Gros sur la patate
Alicia @ 27-05-2008 10:05:08

Bonjour,

Je suis inscrite depuis maintenant quelques semaines, mais je n'avais pas encore ressenti le besoin de témoigner. Aujourd'hui, j'en ai gros sur la patate et surtout je ne sais plus trop comment avancer, je suis à court d'idées (et celles que j'ai eues jusqu'à maintenant n'ont pas toujours été bonnes...), je pense que j'ai besoin d'un peu de soutien pour ressortir la tête de l'eau. Je vais essayer d'exposer mon histoire complète, ce sera un peu long mais je pense que j'ai besoin de tout bien mettre à plat pour y voir plus clair, ne serait-ce que pour moi-même.

Je suis en couple avec un homme de 24 ans, nous sommes ensemble depuis six mois, les choses sont allées assez vite (c'était son souhait, autant que le mien sinon plus) et nous habitons presque ensemble (nous avons chacun notre appartement, mais ils sont distants de 500 mètres et nous sommes toujours l'un chez l'autre). Je suis une femme de 26 ans. Tout se passe extrêmement bien, nous nous entendons très bien, nous avons chacun rencontré les parents de l'autre, nous avons beaucoup de centres d'intérêt et d'activités communs, et nous avons il me semble une vie sexuelle très épanouie et satisfaisante. Bref, tout serait parfait... sans le porno.

Je sais que beaucoup d'hommes sont consommateurs de ces images. Je ne suis pas une oie blanche, et je pense être assez ouverte et compréhensive, en tout cas j'essaie de l'être. Pourtant, malgré mes belles déclarations de femme moderne et compréhensive, c'est vrai que le porno passe très mal. J'y réagis peut-être plus mal que la moyenne des femmes. J'ai beau m'être documentée, avoir appris des choses sur la sexualité masculine (l'importance de la vue dans leur excitation, le fait de ne pas vouloir associer leur compagne à leur masturbation pour ne pas la souiller, etc.), ne pas être dérangée par la masturbation en elle-même (je pense qu'avec mesure, elle fait partie d'une sexualité épanouie, même si on vit en couple), la pornographie continue de me déranger et de me faire du mal. Ma tête voudrait être capable de l'accepter mais je ne peux m'empêcher de ressentir une émotion négative à cette pensée. Pour compléter ce tableau, je dois dire que j'ai été abusée dans mon adolescence par un membre de ma famille qui m'obligeait à regarder des films pornographiques avec lui et à le masturber. J'ai surmonté ça avec de l'aide psychologique arrivée à l'âge adulte et je pense être "en règle" avec ce passé douloureux, mais évidemment cela me rend plus sensible au fait que mon amoureux en regarde...

Je vais essayer de reprendre les faits de manière chronologique. Je ne suis ni jalouse ni possessive habituellement et je n'avais jamais fouillé dans ses affaires. Au mois de février, regardant le fichier journal de mon routeur (chose que je fais de temps en temps, pas souvent, pour vérifier que ma connexion n'est pas piratée), je remarque des connexions vers deux sites pornographiques, deux fois dans la semaine écoulée, correspondant à un soir où j'étais absente et un autre où je suis allée me coucher tôt en laissant mon amoureux dans le salon. Sur le coup, je ne me suis pas spécialement alarmée même si j'étais déçue de voir que mon homme n'était pas différent des autres, mais ce que je n'ai pas aimé sur le coup c'est qu'il ait fait cela chez moi et alors que je dormais dans la pièce d'à côté. Un peu gênée, je ne lui en ai pas parlé le soir même et je l'ai repoussé, ce qu'il n'a pas bien compris car cela m'arrive très rarement, et je lui ai envoyé le lendemain un long mail, le plus dépassionnée et précis possible, pour lui expliquer mon point de vue que j'estimais assez modéré (que la masturbation ne me dérangeait pas en elle-même, que je savais que la plupart des hommes regardait du porno à l'occasion, que je ne me sentais pas menacée car je sais que notre sexualité à deux et ses plaisirs solitaires sont deux choses différentes) et lui demander de s'abstenir chez moi en ma présence. Dès qu'il a reçu le mail, nous avons eu une très longue discussion sur MSN, une discussion qui m'a semblée positive où nous avons pu chacun nous exprimer et progresser dans une compréhension mutuelle.

Son point de vue : insomniaque à l'adolescence, il a commencé à se masturber pour trouver le sommeil et éviter les pollutions nocturnes, et a gardé cette habitude uniquement lorsqu'il ne parvient pas à s'endormir ; il ne parvient pas à se masturber sans images, et préfère le faire "sur des images d'inconnues qu'il ne reverra jamais et qui savent que des hommes se masturbent en les regardant" plutôt qu'en pensant à moi ("il aurait l'impression de me souiller, de m'associer à cette activité qui est quelque chose de différent") ou à quelqu'un de réellement croisé dans la rue ou qu'il connaît ("il aurait l'impression de me tromper"). Il m'a assuré que ça n'arrivait que très rarement désormais car il dormait bien quand j'étais à ses côtés, et qu'il ne recherchait que des images "soft", du porno amateur avec "de vrais couples qui s'aiment", que les choses hard en haute qualité ne l'excitaient pas et qu'il était émoustillé par l'authentique, qu'on voie des gestes de tendresse.

Il a mis en avant le fait qu'il ne me cachait rien, que je pouvais vérifier moi-même sur son ordinateur qui n'a pas de mot de passe, qu'il n'avait qu'extrêmement peu de films sur son ordinateur, et je n'avais effectivement pas de raison de penser que je ne pouvais pas lui faire confiance. Il a aussi mis en avant que quand il éprouvait seulement le besoin de "se vider les couilles" (pardon pour le vocabulaire cru, mais on n'est pas là pour vendre des gaufres) il préférait faire son affaire seul plutôt que se soulager sur moi, que c'était une forme de respect, qu'il préférait faire l'amour avec moi quand il avait envie de faire l'amour, et se soulager seul quand il a seulement besoin de se soulager.

Je lui ai aussi expliqué longuement ce que j'en pensais et mon histoire, et nous avons convenu qu'il ne s'adonnerait plus à cela dans mon appartement, ce qui m'a paru sur le coup un accord acceptable.

