transfert d'addiction
philia @ 10-03-2012 13:03:25

salut a tous ,Voila bientot 2 mois que je suis en sevrage et ça va plutot bien de ce coté là , mais depuis j'ai tranferer mon addiction au porno , a une autre addiction .Je joue depuis peu avec un jeu appellé 3d sexvilla , un style de jeu sims mais basé sur le sexe ,au debut pas de probleme mais petit a petit j'ai l'impression que cela prend la place qu'avais le porno auparavant et meme si ça n'a pas la meme valeur de decheance que le porno je me demande si cela ne revient pas au meme,malgré le coté virtuel du jeu .Je n'arrive plus a m'en passer et le truc anodin au départ devient addictif a mesure , même si c'est juste pour le jeu au départ ça fini par m'exciter et me ramène  vers la masturbation !!!!!! Voila je voudrais  votre avis  car même si le porno me fait de moins en moins des appels du pied j'ai peur que cela revienne au même .Malgré tout  je note de vrais changements dans mes comportements et dans ma façon de voir la vie .en attente de votre aide précieuse  
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 10-03-2012 18:03:32

En effet, ils semble que les dépendances se déplacent assez facilement. Et en fait ça n'a rien de vraiment surprenant, parce que le mécanisme de la dépendance est un truc vachement ancré dans notre vie de tous les jours et qui est commun à toutes les dépendances. Le mécanisme de base je pense que c'est le fait qu'on souffre à cause de quelque chose comme une mauvaise estime de nous mêmes, de cette image qu'on croit voir dans le regard des autres, à cause d'une honte etc... et on ne supporte pas de vivre cette souffrance alors on cherche quelque chose pour l'oublier et ne pas y faire face. Et pour ça, toutes les dépendances sont bonnes mais on a souvent tendance à en avoir une qu'on préfère. Pour nous ça tourne principalement autour du sexe, mais pour d'autres personnes ça sera l'alcool ou d'autres choses.On fait souvent l'erreur de croire qu'on est dépendant parce qu'on "aime trop" l'objet de notre dépendance, en l'occurrence le sexe. Et donc on a tendance à croire que le problème vient de cet objet en particulier. On croit que c'est parce que "c'est trop bon". Mais en fait non, ça vient du mécanisme qui nous fait aller vers cet objet. Et ce qu'on "aime" dans notre dépendance, ce qui nous attire, c'est pas tant le plaisir lui même, mais plutôt le soulagement de ne plus souffrir de nos malheurs, au moins temporairement. Et tant qu'on a pas trouvé des manières de remplacer ce mécanisme, on sera inévitablement attiré par des choses qui nous permettent de fuir notre souffrance et de la cacher. Ce dont il faut se débarrasser c'est pas l'objet de notre dépendance, mais notre comportement et la manière générale dont on traite nos problèmes et notre souffrance. Je pense que c'est ça le vrai problème.Et c'est pour ça que je pense que c'est pas particulièrement utile de faire une fixation sur le porno, sur le fait que c'est sale, ou que les actrices sont maltraitées. Ca ça ne fait que renforcer notre honte et notre culpabilité, et ça ne résout pas la racine du problème. On reste toujours des dépendants, mais des dépendants qui se privent. Et on peut tenir quelques semaines, peut être quelques mois, mais au final tout revient, parce qu'on n'a pas appris à gérer notre souffrance. La dépendance c'est pas que la consommation d'une "drogue", c'est toute une manière de penser. C'est un peu comme si la dépendance était une force qui voulait nous emmener quelque part, dans une certaine direction. Et notre "drogue" serait un moyen de transport efficace et rapide pour y aller. En train par exemple. Et faire un sevrage signifierait descendre du train. C'est bien, mais si on descend du train c'est pas pour continuer dans la même direction à pied. Il faut se remettre sérieusement en question et vraiment changer de direction pour revenir sur nos pas. Il faut surtout pas se contenter d'un sevrage. <p>Je viens de rechuter hier et avant-hier, et maintenant je m'en rend encore plus compte qu'avant. J'ai l'impression que je sens mieux ce que je cherchais dans la rechute. Je cherchais à avoir quelque chose qui me permettait de fuir les problèmes. Pas tellement par le plaisir lui-même, mais le fait de me donner du plaisir moi-même me "prouve" en quelque sorte que quoiqu'il arrive dans ma vie je m'en fous puisque je peux me donner du plaisir tout seul et je peux me réfugier dans mon "jardin secret" ou quelque chose comme ça. Du coup tous les problèmes me passent un peu à côté. Mais évidemment ça marche pas à l'infini, on a toujours des problèmes et on a toujours de plus en plus besoin du refuge, avec l'accoutumance en plus. La solution c'est de moins se réfugier et de voir vraiment ce qui nous fait souffrir. D'accepter d'avoir les deux pieds dans la "vie normale" et d'y rester, sans être tout le temps dans une démarche de fuite, avec consommation d'une "drogue" ou pas.
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Re: transfert d'addiction
Sonic @ 11-03-2012 01:03:00

Merci Hatt pour ce post qui fout une sacrée piqûre de rappel ! Démonter le mécanisme, accepter le présent avec ses belles choses (blanc) et ses défauts (noir) et ainsi vivre dans cette alchimie de blanc et de noir formant le gris. En fait voir le gris, l'accepter et ne pas chercher à le "maitriser", détourner, mais vivre avec lui. Toujours aller au bout de ses raisonnements pour voir où ils mènent. Si ils n'apportent rien tant pis on essaie autre chose. Accepter qu'on puisse faire des erreurs et vivre avec. Les analyser et ainsi lors de la prochaine descente du train se rappeler pourquoi on est descendu. La destination de ce train n'était pas celle que nous recherchions. Entrons dans la gare (métaphore avec le psy ?) et prenons un nouveau billet (rétablissement ?) pour écrire de nouveaux voyages (espoir ?).Encore merci pour la clarté de tes propos. De mon côté je sais que je dois "apprendre" à être plus synthétique pour exprimer mes idées. Je me rends compte que j'ai beaucoup de mal à exprimer ce que je ressens, je travaille dessus.
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Re: transfert d'addiction
philia @ 11-03-2012 08:03:52

Merci Hatt de ta réponse dans laquelle je me retrouve énormement , mon experence de chute et de rechute m'a conduit vers ces mêmes idees que tu exprime .Aujourd'hui je travaille chaque jour sur mes comportements et c'est la façon de voir mon addiction qui m'a permis de changer les choses .Depuis plus de 15 ans que ça dure a des degrés divers j'ai eu le temps de me triturer le cerveau ,de bcp lire et d'apprendre sur moi même et effectivement c'est le fait de comprendre le mecanisme qui m'a aidé,mais mon problème aujourd'hui c'est de remplacer se comportement par quelque chose de sain  car tout ce que je touche me ramène souvent a mon addiction et j'ai l'impression de jouer avec le feu .Pour le reste effectivement ce n'est pas la fuit e des problèmes qui me motivent mais je dois dire que le coté "jardin secret" existe en moi et que j'ai du mal a accepté "la vie normale" qui parait bien souvent terne et fade et je ne sais pourquoi l'addiction me paraissait toujours comme la palette de couleur qui égayait mon quotidien.Je suis d'accord avec toi sur la racine du problème et je dois dire que changer l'image que j'ai de moi même a été une bonne chose ,de me voir comme ancien dépendant m'a fait avancer d'un pas au seuil d'une porte qui me faisez toujours rechuter ,mon regard reste lucide sur ma vie mais la culpabilité de l'addiction s'efface peu a peu et je revis comme une personne normale .   En tous cas merci de vos reponse qui m'eclaire et qui m'aide et bon courage a vous deux  
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 13-03-2012 01:03:49

