Sortir de la boite à fantasme
Othello @ 26-03-2011 15:03:30

Bonjour, je me surnomme OthelloCela fait pas mal de temps que je tombe sur ce site cette fois çi je me lance !En fait j'ai eu du mal à me considérer dépendant au porno, je n'ai jamais vraiment apprécié les films de ce genre leurs gros plans immondes sur les parties intimes, tout cela m'a toujours dégouté je suis toujours resté dans le soft.j'ai commencé à 13 ans je squattais l'ordi de la famille, et je faisais des recherches d'actrices (de cinéma) une fois ou deux par semaine un peu comme on se rinçe l'oeil sur un catalogue dans la section lingerie. J'ai continué au fil des années à faire ça mais avec des images plus osées, ça restait toujours un peu dans le soft, mais je cherchais des images de playmate.Aujourd'hui je me rends compte que rien a changé, j'ai 21 ans bientot et je passe plusieurs heures par jour sur le même genre de site. J'ai l'impression de vivre d'une façon extrêmement passive, avec le plaisir à portée de main, et la flemme continue de faire des choses plus épanouissantes. J'ai l'impression de n'etre jamais satisfait de la réalitéet de m'enfermer dans mes fantasmes.Je suis sorti avec une seule fille dans ma vie et je n'ai jamais fait l'amour.Pourtant il m'arrive de me faire draguer mais je fous tout en l'air et je sais que quand viendra le moment voulu je serais insatisfait.Enfin toutes ses années perdues pour rien, je ne racontrais à personnes le contenu de certaines journées si pathétiques. Et j'ai aujourd'hui l'impression même si j'ai des amis d'être toujours dans l'attente de quelque chose, d'être spectateur. D'avoir un retard sur le plan social, et professionnel.Enfin je l'écris ici, il faut bien l'écrire quelque part ou personne n'entrant dans ma chambre puisse le lireJe commence demain, Dimanche 27 Mars, je termine quand ? Je sais pas Je n'arrive pas à voir la frontière entre le normal et l'addictif. Combien de fois par mois un homme de 21 ans devrait il se masturber ? Ou trouver le juste milieu ? Ne pas tomber dans l'autre extrême l'interdiction pure et dure. Je comprends que faire ça tout les jours devient pathologique mais je n'arrive pas à me dire que se faire plaisir à un moment donné devant des images soft (et / ou avec son imagination) est mal en soi.Je ne me sens pas concerné par le discours anti porno, femme-putain femme-objet et tout ça n'étant pas consommateur de hard, gang band et autre paraphilie (au sens péjoratif du terme) 
===============================================================================================================================================
Re: Sortir de la boite à fantasme
Morbach @ 26-03-2011 16:03:04