Ça a continué à me trotter dans la tête. Je pense rétrospectivement que j'ai commencé à tomber dans la co-dépendance très rapidement, avant même de pouvoir soupçonner que lui était certainement (légèrement ?) dépendant. Un peu de temps après, j'ai commencé à regarder l'historique de son ordinateur, chose qui pourtant me fait moralement horreur, un mélange entre besoin malsain de savoir et peur qu'il m'ait menti, très animal en fait ! J'ai eu très honte de l'avoir fait ; mais deux fois j'ai regardé, et deux fois il avait de nouveau consulté des sites. J'ai pu estimer sa "consommation" à deux fois par semaine, ce qui a commencé à me sembler quand même relativement fréquent. Je me sentais très mal, à la fois d'avoir fouiné dans ses affaires et d'avoir "violé" sa vie privée, mais aussi de ce que j'avais découvert. J'ai donc décidé de lui en parler, en m'excusant d'avoir fouillé mais aussi en lui disant que cela me faisait du mal et que j'avais besoin que nous en discutions encore.

La communication est un pilier de notre couple, nous parlons beaucoup et librement de nos problèmes, et ça a toujours fonctionné jusqu'à maintenant. Sauf là-dessus.

Donc je lui en parle, et il le prend assez à la rigolade (tout en prenant la peine de me rassurer, mais l'air de dire que ce n'était vraiment pas grave). Il m'explique que ce n'est pas parce qu'il consulte un site qu'il va "consommer" immédiatement, mais que le site qu'il visite (toujours le même d'après lui) est approvisionné seulement tous les 3/4 jours et qu'il passe jeter un œil pour voir si quelque chose pourrait lui convenir pour un besoin futur. Il me dit même que je devrais être rassurée car 1) il ne visite qu'un seul site, plutôt soft, et non payant 2) il a une exigence de qualité, n'apprécie pas du tout les choses sales ou dégradantes et que comme c'est difficile à trouver, il préfère regarder de temps en temps pour voir si quelque chose qui correspond à ses "standards" est disponible. Il me dit qu'il s'en est tenu à notre accord et ne s'est pas masturbé chez moi, qu'il n'y a donc rien de nouveau par rapport à notre discussion précédente, qu'il ne m'avait rien caché depuis (puisque j'avais pu voir dans son ordinateur) et que je n'avais aucune raison de m'inquiéter.

J'aurais certainement dû en rester là mais le virus de la codépendance faisait déjà son chemin. La confiance avait été entamée et le doute s'insinuait en moi. Pourtant, en façade et intellectuellement parlant, je voulais me persuader que tout allait bien, que tout était normal, que j'acceptais. Un soir en déplacement dans une autre ville, je lui ai même dit que j'avais cheminé (je pensais, en surface, que c'était vrai, c'était sincère quand je lui ai dit : je crois que je me mentais à moi-même) et qu'exceptionnellement puisque j'étais absente, je l'autorisais à "consommer" chez moi, avec même un trait d'humour. Il me répond avec un sourire : pas besoin de porno. Provocation (je ne veux pas me chercher d'excuse) ? s'il m'avait dit "ok je le ferai peut-être" j'aurai préféré, mais là j'ai vécu ça comme une perche. J'ai donc vérifié en rentrant. Historique internet effacé, nom d'un film porno dans les liens "documents récents"... Donc il commençait à cacher (quoi qu'il en dise) et m'avait menti sur le fait qu'il n'en regarderait pas ce soir-là (mensonge complètement sans intérêt puisque je lui avais "permis"). En même temps, et toujours me mentant à moi-même, je me suis dit qu'il voulait ne pas me faire de la peine, me protéger en effaçant son historique, et que c'était plutôt attendrissant. Mais le doute, de nouveau. Nouvelle "vérification" un peu plus tard : il a visité un site alors que j'étais partie prendre une douche, et une autre fois alors que je rentrais tard du boulot. Les deux fois, à mon retour auprès de lui, il avait "très envie de moi" et nous avons fait l'amour. Quand je le découvre, je me sens salie, je me demande si c'est à cause des films qu'il a eu envie de faire l'amour avec moi ! Pourtant j'essaie d'occulter. Je me tiens à son argument de "prospection", juste voir s'il y a du nouveau et pas pour s'exciter tout de suite.

J'ai essayé de sortir de ce cercle, de ne plus surveiller, de restaurer la confiance en prenant mon parti du fait que oui, il regardait du porno de temps en temps, rien de méchant, que ce serait liberticide et inutile de ma part d'exiger qu'il n'en regarde plus du tout. J'ai désactivé les logs de mon routeur pour ne plus être tentée de le fliquer par ce biais, j'ai pensé à ce qu'il m'avait dit et qui tenait plutôt "bien" la route, et j'ai essayé de m'apaiser.

Mais le doute revenait sans arrêt comme un cauchemar, dur de résister à un ordinateur "sans défense" laissé à la maison. J'ai pourtant tenu bon, même si l'angoisse me revenait par vagues.

Le mois dernier, je devais être hospitalisée une journée pour des examens, nous étions tous les deux angoissés. Il ne parvenait pas à s'endormir et moi non plus, je me suis un peu assoupie mais il s'est relevé pour jouer sur son ordi et cela m'a réveillée. Bruit de lecteur DVD et lumière évoquant un film au plafond (il n'y a pas de porte entre le salon et la chambre, seulement un muret donc je pouvais voir ça). Moi, j'étais angoissée par le lendemain et j'aurais eu besoin qu'il reste auprès de moi, je l'ai mal pris. Le lendemain, journée à l'hôpital (il avait pris une journée de congé pour m'accompagner, c'est quelqu'un de bien) et le surlendemain, toujours tracassée, je regarde autour si je ne vois pas un DVD traîner. Je n'aurais pas fouillé, mais le DVD était posé sur un tas de vêtements, bien en apparence... Sur le DVD, 4 gigaoctets de films pornos tout ce qu'il y a de pas amateur, ultra gros plans et pratiques relativement hard. Enorme choc. Tremblante, choquée, la nausée. J'étais très mal et j'ai mal réagi : je lui ai envoyé un message très agressif. Nous en avons pourtant, de nouveau, parlé. Il n'était pas très content que j'ai à nouveau "fouillé dans ses affaires", à partir de là le ton à commencer à se durcir. Il s'est voulu pourtant rassurant. Il avait gravé "en vitesse" un DVD de films pris sur l'ordinateur de son père (alors que nous étions en week-end en amoureux dans l'appartement de ses parents en leur absence !) mais n'avait absolument pas eu le temps de les regarder, et la veille de mon hospitalisation n'arrivant pas à dormir avait seulement voulu faire le tri pour voir s'il y avait des choses susceptibles de lui plaire dedans, m'a assuré que la plupart des choses qu'il y avait dessus ne lui plaisaient pas, qu'il n'avait pas "prémédité" et comptait seulement faire du tri, pas "consommer". Il m'a reproché de ne pas être claire, de lui dire clairement s'il avait le droit ou pas, qu'un coup je lui disais qu'il pouvait un coup non, qu'il ne comprenait pas, et qu'il fallait que j'arrête de fouiller dans ses affaires. Il m'a de nouveau ré-expliqué son point de vue, nous avons réussi à sortir de la discussion sans être fâchés, mais je n'étais pas apaisée.

