loin du boulot et du stress. Mais au final, et bien que j'aime beaucoup ma mère, le séjour m'a mis dans une situation impossible : il fallait ne pas montrer la moindre agressivité. Toujours à marcher sur des oeufs ! Parler calmement, rouler lentement... être sans cesse sollicité pour dire bonjour, être poli bla bla... En représentation permanente mais pas un mot plus haut que l'autre. Et une promiscuité compliquée à gérer. Bref, après un repas de famille, j'ai craqué. Je m'ennuyais grave, je ne me sentais pas authentique et je crois que la seule solution pour équilibrer cet excès "faire bonne figure" fut le porno. C'est quand mm incroyable ! à Paris, j'ai la fibre et pas de consommation pendant presque 2 ans, et dans une quasi zone blanche j'ai trouvé moyen de replonger ! Bref, quand je pense aux heures perdues là bas, je suis vert. L'impression est étrange : après 2 ans, au moment de la rechute, on a l'impression que c'était hier qu'on avait arrêté. Autre chose : l'effet sur le corps et plus précisément sur le cerveau. Je ne me suis pas senti mieux après consommation. Je me suis senti comme shooté, déconnecté, dévitalisé... C'était très désagréable finalement, l'impression d'être étranger à soi-même... Je me dis au final que ces deux dernières années, il y a eu beaucoup de changements dans ma vie grâce à ces 630 jours d'abstinence. Vraiment... Je me dis également que c'est une course de fond et qu'il faut reprendre la route, sans viser le record... Jour après jour, étape après étape. J'aimerais tenir 10 jours déjà... Ce serait bien... À toute et tous, bon courage dans votre parcours, et merci à celles et ceux qui participent à la vie du forum !
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