bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
bonatur @ 15-05-2016 08:05:32

Bonjour à ceux qui lisent,

Addict à divers trucs, très tôt... J'ai coutume de me dire une addiction chasse l'autre; le sexe reste le plus marquant car il offre une "récompense" que le porno ne m'apporte plus vraiment, et que d'autres addictions ne valent pas (cigarette trop light) ou ne peuvent pas compenser assez fort car trop visibles (alcool) ou dangereuses (drogue). J'ai laissé de côté les addictions intellectuelles (activités diverses de la lecture aux jeux video), moralement plus acceptables, encore plus tôt...Dommage, mais ça me fait moins envie.

Mais doit-on compenser une addiction dangereuse, vers une addiction plus profitable par certains aspects dès lors qu'on imagine pas pouvoir "régler" un problème de fond dont l(addiction est un symptôme?

J'ai lu un peu sur le sujet, notamment sur le forum: je suis bien ici à ma place ;) sur un forum de dépendance sexuelle et donc de problème profond, non maîtrisé, pénalisant; celui que je n'ai jamais évacué et qui me fait le plus de  mal.

Le nombre de jours d'abstinence  face aux autres et soi-même: un piège qui rend la thérapie et la maladie au centre de sa vie plutôt que de la tenir à distance ?
Je n'ai jamais tenu les objectifs que je me suis fixé, et au contraire, à "tenir bon", j'ai l'impression que les rechutes sont encore plus brutales...

En parler ? C'est difficile d'avouer à quel point on est autodestructeur; on a pas envie de nettoyer les écuries d'augias de sa propre vie...Est-ce vraiment un passage obligé que de revenir là-dessus pour espérer progresser et dépasser ces vides qui on déstructuré nos vies ?
Une voie unique pour la résilience en somme ?

Tout conseil pour m'aider sur le forum, dans ma vie est bienvenu.
Si je reste ici, je verrai si je me sens capable d'aider vous autres considérant que "Avant d’enlever la paille de l’œil de ton voisin, retire la poutre qui est dans le tien"

bien à vous
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
JAN @ 15-05-2016 10:05:27

Hello Bonatur!
 
Bonjour et bienvenu sur ce forum ! Félicitation pour ta démarche et ton courage de t’exprimer ici ! A priori tu es arrivé au bon endroit, ce forum se base sur l’entraide, nous sommes tous des dépendants du sex, sois du (cyber-)-porno et de la masturbation, sois du sex directement. Tu as déjà bien fait de lire certains postes ou carnets pour te rendre compte des différents profils.
 
Lis, réponds aux autres postes, aide et demande de l'aide ! Néanmoins, prend connaissance de la charte du forum : Les postes ici sont accessibles à tous sans avoir à se connecter dans un premier temps, même aux mineurs, raison pour laquelle une certaine maîtrise de nos propos est de rigueur !
 
Regarde aussi le WIKI (sur la barre tout à fait en haut) et fouille un peu dedans! Le Wiki est une sorte de bibliothèque avec des articles et postes, parfois écrits par les membres, classés par thèmes:
 
Voici le lien pour savoir comment s'en servir:
http://www.dependance-sexuelle.com/wiki-article-10.html
 
Définition de la dépendance sexuelle:
http://www.dependance-sexuelle.com/wiki-article-57.html
 
Ici aussi un test sur un site parallèle au nôtre avec un questionnaire sur la dépendance:
http://www.orroz.net/test.html
 
Maintenant plus directement au sujet de la dépendance : La dépendance est en fait une maladie qui « se greffe » souvent sur une autre maladie psychique, c’est un peu comme « le plâtre pourri » sur un mur ou « un champignon sur l’écorce d’un arbre », on doit se préparer à un « travail de réparation en profondeur ». Chez certains ce trouble plus profond peut être un TDA (« [font=Calibri]Trouble du Déficit de l'Attention »)[/font], chez d’autres, comme moi, c’est une latence dépressive, d’autres présentent parfois des pathologies encore plus profondes… C’est pour cette raison qu’il est aussi très constructif d’envisager un travail avec un psychiatre, lui, c’est un médecin, donc la thérapie sera remboursée par la sécu.
 