Le temps a encore un peu passé et je me suis de nouveau contenue, gardant à l'idée que j'avais juste à perdre, vraiment rien à gagner à fouiner dans ses affaires. Mais j'avais en même temps ce sentiment grandissant que j'en découvrais un peu plus à chaque fois, et qu'il m'en lâchait "un peu" pour cacher le reste. La méfiance grandissait.

Ça a fini par exploser de nouveau, il y a trois semaines. Je devais partir seule à un mariage dans le sud, pour le week-end, et je ne supportais pas l'idée qu'il en profiterait pour faire de nouveau son "tri". J'étais de plus en plus dérangée par l'idée qu'il avait une peur de manquer telle que ça le poussait à chercher du porno même en dehors des moments où il en avait besoin pour se masturber. Pour moi c'était le signe d'un comportement d'addict : la peur de manquer, en chercher à l'avance, en dehors du besoin immédiat. J'ai alors fait quelque chose qui m'est apparu sur le coup comme une excellente idée, et qui en fait était très mauvaise : j'ai bloqué l'accès à son site préféré, plus un autre dont je savais qu'il l'avait déjà consulté, sur le routeur de mon appartement. L'idée m'a paru bonne parce que ce n'était pas fouiller dans ses affaires ; sur le coup je me suis dit après tout c'est chez moi, si ça me dérange c'est mon droit ; je me suis dit qu'il serait obligé de m'en parler de lui-même et donc de m'avouer qu'il y était retourné, s'il voulait me dire qu'il y avait un problème avec mon routeur.

Deux heures après mon départ, un SMS : faut qu'on parle de ton routeur. Echange de messages très secs. Il semblait furieux, réellement furieux. Soudain, mon idée m'apparaissait très mauvaise : j'étais loin sur la route, ne pouvait pas rentrer lui parler avant le lendemain matin, ne pouvant même pas lui téléphoner de suite car dans la voiture avec deux autres personnes... J'essaie de lui expliquer brièvement. Il s'apaise un peu. Une fois arrivée, long coup de téléphone pour discuter. Je lui explique un peu mes raisons, nous discutons longuement, il m'explique aussi pourquoi il l'a mal pris, on avance un peu, des choses qui m'apaisent, des choses qui me rendent tristes aussi (nous avions le projet d'habiter ensemble à la rentrée, il me dit à mots couverts que si le porno lui est interdit chez lui il ne sait pas si nous pourrons habiter ensemble...). Le lendemain alors que je suis sur la route du retour, un long message : il s'est renseigné sur le net, a visité le site d'orroz, a évalué sa dépendance, s'est documenté. Il a lu le texte d'Isabel Sorente et voit désormais ce que je trouve répugnant dans le porno, ça le répugne aussi, il n'avait jamais réfléchi à ça sous cet angle. Il dit qu'il pense que sa "dépendance" n'est rien par rapport à d'autres témoignages sur le site, mais que le doute est maintenant dans son esprit sur le consentement des filles, que son excitation sera perturbée et qu'une période de sevrage commence.

A ce moment là, je me sens aimée, heureuse, touchée, soulagée qu'il fasse cette démarche, je lui dis et il me répond qu'il ne veut pas me perdre. A mon retour le dimanche, nous avons de nouveau une très longue discussion ensemble.

Les trois semaines suivantes, je me suis sentie vraiment mieux, preuve qu'inconsciemment et malgré mes discours progressistes, c'est bien ce que je souhaitais au fond de moi. Je suis apaisée, la confiance revient, je ne suis même pas tentée d'aller vérifier qu'il s'abstient effectivement. Pas de changement dans notre sexualité, il vit apparemment très bien ce sevrage. Je pensais que nous étions sortis de là. On en faisait même quelques plaisanteries de temps en temps, tout portait à croire qu'il avait effectivement arrêté toute consultation de porno, et je le croyais.

Mais ce matin, j'ai rechuté dans la codépendance. Nous avons dormi dans son appartement, je suis restée un peu plus tard car nous avions la visite du plombier, j'ai pris l'ordinateur pour consulter mes e-mails, je n'avais vraiment pas l'intention de le fliquer de nouveau. Mais une fois l'ordinateur entre les mains, sans réfléchir, petit passage dans les documents récents : en haut de la liste, trois noms de films formatés de la même manière que sur son site habituel. Corbeille soigneusement vidée. La colère montant, je vais chercher plus loin : dans un dossier facilement accessible, plusieurs dossiers de films longs, des titres choquants ("virgin" quelque chose, "gang bang"...). Je n'ai pas regardé (pas osé ? des scrupules soudain à violer sa vie privée ?) Honteuse et lui cherchant des excuses, je vérifie la date au cas où ce serait des restes antérieurs à sa décision : une dizaine de jours, j'étais en week-end en Belgique, deux semaines après le début de sa période de sevrage. Sentiment d'avoir été trahie. Le mensonge, peut-être la première fois où il m'a réellement menti. En même temps, je me dis que je l'ai bien cherché, que c'est moi qui l'ai poussé à me mentir par ses réactions. Déçue aussi car je n'étais même pas sûre qu'il était réellement dépendant, ou alors une dépendance légère, mais le fait qu'il ait rechuté alors qu'il avait lui-même pris la décision de se sevrer tend à prouver qu'il est effectivement dépendant. Et là, je ne sais pas quoi faire.