C'est vrai, dans la vie il ne faut pas éviter le plaisir. Il ne faut pas se contenter des trucs chiants et considérer tout le reste comme des diversions à éviter. Il est clair qu'il faut se rendre compte qu'on a besoin des autres par exemple, qu'on a besoin de relations sociales. Et c'est pas parce qu'on en a besoin qu'il faut considérer ça comme une dépendance ou quelque chose de mauvais. Et avoir des relations sociales, en quelque sorte ça sert de refuge comme un jardin secret et tant qu'on a des activités autres que le boulot, par exemple, on sera moins stressés par ce qui nous arrive au boulot. Mais les choses deviennent problématiques quand on adopte l'idée que la vie doit se dérouler sans aucune souffrance, qu'on doit aller dans notre jardin secret au moindre problème. Je pense qu'il faut faire les choses qui doivent être faites même si elles sont chiantes et profiter d'autres choses de temps en temps. Mais il ne faut pas que la fuite du réel devienne systématique. Sinon on peut tombe dans la procrastination par exemple. Enfin, peut être aussi qu'il y a des sources de plaisir qui peuvent être utilisées pour décompresser, par exemple, sans pour autant servir de fuite du réel.Et je suis pas entièrement d'accord avec un truc. Tu dis qu'il existe des fuites du réel qui sont saines et qu'on a juste choisi la mauvaise. A mon avis, notre problème c'est qu'on veut trop fuir le réel (ou qu'on a des raisons de vouloir le fuir plus que les gens "normaux"). Pour ça, quoiqu'on fasse finira par être fait dans l'excès et finira par causer des problèmes. Quoiqu'on fasse je pense que ça finira par causer une accoutumance et une escalade qui deviendra problématique, si on l'utilise pour s'anesthésier du réel. A mon avis, la dépendance est là avant même qu'on commence à consommer du porno. Le fait qu'on est accro au porno ne vient pas du plaisir du porno mais de notre besoin d'anesthésiant qui est trop grand. Et ce besoin vient de problèmes qui étaient déjà là avant qu'on ait gouté au porno pour la première fois. Sinon, se sortir de la dépendance signifierait simplement "transférer notre dépendance sur une dépendance saine", mais ça ça serait trop facile.
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Re: transfert d'addiction
John Warsen @ 13-03-2012 05:03:35

"Dépendance saine " est un oxymore (à venise, lol)mais la discussion est riche, je rajoute mon grain de sel congelé :LIEN BRISÉ journée, les gars.
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Re: transfert d'addiction
Phoenix2 @ 14-03-2012 12:03:07

Est ce que transformer son addiction de la masturbation à la Séduction et au lieu style fkk ( Genre de maison close ) est une bonne chose ou est ce aussi '"mauvais"? ( En tout les cas ca coûte cher ).
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Re: transfert d'addiction
Revivre @ 14-03-2012 16:03:40

Salut, @Phoenix2 : Ben si c'est faire du sport, se faire beau et prendre soin de son corps pour ensuite tenter de séduire un fille qui nous plait (sans connotation sexuelle), cela me semble correct.Par contre, si ton but c'est de pouvoir "trouver un plan cul" facilement, là c'est pas bon :-(Les maisons closes, c'est de la prostitution et ça ne fait qu'alimenter ta dépendance au porno. , c'est pas bon :-(Revivre 
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 15-03-2012 04:03:33