Nous optons ici sur le forum pour la méthode du sevrage qui nous mène à cesser un temps défini toutes actions liées à notre dépendance. Cette démarche vise à nous reconditionner et à forger notre exigence pour vivre sans la dépendance dans le but de décrocher définitivement, bien-sûr ! Ce temps permet de nous observer et de mettre à nu les comportements qui nous poussent vers la dépendance, mais aussi d’envisager des stratégies pour contourner nos difficultés. Quelques sensations de manque peuvent apparaître : Sache qu’elles peuvent aussi être liées à la production de la dopamine qui est un neurotransmetteur nommé celui « du plaisir » ou « de la récompense ». Habitué aux actes de notre dépendance, ou encore face à une tendance dépressive, notre cerveau aurait alors tendance à rechercher un certain taux de dopamine pour maintenir un équilibre. La conséquence peut donc être la volonté de répétition des pratiques qui favorisent l’augmentation de dopamine, ce qui, quand on essaie de se refreiner par un sevrage, peut provoquer dans un premier temps quelques sensations de manque.
 
 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Dopamine) »
 
Le sport provoque également la sécrétion de dopamine, c’est donc un moyen de se rééquilibrer. Nous sommes également un certain nombre ici à pratiquer « la méditation de pleine conscience ». J’ai été personnellement assez réfractaire à toute pratique « gourouisante », mais depuis que je pratique cette technique qui permet tout simplement de se centrer sur soi et le moment présent, j’ai véritablement fait des progrès pour décrocher de ma dépendance. La méditation permet également de prendre conscience et de maîtriser nos pulsions.
 
Ici nous pouvons aussi te donner des conseils pour bloquer l’accès aux sites pornos sans pour autant tout bloquer sur ton ordi.
 
Bon, ça fait un tas d’information ! Mais tu en demandes explicitement, c’est pour ça que j’ai été un peu plus long ! Si tu suis un parcours conséquent de décrochage de la dépendance, prépare-toi à un chemin qui durera un certain temps, mais il ne faut surtout pas se décourager, mais rester focalisé sur l’objectif : En finir avec la dépendance ! Cela demande une capacité de se regarder et de se remettre systématiquement en question, il faut le vivre comme une aventure avec soi-même !
 
Sache surtout qu’ici personne ne te juge, c’est pour ça, sens-toi parfaitement libre de t’exprimer par tes postes ou en discutant avec d’autres sur leurs carnets !
 
Bon courage à toi maintenant, tu vas avancer et on est là pour et avec toi !
 
Au plaisir de te relire !
 
Jan
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
bonatur @ 15-05-2016 12:05:43

Bonjour Jan,

Merci pour toutes ces informations.
La méthode du sevrage telle que le site la met en évidence s'active automatiquement, ou bien faut-il faire une demande spécifique pour l'activer ?
J'ai parcouru le wiki, mais je n'ai pas trouvé...Et j'ai envie de battre des records, au moins aujourd'hui ;)

Bonatur
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
alessandro @ 15-05-2016 13:05:01

Bonjour Bonatur,

Bienvenue ici.
Ton combat nous aide, et le notre peux t'aider également!

Tu poses de très bonnes questions:

-doit-on remplacer une addiction (le porno) par une autre (le forum)?
- le sevrage est-il un piège qui rend notre dépendance au centre de la vie, plutôt que de la tenir à distance?
- est-ce bien nécessaire de revenir sur notre passé pour progresser?

Je n'ai pas encore trouvé de réponses à ces questions, bien que je participe à ce forum depuis 20 mois!

Ce qui est sûr, c'est que ce forum m 'a apporté un immense réconfort: celui de se sentir moins seul et de se sentir écouté .
Pour moi, ça n'a pas de prix et je me suis senti délester d'un immense fardeau.

Ici, tous différents, tous égaux, tous unis!

Pour quitter le semi-virtuel, nous nous sommes retrouvés une dizaine d'entre nous, "pour de vrai", en septembre passé.
Pour moi, mettre des visages sur des avatars était très important. Le forum était donc bien vivant!

Pour le côté pratique, tu peux mettre ton compteur de sevrage ( le nombre de jours que tu choisis) en haut à gauche.

A+ :shy:
Alessandro
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
bonatur @ 15-05-2016 13:05:56

@ Alessandro: merci, g trouvé
Autre question technique (voilà des questions pour lesquelles les questions trouvent facilement des réponses): c'est quoi cette histoire de carnet ??