Comment l'accompagner dans son sevrage s'il ne me parle pas de ses rechutes ? Comment abordé de nouveau le sujet alors que j'ai encore fouillé dans ses affaires (je n'avais pas à le faire et je me sens très honteuse et coupable) ? Je ne peux pas lui en parler de nouveau, cette fois quelque chose sera rompu dans sa confiance en moi et je le sais. Elaborer un nouveau stratagème, aussi idiot que le blocage du routeur, pour déclencher maladroitement une discussion que je ne sais plus par quel bout aborder ? Je ne veux pas le perdre, moi non plus. C'est quelqu'un de formidable et je suis malgré cette histoire heureuse avec lui, mais j'en souffre, je veux l'aider et nous aider. Je ne veux pas être la mère inquisitrice qui le surveille et qui le flique, je ne veux pas qu'il soit le petit garçon pris en faute, mais comment retrouver la confiance mutuelle ? J'ai pensé à lui faire une petite surprise en amoureux la semaine prochaine pour fêter son premier mois sans porno, pour voir s'il me parle de la rechute, mais je crois que l'idée est très mauvaise, et s'il me ment je ne sais pas comment je vais réagir, j'ai peur que ce soit la fin. Je ne sais plus comment aborder le sujet. Pourtant, nous communiquons beaucoup, nous parlons de tout, je respecte sa vie privée, je lui fais confiance sur tout le reste, mais quand on en vient au porno, tout est différent, je ne me reconnais plus, je perds mes nerfs et je déteste ça.

Voilà, j'ai résumé mon histoire, elle est un peu longue et je remercie ceux et celles qui ont eu le courage de la lire jusqu'au bout. Cela m'a fait du bien de mettre tout cela à plat. Je ne suis pas certaine qu'il est dépendant (même si la peur de manquer et la rechute sont pour moi des signes) mais je ne veux pas qu'il le devienne davantage, moi je suis certainement tombée dans la co-dépendance et je déteste ça, je déteste ce que ça me pousse à faire ; je ne veux pas laisser perdre cette relation, rester enfermée dans cette impasse, je trouverais ça tellement stupide que notre couple échoue pour de la pornographie ! J'imagine que je n'ai rien d'original et que tout ça est très banal dans le cercle dépendance-codépendance. Mais là, aujourd'hui, maintenant, je me sens perdue, je ne sais pas quoi faire, et j'en ai vraiment très gros sur la patate.
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Re: Gros sur la patate
Dragonier @ 27-05-2008 12:05:13

Bonjour Alicia,

J'ignore si tu as regardé attentivement les divers témoignages de dépendants et codépendantes, mais quoi qu'il en soit, tu y verras que le sevrage ne consiste pas uniquement à se priver de ce besoin compulsif.

En d'autres mots, si ton ami est dépendant ( ce qui semble être le cas ), il doit prendre conscience qu'il l'est (et pas uniquement se dire qu'il aime ça, mais qu'il s'abstiendra pour te faire plaisir), et chercher pourquoi il l'est. Pourquoi à t'il besoin de se rassurer ainsi ?

A chaque fois qu'il craque, il s'agit d'un acte régressif, infantile, destiné à se protéger et à s'extraire de différents stress du monde concret. Il faut se souvenir de ça, et ne pas croire que cette dépendance est juste une mauvaise habitude.

Moi aussi il m'est arrivé de consulter des sites porno pendant que ma copine était sous la douche, avec le recul je sais maintenant pourquoi : pour me rassurer, être sur de bien bander à son retour, par crainte de ne pas la satisfaire, d'être rejeté, diminué, voir que son vagin me bouffe... En fait toujours ce sentiment inconscient d'être plus un enfant qu'un homme, et se sentir fort ainsi, en gardant des objets en mémoire pour garder la tête haute devant ma copine, si réele, si sujet...
Ce n'est bien sur qu'un exemple, mais il faut voir comme la dépendance remonte loin dans les méandres de l'inconscient. Mon amour n'étais pas remis en question, ni le charme de celle que j'aimais, c'est juste moi qui était trop bloqué et craintif pour être en contact total avec elle. En apparence c'étais presque impossible à deviner, même pour moi.

Il existe deux options pour toi, je pense.

Si sa dépendance ne dérange en rien votre vie de couple, que tu considère qu'il ne se renferme pas sur lui même et que son comportement global est agréable, tu peux envisager d'accepter, et te dire que ce qu'il regarde est Objet (et pas des femmes rivales). Toi même tu aurais le droit d'avoir des fantasmes dans l'intimité de ton esprit, sans que ça remette en question ta fidélité, tes sentiments et tes actes dans ta vie quotidienne sociale.

L'autre option arrive si tu constates que sa dépendance diminue la qualité de vos relations, et qu'il fait preuve d'un certain infantilisme révélateur. En bref, si sa dépendance te dérange, n'hésite pas à le lui dire. Si vraiment il t'aime, se soigner devrait être plus important que la vexation égotique du "j'ai encore été découvert".

De toute façon, il ne faudra rien espérer si sa dépendance ne le dérange pas lui. C'est triste à dire, mais ta peine n'est pas suffisante, et elle peut soit l'aider à se rendre compte que lui même est "malade", soit le pousser à mentir pour t'épargner. La compulsion est vraiment une logique egocentrique dans ce qu'elle à de plus régressif et infantilisante. Mais si lui n'éprouve pas de lassitude, de fatigue, de troubles sexuels ou de déprime personnelle, il ne sera jamais assez motivé. Et s’il se bride sans creuser les causes de sa dépendance, il aura de grandes difficultés à cesser.
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Re: Gros sur la patate
pleinelune @ 27-05-2008 12:05:55

Disse:
De toute façon, il ne faudra rien espérer si sa dépendance ne le dérange pas lui. C'est triste à dire, mais ta peine n'est pas suffisante, et elle peut soit l'aider à se rendre compte que lui même est "malade", soit le pousser à mentir pour t'épargner. La compulsion est vraiment une logique egocentrique dans ce qu'elle à de plus régressif et infantilisante. Mais si lui n'éprouve pas de lassitude, de fatigue, de troubles sexuels ou de déprime personnelle, il ne sera jamais assez motivé. Et s’il se bride sans creuser les causes de sa dépendance, il aura de grandes difficultés à cesser.


