Peut-on en tant que codépendante... ?
CalidouX @ 21-03-2007 22:03:15

.... exiger certaines actions de la part du dépendant pour qu'il arrive enfin à être libéré de cette addiction au sexe, y a-t-il selon vous des trucs meilleurs les uns des autres ?

Par exemple, est-ce que la thérapie individuelle et/ou de couple sont des incontournables et si oui, y a t-il un minimum de temps requis pour qu'elles soient vraiment efficaces ? Est-ce que les logiciels de contrôle fonctionnent et aident le dépendant et sécurise le codép ? Est-ce que vous auriez été prêt à déconnecter le net à la maison si ce n'est pas utile pour le travail ou pour les enfants et si vous l'avez fait, est-ce que cela s'est avéré très bon pour le sevrage,les tentations et pour le couple ?

J'aimerais bien connaître vos expériences car je me dis que si on a un problème d'alcool qu'on veut régler, on ne couchera pas à quelques mètres d'une bouteille de vin :-?

Personnellement, me faire dire et redire qu'il ne recommencera pas, des promesses et des promesses ne me satisfont plus du tout. J'ai crû ses paroles et plus d'une fois. Maintenant, je veux des moyens concrets outre les paroles et promesses. Malheureusement, ses paroles ont perdu de beaucoup de crédibilité.

Merci à l'avance de vos réponses qui m'éclaireront sans doute.
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Re: Peut-on en tant que codépendante... ?
mette @ 21-03-2007 23:03:55

Bonsoir Calidoux,

Je ne sais pas si certaines méthodes sont plus efficaces que d'autres. Je vais te dire ce que JE pense et ce que J'ai fait. Ceci n'a qu'une valeur narrative : c'est une solution parmi plein d'autres et adaptée à mon tempérament et à celui de mon Bonhomme :-)

Je n'ai jamais pensé lui interdire Internet comme à un petit garçon. Pas davantage à nous en priver tous ici, à la maison, pour le sevrer.... lui.
J'ai pleuré, beaucoup pleuré (pas exprès, hein!)
J'ai dit mon chagrin, ce que je ressentais.
Puis est venu le moment où je n'ai plus eu envie de l'entendre, ni de le voir. C'était un bourreau et un supplicié ne veut pas fréquenter son bourreau : il n'avait le droit que de m'écrire (comme il était à l'étranger pour un long temps, c'était plus facile d'instaurer cette façon).
C'est aussi à cette époque que j'ai fait connaissance du site salvateur d'Orroz.....
De fil en aiguille, je me suis sentie plus forte, plus détachée émotionnellement de cet homme qui finalement n'était qu'un malade, puisqu'incapable d'apprécier la Vraie Vie, bien qu'il fut en bonne santé, nanti d'un travail qui l'épanouissait et flanqué d'une femme gardienne de la maison et de grands enfants qui n'avaient pas si mal tourné ;-)
J'ai pris conscience que j'avais une chance inouïe de voir toujours le verre à moitié plein alors que lui le voyait à moitié vide, que j'avais envie de me projeter dans l'avenir, que j'étais heureuse de ma Vie, globalement, et qu'elle ne reposait pas toute entière sur sa façon d'apréhender et d'envisager la sienne.

Je ne pense pas que priver d'internet résoudra le problème. C'est à lui de se prendre en main et de faire lui même sa propre auto-discipline. Le mien n'y va soit disant plus, il a supprimé sa boîte sous un faux nom, il est soit disant sevré.....
Et puis.....je m'en fiche!
Chacun se protège comme il peut : je sais qu'il a été un vilain crapaud alors que je le voyais toujours Prince Charmant. J'ai grandi.
Je sais qu'il a cette part d'ombre qui ne le rend même pas heureux : c'est plutôt pitoyable!
Du coup, je rend grâce de n'être pas dans une dépendance qui m'aliène et ne me réjouit même pas : ça me rend encore plus forte ;-)

Les promesses j'en ai eu aussi : moultes!
Je ne crois plus à rien. J'attends de voir ce que l'avenir va me réserver.
Dans cette attente, je ne suis plus ébranlée.
J'ai confiance .....surtout en moi :-))))))
:Hello:
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Re: Peut-on en tant que codépendante... ?
Aujourd'hui @ 28-03-2007 17:03:02

Bonjour,

Permettez moi, encore une fois, de vous faire part du point de vue d'un dépendant "en rétablissement".