Il existe énormément de dépendances et elles sont toutes problématiques. Aller dans des maisons closes pour éviter de regarder du porno c'est encore pire je pense. C'est justement passer au stade supérieur. La séduction n'est pas non plus une solution. Il y a des tas de gens qui sont dépendants à la séduction, qui sont obligés de séduire même sans aller jusqu'au bout, juste pour l'excitation liée à la séduction et aussi pour se prouver qu'ils ont de la valeur et qu'ils peuvent plaire. C'est une dépendance comme les autres. Je pense qu'aucune dépendance n'est saine. Certaines sont peut être moins problématiques que d'autres en apparence, comme le workaholisme, on pourrait croire que c'est bien, parce qu'au moins on se fait pas virer et on gagne de l'argent. Mais  au final on souffre aussi. On souffre dans toutes les dépendances. Dans toutes les dépendances on n'en a jamais assez et on en veut toujours plus.  Je suis d'accord avec toi Sid, quand tu dis qu'il faut avoir des passions. En effet, quand on est dépendants on n'a plus le temps d'avoir des vraies passions, on passe tout notre temps à fuir le temps, à fuir la souffrance, on n'a pas de vie. Donc quand on se débarrasse de la dépendance, il faut trouver des passions pour pouvoir occuper le temps qu'on vient de libérer mais aussi pour avoir une vie normale. Non pas pour nous apporter ce que la dépendance nous apporte, c'est à dire la fuite, mais juste pour avoir une vie normale. Juste pour ne pas faire empirer les choses par l'absence de passions. Les passions ça aide à profiter de la vie sainement, ça sert à voir un peu autre chose que ce qui nous fait souffrir, histoire de pas rester fixé sur notre souffrance. Mais je verrais pas ça comme une fuite de la souffrance au même titre que la dépendance. C'est pour ça que je pense pas que ce soit la dépendance qui se déplace vers une passion. On n'utilise pas une passion comme on utilise la dépendance. Peut être que tu fais référence à l'idée de la sublimation. Mais la sublimation, si j'ai bien compris, ça n'est rien d'autre qu'un mécanisme de défense. La dépendance est aussi un mécanisme de défense, ça ne veut pas dire qu'il marche bien ou qu'il va résoudre le problème. Moi je sais que j'ai déjà réussi pendant un petit moment à déplacer mon angoisse sur mon travail. Mon angoisse c'était transformée presque du jour au lendemain en excitation liée au travail. C'était une sensation très semblable mais que j'avais tournée de manière productive dans mon travail. C'est mieux de bosser que de procrastiner, c'est sûr, au moins on ne perd pas son emploi, mais il se trouve que de faire ça m'a donné des insomnies comme rarement j'en ai eu. J'étais encore plus tendu qu'avant. Le vrai problème de fond n'était absolument pas résolu.Et sinon, les dépendants ont toujours des problèmes d'estime d'eux même, et peuvent se sentir mauvais. Et quand on veut déplacer notre dépendance sur quelque chose, c'est toujours sur quelque chose qui va compenser ce problème, cette vision qu'on a de nous même. Moi si je veux déplacer ma dépendance sur mon boulot c'est parce que j'ai un problème d'estime de moi dont je pense qu'il pourra être résolu si mon boss est content de moi. En fait, ce que je veux faire c'est me débarrasser de cette impression que je suis mauvais et que les gens me détestent. Mais c'est la même chose que la dépendance. Quelqu'un qui est dépendant à la séduction cherche la même chose, il veut se prouver qu'il peut être aimé. Un dépendant au sport veut se laver par le sport, parce qu'il a une bonne image du sport, et il pense qu'en en faisant il va devenir une meilleure personne, plus estimable. Mais la racine du problème est toujours là. Ca revient encore à une fuite. Je connais quelqu'un qui a des problèmes de dépendance et qui pense aussi à ce concept de sublimation. Et il voudrait utiliser cette énergie de la dépendance pour la transposer vers l'expression artistique. Il voudrait l'utiliser dans l'écriture. Mais le problème c'est qu'il a un peu tendance à fantasmer sur l'écriture, j'ai l'impression qu'il ne veut pas tellement écrire pour le fait d'écrire, pour le plaisir d'écrire, mais plutôt pour que les gens aiment ce qu'il écrit et pour avoir l'impression d'être aimé, ou encore pour voir l'impression d'écrire des truc intelligents. Encore une fois le vrai objectif c'est de compenser la mauvaise image de soi. Et ça ça ne se déplace pas, le problème reste toujours là. Ca reste encore et toujours une fuite angoissée de la souffrance. Mais le problème il ne se résout pas comme ça je pense. Moi j'ai terriblement peur de ce que mon boss pense de moi, j'ai toujours l'impression qu'il me déteste et qu'il n'est pas satisfait par ce que je fais. Je saute toujours sur le moindre détail qui pourrait me faire penser ça. Mais la vérité c'est que quasiment à chaque fois que je discute avec lui il me fait des compliments. Il y a un mois j'ai même été augmenté. Mais j'ai tellement une mauvaise image de moi-même, et cette idée est tellement ancrée que je déforme totalement la réalité. Quand il me fait un compliment j'ai l'impression qu'il se trompe sur mon compte, ou bien qu'il fait exprès parce qu'il sait que je n'ai pas confiance en moi, mais il n'en pense pas un mot. Quand j'ai été augmenté, j'avais encore l'idée qu'il se trompait sur mon compte, qu'en vrai je suis mauvais et qu'il me croit meilleur que je ne suis. Paradoxalement cette augmentation m'a fait terriblement stresser parce que je me disais que maintenant qu'il a une bonne image de moi, maintenant qu'il me croit meilleur que je ne suis, je vais devoir bosser 2 fois plus pour ne pas le décevoir. J'ai rechuté quelques jours après cette augmentation. Et c'est la même chose avec mes collègues. Quand je parle avec eux j'ai toujours peur qu'ils se rendent compte que je suis incompétent. Je détecte tous leurs petits sourires, toutes leurs réactions et je les utilise pour conforter cette idée. Parce que je me crois mauvais, je vois tout sous cet angle, j'interprète tout sous cet angle. Quand j'en avais parlé à ma psy, elle m'a fait expliquer ce qui me faisait penser que j'étais mauvais, et je me suis progressivement rendu compte que c'était irrationnel tout ça. Enfin, il y a bien des gens qui me jugent au boulot, au début j'étais persuadé que c'était parce que j'étais mauvais. Mais quand j'ai commencé à remettre ces choses en question j'ai tout doucement pu commencer à cerner la personnalité de cette personne. Et je me suis rendu compte que si il pouvait me juger ça n'était pas forcément parce que j'étais mauvais mais parce que lui avait aussi ses problèmes de son côté. Il était aussi stressé par son boulot, et me juger (un tout petit peu en fait), le rassurait un peu lui-même sur sa condition. Et il était un peu comme ça avec d'autres personnes. Ca n'avait rien à voir avec moi. Mais au début j'y croyais dur comme fer, et j'ai encore du boulot pour me débarrasser de ces idées. Mais ce qu'il faut c'est que je me remette en question sur ce que je suis réellement et sur ce que les autres pensent vraiment de moi. C'est parce que j'ai cette idée que ma vraie nature est mauvaise que je vois la réalité de façon complètement tordue. Je vois tout en fonction de mes idées préconçues. Et la vraie solution c'est de me remettre en question et de changer ces idées. Mais si je me contente de déplacer ma dépendance sur autre chose, alors je vais la déplacer sur quelque chose qui va compenser cette mauvaise image que j'ai de moi-même. Je vais par exemple faire de la compétition sportive pour me prouver que je suis quelqu'un de bien, qui a de la valeur, et je vais utiliser ça pour compenser la mauvaise image que j'ai de moi même. Je vais continuer à déformer la réalité et croire que les autres me critiquent, par exemple, mais je vais essayer de compenser la chose en appuyant encore plus fort de l'autre côté de la balance. Et ça marche un peu, temporairement, comme toutes les dépendances marchent temporairement pour faire taire la souffrance. Mais la vraie solution c'est de changer cette vision que j'ai de moi même, de changer ces idées que j'ai sur moi et qui me font déformer la réalité. Et je n'arriverais pas à changer définitivement cette image que j'ai de moi-même en compensant par le sport. Du sport j'en ai fait et j'étais assez bon. Pendant un moment j'étais dans les meilleurs de mon club et je voyais que certains me "respectaient" et peut être m'admiraient. Mais ça n'a rien résolu, je suis toujours dépendant, ça n'a rien changé. D'ailleurs même aujourd'hui, quand mon boss est satisfait par mon travail, ça ne change rien sur ce que je pense de moi, ça me fait un peu plaisir temporairement, mais les idées sont toujours là. La compensation c'est ce vers quoi on veut aller le plus naturellement, mais je pense que ça n'est pas du tout ça la solution. La vraie solution c'est de se remettre en question et de remettre en question toutes ces idées très puissantes qu'on a sur nous mêmes et se rendre compte quand ces idées sont injustifiées. Sinon ces idées nous colleront à la peau. On ne peut pas s'en débarrasser en les compensant. D'ailleurs si tu regardes les gens qui sont hyper arrogants, la plupart du temps c'est parce qu'ils manquent de confiance en eux ou d'estime d'eux mêmes et sont perpétuellement en train d'essayer de compenser ce problème en se mettant en valeur ou en se comparant aux autres. Le résultat c'est qu'il créent une tension, ils ne parviennent jamais à avoir cette estime d'eux mêmes qu'ils cherchent et deviennent juste des connards. Ils mettent du poids des deux côtés de la balance au lieu de chercher quelle est la racine du problème, quelles sont les erreurs qu'ils commettent sur eux mêmes, et en quoi leur vision de la réalité est déformée par leurs croyances. Ils restent prisonniers de la compensation. Et comme je le disais ailleurs, les gens qui ne sont pas dépendants et qui ne souffrent pas autant que nous ne sont pas plus heureux que nous parce qu'ils arrivent mieux à compenser un problème que nous ou parce qu'ils ont des passions plus saines que les nôtres. C'est parce qu'ils n'ont pas ces croyances qui les font souffrir.  Et quand on dit que c'est des problèmes dans notre enfance qui nous font souffrir, que c'est à cause de nos parents, tout ça, ça n'est pas parce que nos parents nous ont causé une blessure indélébile par leur éducation, il n'y a pas de plaie liée à l'enfance, qui ferait "malheureusement" partie de nous et qu'on devrait garder à vie. Ce que nos parents (enfin, la plupart du temps ça vient des parents) nous on transmis par leur éducation ce sont juste ces fausses croyances. Quand mes parents ne me donnaient pas d'affection ils ont créé chez moi cette croyance comme quoi je suis trop mauvais pour être aimé. Quand je voyais mon père contenir toutes ses émotions et ma mère toujours s'énerver, ils ont créé chez moi cette croyance comme quoi les émotions sont mauvaises et que je ne devrais pas en avoir. Et comme j'en ai et que (comme tout le monde en fait) parfois je ne peux m'empêcher de les montrer, alors j'en conclus que je suis une mauvaise personne pleine de mauvaises émotions (et en conséquence je veux les contenir et je finis comme ma mère à exploser parce que c'est souvent impossible). Par cette éducation ils m'ont rempli de ces croyances erronées et ce ne sont que ces croyances qui me font souffrir. Après les autres dépendants doivent avoir d'autres croyances aussi, moi je dois encore en avoir plein que je n'ai pas encore comprises. Tout ça n'est qu'un exemple. Mais c'est juste pour dire que cette souffrance n'est pas une chose mystérieuse et indélébile dont on ne pourrait se débarrasser. Cette souffrance n'est liée qu'à un apprentissage et c'est maintenant à nous de réapprendre correctement ce qu'on a appris de travers pendant notre enfance. Et pour ça il faut qu'on se remette en question sur ces croyances.Mais si on pense que cette souffrance est comme une blessure physique et indélébile, alors on ne voit comme solution que de fuir cette souffrance de temps en temps ou de la compenser. Et de souffrir le reste du temps. Mais c'est faux, ces choses changent pourvu qu'on arrive à se remettre en question, et ça prend du temps. Et tout l'intérêt du psy c'est de nous aider à faire cette remise en question, il doit nous donner l'oreille de celui qui est "normal" et qui va nous dire de temps en temps "non mais attend, pourquoi tu penses ça ? C'est pas un peu bizarre cette idée ? Qu'est ce qui te fait penser ça ? Est ce que c'est vraiment rationnel ? " et c'est à nous de ne pas nous braquer et d'étudier notre comportement et de peut être remettre en question cette manière de penser qu'on a utilisé toute notre vie.Ensuite, aussi, comme je l'ai dit là : LIEN BRISÉ  les non dépendants peuvent très bien avoir des passions, mais ces passions ne leur servent normalement pas à fuir une souffrance ou à compenser quoique ce soit. Eux n'ont pas cette souffrance à la racine de leur personnalité et pourtant ils ont bien des passions. C'est parce que ces passions n'ont pas cette utilité que nous on voudrait leur prêter. Elle ne servent pas à fuir une souffrance ou à canaliser des pulsions, elle font juste partie de la vie et donne un peu un sens à notre vie. Mais je pense que l'énergie de notre dépendance n'a rien à voir avec ces passions. Quand j'ai déplacé mon anxiété et ma dépendance sur le boulot, c'était plus profitable mais j'étais tout aussi mal, mon coeur battait tout aussi fort, sinon plus, et j'étais tout aussi obnubilé par le problème, je n'avais pas plus de temps dans ma vie, et j'étais toujours aussi insatisfait. J'avais juste moins de chances de me faire virer, parce que j'étais beaucoup plus productif. Mais il ne faut pas faire de fixation sur cette amélioration, la dépendance reste toujours néfaste. C'est comme un alcoolique qui aurait des problèmes de foie et arriverait à transférer sa dépendance sur le porno, il serait ravi parce qu'il peut sauver sa santé. Mais il ne connait pas bien encore le porno et toi tu sais que ça peut aussi être un gros problème. Je pense que toutes les dépendances sont invivables quand on est dedans. Vu d'une dépendance une autre peut avoir l'air meilleure, mais elle se valent toutes à la fin, on souffre toujours. Je pense que toutes les dépendances sont mauvaises et qu'il n'y a pas de dépendance saine. Je pense que dans une "vie normale" il n'y a rien qui soit de l'ordre de la dépendance, mais c'est peut être difficile à voir pour nous puisqu'on a toujours vécu là dedans depuis le début.  Allez, encore un beau pavé. Je vais essayer de moins venir sur le forum, ça me prend beaucoup de temps et comme tu dis, à terme il faut savoir s'en décrocher. L'ordi a aussi une place très importante dans ma vie et il est omniprésent au boulot. Il faut que je ralentisse un peu là dessus sinon ça n'en finira jamais. Et d'ailleurs c'est aussi un bon exemple de compensation. Quand je viens écrire des pavés ici, j'ai le sentiment d'être une bonne personne, d'aider les gens et ça compense la mauvaise image que j'ai de moi. Et aussi j'aime bien écrire des longues argumentations qui montrent que je serais intelligent, et j'espère peut être quelque part aussi que les gens vont le penser et tout ça ça compense encore cette mauvaise image de moi même qui est ancrée en moi. Je pense qu'on a naturellement tendance à aller vers ces choses qui nous permettent de compenser (enfin, quand on ne cherche pas simplement du plaisir qui peut nous anesthésier, on cherche ça) . On va rarement purement vers les choses par intérêt pour les choses elles mêmes, c'est peut être difficile à voir dans certains cas, mais je pense qu'on va trop souvent faire les choses dans le but de compenser notre image. C'est notre image qui est un peu au centre de tout. Enfin, là je la joue auto-analyse, mais il faut pas trop se prendre la tête et réfléchir à tous les détails non plus, sinon on ne fait que réfléchir.
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 15-03-2012 20:03:40