Disse:
Othello a écrit: En fait j'ai eu du mal à me considérer dépendant au porno [...] Je n'arrive pas à voir la frontière entre le normal et l'addictif. Combien de fois par mois un homme de 21 ans devrait il se masturber ?
 [align=justify]Bonjour Othello, et "bienvenue". La frontière entre "normalité" et addiction est tellement floue qu'on serait tenté de dire qu'elle n'existe pas : en effet si tu te poses la question de la quantité, et pose le problème en termes purement numériques, difficile de savoir où se trouve la frontière. Ainsi je t'inviterais à te dégager de cette perspective plutôt stérile, et à te poser la question de la nature de ce sur quoi tu t'interroges, autrement dit du rapport que tu as à ta consommation de porno, même "soft". [/align][align=justify]Pour beaucoup, partir sur des contenus toujours plus "hard" est le résultat du phénomène d'accoutumance, et on peut dire que le passage à des doses supérieures n'est qu'une question de contexte : un mal-être persistant, une dépression ou même un coup de blues seront l'occasion pour l'addiction de renforcer son emprise, aussi il vaut mieux ne pas attendre de tomber plus bas encore pour relever la tête. [/align][align=justify]Je te pose la question de la nature de ton comportement : consommer ces images, faire rempart contre le monde en consommant, ce qui te fait au final plus souffrir qu'autre chose, est-ce bien ce que tu souhaites ?  Passer plusieurs heures par jour sur des sites de playmates, vivre passivement, être constamment frustré, est-ce ce que tu souhaites ? Le simple fait que tu aies posté ici-bas est une indication concernant ton refus de continuer à errer dans les labyrinthes sans fin du cybersexe, me semble-t-il. Tu cherches des réponses, parce que tu te sens attiré par cela, mais en même temps voudrait ne pas céder : et là on entre dans la définition même de ce qu'est l'addiction. [/align][align=justify]L'addiction n'est pas une question de nombre de prises, ou d'intensité de la prise. L'addiction c'est une logique destructrice qui te rend esclave d'un produit, d'un comportement, au point que celui-ci étend son emprise sur l'ensemble de tes activités, te contraignant à faire ce que tu ne voudrais pas, mais finis tout de même par faire. L'addiction c'est d'être tiraillé entre le dégoût de la consommation ( tu n'oses pas décrire les journées "pathétiques" qu'elle te fait passer ), et le manque, qui pousse à recommencer. Et à chaque fois que l'on consomme, l'étau se resserre un peu plus, et l'addiction gagne du terrain. La notion de quantité ne suffit pas à définir ce qu'est précisément l'addiction, de même qu'en rester à des contenus "soft" ne fait pas que l'on est hors de danger. Tu notes d'ailleurs une gradation dans l'intensité, puisque tu es passé des catalogues de lingerie aux playmates ... qui dit que demain tu n'iras pas plus loin ? Comme je le disais plus haut, l'accoutumance réserve des lendemains douloureux à tout dépendant qui n'a pas eu la force de s'arrêter "à temps". [/align][align=justify]Je te laisse à tourner et retourner ces quelques questions : sache juste une chose, on atterrit pas ici par hasard.[/align]
===============================================================================================================================================
Re: Sortir de la boite à fantasme
Othello @ 26-03-2011 18:03:13

Disse:
Morbach a écrit: L'addiction c'est d'être tiraillé entre le dégoût de la consommation ( tu n'oses pas décrire les journées "pathétiques" qu'elle te fait passer )
Merci, je me reconnais beaucoup la dedans.Je me pose un certain nombre de questions sur même la place de la masturbation en dehors du porno.Quel est la part de dépendance psychologique / physique ?Je me souviens avoir passé une semaine et demi incroyable en vacances à la mer ,habitué à me masturber une fois minimum par jour, je ne l'ai pas fait pendant tout le séjour (il n'y avait pas internet et j'étais 100% du temps entre amis)sans en ressentir le besoin .Je sentais au bout de 8 jours une envie de sexe mais assez forte (pas spécialement de porno), et pourtant j'étais assez bien à ce moment la psychologiquement, et je me demandais si cette forte envie était la conséquence de mon addiction (un peu à la manière d'une drogue dure qu'on arrête) ou si elle était seulement naturelle.
===============================================================================================================================================
Re: Sortir de la boite à fantasme
Morbach @ 26-03-2011 20:03:37