Quand kina écrit: "je veux qu'il soit sûr qu'il est au centre de moi-même mais que je peux vivre sans lui.", elle décrit bien comment j'ai pu émerger de mon état de dépendant sexuel. Mon amoureuse m'a en effet laissé clairement comprendre que malgré son amour, malgré tout l'attachement qu'elle avait pour moi, elle n'accepterait pas de rester dans une relation qui était "toxique" (sic) pour elle, et cela, malgré tout ce que cela pourrait impliquer émotivement et matériellement. Elle m'a dit que cela la rendrait triste mais qu'elle pourrait vivre, qu'elle aimait son travail, qu'elle avait beaucoup de satisfaction avec ses enfants, ses amies, et dans ses loisirs. J'ai alors vraiment fait un examen de ce qui était important pour moi, de ce que je risquais de perdre.
Et c'est moi qui ait pris l'initiative de lui proposer de retourner en thérapie de couple. Je dis bien "retourner" parce que nous avions déjà fait une tentative dans ce sens cinq ans auparavant, sans effet durable cependant de mon côté. Le psychologue qui nous a accompagné a lui aussi été clair et nous a laissé entrevoir que notre démarche pouvait aussi bien conduire à la fin de notre relation qu'à un renouveau. Il m'a également clairement indiqué que je devais de mon côté entreprendre une thérapie individuelle pour comprendre et me libérer de mon addiction, et que cette démarche serait longue. Il m'a recommandé un psychologue qu'il estimait être compétent pour ce genre de problématique. J'ai commencé à le voir au début du mois de mai, une fois par semaine, à 100 km de chez moi. Cela a été le début de mon sevrage que je considère réussi. Je n'ai eu qu'une rechute (pornographie hard sur internet)d'une dizaine de jours en décembre. Mais je suis conscient que j'ai encore le plus gros du travail à faire, i.e. modifier mon mode de vie pour apaiser cette angoisse profonde et inconsciente (angoisse mêlée d'ennui et de colère) qui m'avait amené à développer addiction, mais aussi pour rétablir le lien de confiance entre moi et mon amoureuse, pour donner un nouveau sens à notre sexualité. Mon amoureuse et moi croyons en effet qu'il y a une dimension sacrée dans la sexualité. Je continue donc à voir mon psychologue maintenant à toutes les deux ou trois semaines.

Je pense que ce qui a été important dans tout cela c'est l'espoir que mon amoureuse a dans ma démarche parce qu'elle me voyait agir, parce que je lui faisais part de ma démarche. Aussi, parce que jamais je ne me suis senti surveillé par elle, parce qu'elle m'a vraiment fait comprendre qu'elle ne pouvait rien pour moi et qu'il m'appartenait à moi seul de vouloir et de pouvoir changer. Ce qui a été important également c'est que nous avons maintenu, tout au long de ces années, une grande tendresse l'un envers l'autre, alors que nous n'avions presque plus d'expression de notre sexualité.

Je me considère toutefois chanceux et privilégié que ce soit précisément cette femme qui est mon amoureuse (mon addiction a été une des causes de mon divorce avec ma première épouse qui est la mêre de nos trois fils). Ayant en effet été elle-même dépendante pendant plusieurs années (elle est alcoolique abstinente depuis trois ans) et étant également intervenante auprès de personnes toxicomanes, elle a été en mesure de mieux comprendre ce qui me hantait, les possibilités de rechute. Il n'en demeure pas moins qu'elle s'est sentie trahie, salie (dans mon addiction je ne me suis pas restreint à la seule pornographie) et qu'elle a encore de la difficulté à s'abandonner. Et il n'en demeure pas moins également que je me sens encore vulnérable, que je reste sur mes gardes, et que j'ai encore beaucoup de travail à faire pour donner un sens à ma vie, pour développer une plus grande spiritualité.

J'espère que mon témoignage vous sera utile. Je n'ai pas de conseils précis à donner. Chaque situation est différente. Mais il est possible de s'en sortir. Il y a de l'espoir.
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Re: Peut-on en tant que codépendante... ?
CalidouX @ 28-03-2007 22:03:59

Merci à vous tous pour les réponses.
J'ai grandement apprécié vous lire et je crois fermement que le partage de nos expériences peut nous apporter beaucoup. Y a des jours où on se sent plus vulnérable et vos commentaires nous ramènent à soi, à ce que l'on veut et vaut. Ce forum est un ancrage en ce moment pour moi qui tente de conserver l'équilibre. Si j'ai le mal de mer, je viens ici et ça se calme ;-)

J'ai réfléchi beaucoup depuis mon post initial et je ne serais définitivement pas capable de "jouer à la mère" avec mon amoureux en ce qui a trait à son utilisation du net. Ce ne serait pas sain pour lui et encore moins pour moi qui ne veut définitivement plus jouer le rôle de mère dans une relation amoureuse.

Merci beaucoup à Aujourd'hui pour ton partage car j'espérais avoir des commentaires de dépendants pour qui la route a été longue et parsemée d'embûches, mais qui ont réussi. Tu es un de ceux-là même si tu ne dois pas crier victoire et continuer ton travail. Qu'on soit ou non addict, l'être humain est toujours appelé à un moment ou un autre à faire un retour sur soi pour être heureux et retrouver l'équilibre car la vie nous y force d'une manière ou d'une autre.