et si le désir étais l'expression d'un besoin vitale ?? et si ton sentiment de mal être étais influencé voire biaisé par les images que tu ingurgite quand tu rechute .. Avec le recul je vois que j'avais des gros problèmes de mal-être déjà bien avant de commencer cette dépendance au porno. La dépendance est une manière de fuir une souffrance. Après, évidemment elle rajoute des problèmes par dessus, elle peut faire augmenter la honte et le sentiment d'être mauvais. Mais la dépendance n'est pas la vraie cause du problème, c'en est la conséquence. Et tout ce que je raconte n'est pas de moi. Tous ça c'est inspiré de bouquins sur les dépendances, enfin, pour ce gendre de trucs généraux en tout cas. Il faut lire. Tout, ou quasiment, est là. Et tous les bouquins sont d'accords sur ces trucs. On ne peut pas réinventer le monde tout seul en partant de zéro, on n'est pas les premiers sur terre à souffrir de dépendances. On n'est pas les découvreurs de la dépendance. Il existe des tas de bouquins pour le grand public qui abordent ces problèmes avec beaucoup de détails.Après, il faut aussi observer les gens qui n'ont pas vraiment de dépendances, ceux que j'appelle peut être à tort les "gens normaux". Est ce qu'eux n'ont pas d'énergie vitale ? Est ce qu'eux n'ont pas de besoin vitaux ? Ils en ont. Alors pourquoi s'en sortent-ils mieux que nous ? Qu'est ce qu'ils ont de différent qui fait qu'ils peuvent regarder un porno sans y penser après 24 h sur 24 et vouloir en regarder un toutes les 10 minutes ? Pourquoi est ce qu'ils arrivent à vivre sans aller forcément dans l'excès dans un domaine ? Pourquoi, quand ils aiment une chose, ne ressentent-t-ils pas le besoin de s'y réfugier toutes les 10 minutes ?La dépendance n'est pas une "énergie" en soi. C'est un moyen de défense contre la souffrance. On souffre et on a peur de souffrir, alors on cherche à se défendre. Si on est très dépendants c'est parce qu'on a énormément besoin de recourir à cette défense.  La dépendance n'est rien de "normal" ou de "naturel" qu'il faudrait essayer de canaliser. La dépendance ça n'est pas une force naturelle qui serait tournée dans une mauvaise direction chez les dépendants et qu'il faudrait réorienter. C'est simplement un mécanisme de défense contre une souffrance qui elle n'a pas lieu d'être. Il faut arrêter de fuir et il faut reconnaître que cette souffrance n'a pas lieu d'être. La dépendance n'est rien d'autre qu'un mécanisme de défense. C'est une fuite. Et un besoin de fuir ça restera toujours un besoin de fuir. On peut fuir de manières différentes mais c'est le fait que ce soit une fuite qui est un problème, pas tellement la manière dont on fuit. Et une fuite n'est pas une chose naturelle qui arrive à tout le monde. Il n'y a pas de raison de mettre à profit cette fuite. Ce qu'il faut faire c'est devenir non-dépendant. roul, quelle est à ton avis la raison de ta dépendance ? Pourquoi toi tu es dépendant et pourquoi mon voisin ne l'est pas ?
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 16-03-2012 21:03:33