Comme d'habitude Dragonier à tout dit!
Je voulais te souhaite bon courage , il est clair que tu souffres.
Mais tu n'es pas seule.
Je vois que tu as déjà bien lu le site d'orroz et cie...
continue.
Tu trouveras des idées qui pourront vous aider.
Mais j'ajouterai qu'il faut du temps ..beaucoup de temps pour que la prise de conscience se fasse.
Attention qu'il ne se serve pas de ton histoire passée pour justifier sa pratique , je veux dire par là qu'il peut se cacher derrière çà, pour se trouver une "excuse".(çà te plaît pas parce que....sans réaliser que lui a vraiment un problème et que çà n'a rien à voir!!!!!!)


:trefle: Alors courage et patience, et persévérance!. :-)
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Re: Gros sur la patate
Alicia @ 27-05-2008 15:05:42

Merci beaucoup pour vos réponses. Je me sens déjà plus sereine que ce matin et il n'y a pas à dire, ça fait du bien d'être écoutée, de ne pas se sentir seule.

Dragonier, je pense qu'il est sur le début du chemin pour prendre conscience. Disons qu'il reconnaît qu'il a des comportements de dépendant, sans admettre que lui est dépendant. C'est vrai que sur le "test" d'Orroz, il ne marquait que deux ou trois points. Il parle aussi d'un besoin infantile, ses insomnies qui remontent à un traumatisme d'enfance (décès d'une camarade de classe au collège), de cette peur de ne pas dormir, de la honte de salir son caleçon aussi (pour moi, une authentique peur de petit garçon). Mais là où tu as raison, c'est que cette dépendance (pré-dépendance ?) ne lui pose pas de problème, en dehors du fait que ça m'en pose un à moi, je ne crois pas qu'il pense utile d'arrêter, il se voit très bien continuer comme ça. Et là, c'est clair que tant qu'il sera dans cet état d'esprit, rien ne le fera arrêter. J'en suis bien consciente, et c'est bien pour ça que je ne lui ai jamais demandé d'arrêter, j'attendais que ça vienne de lui, j'espérais que le dialogue le ferait avancer et qu'il prendrait cette décision lui-même. Je savais que lui demander était inutile, le pousserait à me mentir, serait infantilisant, bref je ne voulais pas le faire. C'est pourquoi j'ai été si touchée qu'il fasse lui-même la démarche de me dire "une période de sevrage commence." Je pensais qu'il avait suffisamment pris conscience et pris sa décision, mais je me suis trompée, j'ai été naïve de croire que ça pouvait s'arranger si rapidement. Comme dit pleinelune, il faut du temps, beaucoup plus de temps.

Et aussi plus de temps pour moi, pour sortir de cette codépendance qui fait que je me sens très mal, honteuse, pas fière de moi. Moi aussi je pensais que la confiance était revenue depuis cette décision de sevrage, j'ai vécu vraiment sereinement et sans même être tentée de le fliquer pendant trois bonnes semaines, on croit que c'est gagné mais c'est bien trop tôt.

Pour l'instant, ça ne pose pas de problème à notre vie de couple, sauf de mon côté : quand je "découvre", ça donne un méchant coup à ma libido, j'ai peur que mon désir soit atteint à long terme, la pensée de ces films parasite mon désir, les questions me traversent et ça me pourrit ! Et puis ça passe, jusqu'à la fois d'après. Mais là, ça me fait dire : c'est moi que ça perturbe, est-ce que ce n'est pas seulement moi qui ai un problème avec sa consommation (somme toute pas excessive, comparée à certains témoignages que j'ai pu lire), lui ça ne change pas sa vie, au boulot ça va bien, tout semble aller bien en tous cas. Et je ne veux pas non plus me culpabiliser d'être dérangée par ça ! J'ai l'impression que dans le monde d'aujourd'hui, mal vivre que son compagnon regarde du porno est le fait de femmes rétrogrades et liberticides, c'est ce que la société nous renvoie, je ne suis pas d'accord avec ça.

Je pense essayer de lui parler, aussi calmement que possible, lui présenter les choses comme une rechute dans notre sevrage, une rechute pour moi qui suis allée de nouveau dans son ordinateur et une rechute pour lui, mais j'ai très peur qu'il le prenne mal cette fois. Mais je ne sais pas non plus combien de temps je pourrai me "résigner", je ne sais pas si je suis prête à accepter. Je ne veux pas le perdre, mais je pense que tôt ou tard ça deviendra invivable pour moi.

Pourtant, c'est vraiment quelqu'un de bien, tendre et attentionné, généreux, sincère... et j'ai pleinement confiance en lui en dehors de ça qui nous pourrit la vie !
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Re: Gros sur la patate
Dragonier @ 27-05-2008 19:05:24

Qu'il soit en voie de comprendre, et que votre vie de couple ne soit pas atteinte, ce sont deux points positifs. Malgré tout il ne faudrait pas que sa compulsion devienne plus forte avec le temps.

Maintenant je vais me faire un peu avocat du diable, du fait que son habitude ne semble pas (à tes yeux) être un poids sur sa vie sociale, son humeur, sa santé et votre sexualité... Si ça touche ta libido, c'est que tu en viens à te brancher à des inquiétudes et à des mauvaises pensées dans un acte qui devrait bannir le calcul et la réfléxion.

Peut être devrais tu apprendre à l'accueillir en toi, pendant l'acte, avec ses faiblesses et ses forces. Ne doute pas de toi, et ne doute pas de lui lorsqu'il essaye de s'unir à toi. Considére sa compulsion comme une faiblesse de son caractére, ou une mauvaise habitude comme la cigarette ou la tendance à être trop bavard.

Bien sur ça touche à la sexualité, et donc à des affects en toi, mais sa compulsion ne devrait pas être considérée autrement. C'est une faiblesse affective qu'il essaye de cacher et eventuellement, plus tard, de soigner.

Ton blocage est la réponse de la femme-enfant (pas si sure d'elle) à l'homme-enfant (compulsif). C'est compréhensif, mais c'est ce qui empire les choses. Si pour le moment il n'existe pas de problème concret chez lui, et entre vous, alors essaye de monter le niveau global de la relation, en étant totalement femme, dans l'accueil de ce qu'il est, sans jugement, dans l'ouverture si je puis dire.