Le forum comme exutoire ??? Faudrait être au moins admin en chef ;)
En tous cas, c'est une expérience nouvelle pour moi; je tente.

Quelqu'un parmi vous a-t-il eu l'expérience de partager une vie commune avec une personne souffrant d'une addiction qui prenait les mêmes formes que celles que nous partageons ici ? (une sorte de vieux fantasme pour ma part) ?

Bonatur
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
JAN @ 15-05-2016 20:05:54

Rebonjour!

Ça y est, tu as trouvé la façon de démarrer ton compteur! Super! Bon courage pour ce premier sevrage et n'hésite surtout pas à nous poser toutes les questions qui te passent par la tête! Tu as posé 30 jours, sache que nous avons tous commencé avec des sevrages un peu plus courts, mais c'est à toi de voir ce dont tu te sens capable!

En fait "le carnet" est un nouveau sujet que tu peux ouvrir et dans lequel tu peux t'exprimer de façon régulière sur l'évolution de ton sevrage et de nous faire part de tes avancées ou difficultés, de partager tes réflexions sur toi, ta vie, ton passé... tu y mets les limites que tu veux!

Tu peux donc ouvrir un nouveau sujet comme "carnet" ou renommer celui de ta présentation de ce matin, mais d'après ma mémoire il faut que tu le places au niveau du "forum" dans le sujet des "carnets" et non des "présentations des membres". C'est pour mieux te retrouver plus tard.

Pour ta dernière question: je ne vois malheureusement personne ici qui est en couple avec un(e) autre sex dépendant(e). Pourquoi cela constitue une sorte de fantasme pour toi?

Si tu te sens prêt peux-tu aussi parler un peu plus de toi... comment vis-tu? Es-tu homo, bi ou hétéro? Pour ma part (tu as dû le lire) je suis gay sex dépendant depuis 25 ans. Je suis sur le forum depuis octobre, j'ai fini dans des rapports de plus en plus "hards" en "par...ze" avec prises de drogue. J'ai réellement connu un revirement il y a 4 semaines. Comme tu vois, les choses mettent du temps et j'ai eu véritablement des doutes de pouvoir du moins réaliser un "vrai" sevrage, mais aujourd'hui je me dis que si j'y suis arrivé, n'importe qui peut y arriver! Ceci dit je me méfie de parler chez moi d'un changement définitif, car 4 semaines face à 25 ans de délires sexuels ont de quoi rester prudent dans ce que j'avance!

Sens-toi libre de nous révéler ce que tu veux et le moment venu!

A très bientôt!

Jan
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
Fabrice @ 15-05-2016 21:05:49

Salut Bonatur,
avec un peu de retard, bienvenu ici. Ce forum sera ce que tu en feras ! En lisant tes posts, je m'aperçois que tu nous dis peu de choses sur toi. Du moins tu restes vagues sur ton addiction. A toi de voir, mais l'anonymat du forum (dans le respect de la charte) permet de parler de soi, et souvent de mieux se connaître.
Oui l'addiction (au singulier ou au pluriel) n'est qu'une armure pour éviter de plonger au fond de nous-même. Mais aujourd'hui, je suis convaincu que cette introspection (psychothérapie) est nécessaire avec en parallèle une approche plus comportementale pour limiter l'effet de la  dépendance (sevrage). C'est toujours ma stratégie.
Je n'ai jamais vécu avec une personne addict au sex. J'ai vécu 7 ans avec une personne dépendante affective et moi dépendant  sexuelle (mais finalement assez proche et assez seuls dans notre vie de couple). Nous nous sommes quittés, elle est aujourd'hui ma meilleure amie et m'a beaucoup aidé ces derniers mois.
Dans ton post, tu parles d'autodestruction. Je comprends très bien cela. Aujourd'hui, je commence à sortir de tout cela en prenant soin de moi: physiquement (hygiène) et psychologiquement. Je me respect et je porte un regard bienveillant sur moi. C'est une petite révolution pour moi. Mais cela me fait grand bien et m'aide dans ma sortie de ma dépendance.
Au plaisir de te lire,
Fabrice
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
bonatur @ 16-05-2016 06:05:03