Pas de souci Sid. Mais mes référence ne sont pas toutes bouddhistes. Tout ce que j'ai dit là, en tout cas, se trouve dans des bouquins qui ne parlent pas du tout de bouddhisme. Ce sont des bouquins tout à fait généraux sur les dépendances. Je les ajouterais au wiki à l'occasion. Mais les bouquins que j'ai lu sur les dépendances et la méditation sont tout à fait cohérents avec ces références générales. On y trouve beaucoup de points communs. De façon générale dans tous ces bouquins, je n'ai pas trouvé de vrais désaccords ou de théories vraiment différentes. Pour ce qui est des fumeurs, il ne faut pas oublier que la clope donne une dépendance physique. Il n'est pas nécessaire d'être prédisposé aux dépendances pour être accro à la clope ou à l'héroïne par exemple. C'est pour ça qu'il suffit plus ou moins d'essayer pour pouvoir tomber dedans. Il y a aussi une dépendance physique à l'alcool quand il est consommé en très grandes quantité. Mais je pense que généralement, quand on en arrive à consommer des quantités suffisantes pour sentir cette dépendance physique, c'est déjà qu'on est prédisposés en plus. Mais bon, c'est pour l'alcool. Un tas d'autres "drogues" ne causent pas de dépendance physique. C'est seulement cette prédisposition aux dépendances qui est à l'oeuvre dans ces cas là. Et cette prédisposition c'est le besoin de fuir une souffrance. Et sinon oui, si on veut vraiment être précis sur les termes, on est tous dépendants à différents degrés, je vais pas dire le contraire. Ceux que j'appelle les gens non dépendants sont en fait un peu dépendants. Mais ça n'a rien à voir avec nous.Ce serait comme dire que les anorexiques sont normaux, parce que c'est normal d'avoir des complexes et que tout le monde en a. Pourtant les anorexiques peuvent en crever, c'est vraiment un autre monde. Mais ça veut pas dire que les complexes sont la norme. Il y a des tas de gens pour qui les complexes ça n'est qu'un minuscule détail dans leur vie. Pour  nous c'est quelque chose d'énorme et il y a des vraies raisons à ça, ça n'est pas le hasard ou une mauvaise gestion du désir. C'est parce qu'on a des vrais problèmes à résoudre et que les autres n'ont pas. Et ces problèmes ne sont pas insolubles.
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 17-03-2012 00:03:12

Enfin, de façon générale ici, j'ai l'impression qu'on est souvent un peu dans notre bulle à réinventer la roue. Un peu comme si on philosophait sur pourquoi la terre tourne autour du soleil et pas l'inverse, comme si on créait nos propres théories alors que les réponses ça fait des années qu'elles sont déjà dans les bouquins. On n'est pas les seuls dépendants sur terre et des tas d'autres s'en sont sortis, c'est quand même un problème relativement connu. Et les bouquins pleins de réponses sont juste là, dans les librairies, ils nous attendent et nous on reste de notre côté à essayer de tout réinventer comme si on était les Adam et Eve de la dépendance. Même si on n'est pas entièrement d'accord avec ce qui se trouve dans les bouquins ça va pas nous tuer d'en lire un peu. Parfois on perd des années de notre vie dans la dépendance, c'est pas une semaine à lire un bouquin qui va nous tuer. Je pense que chacun devrait au moins lire un bouquin sur les dépendances en général. N'importe lequel. Enfin pas un bouquin sur la "théorie du désir", ou encore sur la volonté, pour nous aider à construire encore d'autres théories, mais plutôt des bouquins sur "comment sortir de la dépendance", tout simplement. Et les bouquins que j'ai trouvé ne sont pas du tout de genre développement personnel où on se soigne à coup de "regardez vous dans la glace et dites vous : je suis le meilleur", ça c'est absolument pas mon genre. Je parle de bouquins sérieux qui expliquent vraiment les choses. Des bouquins écrits par des gens qui ont vu des centaines de personnes s'en sortir, souvent eux mêmes compris.
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 17-03-2012 02:03:55

Bon, je suis toujours là, désolé pour le flood. Mais une autre manière de dire ce que je disais tout à l'heure, c'est que ça ne sert à rien de déplacer la dépendance sur autre chose puisque la dépendance est elle même au départ une souffrance qu'on a déjà déplacé vers la dépendance. Au départ on souffre et le problème ne se résout pas, alors mécaniquement on le déplace sur une dépendance. Mécaniquement, on transforme notre souffrance en manque, parce que le manque c'est un problème qu'on pense pouvoir résoudre par l'obtention de ce qu'on désire. En quelque sorte, on essaye de transformer un problème insoluble (en apparence) en un problème qu'on peut résoudre (en apparence). Donc on déplace un problème qui peut sembler insoluble vers quelque chose qui semble plus facile à résoudre. Ou en tout cas sur lequel on peut au moins agir. Mais vouloir guérir une souffrance en la transformant en désir et en essayant de combler ce désir c'est comme essayer de boire pour faire passer la faim. Je connaissais quelqu'un qui était accro à la violence. Je pense qu'il souffrait beaucoup, c'était clair qu'il avait pas eu une enfance joyeuse. Il était vraiment mal dans ces moments là. Et lui, en quelque sorte il déplaçait sa souffrance sur l'agressivité. Le pire truc c'est de souffrir sans pouvoir rien faire pour faire passer la souffrance. Alors il déplaçait sa souffrance sur l'agressivité, parce que l'agressivité au moins il pouvait la faire diminuer en se battant et en se défoulant. Un boulimique déplace son mal-être sur de la faim. Parce que la faim, au moins, on peut la faire passer en mangeant. On déplace notre souffrance vers un besoin. On fait comme si notre souffrance était due à ce besoin, en quelque sorte. Mais à l'origine ça n'est pas ça. Donc je pense que si il y a une seule chose sur laquelle il faut laisser la dépendance se déplacer, c'est sur la souffrance d'origine. Appeler la souffrance par son vrai nom et ne pas la "substi-tuer". Mais un dépendant ça a l'habitude de fuir ce problème. C'est absolument contre-intuitif de retourner vers la souffrance d'origine. C'est pour ça qu'on a tendance à chercher la solution partout sauf dans la souffrance d'origine. On pourra chercher une solution dans le sport, dans l'expression artistique, dans n'importe quoi pendant des années, sans jamais une seule seconde pendant tout ce temps considérer la souffrance d'origine. Tout ce qu'on fait c'est qu'on continue à la fuir. On finit par tellement confondre notre souffrance avec le désir qu'on ne voit plus que le désir et je suis persuadé que si quelques dépendants me lisent certains auront même du mal à voir de quelle souffrance d'origine je veux parler.C'est un peu comme si on était attachés à un pieu par un élastique. Et on croit que la solution pour avancer c'est de forcer sur l'élastique. Evidemment la volonté (ici la force) ne fonctionnera pas. On sera toujours tirés vers l'arrière. Plus on forcera plus on sera tirés vers l'arrière. Vouloir changer de dépendance ou la déplacer, ça revient en fait à tirer dans différentes directions sur l'élastique. Mais dans toutes les directions l'élastique il fera la même chose : il nous tirera vers l'arrière. On pourra essayer différentes directions, et il y aura certainement des terrains où il est plus facile de tirer sur l'élastique. Mais ça n'est toujours pas ça la solution. En effet, si on croit qu'il faut forcer jusqu'à faire casser l'élastique, alors on forcera toujours plus et notre volonté ne sera jamais suffisante, la dépendance sera toujours plus forte. Mais la solution, au lieu de tourner en rond, c'est simplement de retourner au centre, là où l'élastique est accroché et de défaire le noeud . Si il y a un seul effort à faire pour s'en sortir ça n'est pas de tuer la dépendance, c'est de retourner à la souffrance et de la comprendre et de la résoudre. L'effort à faire il n'est pas aussi énorme que l'effort qu'on a toujours fait pour se sevrer, il faut juste le faire dans la bonne direction. C'est une chose très désagréable et inhabituelle mais ça n'est rien de totalement insurmontable.Et le rôle de la souffrance il est vraiment très clair. Je pense que dans n'importe quel bon bouquin sur les dépendances ils doivent parler de cette souffrance d'origine.
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Re: transfert d'addiction
bobmatam @ 20-03-2012 16:03:32