Je me suis dit sensiblement la même chose que ta conjointe. J'ai été capable de sortir de la relation en décembre dernier. J'ai pu me choisir pour ne pas me laisser et ce, même si j'étais amoureuse de lui, détruire par ces agissements et comportements d'addiction. J'ai décidé de nous redonner une seconde chance tout en me faisant confiance à l'effet que j'ai été capable de mettre fin à cette relation en décembre et que si le besoin y était à nouveau, je serais encore capable de le faire. Je considère que je mérite une vie enrichissante et je m'aime suffisamment maintenant pour mettre fin à un amour que je chéris. Je lui ai aussi dit que je n'hésiterais pas à le refaire si je juge que la relation de part ses comportements est destructrice. Il connait donc mes limites.

Je lui offre tout le support dont je suis capable. Je l'aime, il le sait et je ne demande pas mieux de vieillir avec lui et de grandir, mais pas à n'importe quel prix.

J'ai repoussé l'idée de le surveiller, d'installer des logiciels de contrôle sur son ordi ou de lui demander de se débrancher d'internet. Je me dis qu'il n'y a jamais un crime parfait et que je saurai tout simplement s'il a retombé dans son addiction sans avoir à le surveiller comme un enfant. La personne que je surveille aujourd'hui c'est moi. En quelque part, la découverte de son addiction m'aura tout simplement donné la chance de me retrouver et de me centrer sur mon équilibre. Je m'occupe enfin de moi à 45 ans. Il était temps !

La confiance est à rebâtir pour nous aussi. Mais comme je disais à mon amoureux, je n'ai pas perdu confiance en lui à tous les égards. Une partie de notre relation est en effet ternie par ses mensonges et ses infidélités. Toutefois, j'ai toujours une grande confiance en lui a d'autres égards et les qualités que je lui trouvais, il les a toujours. Je suis prête à le croire que cette fois il veut vraiment se guérir. Seul le temps peut guérir ce côté sombre de notre relation et me faire retrouver cette confiance inébranlable que j'avais avant cette tempête. J'ai aussi décidé de cesser toute tentative de ma part d'être sexuellement plus "osée" en pensant que c'est ce qui manquait à notre relation. Non, ce n'est pas que cela manquait à la relation, c'est plutôt qu'il a un vide en quelque part à combler et qu'il l'a comblé comme un autre le ferait avec l'alcool, la drogue ou le jeu. Je lui ai d'ailleurs dit qu'il était responsable d'exprimer ses besoins y compris ceux sexuels et qu'il ne pourrait jamais me reprocher de ne pas lui donner ce qu'il ne m'a jamais exprimé.

Je lui ai aussi dit qu'il fallait qu'il cesse la culpabilité car trouver un coupable ne réglait en rien le problème en soi. J'apprécie qu'il est humblement admis qu'il était malade et que je n'étais nullement la cause. Maintenant, on doit être responsable face à cette situation, trouver des solutions et s'engager envers soi-même et l'autre à gravir la montagne.

Nous avons opté pour la thérapie de couple afin de se donner une chance de bien faire, autant que possible, la tentative de réconciliation.

Je me fais maintenant un devoir tous les jours de me consacrer au moins 15 minutes à mon propre rétablissement. J'écris ou je lis pour réfléchir à moi, ma journée, mes émotions etc. Pour l'instant, je me traite de façon royale !

Bonne soirée et prenez soin de vous !
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Re: Peut-on en tant que codépendante... ?
nanouchka @ 12-04-2007 21:04:20

que d'encouragements dans tout ce que je lis
c'est vraiment une joie, un rappel à sa propre existence en effet,je ne suis sur le forum que depuis 3 jours mais c'est d'une richesse incomparable,un soutien énorme
et je ne peux que constater aussi, que ces situations de dépendance de l'autre, nous obligent pour vivre à nous occuper de nous mêmes
ce n'est pas de l'indifférence,de la fuite, mais bien la vie qui nous rappelle des choses simples, comme aller boire un pot avec des amis,trouver du plaisir à vivre, dire que nous aussi nous existons, et que nous ne sommes pas là pour porter à bout de bras, ou souffrir dans le déni de soi
il est vraiment curieux de constater à quel point nos compagnons dépendants peuvent souffrir ou être déstabilisé de nous voir nous réaliser en dehors d'eux
je crois que c'est une bonne piste que de se dire qu'on peut paratger ,faire ce que l'on peut,échanger dans le couple mais pas en se détruisant,juste en déplacant notre zoom de personnage...oui! c'est nous!pour redevenir les acteurs de nos vies
ça éclaire en nous une nouvelle conscience de la beauté de la vie qui nous anime
merci pour vos témoignages
un gros bisou bien amical, et free hugs pour tous ;-)
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