Salut Fabrice,

Si je ne me suis pas étalé sur mes addictions c'est parce que c'est long; pas pour cacher à moi ou d'autres !
Bon,  l'anonymat sur le net ça n'existe pas; et ce qui est moralement incorrect demain peut devenir illégal et vice-versa. Moi j'ai la chance de ne pas être aujourd'hui concerné par l'aspect légal. Mes cigarettes qui font rire auraient pu compromettre ma carrière déjà qu'elles ont compromis mes études; les épisodes un peu "chauds" consécutifs aux milieux qu'il fallait fréquenter m'ont poussé vers la sortie...Au moins l'alcool, chez soi en groupe ou pas, c'est autorisé et on se prend pas la tête avec les risques que les autres font peser sur soi; et peu importe la fumée pourvu qu'on ait l'ivresse. Les excès d'alcool ont donc succédé à ceux du cannabis (même si les effets diffèrent, l'acte destructeur répond je crois au même capitaine destructeur).

J'ai envoyé un message privé en ce sens à quelqu'un du forum pour indiquer:

-Qu'il faut bien mesurer ce qu'on balance, ou l'entièreté des risques que l'on prend dans ses pratiques car les répercussions sont infinies
-Que la peur des conséquences peut sauver (la peur du gendarme ou de ce qu'on va en dire ou de la maladie); c'est enfantin mais pkoi pas ?

Jan m'a indiqué qu'un compteur à 30 jours c'était bcp pour commencer...Mais je ne suis pas un débutant :angel:
Et puis surtout, chacun son rythme...J'ai retenu que l'alcoolique n'était pas forcément uniquement celui qui se défonçait toute la journée, mais aussi celui qui intégrait la consommation d'alcool dans un fonctionnement centré sur des rythmes intérieurs et personnels, parfois avec de petites doses (c'est d'ailleurs je pense mon cas avec mini 2-3 verres de vin /soir depuis pas mal de temps qui m’assomment un peu avt le sommeil mais qui restent socialement parlant quasi-invisible).

La cigarette: Je fume assez peu (avec des pics qd même); par contre je ne sais pas m'arrêter. Je peux oublier de fumer une journée complète avt de qd même fumer 1,2 clopes le soir (parfois); mais je peux aussi boire et fumer 20 clopes par jour (parfois). Ma moyenne est sans doute de 10/j

Pour le sexe, c'est pareil; plusieurs dépendances se renvoient la balle: chat, cam, films, rencontres coins du bois, voire aventures "amoureuses". J'ai laissé tomber le dernier: trop compliqué sur le long terme; et puis surtout j'étais dans ces situations, très égoïste (g fait de la peine) et un coup assez moyen (qd les gens avaient pas de peine !)
Me suis replié sur le coin du bois...Plus facile à assouvir; sentimentalement c'est neutre.

Du coup tout ce qui est Net, me semble être une plus douce addiction (un peu comme dans les débats drogues dures/douces).
En plus, c'est vrai, mes consommations sont très variables, de sorte que 30 jours ça peut être assez facile. Je pense avoir déjà tenu 6 mois sans tromper ou même 1 an, et sans trop de difficulté tellement je me sentais coupable.

Mais suite à ces échecs d'abstinence, j'ai tenté de voir les choses autrement. Genre vivre ma double vie sans culpabiliser du moment que la santé n'était pas compromise au sein du couple: double échec car d'une part la culpabilité est là; d'autre part qui peut garantir que le rapport ne transmettra pas une saloperie (des plus bénignes aux plus dangereuses) dès lors qu'on sort d'un cercle limité pour ses rapports intimes.

Les conduites à risque sont incroyables dans certains milieux...L'ignorance de l'autruche souvent de la part de gens comme moi dominés par leurs pulsions.
Donc, par peur j'ai modéré les excès de mes pratiques sans pourtant rien régler à mes problèmes de fond: mes pulsions sont peut être plus fortes, et les risques de dérapage bien réels.