Allez, encore un beau pavé. Je vais essayer de moins venir sur le forum, ça me prend beaucoup de temps et comme tu dis, à terme il faut savoir s'en décrocher. L'ordi a aussi une place très importante dans ma vie et il est omniprésent au boulot. Il faut que je ralentisse un peu là dessus sinon ça n'en finira jamais. Et d'ailleurs c'est aussi un bon exemple de compensation. Quand je viens écrire des pavés ici, j'ai le sentiment d'être une bonne personne, d'aider les gens et ça compense la mauvaise image que j'ai de moi. Et aussi j'aime bien écrire des longues argumentations qui montrent que je serais intelligent, et j'espère peut être quelque part aussi que les gens vont le penser et tout ça ça compense encore cette mauvaise image de moi même qui est ancrée en moi. Non Hatt, là tu te perds en conjecture. Le temps que tu gaspilles à l'écran ok, la possibilité de rendre addictif même le site ok, mais je te le dis franchement : ton parcours est utile, ce que tu en as tiré aide certaines personnes qui sont au fond du désarroi, - j'en connais personnellement qui te doivent une fière chandelle -. Ton sentiment d'être une bonne personne parce que ça aide n'est pas un sentiment, c'est la vérité toute simple bon Dieu! : tu es une bonne personne, arrête de te juger???!!!. En fait on aide jamais personne, c'est une illusion de croire qu'on aide qui que ce soit, mais simplement ton exemple, l'humilité de ne jamais se contenter de réponses simples et toutes faites, de démonter les croyances qui nous plombent, tout ceci est une aide indirecte...directement on n'aide personne.  Et ce n'est pas ton intelligence qui est démontrée dans tes écrits mais bien la profondeur de ton coeur, l'observation sans jugements, et souvent tu fais des rectificatifs utiles qui font bouger sur sa base nombre d'entre nous je pense (mais je parle pour moi.) Intelligent tu l'es, que tu le veuilles ou non c'est ainsi mais c'est pas ce que je regarde, ce que je regarde c'est la justice qui fait qu'on ne se contente pas de débusquer le lièvre, on le chasse et avec beaucoup d'attention on ne perd pas la cible des yeux, en tous cas on essaye. Je comprends ou tu veux en venir mais tu te trompes à cause de certaines croyances bien implantée en toi...quelque chose te rattrappes et tu tires sur cette cible, tu tires à la chevrotine, certains projectiles atteignent leur cible mais d'autres atteignes des parties très saines qui n'ont pas à être réduite en charpille. Que tu le veuilles ou pas tu es très beau, tu es en vie avec un bel esprit.
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 22-03-2012 23:03:40

Je suis d'accord avec toi bobmatam. C'est vrai que c'est positif d'aider les gens même si on le fait pas parfaitement. Mais là c'est vrais que je suis un peu accro au forum. Mais je vais pas m'arrêter totalement pour autant. Je suis très touché par ce que tu dis, ça me fais plaisir. Mais c'est bizarre, je suis pas très à l'aise avec le fait d'être détesté mais je suis encore moins à l'aise avec le fait de recevoir des compliments. Mais je vais pas te contredire et je vais me contenter de te remercier pour tes encouragements que j'apprécie beaucoup. Sinon, vouloir aider les gens est quelque chose qui fait aussi partie de la dépendance. C'est pas quelque chose de néfaste, c'est sûr, et tant qu'on se détruit pas à le faire c'est toujours positif. Mais ça n'empêche que c'est pas tout à fait naturel. Enfin, rien ne sert de changer ça mais je pense que c'est quand même intéressant de voir en quoi c'est relié à la dépendance pour trouver nos vraies motivation. Dans ce bouquin  j'ai appris des trucs assez intéressants à ce sujet. Le bouquin est de Patrick Carnes, qui est un peu celui qui a commencé à parler de la dépendance sexuelle au grand publique en premier, il me semble. Il explique pourquoi les dépendants en général ont tendance a préférer aider les gens. Ils préfèrent être dans une relation où les autres dépendent d'eux plutôt qu'eux dépendent des autres. Et je pense qu'en même temps ils sont attirés par ce qui est plus moral parce que ça permet de compenser leur mauvaise estime d'eux même. Ils ont donc plus tendance que les autres à aller vers des métiers tels que prof, infirmière ou assistante sociale. Il semblerait que le mythe de l'infirmière qui met rien sous sa blouse, le mythe de la prof nymphomane etc... viendraient en fait du plus fort taux de dépendants sexuels dans ces professions. Je suis moi même très attiré par le fait d'aider les gens, je suis presque collant avec ça au boulot, même quand les gens n'ont plus besoin de moi je suis encore sur leur dos à voir si je peux pas les aider avec un truc. Ou encore j'ai tendance à donner beaucoup d'argents aux sdf, surtout quand je me sens mal. Enfin c'est que des petits exemples. Bon, il ne faut pas arrêter d'aider les gens (enfin, d'essayer de les aider comme on croit les aider) mais c'est bien aussi de comprendre ce qui nous motive. Si on est motivés par des angoisses ça peut être un début de piste pour arriver à comprendre ces angoisses. Toi aussi tu disais que tu aimais aider les gens et il me semble que c'est dolce vita qui en parlait aussi. Je connais plusieurs personnes qui ont des tendances à la dépendance affective et qui avaient traversé des périodes où ils sacrifiaient tout pour pouvoir aider les autres. Ma soeur en fait partie, et de son aveu à elle, c'est un peu une manière d'oublier ses propres problèmes. Quand on n'arrive plus à résoudre nos propres problèmes on essaye de résoudre ceux du monde, ou quelque chose comme ça. Bien sûr c'est pas une explication sur le fait d'aider les gens dans l'absolu, mais ça pourrait être une tendance qu'on retrouve chez les (co) dépendants. Sinon, roul, il y a un moment tu m'avais déjà parlé du rôle de la société dans les dépendances et j'avais pas été tout à fait d'accord. Principalement parce que je pense que la société ne peut pas tout expliquer (sinon absolument tout le monde souffrirait de dépendances comme nous). Mais en y réfléchissant je suis d'accord avec toi sur le fait que la société joue certainement un rôle important. Ils en parlent aussi beaucoup dans ce bouquin. La publicité utilise vraiment beaucoup ce truc et c'est très efficace (et pas simplement pour ce qui est sexuel). On nous fait constamment croire qu'on n'est pas bien comme on est et qu'on se sentira mieux si on achète leur produit. Et comme la dépendance ça ne marche que 5 minutes et après on doit recommencer. Tout marche là dessus, sinon ils n'arriveraient probablement pas à nous faire consommer suffisamment pour perpétuer la croissance économique exponentielle qui est absolument nécessaire à l'économie capitaliste. Il faut non seulement croître en permanence mais il faut aussi croître toujours plus vite, sinon c'est croissance zéro et ça il paraît que c'est terrible. Et en ça ça ressemble même carrément à ce qu'on vit dans la dépendance. Mais c'est peut être un autre sujet. Là je divague. Après dans tous les exemples que tu donnes, j'en vois un seul qui t'es propre et que tu ne partages probablement pas avec ton voisin. C'est ton éducation "trop pudique" comme tu dis. Pour tout le reste je pense que ton voisin à du vivre grosso modo la même chose. Mais je pense que ça n'est certainement pas l'unique raison. J'ai lu que très souvent les dépendances surviennent à cause de la convergence de plusieurs facteurs. Dans le bouquin où j'ai lu ça, l'auteur donnait son cas en exemple. Pour elle, la cause était un père alcoolique, des parents qui ne donnaient pas d'affection, et aussi une éducation religieuse qui insistait vraiment beaucoup sur la culpabilité. Pour ma copine c'est un peu la même chose, parents pas très affectueux et éducation religieuse culpabilisante. Enfin, je suis d'accord aussi sur le fait que tout le monde est un peu dépendant. Mais entre nous et quelqu'un qui ne souffre pas vraiment de sa dépendance, pour qui c'est quelque chose d'anodin, je pense que c'est le jour et la nuit. Ces gens souffrent vraiment beaucoup moins que nous et je pense que c'est parce que nous on a ces facteurs en plus, qui nous rendent vraiment très dépendants. Et ensuite c'est la réaction en chaîne.  Et ces facteurs en plus je pense que ce sont ces choses qui nous ont donné une mauvaise estime de nous mêmes. Pour me citer en exemple, j'ai commencé la dépendance au porno vers 15 ans ou quelque chose comme ça, mais si je me souviens bien ça n'est devenu plus sérieux que vers les 22-23 ans . Mais déjà avant ça j'avais un gros problème d'estime de moi-même. Au collège j'avais écrit une première lettre d'amour à une fille en la bourrant de "je sais que tu me trouves con", "je sais que tu me trouves moche, mais...". La fille m'avait fait des gros yeux parce qu'elle savait pas d'où je sortais ça. Je pense qu'en fait elle s'en foutait de moi, d'autant plus qu'on s'était jamais parlés (.....). Mais ma lettre était vraiment à la limite de la psychose quand j'y repense. J'étais vraiment dans un autre monde. Au collège aussi, je me souviens avoir écrit dans une rédaction en anglais pour nous présenter que "j'étais un peu gros". La prof m'avait regardé bizarrement, comme pour chercher à savoir si j'étais complètement fou ou juste con. En fait j'ai toujours été vraiment très très maigre, à un point où ça se remarque vraiment. Mais je me trouvais gros, je me souviens. Même à l'école primaire, je regardais certains autres élèves en les appelant intérieurement "les maigres", et j'étais un peu jaloux d'eux, je les enviais et je voulais être mince comme eux. Mais j'étais déjà rachitique. Enfin non, j'exagère. Enfin, c'est pour dire que j'avais une image déjà très bizarre de moi à cette époque là, et je n'avais encore aucune dépendance, si ce n'est peut être les jeux sur ordinateur, mais rien de maladif et rien de "honteux". Ensuite, vers 17-18 ans, j'ai remarqué que j'avais un intérêt assez prononcé pour les drogues. J'en ai vraiment pas pris beaucoup mais ça me passionnait et je lisais plein de choses dessus, des témoignages, des explications neurologiques etc... j'y passais vraiment des heures, comme en imaginant que j'étais défoncé. Quand je buvais à des soirées, je finissais systématiquement dans mon vomis, sans jamais beaucoup de surprise de ma part. J'ai eu une période d'automutilation et de sniffage de solvants à cette époque là aussi. Rien de dramatique quand même, mais ça montre bien que j'avais déjà un sérieux souci avec l'image que j'avais de moi même. Et je me souviens pas, à cette époque là, avoir eu honte du porno que je regardais. Je pense que tout ça ça remontait à beaucoup plus loin. Enfin, quand je repense à tout ça, je suis certain que j'étais pas dans un trip hédoniste, ou que je cherchais pas à profiter de la vie comme nous le demande la société. Pour moi, j'avais clairement une souffrance et j'essayais de m'en débarrasser. L'automutilation est un bon exemple de "drogue" qui montre bien qu'on n'est pas vraiment dans une recherche de plaisir, mais plutôt dans une tentative de se débarrasser de la souffrance. Pour moi c'était clairement ça, c'était une manière de faire sortir les choses. Et je souffrais vraiment beaucoup, je pense que peu de gens dans mon entourage ressentaient des choses semblables. Enfin, je veux dire que je pense pas que c'était un problème de perception de ma part. Je pense plutôt que c'est mon éducation ou diverses choses dans mon enfance qui m'ont appris cette image biaisée de moi-même et qui par la même occasion m'ont donné une image assez tordue du monde extérieur. Par exemple le fait de croire que tout le monde me trouvais con et moche depuis l'école primaire. Ca virait vraiment à la paranoia. (d'autant plus que c'est peut être plus grace à mon physique que j'ai finalement réussi à avoir quelques copines d'un soir plutôt qu'à mon sens du social...).Et sinon pour le fait de rendre les problèmes complexes, je vois ce que tu veux dire. Moi je sais que quand j'explique un truc je rendre vraiment dans les détails et je tire en longueur. J'ai peur de pas être compris, et je veux que les choses voient ce que je veux dire vraiment jusque dans les détails. Enfin, c'est ma manière d'appréhender les choses. Mais quelqu'un d'autre qui a compris exactement la même chose que moi pourra l'expliquer de manière archi simple en une phrase quand moi je prends 100 lignes. Je pense que c'est juste une manière de s'exprimer. Tout ce que je veux dire d'habitude est en fait archi simple. Et ce sont seulement des choses simples qui nous font avancer en général. C'est vrai. Parfois c'en est affligeant de simplicité. Tu remarqueras que tout ce que tu comprends en général chez un psy est vraiment très simple. Il s'agit juste de le réaliser, de trouver la bonne manière de l'assimiler. Enfin bon. Ah et sinon, je suis pas trop d'accord sur l'histoire de l'énergie sexuelle. Je pense qu'il faut s'ouvrir aux autres dépendances et essayer de les comprendre. Les dépendances sont toutes les mêmes. On a souvent choisi le sexe à cause d'un concourt de circonstances, mais la dépendance est une dépendance comme les autres. Avec les mêmes mécanismes. Je pense que notre problème est vraiment très peu d'ordre sexuel. Je pense que l'objet de notre dépendance est vraiment moins important que ce qu'on croit. Je pense que le vrai problème c'est LA dépendance. Et il existe beaucoup d'autres dépendances qui n'ont aucun rapport avec le sexe. Enfin, je pense que quand une explication de la dépendance ne s'applique qu'à une seule dépendance et pas du tout aux autres, à mon avis c'est qu'il y a un problème.
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Re: transfert d'addiction
bobmatam @ 23-03-2012 02:03:05

