Son psy dédramatise....
Ange @ 09-06-2007 19:06:52

Hello toutes et tous...

Bien que je n'aie finalement jamais sacrifié au rituel de la présentation, je vais la faire courte (en tous cas tâcher) =

Mon mari est dépendant depuis des années. Aux films téléchargés, et chats via MSN.
Je l'ai surpris une première fois en septembre 2006. C'est à cette époque que j'ai découvert le site d'Orroz. Je lui avais fait partager ma découverte (et mon soulagement de l'époque de pouvoir le comprendre), il avait eu l'air impressionné... et a finalement rechuté assez vite, sans me le dire.

Quand je m'en suis rendue compte en mars, énorme déception : je ne jugeais pas sa dépendance ni sa rechute, mais son manque de confiance : il me mentait depuis des mois, quand je lui demandais si ça allait, si ça n'était pas trop dur.

La crise de couple qui a suivi a été de courte durée : malgré tout, je l'aime, et je continue de penser qu'il est surtout une victime. Il a compris que ce qui me posait souci était ce manque de confiance, mais aussi que ses chats avec des inconnues me rendaient malade.
Il a commandé les bouquins suggérés sur Orroz, a pris rendez-vous avec un psy qu'il voit depuis plus de deux mois à raison d'une séance tous les quinze jours.
Il a commencé à écrire sur ce site, quelques fois.

Et puis... il a arrêté d'y écrire. Il a survolé les bouquins et décidé qu'ils n'étaient pas pour lui. Mais jusqu'à présent il tenait bon sur le fait que tout ceci posait problème. Il a eu UNE rechute (à ma connaissance en tous cas).

Je n'ai aucun moyen de savoir s'il est allé au-delà. Oui j'ai la main sur son ordinateur. Mais sur sa session principale uniquement, il en a plusieurs rien que sur son portable, plus plusieurs autres ordinateurs en activité et connectés à internet : et comment lui en vouloir, c'est son métier. Et même s'il se sert bien de son ordinateur, je n'ai pas les connaissances nécessaires pour contourner toutes ses astuces.

La confiance n'était pas totalement revenue, mais disons que mes doutes ne m'empêchaient pas de dormir au quotidien. On en parlait à l'occasion, et j'esssayais de faire des parallèles avec mon propre travail psy sur mon rapport à la nourriture, arrivant à la conclusion que ce serait quand même bien qu'il n'ait pas à fuir au quotidien les nombreuses sollicitations : images suggestives dans les magazines (féminins inclus...), la télévision, et même les spams ou autres pubs sur des sites pas spécialement axés pornos.
Mais jamais au grand jamais je n'ai envisagé qu'il recommence à regarder des pornos : comment est-ce encore envisageable quand :
- on connaît l'envers du décor; on s'est un peu renseignés sur la réalité des raisons qui ont conduit des personnes à faire ce métier, sur les conditions de tout ça...
- on SAIT que c'est ce qui l'a amené à cette dépendance, et cette envie de toujours plus loin ?

Il m'a toujours paru évident qu'il ne devait en aucun cas regarder à nouveau un porno, tout comme je m'interdis à vie de retoucher à une cigarette. Je n'évite pas les lieux fréquentés par les fumeurs, je supporte d'en voir et d'en sentir, et à ce titre je pense qu'il serait plus naturel pour lui de ne pas avoir à vie de conduites d'évitement de tout "risque", pensant qu'il est plus naturel à terme (mais dans combien de temps ?) d'affronter ces sollicitations permanentes plutôt que de les éviter (et, partant, de cristalliser dessus). Mais je parle bien de "supporter" les images suggestives vues par hasard, pas de provoquer le visionnage d'un porno.

Et puis hier, il est revenu de sa séance chez le psy. On n'a pas eu trop le temps d'en parler puisqu'il m'en touche un mot à l'entracte d'un spectacle :roule: mais son psy, manifestement, dédramatise totalement le fait de regarder des pornos. Et vous auriez dû voir comme ça l'arrange, l'étincelle dans son regard... il est dé-cul-pa-bi-li-sé.
Bon, moi j'avoue, je suis devenue dingue, j'ai dit des choses :roule: mais voilà, je sens bien que recommencer ça, c'est dans quelques mois (semaines ?), télécharger un nouveau MSN, aller sur des sites de chat, ou de rencontres... c'est tellement facile, ça prend tellement peu de temps...

Bref je suis paumée, en colère, triste... Je commence à croire qu'on ne guérit PAS de ça.
===============================================================================================================================================
Re: Son psy dédramatise....
baby @ 10-06-2007 09:06:34

bonjour Ange,
il semble que la dédramatisation soit parfois une méthode chez les psys, car celui de mon ami ne fait pas non plus grand cas des images pornos. Mon interprétation est : qu'ils se positionnent comme thérapeutes, comme oeil objectif et donc non affecté, et qu'ils tentent ainsi de déculpabiliser leurs patients pour les amener à dépasser le sentiment de honte et en venir à la source réelle du problème que l'émotion, le sentiment de culpabilité peuvent masquer et empêcher d'atteindre.
je sais que pour nous cela nous fait une belle jambe! en tout cas, il ne faut pas hésiter à exprimer le mal que l'on ressent, parce que ce n'est pas le psy qui vit avec eux, que nous ne sommes pas désensibilisées...leur montrer que leurs actes ont des conséquences permet de les garder dans la sphère du contact humain,
bon courage à toi
===============================================================================================================================================
Re: Son psy dédramatise....
Addict @ 11-06-2007 17:06:31

Bonjour Ange,

Je ne connais pas la façon de procéder des psy, je suis moi même en thérapie et j'ai abordé la question de mon addiction il y a peu. Le mien ne m'a pas paru dédramatiser la consultation de porno mais il ne l'a pas condamné non plus.