Je vis donc avec la souffrance de trahir l'être aimé (après 2 relations où je me suis confié, là j'ai décidé de taire, mais le sentiment de trahison est à peu près le même dans les deux cas), mais également de ne pas dominer ma vie aux moments a priori simples où je souhaiterais le faire.
Je ne sais faire taire cette petite voix qui me dit: ça va te faire du mal, ne pense même pas à tenter de t'échapper, fais-le car là maintenant  t'en meurs d'envie :)

La lassitude, l'age, je pense que ma libido baisse; et donc mes pulsions indésirables aussi (genre les films de cul ne supportent pas un visionnage très long au bout de tant d'années ou même les écarts de rencontres furtives); pour autant je n'ai rien réglé, et il est bien tard.
Dois-je me soigner pour mes pulsions  de vie en général, sexuelles en particulier, voire border-line, ou bien les dompter gentiment comme j'ai tenté de la faire en désespoir de cause ? (un peu de cigarette, un peu d'alcool, un peu de sexe et de rock’n’roll si demain c légalisé ?)

C'est pour cela que j'aurais souhaité dans ma vie rencontrer également quelqu'un qui ait des difficultés comparables; j'ai sans doute rencontré qqu'un de "dépendant affectif"; donc c surtout pas à ce genre de personne que je souhaite demander de l'aide; elle a pas besoin de ça. (Fabrice, que veux-tu dire par "on était seuls")

Mes fantasmes, mon souhait à une époque de rencontrer quu'un de sexuellement dépendant aurait peut être pu me permettre d'assumer cette part de moi plus facilement selon la tentative qui est la mienne aujourd'hui de jongler avec ma dépendance.
En fait, je ne sais pas si cette abstinence est faite pour moi, ou bien si je peux (ou dois) me satisfaire de céder à mes pulsions les moins compromettantes; si j’étais sûr de respecter les limites que je me fixe, la seconde solution m'irait bien ;)

Des choses changent actuellement dans ma vie; j'ai notamment un enfant jeune qui semble souffrir lui-même d'addictions (aux jeux en ligne); vous comprendrez donc ma devise ci-dessous.

Bon dimanche à tous et toutes
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
JAN @ 16-05-2016 11:05:37

(Re)bonjour !
 
Je lis que tu distingues entre des « strates » de l’addiction sexuelles, des plus « douces » ou plus « hards ». Tu le fais en fonction de ton expérience. Cela est bien pour toi dans le sens où cela définit déjà des limites que tu te poses personnellement. Nos comportements constituent une dépendance à partir du moment où on ne maîtrise ni leur ampleur ni la durée qu’ils investissent dans notre vie : La dépendance au porno p.ex. peut constituer pour certains une souffrance à partir du moment où elle isole la personne dans la mesure où elle passe des heures / nuits sur le net en négligeant ses obligations ou ses relations sociales.
 
Tu parles aussi de ta peur : La peur (de contagion par les MST) peut être du moins un régulateur de nos pulsions et poser les limites à nos comportements. La dépendance va par contre au-delà de cette peur ou de la culpabilité, il faut saisir dans quelle ampleur nos comportements de dépendance piétinent sur notre vie. Sinon, cela reviendrait à arrêter la dépendance plus ou moins « pour les autres » par peur de les contaminer ou de les blesser, mais j’ai fait l’expérience que la sortie d’une dépendance doit avant tout être une démarche voulue et personnelle. C’est en cela que je comprends que tu ne veuilles pas impliquer ta copine dans tout ça. Mais pour revenir à ce que je disais : Combien de fumeurs ont replongé parce qu’ils voulaient faire plaisir à leur ami(e)... ?! S’investir dans ce genre de démarche d’abord « pour l’autre » mène, quand on craque, forcément à la sensation de culpabilité parce qu’on « trahit l’autre ». Et on entretient donc un cercle vicieux.
 
Tu poses aussi la question sur la gestion de l’ensemble de tes dépendances… Je crois que d’attaquer de front l’une d’entre elles t’amènera inéluctablement à te poser profondément la question sur la raison qui t’a amené à cette dépendance, et tu verras que cette / ces raisons auront aussi leur effet sur les autres dépendances. Le tout est donc de s’attaquer sans peur à ce travail d’interrogation avec une attitude bienveillante et néanmoins honnête (et non complaisante) envers soi-même. Comme je l’ai déjà dit, il faut être capable de se remettre encore et encore en question et d’interroger sa vie sous différents angles. Pour se protéger un peu il faut garder une certaine distance, je dis souvent « regarder sa vie tel un film au cinéma » pour provoquer cette distance et un peu de compassion et sympathie envers soi-même ! Car trop souvent nous nous condamnons déjà gravement nous-mêmes !
 