Pour rebondir sur ce que tu dis Hatt, j'aime bien te lire et je ne te reproches pas le nombre de tes lignes parce que personnellement j'y trouve de la matière à compréhension et il faut bien quelques paragraphes pour exprimer clairement et détailler certains phénomènes tant de la dépendance que de l'histoire personnelle qui nous poussent à être et devenir comme ceci ou comme cela. En plus c'est vraiment interressant de te suivre et de cheminer sur ton parcours...J'ai lu attentivement ce que tu dis sur le fait d'aider et ça m'a fait réfléchir. J'ai un point de vue relativement différent parce que peut-être je ne souffre pas en profondeur des mêmes causes que le dépendant type. Tout ce que tu soulèves existe bien entendu et il faut connaître intérieurement les vraies motivations déformées par la dépendance et qui sont très bien expliquées dans tes lignes. Je crois sans en être sûr, que cela s'applique à la dépendance pathologique parce que en ce qui concerne ce sujet, je suis plutôt dans le spirituel : la vie est un don, donner est naturel, c'est l'expression même de la vie. La joie profonde vient du don desinterressé, gratuit, sans causes. Vivre c'est donner. Donner rend heureux ; pas recevoir. Recevoir encombre, alourdit, restreint. Donner sans personne qui donne. Quand je donne, je m'affranchis. Offrir apporte la liberté, la vie n'est qu'un don, il n'y a pas de séparation. C'est très différent que de donner avec attente...Sur l'amour : On ne peut pas aimer en tant que personne. L'amour est contemplation. Cette émotion n'est vivante qu'en l'absence d'un soi-même. Quand on prétend aimer, on rabaisse l'autre à son imaginaire, à son fantasme : c'est une forme d'agression. On utilise l'autre, l'image que l'on a de l'autre, pour satisfaire sa vanité, sa fantaisie de l'instant. Quand l'autre ne convient plus, on le change. (Eric Baret, "De l'abandon" ed. Les deux océans, Paris) Ce genre d'amour : "quand l'autre ne convient plus, on le change" est une forme d'amour qui peut rester au rebus. Aimer une femme, un homme sexe-addict, c'est un challenge que la vie propose, un des plus dur challenge du reste. J'ai bien rigolé sur l'épisode "Hatt à l'école". Moi ce fut une horreur et tu m'y as fait repenser. J'avais soigneusement occulté ma propre période scolaire tant j'en ai bavé. Personnellement j'étais si mince qu'on aurait pu me faxer mais je voulais plutôt grossir. J'étais tout seul, sans ami. Mon mental me portait vers la musique classique, le jazz, Bob Marley, les arts, les filles, C.Castaneda, le shamanisme, A.C. krishnamurti et en général à tout ce qui sortait de l'ordinaire. J'étais frappé de marginalité chronique. Je faisais et ne ressentais rien comme les autres. Le milieu scolaire dans lequel j'évoluais était celui d'un petit bled vaudois sur les bords du lac Léman, (entre Lausanne et Genève) et cette région austère et protestante était à majorité bonne vieille bourgeoisie normative et paysans vaudois, toutes deux aux antipodes de ma soif de nouveauté. Jusqu'à mes 14 ans on m'appelait "le fou" tellement j'étais incompris. Puis j'ai eu une période de grâce à cause de mes capacités musicales et ma révolte contre l'establishment en place au collège (j'avais osé me lever en pleine classe pour insulter un prof qui nous frappait durement et qui était un sale con dont tous les élèves avaient peur. Les 1er de classe qui n'arrêtaient pas de me malmener ont été plutôt ravis que j'envoie chier ce prof pervers qui du reste s'est fait virer après que j'aie pété les plombs contre lui, ça a tout changé pour moi.) Par contre j'ai toujours eu de la chance avec les filles, j'étais sacrément en avance sur le sujet et je me rappelle plus à quel âge j'ai perdu ma virginité tant j'étais encore gamin. J'avais une telle énergie sexuelle, que les filles ça n'a jamais été un probléme, elles adoraient ça et je je le savais! même les stars du collège, les beaux gosses sans problèmes, ceux qui ont tout dès la naissance, étaient à cent lieues de connaître le sexe, une belle revenche pour moi. Pour le reste j'en chiais et me sentais très seul. J'avais 13 ans et déjà un pétard aux bec, dans les années 70 c'était vraiment très mal vu, dans mon bled une révolution ouais! J'ai été doublement marginalisé à cause de ça et j'ai eu de sacrés problèmes avec la police des mineurs mais quand j'y pense ils étaient vraiment rétrogrades à cette époque et je suis devenu le mouton noir de toute une ville jusqu'à l'explosion de la fumette généralisée aux plus cons. C'est de cette jeunesse tourmentée que m'est venu je crois la compassion pour les autres, tous les marginaux maudits qui ne vivent pas comme "monsieur tout le monde". Ce que j'aime dans les dépendants c'est qu'ils ont au moins une forme d'imperfection qui les rends plus humains, ils sont perfectibles, ils ont une sensibilité à fleur de peau ce qui les rend à mes yeux moins suspects que le fils ou la fille de bourgeois : le "bon garçon".Plein de confiance en lui et de confiance en l'autre, confiant en l'avenir du monde comme en celui qu'il s'y prépare, le bon garçon est un type sympa, à l'aise et sans vice. Il aime les filles comme il aime le cul, les femmes et ses semblables ne sont pas un problème pour lui. Souvent issu d'un milieu aisé, (car les bonnes mères et les bons pères se trouvent plus couramment dans les milieux où l'on n'a pas été écrasé par la vie) ce confort supplémentaire ajoute à sa désinvolture native la petite pointe de morgue ou d'arrogance, (morgue pour les riches anciens, arrogance pour les nouveaux riches) qui le distingue du garçon un peu simple de plus basse extraction. Le bon garçon a le don de pouvoir tout ignorer des laideurs du monde sans même avoir à fournir l'effort de la trahison. (A.Soral) Ca me fait rire parce que justement c'étaient ceux-la à qui j'avais à faire à tout bout de champ et qui me tapaient sur le système. Je ne sais pas si ceci explique cela mais depuis lors je me méfie de ceux qui ont l'air d'être si normal, (à part les sages éveillés dont je connais personnellement un représentant sur terre, ce sont des hommes quasi parfait dont la principale activité est de rire et vivre d'instant en instant dans le présent. Ils vous plongent dans le présent et dans le présent il n'y a pas de problème) mon vécu ne me prédispose pas à croire à la normalité des gens, ils m'ennuient ceux-là. Je souffre, chui imparfait et j'ai tendance à croire que c'est la norme, à me sentir comme chez moi dans la communauté humaine des sensibles...
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 23-03-2012 23:03:24