Indirectement, cette profonde féminité réceptive est capable de toucher son inconscient et de l'aider également à grandir. S'il souffre de ce "simple défaut" qu'est la compulsion, ne répond pas avec tes craintes, ne répond pas à ses doutes par les tiens. Je ne crois pas que dans un acte de confiance et d'ouverture, il soit nécessaire de penser, et de se fixer sur les petites névroses et maladies intérieures de l'autre. Lorsque nous faisons l'amour, il ne devrait pas y avoir d'intellectualisation, de jugement, mais juste du don, et de l'accueil total de l'autre - sans les peurs, avec le beau et le moins beau. Même en tant que dépendant j'ai eu de rares occasions d'expérimenté cette forme d'osmose.

Les femmes qu'il regarde ne sont pas des femmes, ses masturbations ne sont pas une sexualité secrete, et ce qu'il doit vivre est -seulement- le fruit d'un sentiment d'insécurité. Ceci ne devrait pas touché ta force en tant que femme, ni ton estime de toi. Je comprend que ça le puisse, mais ça ne devrait idéalement pas.

Si tu finis par constater que ta patience et ta confiance ne peuvent revenir car il s'enfonce dans sa compulsion, il sera temps de lui parler sérieusement. Si tu constates que ton ouverture le fait reculer de façon inconsciente, et que ses cotés infantiles prénnent le dessus, il faudra qu'il réagisse au plus vite avec ton soutiens.

A bientot et bon courage
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Re: Gros sur la patate
Alicia @ 29-05-2008 09:05:32

Je voudrais remercier encore tous ceux qui m'ont répondu ici ou en privé.

Dragonier, j'ai lu beaucoup de tes messages sur le forum et j'adhère complètement à ta vision "psychanalytique" de la chose, c'est vraiment intelligent et intéressant. Il est assez clair pour moi que le comportement de mon ami ne relève pas en réalité de la sexualité, mais d'une insécurité, d'une angoisse d'enfant. D'ailleurs, il ne recourt pas à la masturbation et au porno dans un but sexuel, mais pour : évacuer des stress qu'il ne sait pas gérer autrement (en ce moment, il est très stressé par la fin de son stage, rapport à écrire et soutenance), fuir l'insomnie, combler des angoisses, et pas seulement rechercher du plaisir. C'est aussi en cela que je pense que son comportement n'est pas sain (sans être complètement de la dépendance).

Je suis aussi pleinement consciente que c'est un problème à deux, que j'alimente avec mes propres névroses. D'ailleurs quand il m'a parlé pour la première fois de "sevrage", j'ai considéré que c'était notre sevrage à deux, que j'avais moi aussi à sortir de comportements dysfonctionnels (flicage, questions) et je comptais les jours où j'avais tenu sans aller fouiner dans l'ordinateur. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'être une "femme-enfant", j'ai déjà beaucoup travaillé sur moi-même dans le passé, mais il devait me rester des failles dans mon estime de moi-même dans laquelle se problème s'est engouffré, j'ai l'impression d'un retour en arrière, c'est aussi ce qui m'insupporte car je refuse d'être comme ça !

C'est d'ailleurs ce qui m'a fait très mal avant-hier : d'avoir moi-même échoué dans mon sevrage, mais aussi d'avoir l'impression (renforcée par la discussion que j'ai essayé d'amener hier) qu'il n'a jamais été question dans sa tête de sevrage, c'était un sevrage bidon. Il ne se sent pas dépendant et ne ressent pas de besoin d'arrêter, s'il a parlé de "sevrage", c'est à la fois pour me faire plaisir (et je sais que c'est voué à l'échec sur cette base) et parce que, très utilitairement, ce qu'il avait lu l'avait un peu dégoûté et que les images ne l'excitaient plus. Autrement dit, il n'a pas arrêté temporairement parce qu'il pensait que c'était la bonne chose à faire, mais juste parce que ça ne remplissait plus sa fonction. Dégoût très passager puisqu'il y est retourné...

En vous lisant et en essayant de rationaliser, je crois qu'il y a une influence sur son humeur que je ne voulais pas vraiment voir, stress grandissant et insomnies plus fréquentes, mais j'ai l'impression que c'est l'arrêt qui a déclenché ces changements d'humeur... Côté vie intime, il y a certaines fois où il ne parvient pas à atteindre l'orgasme (mais ça ne m'a jamais alarmée). Je note aussi que c'est le seul sujet que je ne peux aborder avec lui sans qu'il se braque. Nous parlons de tout calmement et en adultes. Il est adorable, prévenant. Quand je suis triste, il est tout mignon et me supplie de lui dire ce qu'il ne va pas, qu'il est triste si je suis triste, que son boulot de chéri c'est de me rendre heureuse... mais dès que j'aborde ce sujet-là, il se braque et monte sur ses grands chevaux, plus de chéri qui veut me rendre heureuse qui tienne, là c'est mon problème et plus le sien !

Quant à ton dernier message Dragonier, je te rassure je n'ai pas ces questions et ces intellectualisations pendant l'acte. Je crois être accueillante et ouverte, j'essaie d'être la femme que tu décris. C'est avant, après que les questions reviennent m'encombrer.

J'ai essayé d'aborder le sujet de nouveau. Le reportage d'Arte m'a aidée en un sens car je n'ai pas eu à lui dire que j'avais rechuté (je n'étais vraiment pas prête à le faire et je crois vraiment que ça aurait été mauvais pour progresser)... Je lui ai demandé faussement innocemment où il en était par rapport à son sevrage, s'il souhaitait toujours le faire, s'il avait eu envie de craquer... J'ai essayé d'être aussi ouverte, calme que possible, sans être accusatrice, lui montrer que j'étais à ses côtés pour qu'on avance ensemble. Il m'a dit être allé une seule fois, rapidement sur le site, sans télécharger de vidéo parce que rien de ce qui était proposé ne l'attirait, et qu'il considérait toujours en être à "zéro porno". Je savais que c'était un mensonge, puisque je sais qu'il y est allé plusieurs fois et qu'il a aussi téléchargé des films plus longs par bittorrent, mais j'ai considéré que comme il n'avait pas tout nié, j'allais m'en tenir à ça pour continuer la conversation, plutôt que lui "mettre le nez dans ses bêtises" comme le ferait une mère castratrice. Mais évidemment, ça biaisait un peu la conversation, ne partant pas sur les mêmes bases... Il ne semblait pas considérer du tout que sa visite sur un site porno était une rechute ! C'est là aussi que j'ai compris que c'était un sevrage bidon, pour de mauvaises raisons. Evidemment, si dans sa tête il n'y a pas de dépendance, il n'y a pas non plus de sevrage, ni de rechute, tout est question de vocabulaire.