Juste un dernier mot sur ton « fantasme » de vivre avec un(e) autre dépendant : J’ai rencontré des couples gays dont les deux partageaient le même besoin de sex, ce qui est particulièrement dangereux depuis que les nouveaux produits stimulants (drogues) sont arrivés dans le milieu gay ! D’autres histoires (des couples dépendants de drogues) ont montré que l’un tire souvent l’autre dans la spirale infernale de la dépendance. Pardon, si je m’approche ici d’un jugement, mais j’ai tendance à dire que si tu as eu ce fantasme c’est qu’il visait éventuellement à partager tes pulsions avec ta copine et de ce fait à éviter toute culpabilité ! J’ai pensé moi aussi à parler à mon ami et même à partager mes envies avec lui, mais j’ai vite compris que je n’avais pas le droit de le tirer dans mes besoins, puis – surtout !- que ça allait renforcer encore ma dépendance ! Il y a ici un homme qui était d’abord dépendant du porno, puis du sex en partageant exclusivement ces élans avec sa femme. Il est venu ici, car il a remarqué d’être toujours dans cette tendance du « toujours plus » et que ce partage de désirs avec sa femme ne réglait absolument pas son problème de base !
 
Ce qui nous amène à nouveau à la question : Mais nous, les dépendants, où voulons-nous réellement décrocher de notre dépendance et ceci en dehors de toute notion de peur de contamination, de culpabilité ou d’effort pour les autres ?!
 
Au plaisir de te lire !
 
Jan
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RE: bonatur, 47 ans, à la recherche d'exemples de conseils pour guérir, vraiment
Fabrice @ 16-05-2016 13:05:35

Salut Bonatur,
j'ai hésité avant de te répondre ici, ou sur mon post... Mais pour continuer le fil de la discussion c'est peut-être mieux ici. 
Pour 'on était seuls', nous visions notre dépendance en solitude, sans impliquer l'autre... et heureusement. Je pense qu'elle était au courant de ma dépendance sexuelle (porno, coin du bois avec homme) et moi de la sienne (régulière crise quand je partais). Nous nous sommes progressivement enfermés dans nos mondes parallèles. Nous vivions ensemble, mais sans être ensemble. Un jour, elle a compris que ce n'était plus gérable (merci à elle). Nous avons rompu... Puis quelques années plus tard, nous avons repris contact et comme de vieux amis nous avons parlé de nous, puis de nos dépendances respectives... Etrange. 
Comme toi pendant longtemps j'ai cherché un équilibre. Je me suis fixé des limites... mais parfois les digues se rompent (2 syphilis dans mon cas). J'ai longtemps rechercher à compenser (comme tu le dis). Le porno, mieux que le sexe... la masturbation mieux que le porno. J'ai jamais gouté aux drogues. 
Je crois qu'il n'y a pas d'équilibre possible (je parle pour moi, chaque personne est unique). Comme je disais sur le post de Musasji, il faut apprendre à vivre 'Hors' et non 'sans'. Ce n'est pas de la compensation. Il faut aller aux racines du mal-être, de la souffrance. J'ai commencé ma thérapie en parlant de sexe, maintenant je ne parle plus que de moi, de mon enfance, de ma relation aux autres, du besoin d'être aimé, de la peur d'être abandonné, de mon manque de confiance en moi, du besoin du regard, de l'approbation des autres. Tout cela n'a plus à voir avec la dépendance, mais cela m'a amené à la dépendance. On peut changer, je crois même que l'on change tout le temps. Tu t'es exposé en venant ici. Je suis sûr que ce petit acte, aussi minime soit-il, a changé quelque chose en toi. 
Je me demandais si tu avais déjà essayé de suivre une thérapie. 
Mon fils consulte actuellement un pédopsychiatre pour un problème d'estime, de manque de confiance. Cela m'interroge beaucoup aussi, sur ce que nous pouvons transmettre. Et aussi cela me donne une force supplémentaire pour changer et être un modèle (même si je n'aime pas le terme), mais renvoyer une image plus sereine à mon fils.  Il n'y a pas de fatalité. 
Fabrice
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