Je suis d'accord à 200% avec tout ça. Je pense la même chose pour ce que tu dis à propos de l'amour, on retrouve exactement le même principe dans le bouddhisme. Enfin, c'est quelque chose de très général. Enfin, c'est vrai quoi.Pour ce qui est d'être un "rebel", ça peut aussi être motivé par une culpabilité qu'on n'accepte plus. Les gens qui ont un passé de dépendant sont évidemment très sensibles à la culpabilité, il y a celle qu'on leur a fait subir et qui les a mis là où ils sont, et il y a celle qu'ils ont appris à entretenir et qui perpétue le problème. La rébellion c'est le refus de cette culpabilité omniprésente. Mais souvent on ne se rend pas compte que cette culpabilité qu'on voit partout c'est aussi celle qu'on se crée soi-même. Enfin, j'avais écrit un roman là dessus ici :LIEN BRISÉ fait d'être un rebel c'est le refus de la culpabilité. Mais ça n'est pas forcément négatif d'apprendre ça. C'est comme le fait que la dépendance puisse apprendre à aider les autres, même si ça peut partir de quelque chose de presque maladif, rien n'empêche de l'intégrer et de garder ce qui est bon même après la guérison. Après il y a aussi le refus de l'injustice. En général les dépendants ont tous vécu cette injustice. Ca peut être un obstacle pour comprendre nos propres problèmes, parce qu'on aura plus facilement tendance à voir ce qui cloche chez les autres et à moins nous remettre en question. Il suffit que l'autre ait une poutre dans l'oeil pour qu'on ne voit pas la poutre qui est dans le nôtre (non, pas de paille, je pense qu'on a tous des poutres dans les yeux). La culpabilité qu'on ne supporte plus et ce sentiment d'injustice (c'est l'autre le coupable) nous empêche de nous remettre en question. Enfin, je diverge.Et je vois que tu cites Alain Soral. Je n'ai rien lu de lui mais je le connais par la télé. En général c'est le genre de personne un peu à la limite que les gens n'osent pas trop citer. Pourtant, même si parfois je suis pas entièrement d'accord avec lui, je suis systématiquement ravi de son refus violent des idées toutes faites, et de ceux qui pensent par le "bon sens collectif" plutôt qu'avec leur cerveau. Moi on ne m'appelait pas "le fou", mais pendant l'adolescence, j'ai rapidement commencé à exister principalement en me différenciant des autres. Je pense que c'est aussi quelque chose qui retire les barrières qui nous empêchent de tomber dans les excès de la dépendance, ou les barrières qui pourraient nous faire nous poser des questions quand on commence à rentrer dans l'excès. En étant un "original" on est presque content de tomber dans les excès, ça nous permet de ne pas suivre les autres, l'excès nous écarte de la masse et nous permet de nous affirmer, de nous construire, quelque part.  Pourtant en ce moment j'essaye de limiter les excès, pas uniquement par rapport à la dépendance, mais j'essaye de me rapprocher de la normalité (le moi d'il y a 10 ans me tuerais peut être pour avoir dit ça). Pas par contrainte, mais juste pour retirer des tensions et moins fuir. Enfin, je vais pas m'inventer des convictions "normales", je parle juste d'être moins dans l'excès dans mes actes. Juste pour voir au moins.
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Re: transfert d'addiction
Hatt @ 24-03-2012 19:03:31

Ah mince, voilà LIEN BRISÉ, j'aurais du la mettre ici.<p>Et qu'est ce que tu veux dire quand tu dis que tu n'as pas eu de système familiale ? Si c'est pas indiscret. Et quand tu dis que tu n'as pas eu d'éducation, tu veux dire en ce qui concerne le sexe ou de façon générale ?
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