Je suis fatiguée de devoir toujours remettre ce sujet sur la table, j'avoue que je suis lasse. Je pense à ne plus en parler, le laisser faire à sa guise et essayer de me résigner. Sans doute partirai-je quand je n'en pourrai plus. J'ai peur qu'il sombre davantage, je crois qu'il est juste à la porte de la dépendance, il est en train de mettre un orteil dans l'engrenage, et je me sens impuissante à l'en empêcher. Comme s'il fallait qu'il soit dépendant jusqu'au cou pour qu'on se décide à faire quelque chose ?

Ce que je ne comprends pas, c'est : pourquoi c'est si dur ce s'en priver, s'il n'est pas dépendant ? Il sait que j'en souffre, ça devrait être facile de ne pas le faire s'il n'était pas du tout dépendant et m'aimait assez pour voir ma souffrance. Pour faire une comparaison oiseuse, c'est comme si un fumeur, occasionnel et persuadé de ne pas être accro, refusait de renoncer à sa clope du soir alors que sa femme est asthmatique... comment comprendre ça ?
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Re: Gros sur la patate
quest @ 29-05-2008 09:05:13

"Ce que je ne comprends pas, c'est : pourquoi c'est si dur ce s'en priver, s'il n'est pas dépendant ? Il sait que j'en souffre, ça devrait être facile de ne pas le faire s'il n'était pas du tout dépendant et m'aimait assez pour voir ma souffrance. Pour faire une comparaison oiseuse, c'est comme si un fumeur, occasionnel et persuadé de ne pas être accro, refusait de renoncer à sa clope du soir alors que sa femme est asthmatique... comment comprendre ça ?"

Alicia, je vais t'avouer que depuis tes premiers posts, je suis totalement admiratif de ta lucidité, de ton intelligence. Tout est dit dans ta dernière phrase et en tout premier lieux, si tu en doutais encore, la confirmation du fait que ton ami est bel et bien, quoi qu'il en pense, un addict du porno. A partir de là, le seul critère, c'est le niveau de souffrance. Après tout, d'autres hommes font partie d'un club de sport, ou sont collectionneurs de timbres. Ces passions là aussi prennent du temps et si la seule conséquence pour votre couple, au delà de ton ego blessé par le fait qu'il aie besoin de ses "pétasses" pour se sentir totalement heureux, c'est qu'il s'isole de temps à autre à satisfaire son besoin, ce n'est pas la fin du monde. Mais si (comme je le crains), sa situation évolue vers ce que nous avons tous connu (sexualité réelle qui se met à péricliter, apparition de fantasmes de plus en plus "hard" voire crades, pannes sexuelles, absence d'érection, indifférence de plus en plus grande à la sexualité "normale", ...)alors, définitivement, il faudra bien que quelque chose se produise. Soit un électrochoc qui le fait changer, soit (ne nous voilons pas la face), la fin de votre couple.

Je sais que tu auras au moins l'intelligence d'anticiper ce drame et de te prémunir de trop de souffrances.

Bon courage

quest
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Re: Gros sur la patate
Dragonier @ 29-05-2008 09:05:07

Salut Alicia,

En effet, il semble que tu constates finallement quelques détails (le "sevrage" semble le rendre nerveux, il se braque sur le sujet). Il n'arrive pas non plus à s'en passer. C'est un peu comme si je fumais 10 clopes par jour, en cachette, en affirmant pouvoir m'en passer et ne pas être fumeur.

Tu insinues que son habitude est occasionnelle, mais c'est aussi qu'il à ta présence et une vie à gérer, mais que se passerait il en cas de solitude (séparation etc) ? De plus il semble qu'il tient cette habitude masturbatoire de l'adolescence, pour moi c'est assez loin pour parler d'une dépendance installée, qui se renforce par la force de Mme Pornographie. Avoir le besoin de s'avaler une bouteille de wisky tous les samedi ne ressemble pas à de l'alcoolisme car ce n'est pas tous les jours, pourtant c'est bien de l'alcoolisme à mes yeux, dés que ça devient un besoin.

Je comprends ta difficulté à en parler avec lui, car tu ne veux pas le trahir ou le fliquer, mais tu aurais des arguments sans failles pour te justifier : " Pourquoi se braquer ? Pourquoi dire que tu n'est pas dépendant si tu ne peux cesser facilement ? Et même si tu ne souhaites pas arrêtter, pourquoi ne pas le faire si c'est si facile de le faire, et qu'il n'existe pas d'attachement vis à vis de la pornographie ?

C'est bien malheureux que je me reconaisse aussi en lui, car comme beaucoup ici, dans le passé, j'avais moins de mal à m'en passer par période, je suis passé par des moments de sevrage facile par lassitude, et j'ai considéré les autres dépendants comme des cas graves très éloignés de moi... Et pourtant, la vie nous rattrape, et notre inconscience.

Tu peux prendre ton mal en patience et accepter de le quitter lorsque ce sera insuportable, oui, mais je pense qu'avant d'en arrivé à cette extrémité, tu devrais essayer la confrontation de la derniére chance, avec les arguments que tu as accumulé. En ce qui concerne le moment pour ça, tu es bien sur la seule juge, si tu décides d'en arriver la.

Bien à toi
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Re: Gros sur la patate
Alicia @ 12-08-2008 12:08:08

Excusez-moi d'avoir mis si longtemps à répondre, sans donner de nouvelles. Je crois que j'avais envie d'oublier tout ça, mettre la tête dans le sable.

Après mon dernier message, j'ai ouvert cette "confrontation de la dernière chance". J'ai essayé d'être positive et ouverte. D'avouer d'abord mes fautes et mes doutes, de ne pas crier, d'ouvrir un dialogue. J'ai cru que cela avait marché. Nous avons parlé très, très longuement. Il m'a dit avoir compris, cette fois, à quel point cela pouvait me faire souffrir, ce qu'il n'avait pas mesuré auparavant. Nous nous sommes promis aide mutuelle pendant notre sevrage. Il avait l'air profondément sincère.

On a progressé ensemble pendant plus de deux mois. La confiance se réinstallait. Je n'allais plus fouiner. Apparemment, il n'allait plus sur des sites pornos.