[align=justify]Que dire ? L'addiction noie le poisson de nos désirs véritables pour tout mélanger dans une frustration à valeur ajoutée nommée "le manque". On manque de notre drogue, on manque de plaisir, on manque d'espoir, de vues sur l'avenir, on manque d'attaches, on manque de prise sur les choses, on manque d'une épaule amicale, on manque de confiance en soi, on manque d'identité. On manque d'être.[/align][align=justify]A ce stade faire le distinguo entre un "besoin" "sexuel" "normal", une crise de manque ( du produit ), ou un cours-jus exceptionnel de la libidio est difficile, surtout pour celui qui comme toi ne sait pas forcément trop où il en est là-dessus. Je remarque seulement une chose : chez tous les dépendants qui parviennent à se sevrer apparait comme une évidence le fait que la sexualité n'a pas grand chose de nécessaire. Plaisir durable et authentique si elle est partagée, elle n'en est pas moins qu'un "plus", et n'a qu'une importance finalement assez secondaire chez une personne équilibrée et riche intérieurement. Pas de quoi faire un flan, et pourtant le monde semble tourner autour : dans la perspective du dépendant et de sa complaisance, bien sûr. La sexualité, ou plutôt, le sexe est un argument marketing, un attrape-couillons à l'ère du tout virtuel ; plus grand chose d'honorable ou de beau là-dedans, le vendre comme n'importe quel autre bien de consommation le salit au-delà de toute expression, et en créant le produit, on créé le besoin, c'est bien connu. [/align][align=justify]Tu posais la question de la part dépendant physique / psychique : en général, et pour la plupart des drogues c'est à peu près la même chose, la dépendance est essentiellement psychique. Avec l'alcool ou l'héroïne même, le sevrage physique est finalement assez court comparé au reste : histoire de quelques semaines tout au plus. Ce qui est nettement plus ancré, nettement plus puissant, c'est l'empreinte du produit sur le psychisme, et ce qui rend le sevrage si difficile à tenir, c'est justement le fait que l'addiction prenne notre volonté en otage à la moindre occasion. Cela prend énormément de temps pour retrouver des repères, mais les effets positifs du sevrage sont, comme le mal que cause la consommation, au-delà de toute représentation.   [/align][align=justify]La place de la masturbation en dehors du porno ? On pourrait penser que pour l'homme lambda, il s'agit d'une phase transitoire, adolescente, de sexualité, que c'est une phase d'exploration vouée à se terminer assez rapidement, pour laisser place à un rapport plus mûr à la sexualité : pas trop de souci à se faire de ce côté là, a priori. Mais le dépendant sexuel n'est pas cet homme lambda, loin de là. Des débats ont eu lieu sur ce forum, et auront sûrement lieu encore à l'avenir, sur la possibilité de maintenir ou pas la masturbation "sans support" lors d'un sevrage pour que celui-ci soit efficace. Je témoignerai comme à mon habitude que la quasi-totalité des gens qui ont pensé pouvoir continuer cette pratique auto-érotique se sont plantés : la MB est trop proche du porno, trop proche de la compulsion sexuelle, elle l'incarne même, dans ce repli sur soi et sur cette faim d'oubli qui nous saisit malgré nous. Chez le dépendant sexuel elle est devenue indésirable, tout simplement. Il n'y a que roul qui ait tenu un certain temps en maintenant cette activité, et il recommandait d'ailleurs de ne pas de suivre son exemple : il semble d'ailleurs avoir eu des difficultés récemment, donc on va dire que la méthode de la MB "sans support" n'a, à ma connaissance, marché pour personne. [/align][align=justify]Sur ce ... [/align]
===============================================================================================================================================
Re: Sortir de la boite à fantasme
Léon85 @ 20-04-2011 18:04:34

Bonsoir, je viens de lire les contributions de  Othello et Morbach ... j'ai envie d'ajouter que depuis le nombre d'années que je me pose les mêmes questions (pourquoi ma dépendance, pourquoi cette culpabilité, pourquoi moi ...), je me suis rendu compte d'une chose : je suis dépendant, je reconnais ma dépendance, je parviens à la décrire, parfois à en comprendre les mécanismes (merci aux créateurs de ce site qui aide beaucoup à la compréhension) mais savoir ne résout pas le problème. C'est comme d'autres phénomènes psychologiques : avoir peur de l'eau, le savoir et même savoir nager (j'ai un exemple proche de moi) n'enlève pas la peur de l'eau. C'est ailleurs qu'il faut chercher. Malheureusement, je suis comme vous, je ne sais pas trop où chercher ni comment faire pour cesser des pratiques qui, si elles ne me rendent pas malheureux, m'empêchent (je le sens) de vivre pleinement ma vie d'homme. Bonne soirée à tousA bientôt Léon85 
===============================================================================================================================================
Re: Sortir de la boite à fantasme
Hatt @ 07-05-2011 01:05:47

Pour quelqu'un de "normal", la masturbation n'a rien de necessaire. A mon avis, une consommation de masturbation normale est comme une consommation d'alcool normale. Les non alcooliques boivent de temps en temps mais n'en n'ont pas reellement besoin. L'alcoolique sait que boire juste un verre au milieu de son sevrage serait un gros risque pour lui. S'il veut tout de meme boire un verre, en pretendant qu'une legere consommation sera une consommation normale, il se plante. Il se ment a lui meme. A partir du moment ou il meurt d'envie d'avoir cette "consommation normale" c'est que cette consommation, par definition, n'est pas normale <p>Une masturbation normale c'est une masturbation dont on peut se passer. Alors autant s'en passer. 
===============================================================================================================================================