En fait je pense que les psy ont leur propre façon de travailler avec leurs patients, façon qui peut parfois surprendre. Comme le dit baby, ce ne sont pas eux qui vivent avec un dépendant ;-)

Maintenant si je peux te donner un conseil, c'est de faire réfléchir ton mari de la manière suivante :
il y a des gens sur qui la clope n'a aucune prise, certaines personnes peuvent fumer une clope de temps en temps sans éprouver de dépendance à terme. C'est pareil pour ce qui est du porno : une personne "normale" regarde un porno de temps en temps et c'est tout. Moi, Nous participants à ce forum, ton mari, sommes "addicts" au porno. C'est à dire que nous n'avons pas une relation équilibrée (du moins si elle peut l'être) avec le porno. En effet, l'exposition, même non voulue, au porno nous plonge dans une consommation excessive : nous pouvons passer des heures entières à mater du porno et, même quand nous ne sommes pas devant l'écran en pleine action, le porno occupe nos pensées et l'on a qu'une envie : d'y retourner jeter un oeil. ;-)

Voilà, c'est peut-être un peu caricatural mais demande lui dans quel cas il pense se trouver : le fumeur "occasionnel" ou le fumeur invétéré qui mourra d'un cancer du poumon s'il ne fait rien...

Addict
===============================================================================================================================================
Re: Son psy dédramatise....
Libre-et-Zen @ 12-06-2007 10:06:35

Je me demande même si ces psys de pacotilles sont eux-même dépendants à la pornographie ! C'est tellement dur de voir la réalité en face, de reconnaître sa dépendance ! ^^

A voir...




Guerrier
===============================================================================================================================================
Re: Son psy dédramatise....
déclick @ 12-06-2007 10:06:10

dédramatiser de la part du psy, je connais, et au depart cela me mettais en rogne. j'ai engueulé mon psy plus d'une fois. methode un peu rustre je sais, mais je prefere perçer les abscès plutôt que de dire le psy est nul et ne plus revenir. je crois aux compétences des gens.mon psy s'est révélé compétent.
j'ai compris que nul travail de changement, ne peut s'engager si le patient convaincu d'être un moins que rien reçoit de la personne chargée de l'aider le triste reflet de ce que le patient pense être.
le psy propose une sortie possible en dedramatisant, en allant recherché avec son patient le positif de sa situation. pas ettonant qu'un psy n'aille pas dans le même sens en conséquence. le positionnement diférencié est une des clés de la réussite de la thérapie au travers de la relation transferentielle psy/patient.

c'est comme nous ici on aborde souvent la question de la déculpabilisation qui peut s'apparenter à de la dédramatisation. on pourrait penser qu'on se moque des dégars causés par cette dépendance. et ben que neni!

et puis un psy sais ce que veut dire souffrance humaine (enfin pour la majorité qui exercent dans ce metier), et même si ce cyberporno empoissonne nos vies, comprenez bien qu'il existe bien des cas plus terribles encore, où du phantasme compulsif, il est question de passage à l'acte.

donc pornocliquer c'est bien terrible, je le sais que trop bien, mais le pornocliqueur est d'abord une victime, un malade sexuel. et malgré les saletés qu'il a pu ingurgiter par les yeux ce n'est pas un pervers.

les pervers dans ce domaine ne l'oubliez jamais ce sont ceux qui gagnent leur vie avec "ça". en utilisant la misere humaine, et en ne donnant pas plus de valeur au corps humain qu'un bout de viande.

déclick
===============================================================================================================================================
Re: Son psy dédramatise....
nuth @ 17-07-2007 15:07:25

Bonjour à tous :-) ,


Chez nous, c'est lui qui dédramatise... Et chaque fois qu'il se trouve des excuses pour ce qu'il a fait, ça me fait une décharge d'adrénaline (la peur qu'il recommence, la peur de souffrir encore).

Je suis comme toi, Ange, je ne sais pas comment réagir quand il dédramatise :
- me dire que ça fait partie de ses progrès (il a lui aussi entamé une psychothérapie) et laisser courir ?
- refuser en bloc et donc lancer une de ces grosses disputes qui nous épuisent ?


Je n'ai pas encore essayé les deux versions, pour l'instant. Depuis 1 an que j'ai découvert son "problème", je n'ai pas pu faire autrement que de pêter les plombs quand il dédramatise... :mur:

Bon courage Ange ! :Hello:
===============================================================================================================================================
Re: Son psy dédramatise....
nuth @ 17-07-2007 15:07:00

Citation déclick : "c'est comme nous ici on aborde souvent la question de la déculpabilisation qui peut s'apparenter à de la dédramatisation. on pourrait penser qu'on se moque des dégars causés par cette dépendance. et ben que neni!"


Moi, en tant que co-dépendante, j'ai déjà réfléchi à la différence entre déculpabilisation et dédramatisation, et je n'apparente pas l'un à l'autre!
J'essaye de l'aider à déculpabiliser (d'ailleurs je ne l'ai pas quitté!). Mais je refuse qu'il dédramatise...

Eh oui, arrêter de culpabiliser ça me parait nécessaire pour s'en sortir.
Mais dédramatiser, dire que ça n'était pas si grave, alors ça c'est nier qu'il m'a fait du mal :roule: autant qu'à lui-même :roule: ; c'est aussi (ma plus grande crainte), s'autoriser à recommencer...

:Hello:
===============================================================================================================================================