Il y a un mois, un petit accroc : j'ai fait une plaisanterie d'assez mauvais goût, qu'il a très mal prise. Je pensais qu'on avait bien avancé, qu'on pouvait maintenant dédramatiser et prononcer le mot "porno" pour en rire, je me suis lourdement trompée. Il m'a expliqué que ça lui manquait toujours, qu'il y pensait, qu'il tenait bon pour moi mais que si je le provoquais ainsi ça lui faisait du mal et lui donnait envie de ne plus faire d'efforts. Qu'il me trouvait injuste parce qu'il avait été complètement abstinent et qu'il voyait cette blague comme un mépris de son effort. Alors que pour moi, c'était juste une plaisanterie. C'était évidemment très maladroit. Je me suis excusée, lui ai dit que je ferais plus attention, tant qu'il se sentirait fragile. Nous n'en avons plus reparlé. Pour moi, on avançait, chaque jour était un jour de plus sans porno.

Si je reviens aujourd'hui, vous vous en doutez, c'est que nous sommes revenus au point de départ. Depuis quelques jours, j'avais des doutes, pas vraiment fondés, intuition peut-être ? Je croyais qu'il était en sevrage sincère. En fait, il ne faisait que mieux se cacher ! Après trois mois il a dû baisser sa garde, j'ai trouvé ce matin des traces dans son historique. Il utilisait un proxy pour que je ne voie pas les connexions sur le routeur ! Je ne sais même pas depuis combien de temps il a rechuté, je ne sais même pas s'il a jamais réellement arrêté. Ce sevrage était donc un gigantesque mensonge ?

Je l'aime, mais je pense cette fois vraiment à partir. J'ai honte d'avoir fouillé, comme avant, et j'ai mal qu'il ait recommencé sans rien me dire, alors que j'ai eu une attitude positive pendant 2 mois, ouverte, je crois l'avoir soutenu, pas infantilisé, accueilli. Pour rien. Je ne veux pas revenir sans arrêt à zéro. Quel gâchis. Nous qui parlions d'habiter ensemble. Tout allait si bien, sans cette saleté.

Je n'ai plus la force de lui en parler cette fois. Je baisse les bras.
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Re: Gros sur la patate
Polo @ 12-08-2008 12:08:26

Alicia,


Le sevrage, il doit le faire pour lui et pas uniquement pour te faire plaisir. Et à te lire j'ai l'impression que c'est dans la seconde option qu'il s'était engagé, d'où l'inévitable rechute. Impossible d'arrêter si on n'est pas convaincu des bienfaits du sevrage.

Il faut du temps, je crois qu'il lui faut prendre conscience (c'est certainement déjà fait) et aussi admettre que ce n'est pas normal, que tous les hommes ne font pas comme ça (et sur ce point je suis très pessimiste, on va à grands pas vers une génération de détraqués sexuels).

S'il prend conscience et qu'il a envie, pour lui, alors il viendra ici et vous pourrez espérer bâtir quelque chose. Sans quoi il restera prisonier de la pornographie et tu n'y es absolument pour rien, tu auras fait tout ce qu'il était possible de faire. En aucun cas (quelque soient ses mensonges, ses prétextes et les excuses qu'il va trouver pour te faire culpabiliser) tu n'auras à te sentir responsable de ce qui arrive. Tu ne peux pas le sevrer à sa place.

Patience, il faut beaucoup de temps.

Polo
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Re: Gros sur la patate
Alicia @ 12-08-2008 12:08:36

On l'a toutes entendu, ce (faux) argument : c'est normal, tous les hommes le font ! Mais bien sûr !
D'après lui, c'est même ce qui a sauvé le couple de ses parents, sa mère ne voulant plus faire l'amour, son père restant fidèle et au foyer grâce au porno comme exutoire. Il m'a dit que pour lui, la pornographie était, je cite, "quelque chose de sain" !

Après l'incident de la plaisanterie, je lui ai demandé : tu n'es pas fier de toi, content pour toi-même ? tu n'as pas l'impression d'avoir amélioré ta vie ? tu n'as pas de satisfaction personnelle à avoir arrêté de consommer ces images ? Non, il était seulement content de l'avoir fait pour moi. Là, j'ai su qu'on n'était pas sur la bonne route et que ça échouerait tôt ou tard.

Il est de plus en plus infantile. L'entrée dans la vie active, la vie d'adulte le repousse. Il cherche à rester ado, étudiant, passe des heures sur sa console de jeu, fuit les responsabilités et les corvées. Le porno n'est qu'un élément de plus dans cette fuite. C'est juste celui que j'ai le plus de mal à accepter. Visiblement, je ne peux rien faire pour l'aider à avoir moins peur de l'âge adulte, rien pour qu'il prenne conscience. Il faut que je passe la main, mais s'il ne veut pas se faire aider, on est dans l'impasse. Du temps, oui, mais je dois aussi me protéger. J'admire les codépendantes que je lis, qui luttent parfois depuis des années aux côtés de l'homme qu'elles aiment. Je ne me sens pas cette force.
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Re: Gros sur la patate
Mexico @ 19-08-2008 23:08:36

[font=Helvetica]Bonjour Alicia...

je viens de te lire, lire "ton histoire" qui est celle de plusieurs d'entres nous (à différents niveaux) et j'aimerais te faire le commentaire suivant: tu te donnes toi-même un dos très, très large (je trouve)! Tu sembles notamment te blâmer et te culpabiliser pour ta suspicion alors qu'elle est justifiée par ses actions à lui, ses mensonges à lui. Tu doutes parce qu'il te ment. Voilà... c'était mon commentaire, oui, on peut rester aimante, travailler sur soi (pour éviter d'être consumée par le doute etc.), être compréhensive et tout le tralala, mais faut surtout pas prendre la responsabilité de leur dépendance. Comme je dis au mien: "arrête d'avoir des poux et je vais arrêter d'en chercher"! ...

Je te souhaite bonne chance...avec ton cybersexedépendant si tu décides de rester... (En passant: le fait d'être en colère quand il en est privé est un symptôme très clair de la dépendance...) malheureusement pour vous deux...

P.S. J'allais oublier: tu n'as absolument pas à aimer / accepter / tolérer la porno si ça ne te convient pas ... et le tout sans culpabiliser ou te sentir rétrograde!...[/font]

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